Le glacier de la fin du monde

 

Bien honnêtement, je ne savais rien de cette histoire.  Ici le problème est une hausse du niveau des mers de près de trois mètres, ce qui affecterait 40% de la population mondiale vivant sur une bande de 100 kilomètres de profondeur. Ça pourrait gâcher mes hivers en Floride, c’est certain. 

Vous le savez, je vérifie toujours mes sources et je ne prends jamais d’informations provenant d’un site pour du cash, je suis un protocole vieux comme le monde c’est-à-dire comme je l’ai appris il y a 1000 ans dans ma formation sur le tas en journalisme. Plusieurs sources, des sources crédibles et vérifiées, sinon on n’en parle pas. Si les internautes faisaient cela, 70% du contenu d’Internet sauterait.

Ce qui suit a paru dans Nature Geoscience, et les journalistes du National Geographic ont réalisé de nombreuses entrevues dont une avec Atshuiro Muto, professeur associé au département Sciences de la terre et de l’environnement au Collège des sciences et des technologies à l’Université Temple, à Philadelphie et Robert Larter, géophysicien marin du British Antarctic Survey et co-auteur de l’étude. 

Cela dit, même si mes sources sont crédibles et très sérieuses, elles peuvent se tromper; la science n’est pas une science exacte, surtout lorsqu’elle fait des prévisions par modélisation. On l’a vu avec les modélisations sur la COVID prédisant 60 millions de morts ! Par contre, avec la COVID on partait de zéro, mais ici il y a des faits patents et observés depuis longtemps, c’est donc très différent.

Le problème est en Antarctique et il s’agit de la fonte accélérée du glacier Thwaites, l’un des plus importants au monde. Il mesure 120 kilomètres de large par 600 kilomètres de long et on estime son épaisseur à 3 kilomètres. Ce truc est aussi gros que la Grande Bretagne.

Disons que c’est quand même assez massif, faut le reconnaître. Mais y’a pas que ça. Et là, ce sont des données assez pointues que j’ignorais, je les découvre avec vous. Il semble que l’endroit où se situe un glacier de cette taille-là détermine s’il est important ou pas et plus haut j’ai bien dit qu’il l’était, alors il l’est parce que son emplacement fait en sorte qu’il bloque de nombreuses vallées situées sous le niveau de la mer. Comme la Nouvelle Orléans, de sorte que lorsque les digues ont cédé, ce fut une tragédie. Twaithes est lui aussi une digue naturelle contre le déplacement de plusieurs autres glaciers qui autrement se jetteraient dans la mer pour y fondre. 

Constat numéro 1. La science se trompe souvent et c’est le cas actuellement puisque la récente expédition a fait la preuve qu’il fond plus vite que prévu. Leur prévision antérieure était erronée et pour le pire.

Constat numéro 2. C’est à ce jour le glacier le plus affecté par le réchauffement climatique.

Constat numéro 3. Il pourrait fondre entièrement d’ici non pas 50 ans comme on entend souvent, mais de 3 à 5 ans.

Pourquoi sont-ils inquiets et projettent-ils des chiffres pareils ? Je vous ai toujours dit que la science appliquée ne peut aller plus loin et plus vite que sa technologie; ça vaut pour les astronomes, les astrophysiciens et… les glaciologues.

On apprend alors que cette expédition utilisant les dernières technologies de pointe a pu obtenir des images cartographiques en haute résolution du dessous du glacier, mais aussi parce que le glacier était plus facile à scanner pour un tas de raisons. Notez que cette même technologie est utilisée pour les fonds marins (ce qui a donné naissance à une série de documentaires incroyables) et permet de très bien distinguer les détails d’épaves de vaisseaux de guerre ou marchands, et certains extrêmement vieux, alors qu’auparavant on devait se contenter de vues brouillées dans une eau loin d’être limpide.

L’idée première était de déterminer la vitesse de fonte dans le passé afin d’extrapoler sur le futur. Ces relevés ont pu dresser un profil de fonte vieux de 200 ans. Robert Larter, déjà cité, a déclaré :

 « Thwaites ne tient vraiment plus qu’à un fil aujourd’hui, et nous devrions nous attendre à voir de grands changements sur de petites échelles de temps à l’avenir – même d’une année à l’autre – une fois que le glacier se retirera au-delà d’une crête peu profonde dans son lit ». 

En d’autres termes, il est comme une voiture enlisée dans la neige qui ne bouge pas, mais très bientôt il va en sortir et là…. Tout pourrait devenir critique. Il va sortir de son enlisement parce que les mesures indiquent des fissures de plus en plus grandes. 

Reprenons l’analogie de la voiture. Quand une bande de gars se met à pousser et que le chauffeur pèse sur l’accélérateur, on voit les roues qui balancent d’en arrière en avant et laissent des traces dans la neige. Plus elles balancent, plus les traces sont longues et quand elle sortira de son trou, c’en sera fini de l’enlisement.  C’est ce que le glacier fait actuellement et sa trace de sortie se rallonge.

D’aucuns le surnomment le « glacier de l’apocalypse ». Cette zone de l’Antarctique pourrait à terme, si elle venait à fondre entièrement, élever le niveau de la mer de trois mètres, ce qui impacterait une bande de 100 kilomètres de profondeur sur les côtes, forçant l’évacuation de 40 % de la population mondiale. 

Atshuiro Muto, lui aussi déjà cité, nous dit que les recherches tendent à prouver que la ligne de fond, qui est le point où le glacier repose sur le substratum rocheux, recule au fur et à mesure que les courants chauds font fondre la plateforme de glace. « Le réchauffement climatique modifie la circulation de courants d’air au-dessus de l’Antarctique et cela a des effets sur les courants océaniques. Cela fait remonter beaucoup plus de courants chauds à la surface ».

La glaciologue Catherine Ritz, principale coordinatrice du projet d’étude du glacier, ajoute  « Cela fait déjà trente ou quarante ans que les théoriciens ont souligné que ce glacier était vraiment le talon d’Achille de l’Antarctique de l’Ouest ».

Anna Crawford, également experte dans l’équipe d’Erin Pettit, réalise des modélisations 3D pour comprendre le comportement du glacier et de cette zone géographique. « Si nous perdons ce plateau de glace, nous sommes vulnérables à un écoulement plus rapide du glacier, ce qui accélérerait la montée mondiale du niveau de la mer. Ce glacier est devenu le plus gros enjeu de l’Antarctique. »

La question pour le gros lot est : « Est-ce naturel ou causé par l’activité humaine ? ». On sait que plusieurs extrémistes de droite découragent l’option de l’activité humaine, car elle entraînerait des pertes de centaines de milliards avec le temps, un fardeau inutile selon eux parce qu’il est inutile de se préoccuper des gaz à effet de serre. Même le chef du PC du Québec, Éric Duhaime, affirme que nos efforts au Québec n’en valent pas le coût.

Catherine Ritz, étonnamment, ne répond pas à cette question avec l’aplomb qu’on pourrait attendre. Je la cite textuellement : « L’activité humaine ou la nature ? Ce n’est pas si facile que cela à déterminer. Il ne faut pas oublier que l’océan austral est le premier piège de chaleur et de CO2 de la planète ». Atshuiro Muto ajoute « C’est surtout l’air qui se déplace autour de l’Antarctique qui affecte l’océan,  tout est connecté à ce qui se passe en dehors de l’Antarctique. Dans les profondeurs océaniques, il y a de l’eau plus chaude qui a toujours été là, sans rapport avec le réchauffement climatique. Mais celui-ci modifie la circulation de courants d’air et cela change la circulation des courants océaniques, y compris dans les profondeurs ».

Les gens ont souvent de la difficulté à comprendre que les courants de l’air peuvent avoir un lien aussi étroit avec les courants marins. C’est pourtant le cas et le Jet Stream aérien modifie effectivement le Gulf Stream océanique, c’est un principe de base en climatologie. La modification de la circulation de l’air affecte la surface de l’eau et fait remonter beaucoup plus de courants chauds à la surface qu’il ne le faudrait. Catherine Ritz conclut « Dès que l’on déplace une circulation atmosphérique, cela modifie aussi les courants en-dessous ».

Cela peut paraître absurde de dire que si on réchauffe l’air, ça fait fondre le dessous des glaciers et c’est un peu l’ignorance collective et le refus de croire qui causent le climato-scepticisme. Un jour, je débattais avec un ami deux fois mon âge sur les tremblements de terre. Selon lui, il n’y en aurait jamais l’hiver ! Étonné par son propos qui ne faisait aucun sens, il me répond avec un aplomb sans appel. « Ben voyons donc Jean, parce que la terre est gelée ben dure ». J’ai eu beau lui dire que les foyers de tremblements de terre sont le plus souvent à des kilomètres sous terre et que ce n’est pas un petit mètre de terre gelée qui va résister à ça, il s’est redressé et fier de son coup me dit : « Comment tu sais ça, toé, ce qui passe aussi creux dans la terre ? T’es allé ? ».

Donc, si on reprend l’analogie de la voiture, la nature se charge de faire fondre la neige, mais si des hommes se mettent à pousser et pousser, il est certain que le véhicule sera libre et quand Twaithes sera libre, on en paiera le prix. En d’autres termes, si l’indéniable réchauffement climatique global est naturel, ce n’est pas une raison de lui donner un coup de pouce.

« Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ! », Derek Bok, ex-président de l’Université de Harvard. « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation » a déjà dit Averroès, philosophe et mathématicien du 10e siècle.

L’ésotérisme, l’ufologie, le paranormal, la métaphysique au passage indiquent une chose : la mort n’est qu’un petit masque temporaire, entre deux visages; nous reviendrons, nous sommes éternels, voilà pourquoi s’attendre à être « sauvés » par des extraterrestres ou des entités quelconques est un mythe rassurant. Or voilà, cette planète est sous notre responsabilité, si notre ignorance, notre apathie et notre stupidité légendaire ne cessent pas et qu’elle décide de se débarrasser de nous comme on le fait de poux, de puces et autres bestioles, alors elle le fera.  Alors faisons-nous des beaux namasté, ce qui est ben cute, mais en attendant, faites un effort individuel parce que dans « activité humaine » il y a le mot humain et ça, c’est vous là qui lisez cet article. Oui, vous !

 

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