Justice divine : mythe ou réalité ?
Quelqu’un m’a un jour demandé ceci :
« Je me pose de sérieuses questions sur la justice dite divine ou universelle, surtout lorsque j’entends parler de ces enfants abandonnés qui arpentent les rues, qui quémandent leur pitance, qui se prostituent parfois pour assurer leur subsistance. Où est la justice dans ces cas ? Est-ce que ces malheureux peuvent aussi avoir accès à l’illumination ou est-ce réservé à une élite ? J’aimerais avoir votre opinion là-dessus. »
Ma réponse spontanée fut la suivante :
Je vous surprendrai peut-être en vous disant que plusieurs de ces enfants y sont déjà, sur cette voie. Eh oui, vous avez bien entendu. Toutefois, il est tout à fait normal et compréhensible que le mental qui ne voit pas au-delà du physique, mais seulement la pointe de l’iceberg, soit porté à juger très sévèrement de telles situations qu’il ne pourra jamais accepter.
Son premier réflexe sera de crier haut et fort à l’injustice, jusqu’au jour où il s’élèvera jusqu’au monde de l’âme et de l’Esprit. Pour connaître le fond des choses en ce qui concerne les exemples que vous citez dans votre question, il faut donc absolument dépasser le stade mental pour regarder bien plus haut et voir qui sont ces enfants malheureux. Quel peut bien être le but poursuivi par un Esprit qui décide de s’incarner dans des conditions aussi difficiles ? Et si c’étaient de très grands sages venus expérimenter ici-bas l’abandon, la pauvreté, le rejet et la survie, tout cela dans le détachement complet et le non-jugement ? Si… si… si… on pourrait en rajouter à l’infini des si, n’est-ce pas ? Mais ce ne serait encore une fois que des suppositions, des hypothèses qui pourraient par contre contenir tout de même certaines vérités.
Le problème avec nous les humains, c’est que nous avons tôt fait de juger en nous basant sur nos propres critères d’évaluation. C’est d’ailleurs là le travail du mental qui veille au grain particulièrement bien. Lorsque j’accompagnais des groupes en Inde, je disais toujours aux voyageurs, avant de partir, de laisser à la maison leurs yeux de Nord-Américain ou d’Européen et de voir ce pays avec la vision d’un Indien. Sinon, ils seraient toujours dans le jugement et ne pourraient goûter pleinement à leur voyage. En jugeant ainsi sans distinction de la pertinence des choses selon nos critères d’évaluation, on risque de passer à côté de quelque chose de beaucoup plus sublime et profond. C’est pourquoi, sur la voie de l’illimité, le jugement n’a plus sa place.
Je ne dis pas qu’il faille banaliser le genre de situations que vous rapportez, mais qu’il serait plutôt préférable d’en constater l’existence avec compassion, en cessant toutefois de vouloir les classer sans appel dans le tiroir du bien ou dans celui du mal. Je suis convaincu que le roi, le prostitué, le sage ou l’assassin sont tous mus par des Esprits venus expérimenter quelque chose de différent. Vous savez, l’enfant et le vieillard sont tous les deux mus par la même motivation spirituelle : vivre ce qu’ils ont peut-être inconsciemment choisi de vivre, et cela le plus intensément possible. Lorsqu’on patauge trop longtemps dans les marais de l’émotion, il devient évidemment plus difficile de voir un enfant malheureux traîner dans les rues, que de s’apitoyer sur le sort d’un vieil homme rejeté des siens et qui décrépit dans sa solitude. Pourtant, vu avec les yeux de l’âme, c’est exactement la même chose. Si on compte en années terrestres, l’âme n’a pas d’âge, seul le corps en a un. La justice humaine telle qu’on la conçoit habituellement est une conception du mental qui sépare selon des critères bien établis ce qu’elle considère comme juste ou injuste. La justice universelle ou divine, quant à elle, n’a aucun critère, car elle voit tout dans une optique expérimentale.
On expérimente donc tous et chacun d’entre nous des choses différentes. Mais on se laisse prendre très facilement au jeu de penser que toutes les autres personnes de la planète devraient penser, vivre et réagir comme nous. Mais cela est tellement faux, car on est tous venus sur terre pour des raisons particulières que seul notre Esprit pourrait nous expliquer, pour survivre par exemple dans la pauvreté totale, baigner honteusement dans la richesse, se vautrer dans la luxure, faire preuve d’une sainteté exemplaire, etc. Toutes ces existences sont à mes yeux aussi valables les unes que les autres.
Finalement, sur la voie de l’illumination, on pourra bien s’efforcer d’aider les gens qui vivent dans la dèche, mais jamais on ne vivra leur malheur pour eux. Vivre et laisser vivre… voilà peut-être une des précieuses clefs du bonheur.
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