La cinquantaine (49-59 ans)
(1ère partie)
Une deuxième phase de vie débute à la fin de la quarantaine et se déploie sur plusieurs décennies par la suite. À cette étape, l’Être vit une transformation profonde, une bascule. Il ressent en lui qu’il a établi des bases, qu’il a acquis des connaissances, qu’il est inspiré de ses expériences et qu’il sait davantage qui il est. Il ressent aussi ce qu’il peut vraiment s’offrir à lui-même et à la vie qui l’entoure. Du moins, c’est ce qu’un être équilibré vit à cette période. Les autres, ceux qui ont renoncé ou qui n’ont pas été à l’écoute d’eux-mêmes, vont plutôt vivre une sensation de passage important, de terminaison aussi, d’une étape, et voudront aller vers une autre vie qui fait plus de sens. Ainsi, quel que fût le parcours jusqu’à la cinquantaine, les êtres se sentent soit disponibles à une autre phase, soit à changer leur vie.
C’est une période de renaissance.
C’est une période d’émergence de l’Être qui veut se reconnaître davantage. Il ne tient pas nécessairement ce langage, mais l’énergie qui l’habite est une énergie qui l’entraîne à se retrouver, se reconnaître, et ainsi pouvoir s’aimer lui-même. Tout ce qui se trouve dans sa vie et qui ne le fait pas vibrer va l’alourdir encore davantage. Il le ressentira comme inutile et, quelquefois, il réalisera qu’il a erré, qu’il ne s’est pas respecté. Le début de la cinquantaine est une période associée à une envie profonde de se respecter soi-même. L’Être prend donc conscience de tout ce qui ne respecte pas qui il est réellement. Quelquefois, il en projette la responsabilité, la cause, sur les autres, mais très souvent, il se rend compte que, sous une forme ou sous une autre, il a permis que cela existe.
Il peut vivre de grandes désillusions, de grandes culpabilités. Il peut plonger dans ses méandres intérieurs et vivre des périodes difficiles, mais peu importe son parcours, il rencontrera l’envie d’être lui-même. C’est pourquoi nous disons : c’est une période de renaissance. Et nous invitons tous les êtres à renaître à eux-mêmes en utilisant cette étape pour aller retrouver ce qu’ils ont envie d’être et ce qu’ils ont envie de faire. Nous les invitons à faire des choix. Plusieurs êtres utiliseront quatre à cinq années pour émerger, renaître, se retrouver. Là encore, il y a plusieurs confusions. Les êtres ont créé leur vie. Ils ont des possessions, ils ont des attachements à ces biens et à leur vie, mais ils peuvent ressentir que tout cela n’est pas eux.
Bien sûr, dans vos sociétés actuelles, plutôt que de sentir qu’une nouvelle vie va débuter pour eux, souvent, ils ont l’impression qu’ils se dirigent vers la phase de fin de leur vie, ce qui les insécurise et fait en sorte de créer une grande controverse en eux. À la fois, ils constatent que ce qu’ils ont créé n’est pas totalement correspondant à ce qu’ils sont. Vous vous rappelez que la période précédente de fin de quarantaine est une période de réassociation?
Oui, après la crise de 40 ans!
L’Être qui s’est réassocié à lui-même renaît pour vouloir vraiment se centrer sur ce qui lui correspond. Celui qui ne s’est pas réassocié ressent un grand malaise parce qu’il veut davantage être lui-même. C’est une pulsion de respect de lui-même. Toutefois, s’il a l’impression qu’il se dirige vers la fin de sa vie, il ne veut pas tout changer. Il ne veut pas perdre sa sécurité, ses assises. C’est un moment de grande turbulence.
Il y a plusieurs éléments qui entrent en jeu. D’abord, chez la femme, c’est une période que vous nommez la ménopause, ou la pré-ménopause, c’est-à-dire de transformation hormonale. Il faut bien comprendre que les ovaires, qui sont des glandes au cœur du système reproducteur, sont aussi des glandes associées à l’énergie de vie, à l’énergie de création.
Est-ce qu’il faut relier la ménopause à la fin de la création?
Au contraire, c’est une intensification du mouvement créateur, qui se détache alors complètement du processus de procréation. C’est une transformation. Le changement hormonal, qui est associé aussi aux ovaires, amène la femme à ressentir que sa contribution par la procréation sera beaucoup moindre, ou ne sera plus, et que sa création sera d’un tout autre ordre. Cela va donc intensifier l’envie de s’exprimer, l’envie de créer selon ses talents profonds.
Comprenez bien que, pour une femme, la création, que nous nommons aussi l’expression de la vie en elle, est associée à la fois à la procréation et au déploiement de ses talents. Ces facultés de procréation font partie des talents, des dons de la femme. À la ménopause, il y a une transformation et, de façon générale, la faculté de procréer va diminuer jusqu’à s’estomper, ce qui va intensifier l’envie et la pulsion de créer à partir de tous les autres talents.
C’est une façon beaucoup plus intéressante d’aborder la ménopause, enfin!
C’est intéressant, car dans vos sociétés cela correspond souvent à une période où la femme se sent moins responsable de ses enfants, une période durant laquelle elle retrouve beaucoup plus d’espace pour elle. Elle s’est beaucoup occupée de ses enfants, bien qu’elle ait eu d’autres activités. Elle s’est aussi souvent beaucoup occupée du père de ses enfants, qui était très centré sur ses activités professionnelles.
Maintenant, les enfants sont beaucoup plus autonomes, son conjoint a beaucoup plus de sécurité, et elle retrouve plus d’espace pour créer. Bien sûr qu’elle peut vivre une grande crise, parce que si elle ne s’est pas rencontrée durant les deux ou trois précédentes décennies, si elle s’est oubliée au profit de ses enfants, de sa famille, de son travail et de l’harmonie de tout cela, il se peut qu’elle ne sache plus qui elle est. Il est très possible qu’elle ne se sente pas, qu’elle ne se connaisse pas, qu’elle ait oublié quels sont ses envies, ses goûts, ses talents, ce qui la stimule, ce qui la fait vibrer. Si c’est le cas, elle peut vivre une grande crise existentielle, l’impression de ne plus être utile, de ne plus savoir qui elle est, de ne plus savoir quoi faire de sa vie.
Cette crise, bien qu’elle puisse être importante, est saine et bénéfique, car c’est un moment d’éveil. Nous disons que la Femme va renaître dans la femme. La femme qui a servi amoureusement peut maintenant aller à la rencontre d’elle-même pour servir ce qu’elle est par son processus créateur. Nous l’invitons à laisser émerger ses véritables dons et talents. Bien sûr, il peut y avoir plusieurs années pour s’autoriser à être elle-même, sans chercher à sauver le monde, mais plutôt à exister telle qu’elle est, à se retrouver.
Et comment ça se passe pour l’homme?
L’homme, au début de la cinquantaine, vit aussi une bascule. Cela se présente souvent par une tension et une fatigue physique et/ou psychique qui font en sorte qu’il commence à remettre en question toute son implication dans son travail, parfois même dans l’ensemble de ses activités. Il a envie de plus de temps et d’espace, lui aussi, pour exister. Son drame, c’est qu’il ne s’en est pas offert au fil des années et qu’il ne sait pas comment s’orienter. Il fut souvent si actif qu’il n’ose pas s’offrir des moments d’inactivité, mais il veut aller vers d’autres activités, sans savoir non plus ce qui fait sens pour lui.
Très souvent, l’homme fait cette prise de conscience, mais il continue tout de même ce qu’il a entrepris, parce que changer tout cela est trop complexe. Il va vivre cette crise très intérieurement, en tentant de ne pas la voir, alors que les femmes vont vouloir se donner du temps et en parler.
Quelles sont les conséquences, à ce moment-là, pour l’homme qui vit cette autre crise intérieurement?
Les conséquences sont le stress, une tension sur le système nerveux, tension artérielle et tension sur la structure. C’est une période où les hommes peuvent devenir très vulnérables au niveau du corps physique, alors que chez la femme, c’est une période où elle se sent abandonnée au niveau émotionnel. Elle a besoin de se retrouver et va affirmer sa difficulté. L’homme va l’occulter.
Nous parlons en général, bien sûr, puisqu’il y a des hommes qui, au contraire, seront dans une véritable remise en question. En fait, une proportion importante d’hommes dans vos sociétés occidentales va tenter de nier cette remise en question, parce que cela est douloureux. Ils vont se centrer davantage sur leurs activités quotidiennes pour ne pas entendre les voix intérieures. La femme, au contraire, va tenter de se détacher de ses activités pour aller retrouver quelque chose en elle, mais elle est souvent désemparée. Plusieurs ressentiront qu’elles ne savent plus qui elles sont et ce qu’elles veulent.
Plusieurs ne savent plus par où commencer quand les enfants commencent à voler de leurs propres ailes.
Voilà! C’est extraordinaire, en fait, puisque les êtres, à cette étape, ont plus d’expérience, donc, en principe, un peu plus de sagesse. Nous leur proposons d’aller déguster la vie, un peu comme ce que nous proposons aux enfants. Rappelez-vous, dans l’enfance et le début de l’adolescence, nous avons proposé que les parents puissent mettre leurs enfants en relation avec une diversité d’éléments de la vie, afin qu’ils puissent ressentir ce qu’ils aiment, ce qui les appelle, ce qui les attire.
L’Être peut se mettre en relation avec plusieurs éléments de la vie, afin d’aller ressentir ce qui l’appelle, ce qui le fait vibrer. À 7 ans, à 8 ans, vous amenez vos enfants au cirque, vous les amenez au théâtre pour enfants, vous les amenez à un concert de musique, vous les amenez vers différentes activités, même sportives, et vers des paysages nouveaux. En somme, vous les mettez en relation avec la vie pour qu’ils sentent ce qui les anime davantage et ce qui leur correspond.
Eh bien, pendant tout le début de la cinquantaine, nous disons aux êtres : allez déguster davantage la vie. Vous n’avez pas à renoncer à votre travail pour autant. Toutefois, plutôt qu’aller toujours vers les mêmes activités, puisque vous sentez que ce n’est plus tout à fait cela, explorez. Explorez à votre rythme, selon le temps qui vous est disponible, selon les moyens que vous pouvez vous offrir. Dans cette perspective, cela devient très intéressant. Ne mettez pas trop de limites.
Les êtres, souvent, vont se concentrer sur ce qu’ils connaissent et sur ce qu’ils aiment, mais à la fois, ils sont dans une forme de crise parce qu’ils ne savent plus ce que pourrait devenir leur vie. C’est un paradoxe! Allez explorer. Par exemple, allez à une conférence sur une façon de capter la vie par la photographie. Allez à un concert de musique que vous ne connaissez pas, vers une nouvelle forme de théâtre, vers une nouvelle forme d’activité. Allez vers l’exploration du Tai Chi que vous ne connaissez pas, vers un peu de yoga, vers une nouvelle forme de danse qui vous fait bouger un peu. Allez vers différentes explorations, sans tenter de trouver dès le départ « Quelle est l’activité qui va faire en sorte que je pourrai me passionner? » Détendez-vous! Explorez comme si vous dégustiez différents mets. Il ne s’agit pas de vous disperser.
C’est une période où vous pouvez déguster davantage, et vous allez vous rendre compte que, tant au niveau intellectuel, social et physique, vous allez peu à peu redécouvrir ce qui vous anime en correspondance à cette période de votre vie et à ce qui est offert par ce monde. Peu à peu, vous constaterez « Tiens, cela m’anime davantage », et vous pourrez inscrire cette nouvelle activité dans votre vie. Puis, beaucoup d’êtres vont tant découvrir ce qui les anime qu’ils se présenteront à la mi-cinquantaine dans une disponibilité pour faire même une bifurcation assez importante de leurs activités centrales, de leur travail, en fonction de tout ce qu’ils ont découvert.
Attention! Il ne s’agit pas que de découvrir à l’extérieur ce qui va vous permettre d’être en action, mais il s’agit aussi de vous découvrir.
C’est une grande période pour découvrir, comme l’enfant, quels sont vos talents, vos dons, ce qui est intéressant à déployer pour vous, en somme, ce qui vous fait vibrer. Voilà le début de la cinquantaine.
Mais les êtres le vivent souvent comme une crise majeure. Ils sont perdus, parce qu’ils ont moins envie de tout ce qu’ils ont créé. Ils se retrouvent dans une peur d’un manque d’intensité et de ne plus se retrouver, et même dans une peur de rater leur vie, car ils n’ont pas encore touché ce qui était exaltant et passionnant pour eux.
(Deuxième partie au prochain numéro)
Tiré de Tout se joue à chaque instant, Éditions La Semaine.
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