Mes dédales administratifs (19e partie)
Il y a eu une pause après ma plaidoirie, pendant laquelle j’ai reçu un cadeau. Une connexion d’un bref instant avec mon mentor politique stratégique décédé durant mon litige, sans qui je ne serais pas rendue là. Oui, j’ai capté en effet Yvon Picotte pendant
cinq secondes dans mon cœur. Je n’ai vu que sa tête dans une lumière blanche. Je l’ai remercié de sa présence et de son assistance. J’ai perdu la connexion et je n’ai pas été capable d’échanger avec lui. Je suis heureuse, car il a une belle énergie, il va bien, et est content de mon combat. Ça m’a soulagée et confirmé que tout cela va dans la bonne direction.
Au retour de la pause, la partie adverse avait à plaider et il fallait bien qu’elle dise quelque chose. Elle s’est donc collée sur la loi. En somme, selon eux, ils sont parfaits, je n’ai pas de raison de « capoter » ainsi à propos de ce qui se passe dans ma vie à cause d’eux. Bref, ce n’est pas leur faute, c’est moi qui, à leurs yeux, ne respecte pas l’entente signée au TAQ1, et que je n’ai pas d’autres arguments valables pour contester ce premier jugement. Toujours selon leur point de vue, je suis une frustrée qui revendique des choses que je ne mérite pas. Bon! Ça n’a pas été formulé ainsi, car la représentante lisait la préparation formatée qu’on lui avait fournie. En gros, ces fonctionnaires ne reconnaissent pas les problèmes engendrés par leur système et demandent l’avortement du procès, le rejet de ma demande et la fermeture du dossier.
J’étais vraiment contente de leur défense. En effet, sans s’en rendre compte, ils ont prouvé comment leur système fonctionne, ils ont démontré ce que je vis à chacune des strates de la structure gouvernementale. Voilà, c’est exactement ce genre d’attitude
qu’ils ont envers leur clientèle, partout, mais ils sont payés et censés servir, aider les citoyens. Oueh! Merci!
En déclinant toute responsabilité, ils font en sorte que jamais rien ne se règle, que personne n’a l’autorité ni les compétences pour régler un (ou des) problème(s) qui s’accumulent dans la matrice, faisant des dommages collatéraux dont personne ne s’occupe, même s’ils sont élus ou embauchés pour le faire. C’est le contribuable qui gobe les trop-pleins de ces lacunes administratives et on le gave jusqu’à ce qu’il implose. Malheureusement, cette affirmation découle du fruit de mon expérience avec eux. Je constate véritablement que c’est une maison de fous.
J’ai fait avec Yvon ma sortie d’audience. Il a dit à travers mes mots : « Les programmes gouvernementaux et sociaux doivent être au service du citoyen pour l’aider, et non pour l’écraser, le traîner dans la misère. » Ces paroles ont résonné profondément dans l’esprit du juge, ayant l’effet d’une sorte de feu d’artifice. Et sans rien dire, j’ai vu qu’il était entièrement d’accord. Ça lui a fait visiblement du bien qu’on lui rappelle cette vérité, et son âme m’a exprimé avec enthousiasme que ça allait lui servir pour ses prochaines causes. Il y a eu une correction de la trajectoire portée à son troisième œil, ouvrant une nouvelle conscience chez lui, qui déteindra dans ses futurs jugements. Bravo! J’aime beaucoup ce genre d’évolution et les répercussions que ça va apporter dans la vie des gens. En fait, j’adore l’ouverture et la progression. Ça me procure l’énergie de la patience pour attendre que ça prenne forme dans la matière. Cela dit, le juge se donne trois mois pour décider de ce qu’il va faire à mon sujet.
Je l’admets, il s’agit d’une cause qui va créer un précédent. Je rappelle qu’il n’existe pas de jurisprudence sur le sujet, et qu’aucune loi ne force le gouvernement à prendre la responsabilité de ses erreurs ni pour le mauvais service dont la gent politique fait preuve.
J’espère juste que le juge apportera un autre son de cloche, du moins est-ce mon souhait alors que je prie très fort, comme une petite fille qui fait sa demande au père Noël.
J’avoue que j’ai impliqué plusieurs saints dans mon dossier, car j’ai foi dans les miracles en vue d’une correction de ma tournée.
J’ai appris que la décision rendue sera transmise par une lettre qui me sera acheminée. Je suis déçue. Je m’attendais à quelque chose de plus juridique, comme pouvoir lui parler quand il sera décidé. Voilà qui brime la liberté d’expression. Reste chez toi avec ta lettre, et tu n’as rien à dire. Franchement!
Je me suis opposée, évidemment. « Monsieur! Je vais être pognée avec les problèmes encore tout ce temps-là? Sans la certitude que vous allez pouvoir les régler? Non! Peut-on régler tout de suite s.v.p.? Je suis tannée des complications, mais c’est leur façon de fonctionner. Je suis probablement trop influencée par les séries judiciaires, dans lesquelles les problèmes se règlent efficacement, et à l’avantage de la personne qui subit le préjudice…
Le gouvernement est tellement peu imputable que nul ne peut l’obliger à s’améliorer. Peut-être le nombre de citoyens en furie ajoute une pression de plus pour que ça change, mais pour l’instant, je me retrouve encore seule face à Goliath.
À vrai dire, je n’ai pas d’attente. Je continue dans la transparence. Si ça ne marche pas là, on ira plus loin, avec la conscience collective s’il le faut, qui pourra servir de levier pour améliorer les choses. Et si ça ne fonctionne pas plus comme tout le reste, j’ai encore un plan P. Je ne suis pas dépourvue de possibilités.
Permettez-moi une parenthèse politique. J’ai cru profondément à la promesse de Legault d’alléger la machine bureaucratique, diminuer la lourdeur administrative et raccourcir les délais du traitement des dossiers. C’est ce qui lui a valu mon vote pour ses deux mandats. Dans les faits, j’ai reçu le contraire comme boomerang, ça a vraiment empiré.
À cela s’ajoute la non-proximité avec ceux qui sont censés me représenter. De sorte que je leur retire mon prochain vote. Je le rapatrie à la maison souverainiste.
Comme prévu, pour un délai de trois mois d’attente, je coupe encore cette chronique pour en faire une troisième partie. Cela dit, si le jugement est rendu avant, je pourrai toujours la fusionner.
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