Le crédit d’impôt à la prime du travail : quand l’aide devient dette
Il y a des labyrinthes administratifs qui ne se traversent pas sans y laisser des plumes. Depuis des mois, je documente, dans cette rubrique, les méandres du programme d’aide de dernier recours pour travailleur autonome du Québec. Vingt-quatre chroniques, toujours accessibles gratuitement sur le site de la revue, témoignent de cette traversée. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Elle se poursuit, elle se transforme, elle se durcit.
Quand le gouvernement m’a exclue du programme, j’ai porté l’affaire devant le Tribunal administratif du Québec. Deux fois. Et deux fois, le système m’a regardée sans bouger. En guise de compensation, on m’a dit : « Tu as droit au crédit d’impôt sur la prime au retour au travail. » Un crédit qui verse 200 $ par mois. Je ne le savais pas, mais ce sont des versements anticipés. Pendant quatre mois, j’ai reçu ces 200, pour un total de 800.
Puis, soudainement, tout bascule. Mon comptable, à la ligne 456, indique que j’ai droit à 400. Revenu Québec refuse. Selon leurs règles, mes revenus sont « à la perte », donc je ne suis plus admissible au crédit. Et voilà que je leur dois 800 ! Ils rejettent l’argument du comptable, ignorent les nuances, et exigent le remboursement complet.
J’aurais pu éviter ce remboursement si mes revenus n’avaient pas été déficitaires. Mais comment le savoir ? Il aura fallu quatre mois pour comprendre cette mécanique. Quatre mois de ballade administrative entre le ministère de la Solidarité sociale, le centre local d’emploi, Revenu Québec et le bureau du comptable. Tous s’accordent sur une chose : ce crédit est censé aider. Et pourtant, il aide ceux qui prospèrent, et coule ceux qui en ont réellement besoin.
Le système reste inflexible. Je dois rembourser une somme que je n’aurais jamais dû recevoir, ou plutôt, que j’avais le droit de recevoir… jusqu’à ce que mes revenus ne correspondent plus à leurs critères. Et pendant ce temps, je continue de recevoir des communications m’invitant à m’inscrire, affirmant que je suis admissible. Mais ces lettres ne disent pas que si tu ne fais pas assez de revenus pendant cette période, tu deviens redevable du crédit anticipé.
Aujourd’hui, deux dettes se sont contractées par la mauvaise gestion du système. Et je suis pognée pour rembourser, chaque mois, l’incompétence de ceux qui rédigent les lois. Même le Tribunal administratif ne peut rien y faire. C’est ainsi que l’aide devient piège, et que la dignité se négocie à coups de lettres officielles et de remboursements forcés.
Quand l’indignation devient stratégie
Je pourrais dire FUCK ! et tout envoyer promener. Je pourrais refuser de payer cette dette absurde, cette dette qui s’est construite sur des règles opaques, des calculs mal ficelés, une absence totale de compassion et de logique. Mais non. Chaque mois, on prélève sur mes autres aides gouvernementales. Chaque mois, je rembourse l’incompétence d’un système qui prétend m’aider, en payant des intérêts évidemment.
Je pourrais encore écrire. Encore une lettre, encore une plainte, au département des programmes gouvernementaux du Québec. Je pourrais aviser mon agente. La ministre. À la limite, ma députée qui, soyons honnête, ne fera probablement rien. Parce que ce genre de dossier, ce genre de réalité, ne fait pas partie des priorités. Trop complexe. Trop marginal. Trop vrai.
Mais je regarde les autres batailles qui s’en viennent. Je les vois. Elles s’annoncent. Elles grondent. Et je sais que je ne suis pas seule. Que cette chronique, que cette revue, que cette voix, c’est aussi celle de tous ceux et celles qui naviguent dans les mêmes eaux troubles. Ceux qui se font dire qu’ils ont droit, puis qu’ils n’ont plus droit. Ceux à qui on tend la main pour mieux leur retirer le sol sous les pieds.
Locataire modèle, propriétaire défaillant : quand la loyauté ne suffit plus
Depuis 2012, je loge au même endroit. Et dans ce rôle de locataire, je suis irréprochable. Zéro tache à mon dossier. Mon propriétaire lui-même m’a déjà dit qu’il ressent ma gratitude quand je lui envoie mon loyer. Il dit aussi que je suis la première, sur 500 logements, à lui faire parvenir son argent. Jamais il n’a eu à courir après moi. Jamais il n’a attendu. Je suis rigoureuse, constante, fiable.
Chez moi, c’est propre. Très bien entretenu. Intérieur comme extérieur. Les détails, je les vois, je les règle aussitôt. Mais lui, il est à l’argent uniquement. Quand mon plafond a commencé à couler — deux mois et trois semaines de gouttes, d’infiltrations, de danger — il n’a rien fait. Bien que avisé dès le départ. C’est moi, un matin, qui ai dit : c’est assez. J’ai appelé le 911. Je leur ai dit que ce n’était pas une question de vie ou de mort, mais que l’eau coulait par la lumière. Que c’était dangereux.
Et ce n’est pas tout. Chaque année, il abuse de la hausse des loyers. Il n’offre aucun service, à part le contracteur pour la tonte du gazon et le déneigement. Ça fait cinq ans que je n’ai pas vu de concierge. Un an que je lui demande un plombier. Il ne répond pas.
Je l’ai déjà amené au tribunal de la Régie du logement en 2018. L’audience a eu lieu en 2019. Il n’avait rien contre moi. Moi, j’avais 30 points à faire valoir dans ma mise en demeure. Il s’en est tiré, maladroitement. Il reste huit points sur cette liste qu’il n’a jamais réglés, même s’il a dit au juge que oui. Aucun suivi après le jugement. Rien.
À l’époque, j’avais fait le tour des voisins. Plusieurs m’avaient témoigné leurs propres abus, leurs propres frustrations. Mais je n’ai pas pu présenter cette preuve au juge. Elle est tombée, partiellement, faute de procédure. Je m’y prends autrement maintenant.
J’ai sollicité les gens, dans les blocs de la rue. J’ai posé la question : êtes-vous satisfaits du service ? Et j’ai trouvé dix locataires en furie. Cinq autres, peut-être, mais qui ont dépassé les délais pour se joindre au recours. Et moi, je continue. Je documente. Je rassemble. Je prépare.
Le visage public du propriétaire : entre scandale et négligence
Et puis, j’ai découvert que mon propriétaire avait été investigué par l’émission d’enquête journalistique JE. Qu’il avait fait la première page du Journal de Montréal, identifié comme responsable et contributeur aux hausses de loyers abusives. Le portrait est clair : il ne paie pas ses employés, ni ses contracteurs. Ceux qui font des jobines pour lui sont tenus de faire le strict minimum, sinon ils ne sont ni payés, ni remboursés — ou alors très difficilement.
Ce propriétaire ne s’attarde pas aux gens. Il loue à ceux qui peuvent payer deux mois d’avance. Point. Dans l’appartement au-dessus du mien, depuis que je suis ici, dix personnes différentes se sont succédé. Juste deux d’entre eux étaient des gens bien. Ils sont restés un an. Pas plus. Ils ont vécu l’expérience et ils sont partis. Ils ont trouvé mieux ailleurs.
Les autres ? Des drogués profonds. Des perturbateurs de paix. Des pollueurs. Des narcissiques. Des chiens qui aboient toute la journée. Une cohabitation impossible. Une co-harmonie collective constamment brisée.
Et pourtant, je suis contente. Parce qu’il a souvent des problèmes. Les gens ne le paient pas. Ils détruisent les appartements. Ils se câlissent bien de tout. Et moi, je reste. Je reste, droite, lucide, tenace. Je documente. Je témoigne. Je prépare…
Ce qui m’amène au troisième sujet.
L’appartement du haut : entre chaos et révélations
Je vous avais dit que mes nouveaux voisins attendaient des quadruplés. Heureusement — et je le dis sans jugement, mais avec soulagement — la dame s’est fait avorter. J’avais très peur pour le bruit. Mais même sans enfants, le vacarme était déjà insupportable. Deux chiens qui jappaient pendant quatorze heures d’affilée. Jamais elle ne les faisait sortir. Et parfois, ça fumait. Une odeur étrange, inconnue. Ce n’était ni du pot, ni du haschisch. Une fumée qui inquiétait, qui dérangeait. (C’est le concierge qui m’a dit qu’ils n’ont pas déménagé leur pipe de crack. Je vous explique plus loin.)
J’ai appelé la police. Rien n’a changé. Les jappements ont continué. J’ai fait une plainte à la SPCA. Sans résultat. Une deuxième plainte. Toujours rien. Finalement, ma voisine a décidé de sacrer son chum là, de retourner vivre chez ses parents. Le gars, drogué, seul dans le 5½, est parti lui aussi vivre chez son père. Ils ont laissé l’appartement dans un état lamentable. Le chien enfermé dedans. Des poubelles partout. Des mégots de cigarette jetés dans la forêt, parfois encore allumés. Je ramassais chaque jour. Je surveillais. Je constatais.
Et puis, je me suis aperçue que l’appartement était vide. Le chien toujours là. La fenêtre de la chambre grande ouverte depuis plusieurs jours. Les lumières allumées. C’est moi qui ai avisé le propriétaire que l’appartement était vide depuis une semaine. Et là, surprise : il a rebondi sur-le-champ. Quand il perd de l’argent, il est là. Quand il s’agit de sécurité, de dignité, de respect… silence.
Je suis restée cachée chez moi volontairement, le temps que la mise en demeure collective arrive par la poste. (Ce n’est pas le cas parce que la poste est en grève et retarde notre processus de mise en demeure collective.) Mais il le savait déjà. Je l’avais avisé par courriel, en même temps que j’ai envoyé la lettre. Une chance, parce que c’est vraiment long pour réussir à avoir un rendez-vous à la Régie du loyer. Ça prend trois semaines avant d’avoir une possibilité de rendez-vous, juste pour remplir et déposer le recours. Selon leur site internet, on peut bien faire des choses par soi-même, mais c’est compliqué et surtout ça ne répond pas à la cause particulière. J’aime mieux jouer sûr et la lettre aura eu un mois pour faire son effet.
Le lendemain de sa visite impromptue, le nouveau concierge est arrivé dans l’appartement qui sentait les excréments de chien, mais juste pour cet appartement-là, pas le reste du bloc qui le sollicite dans le recours. C’est un nouveau concierge depuis deux ans, je ne le savais pas! Moi, ça fait cinq ans que je n’ai pas eu de visite de concierge.
J’ai pris le temps de parler avec lui. Et j’ai appris bien des choses. Des choses qui vont étoffer mon dossier. Des choses qui confirment ce que je sais déjà, mais que je peux maintenant documenter.
Et malgré tout, je suis contente. Contente que ces locataires ne soient restés que deux mois et demi. Bruyants, oui. Mais d’habitude, ça prend plus de temps avant qu’ils se fassent dégommer pour non-paiement. L’appartement du haut est tellement moisi, abîmé. C’est dommage. Ils auraient pu se joindre au recours collectif. Mais ils sont partis trop vite.
Alors j’espère. Je prie. Un peu trop, peut-être. Mais je le fais. Que les prochains soient plus éveillés. Plus conscients. Qu’ils comprennent ce que signifie la vie commune. Qu’ils sachent que vivre ensemble, c’est respecter, c’est cohabiter, c’est honorer l’espace partagé.
Stationnement, silence et sabotage : quand la ville protège les flottes et pénalise les citoyens
Encore une bataille qui se met sur le tapis. Une brèche dans la réglementation municipale, juste devant chez moi. Un locataire perturbant et envahissant, appartenant à mon propriétaire, envahit la rue résidentielle avec sa flotte commerciale. Et la ville, incapable de gérer, décide de minimiser les espaces de stationnement pour éviter que ça s’incruste. Mais la flotte est toujours là. Et ce sont les voitures des citoyens qui écopent des amendes.
Le 26 juin, j’ai écrit personnellement au maire. Il est dans mes amis Facebook. Je lui ai demandé de régler ce problème de règlement, parce que le moyen appliqué est inutile. Il ne m’a pas répondu. Une semaine plus tard, je lui ai écrit à nouveau. Je lui ai dit qu’il avait le droit de ne pas me répondre, mais qu’il allait le faire à la séance du conseil. Là, il m’a répondu. Il m’a dit qu’il s’en occupait, qu’il allait faire le point avec son équipe.
Mais rien n’a changé. Et même si je l’ai vu venir à 100 %, ma fille a écopé d’un ticket de stationnement. L’immatriculation de l’auto est au nom de son père — qui est, ironie du sort, le directeur général de la ville. Donc, je ne peux même pas contester le principe que la ville a manqué sur ce coup. Je peux le prouver. Je sais comment c’est géré à l’interne. Je connais les rouages. Je connais les responsabilités. Et encore une fois, il faut payer pour leurs erreurs.
Conclusion : Honorer le chaos, réclamer la paix
Il y a des années qui ne laissent pas de répit. Des cycles qui s’enchaînent sans pause, comme si le ciel astral lui-même testait ma résistance. Des relations à réajuster — mon père, mon comptable, mon gars de web — des mises à jour nécessaires pour protéger mon espace sacré. Et au cœur de tout ça, une vérité simple : je ne demande pas l’impossible. Je demande le respect. La reconnaissance. Le droit de vivre en paix.
Mais voilà, pour une pacifiste assumée, c’est compliqué. Parce que le monde ne fonctionne pas toujours à la fréquence de la paix. Il impose, il néglige, il abuse. Et moi, je tiens, je documente. J’expose. Je transforme.
Ce karma que je porte, ce champ de bataille que je traverse, ce n’est pas une punition. C’est une initiation. Une forge. Une alchimie. Je suis en train de transmuter l’injustice en enseignement, le chaos en clarté, la douleur en dignité.
Et même si je ne sais pas quelle planète est de travers, je sais que mon axe tient. Que ma lumière ne plie pas. Que ma parole est une offrande. Que ma vérité est une médecine.
Alors oui, les batailles se succèdent. Mais moi, je ne cède pas. J’avance, je purifie, je réclame et j’inspire sûrement, quelque part, quelqu’un qui avance difficilement aussi.
À ceux qui me lisent, je vous offre plus qu’un récit : une carte, une boussole. Une permission de ne pas se taire. Une invitation à honorer votre propre espace sacré. Au moins je prends le temps de redresser ce qui manque d’amour. Ça peut devenir exaspérant! Mais je règle quand ça ne tourne pas rond.
Et à moi, Julie, je dis : tu es en train de traverser. Tu es en train de guérir. Tu es en train de bâtir un monde où la paix ne sera plus une exception, mais une norme.
Merci! Soyez bénis.
Julie L.
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