La grande loi du recommencement
La vie est un éternel recommencement, un perpétuel départ. On ne peut jamais dire une fois pour toutes : «Voilà! Je domine ma vie». Ou encore : «Maintenant, je viens de me réaliser en tant qu’homme ou femme». Un auteur célèbre ancien, Grégoire de Nysse, disait que, dans la vie, on va de «commencement en commencement par des commencements qui n’ont pas de fin.» L’accomplissement humain réside alors dans un mot aussi banal que génial, qui recèle l’une des plus grandes dynamiques humaines : RE-COM-MEN-CER! Ce mot rejoint en même temps toutes les sagesses et toutes les spiritualités du monde.
Recommencer après une débâcle, une perte, une rupture, un deuil, une maladie. Quand nous avons complètement perdu la maîtrise de notre destin et que nous voulons en redevenir le protagoniste. Combien ont donné le témoignage qu’il est non seulement possible de survivre à un malheur, mais qu’on peut même en sortir plus forts. Des personnes sont parties de bas-fonds indescriptibles et sont revenues à la vie, laquelle a été vécue par la suite comme une grâce. «Mourir pour renaître», l’une des plus grandes lois de la vie.
Ces cycles de mort et de renaissance, de départ et de retour, ont été abondamment illustrés par tous les grands héros mythiques de l’histoire. Derrière toute mythologie, on le sait, il y a une vérité universelle. La vérité dont il s’agit pourrait être définie par l’état de finitude qui caractérise l’être humain. Cela signifie que nous sommes sujets à l’erreur et à l’égarement sur les plans physique, psychique, moral et spirituel. Concrètement, cela veut dire que l’homme et la femme parfaite et invincible n’existent pas. La santé parfaite, l’éternelle jeunesse n’existent pas. Inutile de rêver en couleur. On ne peut demeurer frais comme une rose toute sa vie. Il faut apprendre à vivre avec la douleur, la maladie, nos imperfections, nos erreurs et tous les aléas de l’existence et les considérer comme des expériences de vie plutôt que des carences.
C’est ici qu’entre en jeu la grande loi du recommencement que nous évoquions plus haut. La vie appartient à celui ou à celle qui se dit : «Aujourd’hui, je recommence.» «L’homme est à inventer chaque jour», écrit Jean-Paul Sartre dans Situation II. Aucune chute, aucune épreuve, aucune déception ne doivent avoir le dernier mot, même si parfois il faut recommencer à zéro. «Aujourd’hui, je tourne la page et je recommence à neuf», «Aujourd’hui est un nouveau jour». On ne peut apercevoir toute la beauté du monde que si la vie recommence tout entière chaque matin, le regard irrésistiblement tourné vers l’infatigable espérance qui nous habite. Il n’y a pas d’autre moyen de sortir du vertige du réveil. Regarder le matin comme si toute chose y naissait. Savourer le sentiment d’un nouvel être en soi. C’est chaque jour que l’on devient homme ou femme, en affirmant nos choix et en acceptant d’aller vers le meilleur de nous-mêmes. C’est ce que j’appelle naître à soi.
(À suivre)
Jean-Paul Simard
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