Dieu récupéré par la science?
Qui l’eût cru? Là où traditionnellement c’était la science qui mettait en doute l’existence de Dieu, voilà que la science en fait maintenant la promotion. Dieu vient de sauter les barrières de la théologie, mais cette fois non pas pour être nié, mais pour être restauré, si vous me permettez l’expression.
Dieu, la science, les preuves
Le phénomène Dieu est mis en évidence par deux publications scientifiques. La première est « Science & Vie » (août 2020), où l’on affirme l’existence de Dieu mathématiquement. Le résultat apparaît stupéfiant et s’ajoute aux raisons anthropologiques, neurologiques et culturelles qui poussent les humains à avoir la foi. Si bien que la revue conclut qu’« il est irrationnel de dire que Dieu n’existe pas ».
Dans la foulée de « Science & Vie », voilà que dans un volumineux ouvrage, devenu un best-seller, deux auteurs ingénieurs, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, présentent les résultats d’un travail de recherche mené sur plus de trois ans, avec l’aide de vingt spécialistes. Leur but est de montrer comment la question de l’existence d’un Dieu créateur se pose aujourd’hui dans des termes complètement nouveaux. Ils montrent comment le matérialisme du XXe siècle, qui a généré l’athéisme moderne qui ne croit pas en l’existence de Dieu et encore moins à celle d’un Dieu créateur, ne tient plus la route[1].
De nouvelles connaissances sont venues dynamiter les certitudes ancrées dans l’esprit collectif du XXe siècle. « Jusqu’à il y a peu, écrivent Bolloré et Bonnassies, croire en Dieu semblait incompatible avec la science. À présent, de façon inattendue, la science semble devenir l’alliée de Dieu et le matérialisme, qui n’est qu’une croyance comme une autre, chancelle chaque jour davantage. Au point que l’on peut dire aujourd’hui que le matérialisme, qui n’a jamais été qu’une croyance comme une autre, est en passe de venir une croyance irrationnelle. » L’existence d’un esprit supérieur serait bel et bien à l’origine de l’Univers. En accord avec les connaissances scientifiques actuelles, les auteurs explorent l’idée d’un esprit ou d’un Dieu créateur, idée que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreuses religions.
La voie du gros bon sens
Certes, devant les conclusions de ces auteurs, plusieurs scientifiques demeurent sceptiques. Au centre de ces critiques, c’est la notion de « preuves » qui semble faire polémique. Si l’on a le droit de penser qu’il existe un grand horloger, on n’a pas le droit de dire que c’est une « preuve ». Mais pour le lecteur comme moi, au concept scientifique de « preuves » s’oppose celui du « gros bon sens », non moins réel, qui rallie spontanément à la célèbre boutade de Voltaire: « L’Univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. » En effet, comme le démontrent les auteurs Bolloré et Bonnassies, les réglages de l’Univers sont si facilement démontrables, qu’on ne peut douter qu’un Être suprême en soit l’auteur.
Force nous est de conclure que, même si pour plusieurs scientifiques la recherche de preuves trahit une certaine naïveté, l’idée du Dieu Créateur n’est pas banale, puisque selon le magazine « Le monde des religions » (18 janvier 2013), 84 % de la population mondiale sont religieux, c’est-à-dire qu’ils se croient reliés à Dieu. Sur ce, je conclurais volontiers en disant avec François Euvé, directeur de la revue jésuite Études, que si le livre des auteurs Bolloré et Bonnassies marche aussi bien, c’est parce qu’il répond à une « quête de référence, dans une période d’incertitude sur l’avenir du monde qui ne serait pas que chaos, mais serait réglé par une intelligence supérieure ».
À tout événement, le sujet est passionnant et j’y reviendrai dans ma prochaine chronique qui s’intitulera « Mon pari sur Dieu ».
Jean-Paul Simard
[1] Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies. DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES. L’aube d’une révolution, préface de Robert W. Wilson, Prix Nobel de physique, Guy Trédaniel, 2021, 577 pages.
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