HUBERT, un elfe du Mont Royal
Cette semaine au parc Angrignon j’ai rencontré un elfe magnifique; il semblait triste alors je me suis approché, il me regardait avec ses grands yeux et le visage légèrement crispé comme s‘il n’était pas certain de mes intentions, alors j’ai continué à avancer doucement, avec le plus beau sourire que je pouvais afficher. À peine à trois mètres de lui, il a semblé surpris que je puisse le voir, un dernier pas, il se préparait à fuir. Je me suis arrêté et lui ai demandé:
Qui êtes-vous Monsieur Elfe ? –Vous me semblez bien triste?
- Je n’aime pas qu’on me regarde!
Vos habits sont très luxueux, j’adore le rose et le bleu ensemble, vous êtes très beau monsieur. D’où vient cette tristesse?
- Les gens ne viennent plus ici. J’étais ici à l’ouverture de l’aqueduc en 1856, il y avait des gens dans le parc en grand nombre. Le dimanche, je voyais des pique-niques partout, l’énergie des familles c’est tellement beau. Les érables sans familles se sentent nus, ils ont besoin du toucher humain, personne ne les apprécie maintenant. Certains d’entre eux ont plus de 300 ans, imagine ce qu’ils ont partagé avec ce quartier. Moi je viens pour les encourager à l’occasion. Je suis au Mont-Royal maintenant, il y a plus de monde là-bas.
Nous aimons les arbres, mais nous oublions de leur dire, on ne pense pas à cela. Le peuple des arbres le sait ça non?
- Ce n’est pas parce que nous savons quelque chose que ça nous enchante. Nous ne comprenons pas ce besoin extrême de bouger sans cesse et ne jamais s’arrêter pour recevoir les bienfaits de la nature. Est-ce trop cher, car vous ne pensez qu’à l’argent tout le temps? Soit que vous en manquiez ou vous en avez et vous avez peur de la perdre ou vous craignez la fin du mois. D’ailleurs, qu’est-ce qui se passe à la fin de chaque mois qui vous stresse autant?
Nous devons payer nos comptes à la fin de chaque mois, le loyer, le téléphone, l’électricité, le gaz, etc. Par les temps qui courent, nous ne sommes jamais certains de garder notre travail, car c’est par le travail que nous recevons l’argent pour payer tout cela et sans travail, c’est très difficile et humiliant.
- Pourquoi est-ce humiliant?
Il faut dire aux gens qui attendent les paiements que nous ne pouvons les faire et souvent ils sont agressifs et choqués. Il faut parfois demander de l’aide et souvent c’est très humiliant d’expliquer pourquoi nous ne pouvons plus subvenir à nos besoins. Les gens jugent en premier et à l’occasion montre un peu d’empathie après.
- Je ne comprends ; pas vous êtes créateur, pourquoi ne pas créer l’abondance?
Je me pose souvent la question, je ne sais pas pourquoi nous n’y arrivons pas avec plus de facilité. Pouvez-vous m’aider à remédier à cela?
- Vous êtes déphasés, vous êtes incapable de rester tranquille et demeurer en harmonie avec votre entourage. Vous bougez tout le temps pour fuir ou tout simplement pour ne pas avoir à décider de la meilleure option. Vous êtes obsédés par le temps, il vous fuit entre les doigts. Le temps vous épuise simplement à le mesurer, toujours trop peu de temps, toujours au bord de l’épuisement, vous ne vous ressourcez pas, vous n’y croyez même plus. Vous vous êtes détachés de la source. Pendant ce temps nous vous regardons vous détruire à petit feu sans que nous y puissions rien du tout. C’est triste cela. Le temps s’accélère sans cesse, vous devez cesser de courir après et apprendre à vivre le moment présent. Vous achetez de belles maisons dans la forêt et nous vous voyons seulement lorsque vous faites l’entretien, des rénovations et toujours à la course et par surcroît, souvent en étant de mauvaise humeur. Très rarement, nous vous voyons lire sous un arbre ou dormir près d’un étang ou faire des intentions bien assis sur une pierre vivante. Vous résumez l’avenir en une série de paiements que vous réussirez à faire ou non et jamais nous ne vous entendons dire «la semaine prochaine j’aimerais faire ceci ou cela», non jamais. C’est toujours «la semaine prochaine je dois faire ceci ou cela». Tout devient une corvée, une obligation. Vous ne prenez même pas le temps de connaître les sortes d’arbres et buissons sur votre terrain. Ne serait-il pas plus sain d’acheter un livre et observer attentivement, communiquer avec vos arbres et avec ce livre, découvrir les espèces, les essences, et tout le reste. Pendant ce temps, vous communiqueriez avec la nature au lieu de l’effleurer en passant. Je répète, vous ne vous ressourcez pas suffisamment et que dire de tous ces esprits des arbres sur vos terrains, dans vos parcs, sur votre chemin à qui vous ne dites jamais bonjour ou même merci. Ce n’est pas la pollution qui nous fait le plus de mal c’est votre manque d’intérêt, votre manque de reconnaissance quotidiennement. Seule la peur d’avoir peur vous fait ressentir une émotion quelconque, c’est triste non?
Vu comme cela vous avez raison. Je sais par contre que les êtres de la nature n’abandonnent jamais, alors dites-moi qu’est-ce qui presse le plus selon vous pour nous rescaper?
- Ayez donc confiance dans la vie! C’est le premier pas vers l’unification. Nous pouvons vous aider à communiquer avec la source de toute chose, mais encore faut-il s’arrêter un moment. Soyez conscient de chaque pas, chaque pas est un enracinement, chaque pas est un lien avec Gaia, chaque pas vous rapproche de votre but, même pour les plus intellectuels.
Quel serait le protocole à suivre si je voulais retrouver confiance dans la vie et me brancher avec la source? Comment puis-je faire cela dans un boisé, un parc, une forêt, etc. selon toi?
- Pour être efficace, il vous faut un rituel que vous pouvez reproduire souvent et de façon identique à chaque fois. Le rituel endort votre mental qui alors vous laisse créer librement. Avec un seul arbre dans votre cour, c’est la même chose.
Un arbre en particulier?
- Non, ils peuvent tous vous aider à faire cela. Vous devez demander à l’esprit de l’arbre, la Dryade, si elle veut bien vous accompagner. Vous vous placez à quelques pieds devant l’arbre et dites: «Esprit de l’arbre, si tu veux m’aider présentes-toi devant moi, merci».
- Si la Dryade sort de l’arbre, vous sentirez entre vous et l’arbre une fraîcheur caresser vos mains. Cette fraîcheur épouse la forme de la Dryade qui vit dans l’arbre, elle le protège et le soigne lorsque nécessaire. Généralement, une Dryade mesure environ 4 pieds de hauteur et environ deux pieds de largeur; c’est une forme féminine assez robuste et si elle vous aide, vous serez entre de très bonnes mains.
- Réalisez que vous devez commander les esprits de la nature, sinon ils ne réagiront pas. Commander ne veut pas dire être brusque, autoritaire et manquer de respect, car dans ce cas vous serez non seulement ignoré, mais puni par la Dryade si vous blessez l’arbre.
Disons que je ressens cette fraîcheur, que dois-je faire ensuite?
- Alors, demandez à la Dryade de vous aider à retrouver confiance dans la vie, vous calmer et vous aider à vous ressourcer de façon à retrouver votre pleine vigueur et votre pouvoir créateur. Assoyez-vous près de l’arbre et restez calme. Il n’est pas nécessaire de méditer, mais tentez de ressentir où la Dryade agit sur votre corps. C’est très intéressant et plus vous ressentirez, plus les soins deviendront complexes. Ne demandez pas à la Dryade de vous accompagner, elle meurt loin de son arbre et il en est de même lorsque vous coupez un arbre, sa Dryade meurt. Il faut donc le faire avec beaucoup de respect. Après un soin pareil, votre pouvoir créateur est à son apogée durant deux heures, donc préparez-vous à faire vos demandes à l’univers et n’oubliez pas de remercier la Dryade.
Merci beaucoup Elfe, comment vous nommez-vous?
- Hubert, du Mont-Royal.
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