Les peurs et croyances qui construisent votre personnage
(2ème partie)
Josiane est une infirmière de 50 ans, célibataire et dédiée à son travail. Depuis quelques semaines, elle est aux prises avec une toux tenace. Elle perdure malgré les soins habituels de la grippe qu’elle s’offre avec attention. Quelques soudaines oppressions à la poitrine, accompagnées de difficultés digestives et respiratoires, l’amènent finalement à consulter un médecin pour en connaître les causes. Elle est fort ébranlée d’apprendre que sa poitrine est criblée de métastases alors qu’un nodule cancéreux occupe la partie supérieure de son estomac. Le diagnostic lui tombe dessus comme un coup de massue : cancer de grade 4. Revenue de sa stupeur, elle décide de mettre toutes les chances de son côté en entamant un véritable parcours de guérison, unissant la médecine conventionnelle aux médecines naturelles et énergétiques.
Depuis déjà longtemps, elle a pris conscience que des événements difficiles vécus dans son enfance la blessent encore : son père était très peu présent dans sa vie. Malgré tout, elle le voyait comme un homme autoritaire et contrôlant qui n’avait aucune attention ni intérêt pour les goûts personnels de sa fille et son évolution. Pour lui, elle était une enfant agitée, turbulente, qu’il fallait remettre à sa place et qu’il n’hésitait pas à gifler à l’occasion pour qu’elle respecte ses parents et cesse d’argumenter pour tout et pour rien. Il n’avait aucune confiance en elle. Josiane devait se taire et écouter les directives parentales.
L’école était son refuge et elle y développa rapidement une passion pour le théâtre et l’art oratoire. Elle aurait tant souhaité s’orienter en communication ou en art dramatique. Mais elle manquait de confiance en elle. Elle croyait qu’elle était inintéressante et sans qualité. Elle ne croyait pas pouvoir réussir dans ce qui pourtant l’animait. De plus, elle avait peur des réactions de ses parents si elle osait leur faire part de son aspiration. Son père voulait qu’elle soit infirmière et elle en était venue à penser que cela serait probablement la meilleure voie pour enfin être appréciée.
Elle en fit donc sa carrière et effectivement elle y retrouva une reconnaissance peu commune. Elle était très appréciée de ses patrons, de ses collègues et des patients. Toujours attentive aux autres, elle incarnait la « bonne fille » qui répond aux besoins de tous et chacun. Ses capacités d’écoute et de présence l’avaient amenée à recevoir souvent les confidences des patients souffrants. Elle était devenue l’infirmière exemplaire.
Un de ses grands rêves était de vivre une relation amoureuse enrichissante. Pourtant, ses expériences en couple étaient peu concluantes. Considérée comme une jolie femme, attirante, communicative, enjouée, il lui était facile de créer des relations amicales et amoureuses. Pourtant, à chaque reprise, alors que la relation semblait vouloir s’approfondir, elle hésitait et trouvait toujours une raison faisant en sorte qu’elle préférait s’en tenir à l’amitié. En fait, si elle savait séduire par ses qualités multiples, dont celle de communicatrice, elle craignait la suite. La relation difficile avec son père avait inscrit en elle une véritable peur du contrôle masculin, et une crainte face à l’engagement à long terme en amour. En outre, elle craignait de perdre son autonomie au profit d’un homme.
Sa carrière, elle, évoluait fort bien. Elle était devenue l’infirmière modèle, la femme forte devant la souffrance. Les expériences multiples devant la maladie lui avaient permis de développer une véritable connaissance des humains en souffrance. Elle était souvent invitée par des groupes de thérapeutes pour parler de souffrance physique et psychique dans la maladie. Pourtant, à cause de ce travail d’infirmière, puis de spécialiste de la psyché humaine en mode souffrance, elle occultait ou renonçait à répondre à sa passion d’artiste et de communicatrice, de même qu’à sa pulsion naturelle de vivre une relation amoureuse forte et engagée.
Stimulée et même réjouie, quoique accaparée, par d’étincelantes réussites professionnelles et plusieurs relations affectives, les nombreux et douloureux signaux physiques et psychiques de son insatisfaction n’étaient pas encore suffisants pour qu’elle entende ses voix intérieures si vibrantes. La maladie, dévastatrice et plus intense que jamais, ne lui laissait plus d’autres choix que d’aller à la rencontre d’elle-même pour se choisir véritablement et réévaluer ses choix de vie.
Josiane s’était identifiée au personnage fort et apprécié qu’elle avait créé pour répondre aux blessures de son passé et pour se protéger de leur résonance. Pourtant, ce personnage en elle, bien qu’il l’eût entraînée dans un succès professionnel, régissait ses états et l’éloignait d’elle-même. Si sensible à la douleur des autres, elle n’avait pas su entendre les signaux de ses propres malaises avant qu’ils n’atteignent une intensité foudroyante.
Josiane a décidé de mettre son parcours de guérison en priorité dans sa vie. Elle cessa son travail pour s’y consacrer entièrement. Sa première transformation fut d’être attentive à ses états intérieurs…
Les déséquilibres se manifestent par un mouvement d’intensification progressive de la douleur pour attirer l’attention de l’individu sur lui-même. Évidemment, la douleur peut être physique chez l’un et psychique chez l’autre. La disponibilité à soi est essentielle afin de capter les signaux avant que les déséquilibres ne soient plus profonds. Plus l’oubli ou le déni de soi sont importants, plus la douleur s’intensifie. La présence à soi est essentielle pour ressentir la pulsion réelle de vie et augmenter l’intensité de celle-ci.
Pierre Lessard
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