La vengeance : néfaste ou libératrice ?
Au cours des années d’inconscience que nous avons traversées, nous avons bâti une société immature au cœur de laquelle la vengeance est omniprésente. En effet, on la retrouve partout. On s’est aussi aperçu que par la vengeance, on se déculpabilise plus facilement de ressentir de la haine pour quelqu’un. Dans bien des cas, la meilleure façon d’apaiser un sentiment de haine, c’est de faire payer à un coupable le prix de son acte. Les cours de justice sont en ce sens un moyen de déculpabilisation de prédilection.
La justice humaine tient sur un principe universel : tout le monde doit payer pour ses crimes, que ceux-ci soient petits ou gros. C’est une loi dont personne ne peut déroger — enfin, surtout ceux qui ont moins d’argent et pas trop de pouvoir (rire). Et pourquoi donc cette obligation de payer sa dette à tout prix ? Afin que les gens qui se sentent lésés retrouvent au plus vite leur paix et leur sérénité d’antan! Comprenez que je ne suis pas contre ce système, mais que je ne fais que vous en décrire les tenants et aboutissants qui ont comme prémisse la vengeance.
Si, par exemple, un citoyen se sent floué dans ses droits, il fera tout pour faire payer le coupable, c’est normal dans notre façon de penser. Il omettra toutefois le principal — et c’est là que le bât blesse — c’est-à-dire de se demander ce qu’il a bien pu faire, lui, pour qu’on le traite ainsi et qu’on lui fasse subir tous ces préjudices. Si une injustice est commise, qu’elle soit justifiée ou non, il faudra vite trouver un coupable, pour ensuite le condamner et lui infliger une peine exemplaire, tout cela évidemment pour le bien de tous. Mais, comme je le disais, la dernière question que se posent les victimes, c’est pourquoi elles ont bien pu vivre cela. En effet, peu d’entre elles s’interrogent à ce sujet.
Si, par exemple, au cours d’une vie antérieure, la victime en question avait été un agresseur du même type et qu’elle était venue cette fois pour expérimenter le contraire — pas pour payer, entendons-nous bien, mais pour expérimenter, cela ferait toute une différence dans sa réflexion. Croyez-vous que ces victimes qui pleurent et crient à l’injustice devant les caméras de la télévision se demandent une seule seconde ce qu’elles ont pu faire pour attirer une telle situation ? Je n’en ai personnellement jamais vu, et si cela était, elles ne passeraient sûrement pas en prime time au petit écran. Pouvez-vous vous imaginer ce que ces personnes pourraient attirer de magnifique dans leur vie en tirant du bien de leur expérience, si elles se permettaient entre autres de prendre un léger recul et de regarder ensuite vers l’avant au lieu de gaspiller leur énergie à se venger pour apaiser leur courroux ? La vie n’est-elle pas en elle-même un parfait justicier ?
Au lieu de cela, dans cette société immature qu’on a bâtie, ne l’oublions pas, on ne cherche qu’à se venger en passant par un système judiciaire complexe et coûteux pour se libérer de ses ressentiments et apaiser sa colère. Avez-vous remarqué qu’en général, plus la sentence sera sévère, plus les victimes se sentiront en paix ? Mais, au bout du compte, rien ne sera réglé. Si un jour je n’ai pas la sagesse et l’humilité de me poser les vraies questions, je n’en retirerai rien. Je continuerai à vivre comme un zombie contrôlé par les autres dans un monde d’émotions où je répèterai inlassablement les mêmes patterns. Si, au lieu de ne rechercher que la vengeance à tout prix comme solution, on apprenait à se regarder de plus près, les cours de justice seraient bien moins bondées de gens en colère qui pleurent sur leur sort et crient haut et fort l’injustice du malheur qui les a frappés.
Mais, me diront certains d’entre vous, on ne peut pas laisser les criminels impunis en liberté. Ne serait-ce pas là l’anarchie totale ? Ne vous en faites pas, cela ne se fera pas demain. Il y a peut-être une personne sur mille qui peut comprendre ce que je dis. Ce dont je vous parle dans ce livre ne touche malheureusement qu’une infime partie de la société dont vous faites probablement partie. Ne vous bercez donc pas trop vite d’illusion : demain matin, le reste des humains continuera à se vautrer dans la vengeance, car il est indéniable que nous vivons encore dans un monde spirituellement immature. Par contre, comme la maturité ne s’acquiert qu’au fil de l’expérimentation, je continue à dire que, pour que les choses changent, il faut tout simplement persévérer, être et donner l’exemple. Les belles paroles et les interminables débats mentaux sont malheureusement devenus choses du passé et totalement inutiles. Il est temps d’agir par soi et pour soi.
Pour ce faire, laissez les gens se battre si c’est ce qu’ils veulent, mais n’entrez plus dans leur jeu. Pensez à vous changer, vous, c’est tout. Si vous êtes sur la voie de l’illimité, vous n’avez rien à faire en les côtoyant ou en fomentant quelque vengeance que ce soit, car celle-ci fait partie de l’ancien monde dont nous sortons progressivement aujourd’hui. Se venger fait du bien sur le coup, j’en conviens, mais à plus long terme, c’est un coup d’épée dans l’eau, de l’énergie gaspillée pour absolument rien. Mettez-la de côté dans votre vie, sinon elle ne servira qu’à vous enfoncer davantage dans la dèche. Si justice il doit y avoir, ne craignez rien, la vie s’en chargera.
En emprisonnant une personne durant des années, on ne fait que soulager en surface une partie de la conscience des victimes. Rien ne sera pour autant réglé pour elles et la situation reviendra probablement sous une autre forme un peu plus tard. Si vous croisez l’injustice dans votre vie, demandez-vous plutôt pourquoi ça vous est arrivé et quelle est la leçon que vous pourriez bien pouvoir en tirer cette fois. Pour le reste, ne perdez plus de temps et laissez la vie s’en occuper !
André Harvey
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