Ces peurs nommées amour
«Je t’aime!» Papillons dans l’estomac, attirance presque incontrôlable à l’égard d’une autre personne, chimie évidente, et voilà que rapidement, la fameuse déclaration surgit spontanément des lèvres… Partout dans le monde, dans toutes les langues, le mot «amour» se conjugue à tous les temps, à toutes les passions. Mais à la lumière des drames passionnels, il est légitime de se demander quelles émotions se cachent derrière… Pourtant, aimer n’est-il pas se réjouir profondément du bonheur de l’autre et compatir à sa souffrance, avec le moins d’attentes et de conditions possibles, souhaiter qu’il s’épanouisse en toute liberté?
L’amour vidé de sa substance
Que s’est-il passé pour que le mot «amour» en soit arrivé à signifier le désir charnel, l’attirance, la possessivité, le territoire et l’exclusivité imposée, la peur de perdre, la dépendance affective, la méfiance, la jalousie, voire la violence, ces drames qu’on qualifie d’amoureux? À mon avis, le mot «amour» a été non seulement vidé de sa véritable substance, mais il est utilisé à des fins contraires à son essence, du type «Je suis jaloux car je t’aime!». En vérité, la jalousie n’est rien d’autre que de la peur. Tout plein de gens qui se sont un jour déclaré leur «amour» s’entredéchirent à qui mieux mieux au terme d’orageuses ruptures. Si l’amour véritable ne meurt jamais mais que la passion est éphémère, peut-on affirmer qu’ils se sont déjà «aimés»?
Le phénomène de l’attirance
Ce que beaucoup de gens appellent l’amour est avant tout une attirance. D’abord physique. Presque un envoûtement, à la limite. «Je l’ai dans la peau!», entend-on souvent. Est-ce vraiment désirer le bonheur de l’autre? Bien souvent, c’est une affaire d’hormones, de phéromones, bref de la fameuse et si mystérieuse passion. Et à ce propos, la perception de bien des spécialistes de la croissance personnelle veut que l’attirance mutuelle ait pour but premier de nous permettre, à travers le miroir qu’est l’autre, de mieux nous connaître en identifiant nos facettes, surtout celles qui échappent à notre conscient. Et au fond, encore heureux que l’attraction soit si forte, sinon nous éviterions volontiers certaines expériences formatrices. D’autres diront que nous devenons amoureux lorsque nous percevons chez l’autre ce que nous aimons le plus en nous-mêmes…
L’illusion du bonheur extérieur
Cela dit, que se produit-il lorsqu’il y a attirance, qu’elle soit unilatérale ou réciproque? Tout dépend du degré d’autonomie affective des êtres en cause. Je me souviens de mes premiers coups de foudre… J’arrêtais presque de respirer; l’essentiel de mes pensées convergeait vers cet être extraordinaire tandis que j’alternais entre la plénitude et le vide au cœur d’un désir immense d’être avec l’autre. Si nous sommes malheureux et que nous croyons que l’amour se trouve à l’extérieur de soi, il y a fort à parier que l’être aimé en deviendra le pilier, voire la bouée de sauvetage. C’est le vieux cliché de la douce moitié sans laquelle nous sommes irrémédiablement incomplets.
Pareille perception de «l’amour» induit inévitablement la peur, celle de perdre tout à coup cette bouée salvatrice, celle des «Rends-moi heureux!». Et attire par le fait même des vibrations similaires. Selon moi, les couples formés sur de telles fondations sont voués à l’échec, à court ou moyen terme. Et on observe souvent la perpétuation des patterns, surtout lorsque les acteurs en présence n’en sont pas conscients, lorsqu’ils croient que c’est normal d’avoir peur dans une relation. En vérité, beaucoup de couples acceptent comme allant de soi un climat de méfiance qui serait intolérable entre deux associés d’affaires, par exemple. La plupart du temps, la peur et la souffrance proviennent du fait que l’on veut s’approprier un autre être, contrôler sa vie, l’assujettir à nos besoins et désirs. Je crois qu’une personne s’appartient d’abord, et que l’amour respecte cette souveraineté individuelle.
La crainte de manquer d’amour
La recherche du bonheur extérieur naît du manque d’amour de soi, sentiment lui-même issu d’une piètre connaissance de son potentiel intérieur et des règles du jeu de la Vie. Quelqu’un qui est convaincu de ses imperfections et qui met continuellement l’accent sur elles développe inévitablement la peur de ne pas être aimé. Sur terre, aucune peur n’est plus forte que celle-là. Et cette impression de vide, on nous a appris à la combler de l’extérieur. Alors, sitôt qu’un autre être vous dit «Je t’aime», compensant ainsi pour le manque d’amour de soi, voilà qui devient rapidement une drogue dont on ne peut plus se passer.
Toutefois, ce baume n’est qu’un sparadrap sur la blessure. À son tour, cette crainte de manquer d’amour génère le besoin de se valoriser à tout prix, par toutes sortes de moyens. Par conséquent, si nous valons peu à nos yeux, nous n’imaginons pas que les autres vont nous voir différemment. La peur sera omniprésente et notre bonheur ne tiendra, à nos yeux, qu’à un fil… Surtout que la société entretient la pensée que le ciel peut nous tomber sur la tête à tout moment. N’oublions pas que tout élément externe de notre bonheur peut disparaître du jour au lendemain. Le bonheur intérieur, lui, est inatteignable.
Prendre les commandes de sa vie
Déjà, la conscience de notre nature immortelle et de notre responsabilité dans la conduite de notre vie accroît d’un cran l’estime de soi. Nous cessons en effet d’être des pions sans importance pour prendre les commandes de notre destin. Et lorsque nous constatons qu’effectivement, à tout changement de cap intérieur correspond une transformation du portrait extérieur, nous prenons progressivement confiance en nous.
Je suis convaincu que la Vie est un immense jeu virtuel par lequel nos pensées les plus profondes finissent par se matérialiser… Il est certain qu’un individu qui croit que tout ce qui lui arrive est la faute d’autrui ne pourra jamais s’aimer, ne connaîtra jamais le bonheur d’être conscient de sa capacité à intervenir dans la conduite de son destin. Dans mon cas, le seul fait d’avoir pris conscience de l’immortalité de l’âme a radicalement transformé ma vie. Du jour au lendemain, j’ai cessé d’avoir peur de la mort, sachant désormais qu’elle est une illusion en tant que fin, qu’elle n’est qu’une porte vers une autre dimension.
La force de l’amour intérieur
Lorsque l’amour prend sa source à l’intérieur de soi, cette énergie ne meurt jamais. Et la peur disparaît graduellement. Comme nous ne craignons plus de perdre l’amour, notre instinct de protection du territoire relationnel disparaît, nous ne nous sentons plus menacés de quoi que ce soit. Au contraire, l’amour ne demande qu’à s’expansionner! Ce qui ne veut nullement dire qu’il n’y ait plus d’exclusivité; celle-ci cesse seulement d’être imposée et devient le fruit d’un accord mutuellement consenti.
Je termine avec un extrait qui m’a beaucoup enseigné sur le sens des relations : «La relation existe en tant que champ contextuel […] dans lequel tu peux déverser tout ce que tu es. Tu peux alors y plonger et en tirer tous les aspects de toi-même que tu veux maintenant exprimer et connaître. Mais tu ne peux en tirer quelque chose que tu n’y as pas déposé. Tu attendras toujours en vain que quelqu’un d’autre te le fournisse.» (Le Dieu de demain, Neale Donald Walsch)
Un bel article qui à pour titre: Ces peurs nommées amour
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