Chanter notre amour pour Dieu
Réflexion autour du concert « Chanter notre amour pour Dieu », le samedi 8 décembre 2018 à l’Église Saint-Jean l’Évangéliste à Montréal.
Il y a en chacun de nous un point spécial que j’appellerais « le point Dieu ». C’est un espace situé quelque part dans les profondeurs des cœurs où ni la colère, ni la frustration ni l’illusion ne peuvent régner. C’est là que se trouve la personne que nous sommes aux yeux de l’univers. C’est le noyau de notre réalité. Au centre de notre être, il y a ce point où l’auto-conscience et l’amour égoïste deviennent néant; c’est un point de soulagement majeur, un lieu secret de vérité pure où une minuscule étincelle divine brille comme dix mille soleils sans jamais ni mourir ni vieillir. Cet espace vibre d’une santé parfaite, immortelle et joyeuse. C’est là que le nom du grand mystère est écrit en nous en lettres vibrantes de clarté invisible. C’est ce point que nous recherchons en chantant notre amour pour Dieu parce qu’à cet endroit magique la vie infinie s’écoule avec aisance, joie et légèreté. Ce n’est pas un lieu de religiosité externe; c’est un sanctuaire intérieur de spiritualité spontanée et naturelle.
Chanter notre amour pour ce point-Dieu en nous est un remède souverain pour tous les malaises, les désappointements et les contrariétés qui nous assaillent. Les chants-prières et les mantras sacrés du monde entier deviennent alors des outils constitués de fréquences sonores chargées de vibrations spirituelles qui nous aident à nous reconnecter avec la pleine confiance en la vie globale, universelle et holistique.
Ayons confiance en ce point-Dieu au fond de nous, reposons-nous en lui, considérons ce que nous faisons comme un service que nous lui rendons. Remettons tous nos problèmes, nos désirs de vengeance, nos ressentiments, nos fardeaux, nos douleurs entre ses mains. On s’aperçoit alors que ce qui arrive dans nos vies n’est rien d’autre que « la volonté de Dieu » et c’est ce qui est le mieux et le meilleur pour nous selon les temps et les circonstances. Nous pouvons ainsi ressentir un sentiment nouveau qui est de l’ordre du pardon, de l’ordre d’une compassion infinie pour tout ce qui se passe et de l’ordre d’une paix totale.
Remettre le pouvoir de projection du mental au centre de ce point-Dieu, c’est se désencombrer et se libérer de tout ce qui alourdit l’existence. Le point-Dieu est un lieu surnaturel en nous et il s’occupe de tout : il n’y a plus de problème. Même les circonstances qui nous paraissent les plus absurdes, les plus cruelles et les plus misérables se placent sous un éclairage nouveau: tout est en place pour nous faire grandir, pour nous libérer de l’égo fastidieux, pour nous affranchir de nous-mêmes, tout est la grâce.
Le partage de la présence de Dieu est un voyage de l’âme, une convergence harmonique. Dans cette présentation, il n’y a pas de chronologie ni de classement par tradition spirituelle. On en arrive à la conclusion que la réalité divine ne peut être circonscrite par le temps et l’espace.
Les mantras et les chansons-prières aboutissent par la magie du son et de la lumière à cette convergence universelle au niveau de l’expérience elle-même. Le mantra d’un maître de la bhakti peut ainsi côtoyer le chant d’un soufi persan, le chant d’amour divin d’une mystique chrétienne du XIIe siècle accompagner celui d’une yogini de notre époque. Sous l’influence bienfaisante des chants vibratoires, les révélations deviennent complémentaires. Il n’y a plus de contradiction ni confusion, plus de conflit, plus de guerre de paroisse. Chaque lignée spirituelle est simplement reconnue dans sa force de guérison la plus simple.
Nous aurions pu appeler cette soirée « chanter notre amour pour la lumière, pour le UN, pour la pleine conscience, pour l’énergie » ou pour toute autre expansion de la Conscience Suprême. Nous avons préféré réintégrer le mot Dieu dans une expression musicale d’unité divine.
Dieu… Ce mot que des générations d’êtres humains ont usé, galvaudé, sali. En réalité, le mot vient du latin « dies » qui, tout simplement, signifie lumière du jour, ou « Claire Lumière » comme disent si bien les Tibétains. Il serait plus exact de traduire par « ELLE-LUI ». Nous dépasserions ainsi cette masculinité du Divin qui pèse si lourdement dans nos lourds systèmes de religiosités organisés. Et si Dieu était le masculin ET le féminin, le Père ET la Mère, la Toute-Puissance ET la Toute-Tendresse, qui sait? On pourrait avoir de belles surprises.
Quoi qu’il en soit, chanter notre amour pour Dieu cherche à aller au-delà des croyances religieuses parce que si vous êtes catholique il s’agit du Christ historique, et si vous êtes krishnaïste il s’agit d’un jeune Joueur de Flûte plein de charme et de beauté, et si vous êtes bouddhiste c’est encore autre chose. Les représentations symboliques et les noms de la Réalité Ultime varient en intimité et sont graduelles mais la substance divine et la fonction universelle demeurent les mêmes. En fin de compte, il devient évident que les formes externes des noms et des formes qui désignent l’absolu n’ont pas de réelle importance. Que l’on soit athée ou croyant, peu importe : on l’appelle comme on veut, mais l’espace intérieur de Dieu se révèle de la manière dont nous sommes en mesure de le concevoir. Sans la vie énergétique de l’esprit conscient, les formes externes restent des illusions.
Les chants sacrés et les mantras m’ont enseigné que ce n’est pas par les prières mécaniques que nous rencontrerons Dieu au fond de notre cœur, mais bien par la puissance de notre émotion et l’émergence de notre besoin urgent. La présence de la dévotion ésotérique est un sentiment réel, une émotion vraie, quelque chose de mystérieux que l’on ressent sans comprendre. Un de mes amis ambulancier me disait l’autre jour qu’il n’y a jamais d’athée lorsque les pompiers tentent de sortir avec des pinces de désincarcération les pauvres gens de leur auto accidentée. Tout dépend de l’urgence de l’éternel présent. Nous ne connaissons pas l’heure de notre mort lorsque l’âme se sépare de ce corps éphémère; pourtant nous connaissons l’heure de notre vie : c’est ici et maintenant.
En général, les personnes qui font carrière dans le domaine du développement personnel et du yoga évitent de prononcer le mot Dieu. On parle de lumière ou d’autre chose. Le mot fait peur et on comprend pourquoi. Les religions humaines nous ont si bien écrasés de hontes, de dogmes, de règles et de pêchés durant tant d’années que nous avons fini par rejeter le bébé avec l’eau du bain.
On dit aussi un peu partout que « Dieu est amour ». Je dirais autrement; je dirais « l’amour est Dieu ». Parce que si Dieu passe avant l’amour, on est fichu.
Il n’est pas dans nos intentions de convaincre, voire de convertir qui que ce soit, bien heureusement. La musique contemplative et les chants mantriques consistent en la libre transmission d’une énergie intérieure. Les auditeurs qui ont leur quadrant spirituel ouvert ne manqueront pas d’expérimenter leurs propres ressentis. Il suffit souvent de ressentir la Présence Divine en nous, sans contrainte, sans idée préconçue et sans menace. C’est bien plus une expérience individuelle qu’une croyance doctrinale.
Le message des mantras sacrés du monde entier en est un de compassion et de conscience. Le message nous dit qu’à la mort, la vie continue et que nous sommes aimés inconditionnellement et pour toujours. Il nous dit aussi que nous sommes entièrement responsables de tout, absolument tout, y compris de tous nos choix. Ce n’est jamais la faute des autres ou la faute de Dieu. C’est une bonne nouvelle parce qu’alors tout peut être corrigé, amélioré, pardonné et guéri.
Quelle est ma religion? Je pourrais dire c’est la conscience, ou la pleine confiance, comme d’autres disent c’est l’amour. Mais cela n’a pas vraiment d’importance puisque nous sommes tous les étincelles vivantes d’une seule Substance Infinie et que nous retournerons vers ELLE-LUI un jour.
Peu importe que mes imperfections soient innombrables. Je commence là où j’en suis. La tâche de la musique contemplative est d’inviter nos esprits à redécouvrir la joie interne de notre point-Dieu, le point zéro de l’infini, et à trouver la raison réelle, spirituelle, pour laquelle nous sommes venus ici sur cette planète Terre. Ce travail n’a absolument rien à voir avec les fantasmagories du péché originel ou de la damnation éternelle. Nous ne pouvons compter que sur notre ressenti individuel.
L’argent, le confort, le corps physique et tout ce qui s’y rattache, la renommée, la carrière, la religion, la société et même la civilisation, tout s’envolera, tout le reste disparaîtra tôt ou tard. Tout passera plus ou moins rapidement, mais ce point-Dieu de vibrations sonores infinies, ce point qui est notre véritable individualité ne passera pas car il ne connaît ni la naissance ni la mort. Son centre est partout et sa circonférence nulle part. Traditionnellement, l’écoute est un don de soi, un abandon, un yoga (sravanam-yoga). Lorsqu’on parvient à s’ouvrir à l’écoute profonde, méditative, le son devient soudain puissamment transformationnel; c’est une fréquence énergétique de guérison spirituelle adaptogène : on n’obtient pas toujours ce que l’on veut, mais ce dont on a le plus besoin.
L’expérience des Saints Noms de Dieu, dans toutes les traditions, m’a appris que chaque atome de l’âme a le pouvoir surnaturel de vibrer à la même fréquence que celle des mondes de Lumière, là où évoluent des êtres d’une dimension supérieure à la nôtre. Cette fréquence nous procure un bonheur incorruptible, une joie intérieure indescriptible. C’est à cette fête de l’âme divine, cette célébration du sacré en chacun de nous que nous vous invitons.
Chanter son amour pour Dieu, c’est chanter son amour pour la Vie. J’y crois, j’y crois.
Prahladji Patrick Bernard
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