Faire ses classes avant d’espérer graduer…
Il ne faut pas se le cacher ni se bercer d’illusions, il y a effectivement bien des étapes à franchir avant d’arriver et de s’installer sur la voie de l’illumination, des marches à gravir qui apporteront à chaque fois à l’individu un peu plus de maturité. Il n’y a évidemment pas d’âge pour s’ouvrir à l’illimité, mais je dirais que, paradoxalement, la limitation est bien souvent un prérequis à l’atteinte de cet illimité… Les extrêmes vécus à fond ramènent la plupart du temps à l’équilibre.
C’est ce qui est le fondement de la maturité. Pour pouvoir parler en connaissance de cause de quelque chose, il faut l’avoir vécu préalablement. On peut certes être jeune et fougueux, et crier au monde notre ouverture d’esprit. Baigner dans un océan de candeur, c’est parfois se « croire » rendu quelque part et constater qu’en réalité, on n’est pas encore parti. La jeunesse apporte l’insouciance, la passion et la merveilleuse désinvolture dont tant de gens plus âgés se sont départis un jour par la force des choses. Les jeunes ont encore cette énergie de création bien ancrée en eux, une énergie qui semble s’atténuer avec l’âge chez les gens qui ont une propension à s’endormir dans leur sécurité et leurs acquis. La jeunesse est le terrain de prédilection de l’expérience, duquel naîtra l’adulte mature de demain qui cessera de croire, mais qui saura ! Ce qui est toute une différence.
C’est bien connu, les jeunes se battent de plus en plus pour trouver leur place dans la société, puis pour la garder. Lorsque c’est fait, la voie de l’illumination est là à leur portée. Il leur sera par contre essentiel d’avoir vécu suffisamment pour reconnaître l’utilité de tous les écueils sur lesquels ils ont trébuché. En effet, l’expérience n’est-elle pas garante de tout ? Il faut avoir vécu la jalousie pour savoir qu’elle n’est que le résultat d’un manque de confiance en soi et qu’elle s’avère finalement aussi destructrice qu’inutile. Il faut avoir vécu l’attachement pour savoir qu’il est le plus grand frein à la liberté intérieure. Il faut avoir vécu l’emprise des religions ou des groupes spirituels pour savoir que la religion n’est que le début de la véritable spiritualité qui, elle, n’a plus jamais besoin de règles. Il faut avoir vécu la peine et la souffrance pour savoir qu’elles sont temporaires et qu’on peut toujours en ressortir plus fort si on a la sagesse de s’en servir quand elles passent au lieu d’y résister. Il faut avoir vécu la guerre pour savoir apprécier la paix. Il faut avoir connu la haine pour savoir qu’elle ne fait que s’attiser elle-même quand elle est entretenue par des pensées de vengeance. Il faut avoir cherché pleinement à évoluer pour comprendre qu’on a un grand maître en soi et qu’il ne s’agit que de le reconnaître pour qu’il se mette à guider tous nos pas.
Tous ces il faut sont nécessaires à l’atteinte de la maturité et demandent du temps, des années, des décennies même. Personne à ma connaissance ne peut passer outre. C’est vrai que certaines âmes qui s’incarnent ici-bas avec un grand bagage de sagesse iront plus vite que d’autres. La vitesse de croisière dépend toujours du point de départ de chacun. Mais une chose est sûre, c’est que tous les humains sans exception doivent vivre intensément leur période de recherche intérieure avant de savoir qu’en réalité, ils ne savent rien et que tout est perception, croyances et illusions. Il n’y a pas d’âge, c’est vrai, pour viser ou même toucher l’illimité, mais il y a quand même tout un apprentissage à faire avant. En d’autres mots, chacun doit faire ses classes avant de graduer… Et cela se fait évidemment avec… l’âge !
André Harvey
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Faire ses classes avant d’espérer graduer… Faire ses classes avant d’espérer graduer…
