Le piège de la négativité
Dans le précédent numéro de la revue, j’ai écrit sur le pouvoir transformateur et spirituel de la gratitude. Ce mois-ci, je vous présente le contraire absolu de la gratitude: la négativité.
Qui ne connait pas la négativité! Elle n’a pas besoin de présentation, hélas. Elle s’immisce dans nos vies telle une voleuse de bonheur. Si on n’y prend garde, elle prend en otage notre aptitude même au bonheur. Si elle devient chronique, c’est la santé mentale qui est menacée. La santé physique s’en trouve aussi affectée : insomnie, augmentation du rythme cardiaque, palpitations, hausse de la pression artérielle, libération d’hormones de stress, etc.
La négativité prend différents visages émotionnels tels la mauvaise humeur, la colère, le ressentiment, la peur, la tristesse, la méfiance, le regret. Elle peut être déclenchée par des tracas et soucis de la vie quotidienne (ex.: l’avion qui est en retard … ou qu’on vient de manquer), ou par des circonstances plus tragiques (comme le décès d’un être cher, la perte d’un emploi, la maladie, etc.). Dans tous les cas, la négativité est comme un trou noir par lequel s’enfuient notre bonheur et notre santé.
Dans une expérience de psychologie, si on demande à des gens de décrire ce qu’ils voient dans le rectangle, ils répondront «un point noir», sans mentionner le 99% de l’intérieur du rectangle qui est de l’espace libre. Autrement dit, leur perception va immédiatement sur ce qui semble le plus apparent, sur ce qui attire immédiatement leur attention : le point noir. C’est ainsi que fonctionne notre cerveau. Tout ce qui attire son attention se met à être amplifié au point d’occuper tout le champ de la perception, en «oubliant» le 99% qui fait aussi partie de la réalité. D’où l’adage : «Tout ce sur quoi on porte notre attention grossit.» Cela s’applique à la négativité : elle est un trou noir sans fond qui amplifie l’événement contrariant, engendrant ainsi une spirale de négativité croissante, au détriment de tout le reste.
Certaines personnes semblent attachées à la négativité. Elles semblent constamment déceler les «points noirs» en elles ou autour d’elles pour s’en plaindre ensuite. Les personnes négatives prennent souvent le rôle de victime ou celui de persécuteur à la recherche de vengeance. Il peut être vraiment difficile pour ces «bougons» de s’extirper de la négativité tellement celle-ci est leur état habituel. Elle apparait comme la toile de fond de leur vie. Le bonheur semble leur échapper constamment…
On devient «addict» à la négativité, tout comme on le devient aussi pour le bonheur. Les deux sont bien souvent un choix de vie. Un choix qui est généralement conscient pour le bonheur mais un choix qui est trop souvent inconscient pour la négativité. Comme le disait Voltaire au 18ième siècle : «J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé.» Et vous, quelle toile de fond choisissez-vous pour votre vie? Choisissez-vous la pensée négative, ou la positive, comme toile de fond?
Il est important de déceler en soi le plus rapidement possible les moments où la négativité s’infiltre dans notre esprit pour éviter qu’elle ne s’y installe. La pleine conscience permet cette observation. Il s’agit de regarder la pensée et l’émotion négatives comme le ferait un observateur neutre et de les constater sans se juger. Simplement observer que notre bonheur, notre sentiment de gratitude envers la vie, notre félicité, notre calme sont en train de se dissiper à travers ce trou noir de négativité. Cette observation neutre peut suffire à désamorcer grandement la négativité en nous. Si le bonheur d’exister et la gratitude sont des expériences habituelles et familières en soi-même, le contraste avec une pensée ou une émotion négatives sera d’autant plus saisissant et facile à repérer.
Pour se libérer du piège de la négativité, il est également recommandé d’élargir notre regard intérieur pour le faire porter sur l’abondance et la vastitude de notre existence. Mettre le «point noir» contrariant non pas au centre de notre existence mais le recadrer en portant notre attention sur les éléments de notre vie qui sont sources de bonheur. La pratique de la gratitude devient ici très importante; il faut rappeler au cerveau tous les éléments de notre vie qui sont sources de joie et de soutien pour nous. Autrement dit, il faut focusser sur ce qui va bien dans notre vie (et la liste de gratitude peut être longue !) plutôt que sur l’élément contrariant.
Un autre moyen de se dégager de la négativité est d’apprendre à relativiser les irritants et les contrariétés de notre vie. Par exemple, se rappeler que rien n’est permanent : même les irritants auront une fin! Tout finit par passer! On peut aussi se rappeler que rien n’est parfait en ce monde binaire: il y a la lumière et il y a aussi l’obscurité. Comme je l’écrivais dans mon texte précédent : l’Univers est une œuvre in progress! Et puis, une contrariété peut être un cadeau caché qui ouvrira éventuellement des portes et des ressources insoupçonnées en nous et autour de nous.
Il est également salutaire de ne pas prendre les irritants comme des offenses pour l’ego. Ne pas les prendre personnellement! Ceci est d’ailleurs un des quatre Accords Toltèques. En effet, bien souvent, les peurs de l’ego sont à l’origine d’un état négatif : peur de faire rire de soi, peur d’être jugé incompétent, peur de s’être fait arnaquer, peur de ne pas être à la hauteur, peur de perdre quelque chose, peur de ne pas plaire, etc. L’ego se sent tellement facilement menacé!
Il existe aussi des mécanismes d’adaptation psychologiques qui aident à diminuer le stress et l’angoisse. Il y a la sublimation dans laquelle une activité sportive, intellectuelle ou artistique pourra canaliser un trop-plein d’anxiété et améliorer notre humeur. Il en va de même pour l’humour, qui permet de prendre un recul face à la situation anxiogène et de la dédramatiser.
La négativité est un signal qui indique notre difficulté à faire confiance en la Vie et notre difficulté à lâcher-prise. Lâcher-prise de la contrariété, lâcher-prise de nos plaintes et de nos résistances. Ne pas maudire ce qui nous arrive. L’accepter même si, de toute évidence, l’événement contrariant n’est vraiment pas ce qu’on souhaitait. Accepter, même si les circonstances ne se passent pas du tout comme on l’aurait voulu. Lâcher-prise de tout cela! Let go, breathe and smile! And go on with your life! Quels beaux mantras pour plonger dans l’acceptation de notre vie. Ne gaspillons pas notre énergie vitale du moment présent avec des regrets du passé et des inquiétudes du futur.
En somme, pour se libérer du piège de la négativité, il faut constamment faire un effort intérieur d’introspection de nos états d’être. La méditation, la psychothérapie, l’écriture d’un journal intime, l’action concrète pour résoudre les problèmes, la pratique de la gratitude et de la pleine conscience sont autant de moyens, parmi d’autres, pour ne pas laisser s’échapper notre bonheur d’exister.
Sur ce, le Divin en moi salue le Divin en vous : Namasté !
Marie Perreault
© Tous droits réservés, Marie Perreault (février 2019)
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