Les guérisons de l’infini
La réalité de la conscience apparaît comme un ensemble non-divisible, un tout harmonique, une trame d’interrelations actives et vivantes. Cette belle réalité est à ce point dynamique et libérale qu’elle va jusqu’à inclure dans son essence chaque être possédant son propre pouvoir d’observation.
Un atome de l’infini peut dire « je suis de l’infini, je lui appartiens« , comme un rayon solaire appartient au soleil. En tant que fragment d’infini je peux donc affirmer le décret suivant :
« Je suis ta propriété et par conséquent tu ne peux pas m’abandonner, tu dois venir me rediriger vers toi. Sans toi ma vie est insupportable. Rien ni personne en ce monde fini ne peut combler mon manque d’infini. La douleur d’être séparé de toi est désormais trop forte. S’il te plait, reprends-moi dans ton champ de cohérence universelle; je suis à toi. Tu dois me venir en aide« .
Il s’agit d’un phénomène inéluctable qui est déjà mis en action dès l’instant où je l’affirme, dès la seconde où je m’y abandonne corps et âme en toute chose comme en toute circonstance.
Je ne pense aucunement qu’il soit bon d’éviter le mot « je » comme cela arrive si souvent dans les textes philosophiques qui présentent une doctrine spécifique. Les auteurs utilisent régulièrement le mot « nous » et cela peut paraître en effet vertueux et de bon ton. Mais en évitant de dire « je », nous n’évitons pas l’égoïsme; nous ne faisons que créer la fausse impression que nous détenons une vérité absolument infaillible dans nos conceptions théologiques ou scientifiques, une pensée unique qui serait valable pour tous les temples et tous les temps, une vérité se situant au-delà de toute subjectivité. C’est une illusion commune à tous les secteurs de recherche. On croit alors que le livre révélé que nous a remis notre précepteur contient la totalité du savoir universel et que toute autre révélation est a priori impossible. Nous oublions qu’aucun livre ne pourra jamais être exhaustif, si védique, biblique ou coranique soit-il. La Thora ou le Zen Avesta n’échappent pas non plus à cette conclusion, loin de là.
Serait-il donc possible qu’un guru authentique, avec une formation religieuse véritable et faisant partie d’une succession disciplique sans reproche puisse admettre sa propre faillibilité? Ce serait vraisemblablement par là qu’il ou elle s’élèverait à un plan supérieur d’enseignement. Car l’infini étant infini, les explications objectives le définissant ne tiennent jamais bien longtemps sur nos sentiers de pèlerinage plus ou moins bien répertoriés qui mènent vers l’inconcevable. Les routes devrais-je dire, car la cartographie de l’infini se révèle à chacun selon la puissance de ses capacités spirituelles.
Les histoires et les idées contenues dans nos merveilleux livres saints ne sont pas forcément fausses, bien évidemment, mais elles ne doivent plus être perçues comme des vérités absolues cristallisées sous la forme d’un langage particulier, que ce soit l’hébreux, le sanscrit, le latin ou tout autre langage. Ces histoires ne sont que des prototypes, des indices, des symboles, des paraboles; elles nous indiquent certaines directions à prendre et ne représentent que des invitations. Il ne faudrait plus les prendre pour ce qu’elles n’ont jamais été, c’est-à-dire des dogmes immuables qui s’adresseraient à un peuple ou à un groupe spécifique.
L’approche la plus honnête face à la conscience serait sans doute la subjectivité, c’est-à-dire l’évolution subjective de l’esprit humain vers différents niveaux de réalités. Il existe différents types de révélations spirituelles et tous ces systèmes ont leur propre valeur. C’est à nous de bien faire la distinction entre les diverses conceptions spirituelles. Nos choix s’amélioreront à mesure que nous plongerons de plus en plus profondément dans la réalité de l’insondable.
Éventuellement, l’infini pourra alors se révéler au fini. S’il ne pouvait le faire, il ne serait pas infini. Si elle n’inclut pas les multiples dimensions de la réalité, une religion ou tradition ne saurait être synonyme de spiritualité. Sans la fluidité subjective de la sagesse et des forces de l’amour sans condition, le seul fait de se concentrer sur des principes, des mantras, des prières ou des rituels précis devient vite un culte creux, sans vie, un simple concept de l’ego religieux qui cherche par ce moyen à se faire reconnaître, à se faire adorer, obsédé par une idée préconçue de Dieu, avec une personnalité embrigadée dans des principes vertueux faussement absolus et qui ne sont souvent que les mœurs et coutumes, voire les superstitions, d’une caste ou d’un pays particulier.
C’est l’infini qui nous libérera de tout ce fatras désormais devenu inutile. Nos grands et beaux livres saints de toute origine n’ont jamais eu pour objet de nous montrer une image finie de l’infini. Puissent-ils simplement nous inspirer à avancer sans peur vers l’inconcevable. Puissent-ils ne plus devenir une suite de règles sèches, des murs de prisons conceptuelles ou de simples paradigmes extra-culturels qui n’ont plus grand chose à voir avec les temps et les circonstances actuels. Puissent-ils être des moyens, des outils, des révélateurs et non pas des obligations ou des contraintes politico-religieuses, stériles et totalitaires. Puissent nos merveilleux livres saints, toutes traditions confondues, ne plus nous enfermer dans les fausses peurs d’un enfer systémique, d’un inévitable karma, ou d’une entropie cosmique fatale. Mais au contraire, puissent-ils nous donner du courage, de l’empathie, de la compassion au milieu des pires souffrances, en traversant les pires angoisses, les pires difficultés, les pires solitudes, et nous apporter la force et la joie de poursuivre notre route vers la lumière et vers l’amour.
L’amour? Mais qu’est-ce que l’amour au sens infini? Serait-ce un champ d’énergie subtile et structurante? C’est en tous cas une force qui n’a rien à voir avec le romantisme sentimental, filial ou patriotique, dans lequel on emballe souvent le mot comme un bonbon rose dans son papier doré. L’amour absolu est un mystère galactique, un mouvement énergétique tout-puissant que nous choisissons de mettre en marche parce que nous sommes épuisés de tourner en rond, fatigués de souffrir et que nous savons par intuition que ce mouvement d’énergie pourra nous aider à nous sentir mieux, pourra nous aider à nous guérir, c’est-à-dire à nous libérer de toutes nos blessures, anciennes ou récentes.
Lorsque ce mouvement amoureux apparaît spontanément de l’intérieur, le petit ego blessé en chaque être humain, qu’il soit chrétien, athée ou hindou, peu importe, cesse soudain de lutter dans les régions inférieures de son être profond. À ce stade de guérison, nous ne voulons plus rester dans l’énergie de nos blessures. C’est pourquoi beaucoup de nos contemporains finissent par dire: « Ma religion c’est l’amour ». Ce n’est pas Dieu qui est amour, c’est l’amour qui est Dieu.
Le paradigme védique ne rejette pas le paradigme judéo-chrétien ou musulman. Au contraire, il l’intègre, ou plutôt les multiples expériences spirituelles s’intègrent mutuellement les unes dans les autres comme faisant partie d’un ensemble plus grand. Et elles le font sans rien perdre de leur beauté ni de leur spécificité. Tout reste unifié et simultanément différent. Il n’est pas ici question de syncrétisme. La confusion ne saute aux yeux que dans les divers signes religieux, les chorégraphies, les mises en scène des cérémonies, la coupe et la couleur des habits, les chants, chapeaux, les chapelets. Au niveau de la forme interne, c’est-à-dire au niveau de l’Esprit Mystique qui les anime, ces traditions demeurent de même essence et pointent toutes dans la même direction.
Aujourd’hui, la diversité considérable d’opinions et d’idées préconçues quant à la fonction éternelle de l’être humain, suggère que nous n’avons pas encore développé une vision intérieure très claire des fondements de la spiritualité. Cette fonction éternelle existe mais ce n’est pas une religion au sens où on l’entend généralement dans nos Fake News médias. C’est une évolution, une révolution, une purification de la conscience de l’humanité. Ce n’est pas uniquement une suite de cultes ou de rituels appris par cœur et reproduits ou imités à souhait. Ne s’agirait-il pas avant toute autre chose de l’évolution naturelle de l’esprit vers des états d’être de plus en plus subtils?
Pour évoluer vers l’infini, nous sommes appelés à en finir avec l’idée d’un Dieu spécifiquement sectaire, séparé ou non séparé, impersonnel ou personnel, barbu ou rasé de près, jeune ou vieux, humain ou animal, manifesté ou non-manifesté, avec ou sans attribut. Dans sa grande libéralité, l’infini englobe toutes ces possibilités et bien plus encore, et c’est pourquoi il est infini. Comme toujours, c’est encore Dame Nature qui nous montre le chemin à suivre. Les milliards de cellules qui composent notre corps possèdent un noyau identique, ce qui ne les empêche pas de se transmuter biologiquement en cellules du foie, de la peau, des os, des nerfs, des muscles ou des organes, etc. Chaque cellule est différente mais le noyau de chacune d’elles reste de même nature. Leur spécification cellulaire n’affecte que leur protoplasme. Pareillement, la spécification folklorique ou exotique de chaque religion n’affecte que les formes externes sous lesquelles l’Esprit Vivant veut bien se donner la peine et la joie de se manifester sous une forme ou sous une autre.
Si un récipient en matière plastique contient de l’eau structurée, solarisée et dynamisée et qu’un récipient fait d’or pur contient une eau saturée de chlorine, de fluor et de dangereux pesticides, lequel devrais-je choisir pour ma santé? La substance interne devrait normalement avoir plus d’importance que la forme externe, si ensorcelante soit-elle. Pour cette raison, l’infini nous invite à lâcher-prise sur cette obsession maladive qui nous attache aux formes externes de l’esprit.
La balle est dans notre camp. L’univers nous demande d’aller plus en profondeur dans les arcanes de nos concepts métaphysiques pour en distiller la quintessence exacte. Faute de quoi nous ne finirons jamais de nous faire la guerre et de nous entredéchirer avec des armes de plus en plus abominables. Car ne soyons plus dupes: le matérialisme, le communisme, le marxisme, le néolibéralisme, le capitalisme, l’évolutionnisme, l’athéisme, etc. sont aussi des religions violemment et extrêmement sectaires.
Sur le plan de l’explication ultime ou définitive de la réalité, on croit au prima de la matière, on pose la matière comme formant le substrat, l’étoffe, le fondement dernier des êtres et de toutes les manifestations de l’existence. Il s’agit d’une croyance. De nombreux théologiens matérialistes sont encore persuadés, malgré les évidences scientifiques, que la conscience n’est qu’une excrétion du cerveau. Et ils sont libres de l’enseigner encore aujourd’hui dans leurs grandes universités. Ce faisant, ils divinisent la théorie du Big Bang et adorent l’hypothèse de l’évolution biologique des espèces en pensant naïvement (ou pas) qu’il s’agit là de pures réalités. Bien entendu, en tant que religion à part entière, le matérialisme athée doit être respecté dans l’espoir qu’un jour ou l’autre ses adeptes zélés commenceront eux aussi à respecter d’autres points de vue. On ne sait jamais, un miracle, une sorte de rémission spontanée est toujours possible quand il s’agit des guérisons de l’âme. On en oublie que les théories matérialistes ne sont que des hypothèses, des spéculations elles-mêmes mises en doute par leurs créateurs la plupart du temps, et que ces dogmes n’ont jamais été prouvés et ne le seront probablement jamais.
De toute évidence, les formes des religiosités, qu’elles soient athées ou non, ne sont pas ce qu’il y a de plus important. Le cœur est ce qu’il y a de plus important en nous. Nous devrions suivre les directions du cœur et non celles des sociétés qui les négligent. Si nous ne le faisons pas, notre « je-suis-ce-que-je-suis », notre véritable identité, notre immortelle position constitutionnelle dans l’espace restera inconnaissable et inconnu. Aurons-nous ainsi raté le but de cette incarnation humaine?
Je dois me rappeler d’une chose : l’instrument de mesure est en moi. La cartographie de l’infini est en nous et elle est unique pour chacun d’entre nous. À ce stade, je perçois partout l’Infini. Quand ce sentiment s’emparera de moi définitivement, je verrai enfin que tout dans mon environnement m’aide, que tout est bienveillant et en sympathie avec moi, de toutes parts, y compris les maladies les plus épouvantables et les accidents les plus terribles qui puissent m’arriver. C’est mon idéal. Dans le domaine de l’infini, toute circonstance prend soin de nous aimer. Mais il est nécessaire de mourir à soi et de renaître à un plus grand soi-même pour le voir. Toute la difficulté est là, mourir pour vivre. La guérison est une résurrection.
Pour mon âme, l’infini est mon Père, ma Mère, mon Ami, mon Amant, mon Guru, mon Instructeur, mon Coach, mon Chum, mon Premier-de-cordée, mon Assurance, mon Refuge, ma Richesse, mon Foyer, ma Famille. Il est mon Tout, il est mon Dieu. Comme le temps qui ne s’arrête jamais, il est le maître incontesté de l’anarchiste en moi qui n’a pas de maître. Mon enfant intérieur blessé, opprimé, traumatisé, exploité, victimisé, manipulé, colérique, rancunier et frustré sera-t-il capable de percevoir dans une seule vie terrestre toute la profondeur de l’affection de sa Maman Infinie? J’en doute. Les couches de ressentiments, de tristesses et de chagrins sont vraiment épaisses et leur poids est incommensurable. Il nous faudra très probablement reprendre un nouveau corps, nous adapter à un nouvel environnement et poursuivre plus en avant notre marche irrémédiable vers l’insaisissable. Mais un jour le ciel s’ouvrira, nous serons touchés par l’ange de la grâce et nous nous libérerons. La guérison est une libération.
Conclusion: ne soyons donc pas trop pressés de faire des adeptes et de gonfler les rangs de nos institutions et de nos organisations de peur qu’à force de vouloir faire l’ange on finisse par ressembler à la bête. Ne grimpons pas l’escalier du yoga quatre marches à la fois de peur d’en rater une et de se ramasser en bas de l’échelle, aussi brisé et aussi perdu qu’avant. Tout arrive en son temps. Patience dans l’azur…
Entre les murmures des nuages il y a une sorte de silence qui peut nous en dire plus long sur l’infini que n’importe quel traité philosophique. Je le sais bien. Entre mes combats, entre mes chutes, mes angoisses, mes peurs, mes blessures, entre mes échecs et toutes mes crises de désespoir, je l’ai entendu, j’ai écouté le silence. Et il m’a dit: « Plus important que Dieu il y a l’amour. Plus important que l’amour il y a la liberté. Plus important que la liberté il y a le service, l’offrande de soi, il y a le fait de respirer et de se reposer dans sa propre lumière. Et au-delà de tout cela il y a la foi, la pleine confiance en l’infini« .
Prahladji Patrick Bernard.
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