Merveille que je suis
Je termine ici mon propos précédent intitulé «Différent? Non unique». Nous sommes uniques par notre ADN, nous sommes uniques aussi par notre cerveau.
Si l’on tient compte du conscient et de l’inconscient, on peut tenter d’imaginer la profondeur abyssale du cerveau humain, infiniment plus vaste et complexe que le système planétaire tout entier. Il y a, dans le cerveau, assez de matière pour polariser l’attention des psychologues, des neuropsychologues, des psychiatres et des psychanalystes pendant des milliers d’années et encore en restera t‑il pour les générations qui suivront.
On comprend pourquoi Carl Jung, dans sa pratique, était émerveillé par ce qu’il appelait la « conquête de la conscience » qui fut « le fruit le plus précieux de l’Arbre de Vie, l’arme magique qui conféra à l’homme sa victoire sur la terre et qui lui permettra une victoire encore plus grande sur lui-même à l’avenir. » On est loin du célèbre « roseau pensant » de Pascal quand on considère cette machine prodigieuse et phénoménale dont l’évolution s’étale sur des milliards d’années. Ce cerveau qui nous place au cœur de l’univers, par la prise de conscience qu’il permet de la réalité. On sait que la conscience est la caractéristique la plus spécifique de l’espèce humaine, c’est-à-dire celle qui, comme l’affirme Albert Jacquard, « sait que demain sera ». Celle qui sait aussi que demain, elle ne sera plus. Je pense ici à cette phrase d’André Malraux : « L’homme est né lorsque, pour la première fois, devant un cadavre, il a chuchoté : Pourquoi? »
Jean-Paul Simard
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