Fleurir où l’on est semé

Il existe des lieux charismatiques. Des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour susciter l’expérience spirituelle. Ces lieux n’ont pas leur pareil pour favoriser la prière, la méditation, la contemplation.

La nostalgie de l’« ailleurs »

J’ai le bonheur d’habiter l’une des régions les plus belles de la planète. Une région qui possède une âme cosmique d’une telle magnificence et splendeur que les mots défaillent pour en traduire la beauté. Cette âme s’incarne dans le majestueux Fjord marin du Saguenay.

Cette attirance pour le Fjord m’a fait comprendre une réalité importante. Nous sommes tous nostalgiquement à la recherche du paradis perdu. C’est comme s’il était inscrit dans nos gènes. Nous le cherchons, consciemment ou inconsciemment, comme dans une quête sans fin. C’est pour cette raison que nous ne sommes jamais complètement satisfaits du lieu où nous habitons.

Nous cherchons toujours notre bonheur dans un « ailleurs ». Pour le Québécois que je suis, le paradis rêvé, c’est la Floride, les Caraïbes, la Côte d’Azur, la Grèce. Mais qui me dit que ce paradis n’est pas plutôt « ici et maintenant », dans ce petit coin de la nature où le Créateur m’a placé ? J’ai connu une dame qui demeurait au dixième étage dans un bloc à appartements situé dans une grande ville. Elle avait entrepris de décorer son balcon de fleurs et de plantes potagères. C’était son jardin botanique, ses Caraïbes, son paradis.

Comme dans l’Éden premier

En ce qui me concerne, c’est dans le Fjord saguenéen que j’ai trouvé mon paradis. Quand je vais à lui, remonte en moi ce grand rêve de retrouver le temps d’innocence, de paix et de sérénité qui caractérisait l’Éden originel. J’imagine ce temps habité par les deux grandes divinités que sont le silence et la lenteur. S’ajoute à cela l’envie d’être meilleur, de reprendre contact avec la Source de mon être qui est le Dieu de la Création.

La nature a cette capacité de faire disparaître les angles morts de la vie. Combien de fois, lorsque mes plans se décoloraient ou que la vie me donnait peu de gratification, je suis allé me confier au Fjord avec l’âme d’un enfant qui s’ouvre à sa mère. Dans ces instants de lumière fortement teintée d’espérance, où l’on sent l’espoir se dilater en soi, se pose inévitablement la question du sens de l’existence. Je me disais : « Devant tant de lumière et de beauté, comment peut-on parier sur le non-sens de la vie ? » Ou encore : « Comment peut-on croire en l’absurdité de l’existence ? » À ce questionnement, la nature me répondait chaque fois en me gratifiant de l’immense générosité de la vie et de l’abondance de l’Univers.

Jean-Paul Simard, écrivain  

 

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