André Malraux contemplant la splendeur de l’Acropole s’écria :

« Nous avons tous une Grèce en nous. »

On parle souvent de la magie de la vie. On la perçoit volontiers comme une sorte d’éclair venant illuminer le ciel de notre vie, au moment où l’on en a besoin. Particulièrement dans ces moments de grande lassitude ou de morosité. Mais le plus souvent, nous nous retrouvons dans l’attente d’une magie qui ne vient pas. Attente qui va parfois jusqu’à l’obsession. Et alors, c’est le doute qui s’installe. Existe-t-elle vraiment? Appartient-elle aux seuls fortunés de la vie ou est-elle à la portée de tous? Parfois, notre doute se met à dériver vers des plages moins rationnelles : faut-il connaître quelque formule initiatique pour la faire apparaître?

D’entrée de jeu, précisons que la magie de la vie ne relève pas de l’ésotérisme. Elle n’a rien à voir avec le fait de prédire l’avenir, de faire bouger des objets, de transformer les choses et les événements en un coup de baguette. Elle appartient bien davantage au mystère du destin, mais elle relève peut-être plus encore de notre pouvoir personnel.

Comme une grâce qui passe

Pour beaucoup, la magie de la vie est perçue comme une gratification du destin. Une grâce qu’il faut prendre au moment où elle passe. Elle réside dans l’espoir qu’arrive quelque chose d’exceptionnel, de bouleversant, surtout dans ces moments où l’on cherche à échapper à l’âpreté et aux rudesses de l’existence. Ou que nous soupirons après des jours ardents et lumineux. C’est alors que la dimension magique de la vie vient hanter nos rêves et nos pensées. Pour l’obtenir, la provoquer, nous sommes prêts à tout. Y compris chercher du côté des pouvoirs occultes, comme le charlatanisme, la boule de cristal, les médiums. Ou encore, nous choisissons la voie de l’idéalisme, c’est-à-dire la croyance en une vie censée obéir à l’appel du destin.

Mais le plus souvent, nous sommes contraints, surtout lorsque la magie ne vient pas, à opter pour la résignation passive qui consiste à dire : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes! » C’était la réponse qu’apportait jadis le philosophe Leibniz aux maux de l’existence. L’un des meilleurs exemples de cette attitude est celui de ces médiums qui proclament à la télévision, dans les journaux ou les magazines à qui veut les entendre : « Allez! Toute la chance sera avec vous! » Et l’on tente de se persuader qu’il en sera ainsi, renflouant constamment la volonté de maîtriser sa propre vie.

En réalité, la magie de la vie dépend beaucoup plus de notre volonté que des caprices du destin. Elle tient davantage au regard que l’on porte sur les êtres et les choses. Et ce regard part de l’intérieur de soi. Dans mon livre intitulé Renaître des pertes de la vie, j’ai beaucoup insisté sur la richesse de ce regard intérieur pour faire face aux difficultés de la vie. Ce regard cherche à trouver en soi, à travers sa propre créativité, son propre souffle, sa propre grandeur d’âme la façon de transformer son existence. C’est dans cette optique que je propose, plutôt que de mettre tous ses espoirs dans une magie incertaine, l’ouverture à  la « poétique de la vie », qui offre la possibilité de transfigurer réellement notre quotidien. La poétique de la vie s’exprime, en effet, dans un environnement concret, particulier, voire domestique. Mais encore faut-il croire au pouvoir qu’a la poésie de rendre la vie belle et intéressante.

Jean-Paul Simard et la magie de la vie

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