Les phases de l’Amour divin
L’expression Amour divin signifie Amour de Dieu. Si nous avons le courage de lever le tabou qui pèse sur Dieu, alors nous pourrons nous offrir les moyens d’apprivoiser l’incontournable réalité de Son Amour. Certains croient que Dieu n’est qu’une invention, sans doute parce qu’ils n’ont pas encore réalisé qu’ils font eux-mêmes partie de la Source de toutes les énergies. Sur le plan énergétique rien n’est séparé, tout est interrelié. D’autres croient que la métempsychose (la réincarnation) n’est qu’une superstition parce qu’ils n’ont pas encore vécu d’expérience de mort imminente ou de sortie de corps consciente. D’autres encore croient que la vie provient d’un hypothétique mélange de produits chimiques parce que leur chaine de télévision ne leur a pas encore dit qu’en physique pure c’est la conscience de l’observateur, et non une improbable science génétique ou génique, qui anime et détermine le comportement des particules élémentaires de l’énergie matérielle. Nous ne pouvons pas les en blâmer puisque les gens en général n’observent jamais la réalité telle qu’elle est; les humains observent la réalité seulement exposée à leur méthode d’observation et d’éducation.
Or l’Occident a été victime d’une éducation fondée sur les traditions athées de la Grèce antique proposées par Épicure, Démocrite et Lucrèce, plus de trois siècles avant la naissance de Jésus-Christ, qui a marqué l’an « un » de notre calendrier grégorien. Selon ces philosophes à la vision embrouillée par la matière inerte, la mort serait la fin de la vie, une sorte d’interruption définitive du fonctionnement biophysique ou neurophysiologique. Non seulement cette proposition n’a évidemment jamais été prouvée, mais l’expérience du vivant nous montre qu’elle est scientifiquement fausse. La vie est une énergie et ça ne prend pas un doctorat en biologie moléculaire pour savoir que dans le domaine des énergies rien ne se perd, rien ne meurt, tout se transforme. En outre, lorsqu’on parle d’énergie, nous devons obligatoirement concevoir une source énergétique. Par exemple, l’énergie électrique n’apparaît pas automatiquement par un coup de baguette magique; elle a besoin d’une source qui est la centrale électrique d’où elle provient. Similairement, en explorant les phases de l’Amour divin, nous concevons le divin comme la source de l’énergie vitale et nous cherchons à créer une relation de gratitude entre nous et cette source. Par ailleurs, nous sommes souvent devenus athées à cause des aspects ridiculement dysfonctionnels et même quelquefois notoirement pervers de certaines religions institutionnalisées bien connues. Mais Dieu n’est pas religieux, Il est spirituel. Il y a un abîme entre le religieux et le spirituel. Pour les savants de la transcendance, Dieu ne s’est pas acoquiné avec une secte religieuse ou une autre, et l’homme du 21e siècle a désormais le devoir de concevoir la réalité divine autrement.
Dans l’ancienne langue babylonienne, Dieu est « Baal-Gaud » (qui devient « Gudo » en langue teutonique et devient « God » pour la linguistique anglo-saxonne). Or il faut savoir que Baal-Gaud-Gudo signifie « ce qui peut être invoqué et manifesté par la parole ». La parole c’est le verbe, le nôtre, et au commencement de nos conditions de vie se trouvent les énergies créatrices du « Verbe » (les mots qui sortent de notre bouche). Oh, my God ! Même ceux qui affirment ne croire en rien confessent ainsi inconsciemment leur ouverture vers quelque chose qui les précède et les dépasse. Il s’agit d’une invocation qui représente le premier pas dans l’expérience directe du grand espace divin de la cohérence universelle. Subséquemment, Dieu est le cerveau super-subjectif qui maîtrise l’ensemble des morphogénèses cellulaires, Il est l’intelligence des régénérations moléculaires, le mystère médical des rémissions spontanées, voire miraculeuses, l’origine des constances qui produisent la vie, la force des régulations cohérentes d’organismes vivants, etc., autant d’énigmes que nos pauvres scientistes ne peuvent expliquer et ont de plus en plus de mal à glisser sous le tapis du bourrage de crâne de l’éducation matérialiste. Il serait dommage que l’avenir de la science soit l’avenir de cet énorme malentendu.
Soyons clairs : l’Amour divin n’est pas une croyance athée ou religieuse. C’est une substance spirituelle qui se construit patiemment en nous. C’est aussi une onde radio qui émane du monde de l’antimatière, une émission de fréquences subtiles que le récepteur de notre conscience humaine a le pouvoir de capter lorsque nous parvenons à nous syntoniser avec elle, quelle que soit notre position dans l’espace-temps. Les explorateurs de la réalité transcendantale sont unanimes pour dire que le but de l’existence est de découvrir le lien qui unit l’homme au cosmos. L’énergie vitale de la particule atomique de conscience représente la force qui anime le corps de tout être vivant. Grâce aux propriétés électromagnétiques de son cortex frontal, tout être humain sera tôt ou tard appelé à se syntoniser en pleine conscience sur cette émission issue des univers non manifestés. Il prendra alors conscience des pouvoirs fabuleux de sa conscience extraneuronale intuitive (qui ne vient pas du cerveau) et s’élèvera au-dessus de son animalité rationnelle. On ne peut pas toujours rester au niveau du chimpanzé. C’est ce qu’on nomme un saut quantique civilisationnel ou un changement de paradigme évolutif. L’âme se mettra en quête du lien subjectif qui l’unit à la Force Vitale illimitée qui anime le grand corps cosmique.
Ça veut dire quoi ? Cela signifie que si l’humanité ne veut pas être victime d’une nouvelle annihilation comme cela est déjà arrivé à plusieurs reprises au cours des millénaires passés, elle doit s’éveiller, sortir de son indifférence, renoncer à sa torpeur matérialiste, se libérer de sa paresse intellectuelle, et choisir de capter les ondes de gratitude qui circulent librement dans la galaxie. Nous serons ainsi attirés vers la beauté du Centre de toute origine. En retrouvant les codes de l’univers et les valeurs universelles de la vie, les terriens connaîtront la paix et l’harmonie. Sans ce sursaut de conscience, nous créerons des sociétés de survie technocratique totalitaires vouées à des conditions d’existence quasi infernales. C’est un choix. L’immense crise de civilisation que nous traversons actuellement n’est ni économique, ni écologique, ni politique, elle est spirituelle. Sous peine de disparaître, nous devrions vouloir reconstruire le pont qui nous relie à l’infini depuis l’aube des temps, et nous associer en esprit à l’Intelligence qui dirige les phénomènes de la nature. Il existe plusieurs niveaux d’union entre l’âme individuelle et l’Âme Universelle. Toutefois les maîtres de la conscience, quelle que soit la langue dans laquelle ils s’expriment, insistent pour dire que le lien le plus stable doit être basé sur un lien d’amour. La question est alors la suivante : de quel amour s’agit-il ?
Le maître Bhaktivedanta Swami disait être très étonné qu’on lui pose constamment la question suivante : « Swamiji, montrez-moi Dieu ! Montrez-moi Krishna ! » Il répondait : « Ne Le voyez-vous pas autour de vous ? Krishna est le sourire de chaque fleur, la lumière de chaque jour ensoleillé, Dieu est le goût de l’eau, Il est le parfum de la terre, la splendeur qui tout pénètre, Il est le silence des choses secrètes. Vous Le percevrez directement et personnellement lorsque vos yeux seront recouverts du baume de l’Amour divin, mais pas avant. » Nous voilà mieux renseignés. Plus d’un millier d’années avant notre ère, les écrits gnostiques d’Hermès Trismégiste sur l’exégèse de l’âme humaine nous indiquaient déjà la même direction : si elle veut connaître le bonheur, l’âme humaine a le devoir de se renouveler dans l’état « d’épousée divine ». Ainsi elle se purifiera dans la chambre nuptiale de son cœur; en toute chose elle guettera l’Époux Éternel, l’Être Vivant Primordial de toute vie. C’est en tant qu’épouse que l’âme s’unit à son Époux Divin, origine individualisée de la lumière primordiale. Par la volonté de la Semence Originelle du Père Céleste, l’âme a rêvé de Dieu comme une femme amoureuse rêve d’un homme. Mais ce mariage mystique n’est pas comme le mariage charnel que nous connaissons ici-bas. Les deux entités, l’une atomique et l’Autre Cosmique, se sont unies et se sentent infiniment comblées par cette union. Elles abandonnent graduellement comme des fardeaux les tourments du désir sensuel temporaire et ne se séparent plus l’une de l’Autre. Étant donné que le temporaire est illusoire et que l’éternel est réel, leur union est réelle parce que de nature anti-matérielle, donc non illusoire. Ce mariage surnaturel les a réunies et l’âme s’est liée à son Bienaimé véritable, son Compagnon naturel. En s’unissant à l’Être divin, l’être humain reçoit la semence qui est l’esprit vivifiant. C’est pourquoi les prophètes disent : « Tout ce qui est en moi bénit les Saints Noms de mon Amant Infini. » (Bibliographie : Écrits gnostiques, Exégèse de l’âme, NH II, 6, La Pléiade).
Plus près de nous, des saints poètes du Moyen Âge, tels que Guillaume de St-Thierry et Aelred de Rievaulx, chantaient que « l’art des arts est l’art de l’amour dirigé vers le Bienaimé universel qui est présent en chacun de nous » (cité par Pietro Citati dans La Lumière de la Nuit). Avec une richesse de vocabulaire amoureux qu’il n’est plus possible de traduire dans nos langues, ces troubadours de l’ésotérique pouvaient paraphraser St-Jean : « Dieu n’est qu’amour; l’âme qui demeure dans l’amour demeure en Dieu. » Pour un théologien mystique de la trempe d’un Hugues de St- Victor (1096-1141), l’amour de Dieu est même supérieur à Dieu. Il écrit : « En aimant Dieu d’un amour d’amante à amant, l’âme ne se rassasie point, car aimer l’Être Aimé, c’est aimer l’amour. » Maître B.R. Sridhar Maharaj disait aussi que ce n’est pas Dieu qui est amour, mais que c’est l’amour qui est Dieu. Le cercle se complète et l’énergie amoureuse n’a plus de fin puisqu’elle est partagée avec l’Objet éternel et que cet Objet est contrôlé par l’amour qu’on a pour Lui.
Les relations d’amour non éternelles ne peuvent offrir une telle immortalité et sont donc vouées à terme au chagrin et à la frustration. À l’opposé, les troubadours de l’amour immatériel nous ont transmis une réalité non duelle dans leur description des phases de l’ascension vers les dimensions de la transcendance. Pour eux, la science de l’âme est de connivence avec la science de l’amour inconditionnel. Ils nous indiquent les premières phases de la transfiguration de cet amour : « L’âme s’oublie elle-même; elle abandonne les passions mondaines; elle n’a plus de volonté propre, ni désir égoïste, ni peine. Son esprit se dépouille de lui-même et se met totalement à la disposition de son Amant intérieur. C’est alors que surviennent les ravissements. » On ne peut pas être plus clair : l’érotisme spirituel est tout le contraire de ce qu’on nomme aujourd’hui « amour » dans les cultures perverties des pays de l’OTAN; un « amour » qui est confondu la plupart du temps avec un enflammement sans restriction des perceptions sensorielles. Pour connaître les phases de l’amour intemporel, il revient à l’homme de s’oublier lui-même. S’il ne passe pas par ce portail sacrificiel, il ne pourra goûter les saveurs exquises et les pouvoirs d’envoutement de ce que les mystiques appelaient « la fine amour » (au Moyen Âge, le mot amour est conçu comme une puissance féminine et donc s’écrit au féminin).
Comme l’étoile du matin au milieu du brouillard, Maître Eckhart (vers 1260-1327) nous rappelait que « l’amour est plus fort que la mort ». Mais cet amour-là est d’une nature bien spéciale : « Plus fort que la mort ? Qu’est-ce donc que cet amour pour qu’il cache en lui une pareille puissance ? » Pour Maître Eckhart, le vrai amour est un détachement lucide de tout ce qui n’est pas réel, donc de tous les êtres et de tous les systèmes voués à la mort et à la destruction par les vagues irrépressibles du temps. Ce degré d’énergie-amour signifie que l’esprit se tient impassible dans tout ce qui lui arrive, que ce soit agréable ou douloureux, un honneur ou une honte, un échec ou une réussite, le mental se situe alors telle une haute montagne, impassible durant les tempêtes parfois terribles de l’existence dans la matière. Pour Eckhart, l’Amant Céleste ne veut s’offrir qu’à l’âme qui se détache de la consolation perceptible par les sens, car toute joie corporelle apporte avec elle une angoisse existentielle inévitable. Dieu ne peut pas s’empêcher de se donner Lui-même s’Il repère quelque part dans l’univers une âme au cœur pur et détaché, une âme libérée de la dictature écrasante des organes des sens.
Les organisations religieuses corporatives et dogmatiques n’ont pas vraiment grand-chose à voir dans ce processus libéral essentiellement interstellaire, spontané, non local, non dogmatique et non paroissial : le développement de l’amour de Dieu est un processus graduel qui est de l’ordre de l’évolution de la conscience quantique, et ne peut donc jamais être accaparé ou monopolisé par un quelconque cartel religieux, si célèbre et populiste soit-il. Pareillement, pour une mystique du calibre de Margueritte Porete (Le Miroir des Âmes Simples et Anéanties, 13e siècle), le sujet de l’amour absolu n’est pas soumis à autre chose qu’à lui-même, car l’Amour divin est sans cause. Marguerite Porete est cette « sainte-laïque » qui fut injustement jugée d’hérétique par des individus en soutane et tonsure ignorant tout du processus de l’évolution spirituelle. Pour Porete, l’Amour divin est une énergie spontanée qui ne se soumet ni à la morale, ni à la religion, ni à Dieu Lui-même. Ses visions d’un amour incandescent la conduisirent hélas en 1310 à être brûlée vive par la cruauté sectaire et l’intolérance insensée des catholiques de l’Inquisition. À la question que ses tortionnaires lui posaient par ordre du Vatican : « Mais où trouves-tu donc ton Dieu d’amour ? », Marguerite Porete répondait comme un prix Nobel des sciences de l’Absolu : « Je le trouve partout, et c’est là qu’Il est. Il représente une seule énergie personnifiée qui se manifeste de mille manières différentes selon les relations que nous désirons avoir avec Lui. Mon Amant Divin est tout entier partout, tout en demeurant dans Sa chambre nuptiale; c’est là que je Le trouve et que je m’unis à Lui. »
Porete rejoint ici les plus grands érudits des enseignements de l’Avatara de l’Amour divin, Sri Krsna-Chaitanya (1486-1534), pour qui immanence rime avec transcendance. À explorer certains grands textes spirituels, on croirait lire à propos du Principe d’Incertitude du célèbre disciple d’Albert Einstein, le physicien Heisenberg, selon lequel la réalité absolue est certaine bien que la manière dont on la conçoit est incertaine puisque multiple. Les écrits de Margueritte Porete connaîtront heureusement un succès éloquent et une large diffusion à l’époque de la Renaissance. Nous pouvons accueillir avec joie le retour de ces spiritualités naturelles qui font référence à des traditions mystiques dont on a trop souvent oublié la place au cœur de notre culture prétendument scientifique. Ce sont pourtant de telles références qui nous permettent de reconnaître et d’entrer en possession d’un héritage sans frontière qui nous appartient de droit.
L’ancienne tradition Vaïsnava regorge elle aussi d’informations à propos de l’amour conjugal qui unit l’âme infinitésimale à l’Âme Infinie (madhurya-rasa). L’amour-bhakti, qui est une forme ancestrale de dévotion amoureuse (prema), devient un ultime yoga lorsque chaque action, chaque pensée et chaque parole consistent à rechercher exclusivement ce qui fait le bonheur de l’Objet Suprême : yoginam api sarvesam. Les versets sacrés de la Bhagavad-Gita nous rappellent que les plus grands yogas (yoginam) sont ceux qui privilégient la pratique de l’amour-dévotion. De même que dans différentes traditions ésotériques il existe un Christ intérieur, un Allah intérieur, un Yah-weh (Je Suis) ou un Bouddha intérieurs, il existe aussi en science du bhakti-yoga un Krishna interne. Comme le mentionne Marguerite Porete dans ses révélations, qu’il soit perçu de l’extérieur ou de l’intérieur, ou des deux dimensions simultanément, l’unique Seigneur du Cœur se présente sous de multiples formes, aussi bien personnelles qu’impersonnelles. Sa substance surnaturelle demeure toutefois inchangée. Le Param-Brahman transcende les cultures et représente le summum-bonum de l’inconcevable simultanéité de la distinction dans la non-distinction, de la diversité dans la non-diversité, du multiple dans l’Un. Tout est Dieu en qualité et, au même instant, rien n’est Dieu en quantité. Dieu est partout et nulle part simultanément. Cette réalité qui demeure obscure et incompréhensible pour la raison devient pleine lumière pour le cœur amoureux. L’aventure de l’amour purifié semble découvrir sa plénitude à travers la présence dans l’absence.
Pour le Vaïsnava (de l’étymologie Vishnu-Vibhu, ou le Tout Complet et Absolu), l’amour de Krishna inclut et imprègne tout. Sans cette vision toute inclusive, et sans l’action dévotionnelle qu’elle présuppose, la dévotion amoureuse ne serait qu’une forme de superstition sentimentaliste. D’un autre côté, l’action seule mais sans amour conscient n’est qu’une autre forme de spéculation philosophique, ou pire encore, un effort d’exploitation du concept du Tout Vivant. Lorsque la dévotion amoureuse existe sans restriction ou sans vigilance, elle devient contreproductive. Soit cet amour s’adresse à des relations non éternelles, soit il ne porte pas attention à la direction vers laquelle il se dirige. Selon les sages qui enseignent le mantra-yoga en lien avec le bhakti-yoga, l’amour, qui est constitué de gratitude, d’estime, de respect et de résilience à travers l’action, s’avère plus puissant qu’un sentiment trop visible qui ne serait constitué que de sensations ou de transports émotionnels. Dévotion divine n’est pas émotion mondaine ou sentimentalisme exacerbé pour impressionner un auditoire. On ne se sert pas de l’Amour divin, on le sert, on se met à son service. C’est là que les miracles peuvent se produire.
Un des dévas les plus importants de toute la cosmologie védique, le Seigneur Shiva, indique dans un de ses chants auto-révélateurs qu’il est devenu le plus grand des Vaïsnavas (vaïsnavanam yatha sambhu) simplement en récitant trois des Saints Noms les plus doux et les plus intimes des mille noms du Vishnu Cosmique : Hare, Krishna et Rama. Pour Shiva, il s’agit de trois semences transcendantales. Ces trois idéogrammes divins sont contenus dans le maha-mantra de la Délivrance « Hare Krishna », le grand mantra de l’amour vainqueur et extatique. La puissance de soulagement de ce mantra est documentée dans les versets de la Kali-Santarana Upanisad depuis au moins le début de l’âge de Kali (5000 ans avant notre ère selon le calendrier védique). Rappelons qu’un mantra est un outil vibratoire servant à libérer la conscience de la dualité rationnelle du mental conditionné par l’égo illusoire. En d’autres mots, la science millénaire des mantras propose aux êtres incarcérés dans la matière des outils vibratoires de re-spiritualisation de leur force vitale individuelle. Il ne s’agit nullement d’une invention moderne, mais d’une technique trans-psychologique dont l’origine se perd dans la nuit des temps.
La signification ésotérique particulière du mantra Hare Krishna montre que nous sommes en présence d’une formule sonore qui n’a rien d’hindou ou d’indien comme on pourrait le croire de prime abord; sa fréquence interne montre clairement un caractère spécifiquement universel et porte la signature d’un des langages matriciels les plus symboliques de l’évolution du monde : le sanscrit, une écriture-matrice bien antérieure aux rouleaux hébraïques, aux tablettes sumériennes ou autres hiéroglyphes égyptiens. L’idéogramme sonore « Hare » (phonétique de « Hara », le centre de toute chose) se réfère à l’énergie interne de la réalité divine qui révèle l’amour de Dieu dans le cœur des hommes. Hare est la forme vocative de Radhe, celle qui dérobe (dé-robe ou déshabille) le fatras des fausses identifications à ce que nous croyons être, mais que nous ne sommes pas (le corps, le mental, l’intellect, ainsi que toutes nos désignations à une nation, une religion, une race, etc.). Les Vaïsnavas sont donc des suddha-shaktas, des adeptes de l’énergie suprême de l’amour, dans la mesure où ils invoquent l’énergie centrale et interne de la divinité, énergie toute-puissante essentiellement constituée d’amour transcendant.
Cette énergie se personnifie sous le sublime aspect de Srimati Râdhârani dans la linguistique védique. La même énergie s’expand comme l’Immaculée Conception Marie dans la linguistique christique. Elle est aussi Fatima Zahra pour la linguistique arabe, Quan Yin pour la linguistique chinoise (Quan Yin signifie « Celle qui porte attention aux sons des prières »). L’énergie de l’Amour divin est aussi représentée par la déesse Tara dans la linguistique bouddhiste (Tara est la Femme-Bouddha et son nom signifie « lumière de l’âme »). Dans une sémantique de matière pure, le nom Hare devient la grande déesse Durga devi, la personnification de Mère-Nature, qui soutient et nourrit les peuples de la Terre.
Toutes les formes féminines des diverses traditions spirituelles représentent des expansions plus ou moins partielles ou complètes de la contrepartie féminine de Dieu. Au-delà des mœurs et coutumes de chaque nation, il s’agit toujours de la nature féminine divine de l’Infini. Cette énergie introduit le chercheur d’absolu vers les sphères de l’Amant Suprême Krishna, (littéralement les deux syllabes Krish-Nah, se fondent pour indiquer « l’Infiniment Attirant », le grand attracteur, l’individualisation de l’attraction suprême). Ontologiquement, la conception « Krishna » ne peut jamais être dépassée, car elle symbolise la sublime « Personéïté », un vocable de cyberpsychologie indiquant la personne comme forme de réalité ultime. L’Amant divin Krishna représente donc la somme personnifiée des substances énergétiques originelles et totales (advayam). Parce qu’Il a l’unique pouvoir de transcender sa propre divinité en se présentant à ses dévots sous une intime et confidentielle forme humaine, il incarne le « Bhagavan Svayam », l’origine de tous les Avataras, la fontaine de toute descente de lumière divine. Sa puissance d’attraction génère la rencontre de l’âme humaine avec « Rama », la substance de tous les bonheurs.
Le Cantique des Cantiques de l’Ancien Testament parle à demi-mots de ce rendez-vous amoureux entre l’âme et son Amant Céleste sous une forme poétique et symbolique des plus merveilleuses. Heureusement, malgré de très nombreuses tentatives, les conciles ecclésiastiques n’ont jamais réussi à éliminer ce magnifique cantique des textes bibliques. Ce poème empreint d’un érotisme spirituel (parakiya-rasa) évident nous montre également que le Dieu des Hébreux Ya-weh dissimule occasionnellement sa toute-puissance afin de se soumettre à l’insurpassable beauté et au charme irrésistible de l’amour libre et spontané.
Sur toutes les planètes de l’univers, chaque Nom de Dieu incarne un mantra spécifique. Les mantras de l’Amour divin ne comportent aucune prière en tant que telle. Ils représentent l’ensemble des relations divines additionné d’attachement intime à tout ce qui a trait aux tendresses de l’amour absolu. Ces mantras, composés exclusivement des Noms divins, révèlent uniquement le fait que l’âme éprouve un attrait exclusif pour l’Âme Suprême grâce au fil de l’amour incorporel. Plus spécifiquement, l’éminent saint Vaïsnava Bhaktivinoda Thakur (1838-1914) précise que chacun est libre de réciter le maha mantra Hare Krishna dans sa propre langue (hare krishna hare krishna krishna krishna hare hare hare rama hare rama rama rama hare hare) (16 noms, 32 syllabes). Chanter ce mantra dans sa propre langue, ça veut dire quoi ? Cela signifie que nous pouvons faire une noble tentative de translittération, c’est-à-dire établir une correspondance entre le système d’écriture védique (le sanscrit) et le système d’écriture de notre propre langue maternelle (pour nous le français).
Considéré comme un des plus grands érudits en matière de Bhakti-yoga, Bhaktivinoda Thakura écrit dans un de ses principaux traités, « La Shree Krishna Samhita », de simplement tenter de comprendre les allusions du mantra, ce que les Saints Noms suggèrent à notre cœur et à notre conscience, ce qu’Ils nous indiquent dans notre quotidien. Thakura nous dit d’en détecter des indices pour la conduite de notre existence dans la matière. Les noms de Dieu ne sont pas différents de Dieu. Si Dieu est son nom, Il est aussi dans son nom et tous ses noms possèdent la même omni-pénétrance personnelle (nâmnâm akâri bahudhâ nija-sarva-saktis). Le maha-mantra nous parle donc à mots couverts; il s’agit d’une formule sonore qui nous envoie des signes, des sous-entendus, des sens propres, mais aussi, mais surtout, une gamme illimitée de sens figurés, une pléthore d’allusions indirectes. En d’autres mots, le maha-mantra Hare Krishna est une proposition, un vœu, un engagement, une déclaration d’amour. Les 32 syllabes sacrées de ce mantra signalent à l’âme qui le pratique les signes avant-coureurs d’un immortel amour. Il laisse entendre qu’une relation amoureuse est possible entre Dieu et nous. Comme un présage, comme un prélude à l’union mystique, il nous suggère un face-à-face avec l’Être Cosmique.
Et pourtant tout se passe comme si cet Être Suprême renonçait soudain à Sa majesté divine, à Sa grandeur intergalactique, et qu’Il se présentait à nous en toute simplicité sous son aspect confidentiel de charme infini, de beauté infinie et d’amour infini. Il y a là un contenu latent, une insinuation, un signal d’amour évident, un irrévocable décret, un aveu, un serment éternel, une annonciation et une visitation. Dieu apparaît et se tient devant nous sous forme sonore. Il y a là un samadhi, une absorption totale au sein d’une expérience directe de la divinité. L’âme qui chante ou récite en murmurant ce mantra dans le secret de son cœur écrit à Dieu sa lettre d’amour. L’âme invoque Radhe-Hare, l’impératrice de l’énergie d’amour, pour qu’elle la place sur la voie de la pure dévotion et de la pleine conscience. Car Dieu possède aussi un cœur et une conscience, et il a fait l’humain à son image. L’âme qui récite les Saints Noms Hare Krishna fait un clin d’œil à son Amant intérieur, elle Lui offre le sens caché des prémisses de cette affection qu’elle ressent dans son cœur pour Lui, et pour Lui seul, qu’elle repère dans le moindre espace de ce monde. Christ ou Krishna, le Nom est de même essence. Tous les noms divins sont imprégnés des mêmes pouvoirs, chacun en proportions du degré de leur intimité avec la Belle Réalité du Tout Vivant (« Reality the Beautiful-Organic Whole » selon le Maître B.R. Sridhar Maharaj). Il y a là un regard de connivence entre l’humain et la pensée du cosmos, un sourire entendu. Si on traduit ce mantra dans notre langue de naissance, alors ce ne sont plus les vibrations sonores du sanscrit ou du français qui importent, mais le ton, l’idéal, l’intention profonde que nous y injectons : « Oh Énergie Divine, puisses-tu m’engager au service de l’entourage des dimensions divines. » S’il y a quelque prière associée à ce mantra, elle aura pour but la croissance de notre amour pour notre Krishna intérieur. Elle sera alors inconditionnellement fidèle et non partisane.
À ce niveau, les conflits de religions ou de croyances affiliées à des sectes quelconques deviennent obsolètes. La réalité interne devient uniforme et homogène. Un saint Vaïsnava reconnaîtra un saint chrétien, et une sainte soufie reconnaîtra une sainte juive. Ils marcheront la main dans la main et se respecteront, et chacun sera au service de l’autre, car ils détecteront la présence de leur Amant dans le cœur de l’autre. Au niveau absolu, tout est absolu. Les membres des écoles de méditation qui plafonnent dans l’aspect impersonnel du Brahman ne peuvent savourer les relations intimes que les bhakti-yogis de toutes traditions expérimentent avec le Param-Brahman, le Brahman Personnel individualisé et non différencié. Il existe une diversité non duelle dans l’éternité, car il est nécessaire d’être deux et pas seulement un pour créer une réelle relation affective.
L’Esprit Cosmique évolue comme un acteur sur une scène de théâtre. Il est impossible de percer la nature infinie de ses formes, de ses noms ou de ses actes en se fiant uniquement aux limites de la raison humaine. Il s’agit plus d’une révélation privée qu’une vague compréhension théologique abstraite. Il s’agit d’une relation confidentielle et secrète qui se produit dans l’intimité. L’académisme religieux tue toute tentative d’éveil de l’amour spiritualisé. À quoi peut bien servir de chercher une conclusion quand on médite sur l’amour ? L’amour de Dieu restera le mystère suprême pour l’éternité, car il n’a ni début ni fin et se situe sur une sphère au-delà de toute dualité.
Les maîtres de l’ancienne sagesse disent que l’érotisme transcendant est une imprégnation spirituelle sans cause. Comme une abeille qui butine le précieux nectar sur toutes les fleurs sauvages qu’elle trouve, un visionnaire de l’Amour divin pourra recueillir l’essence de la réalité immortelle dans toutes les paroles sacrées qu’il aura la bonne fortune d’entendre, quelle que soit la manière dont il conçoit sa finalité. Parti en quête du Graal de l’Amour divin, il sera même indifférent à l’amélioration ou à la détérioration de sa situation au sein de ce système solaire qui ne dure qu’un jour ou deux. (« Qu’importe de perdre le monde des mortels si on gagne l’âme immortelle », dit la parole évangélique). Comme le pèlerin parti à pied sur les chemins de Compostelle, la seule préoccupation du marcheur de l’amour sera l’agrandissement de sa vie intérieure. Il ne sera plus sous l’hypnose du néant ou de l’embrasement des vanités de la croyance matérialiste de l’existence. Ayant trouvé la clé qui ouvre toutes les portes à travers l’amour de Dieu, le nœud de son cœur sera déverrouillé et il vivra heureux dans n’importe quelle circonstance.
Prions pour que les terriens deviennent finalement heureux et que les esprits hostiles fondent d’amour pour leur Krishna intérieur, leur Christ intérieur, leur Chambre Nuptiale intérieure, leur source de vie intérieure. Que tout l’univers retentisse de la vibration sonore transcendantale du chant de la grande famille des êtres libérés. Que l’énergie divine, source de toute liberté et de tout bonheur, nous guide vers le service des serviteurs du Seigneur des galaxies.
Dans un monde insensé où les institutions gouvernementales et policières se sont retournées contre les peuples, un monde où les élites dirigeantes consument les populations, où tout ce qui nous est dit dans les médias n’est plus que mensonge, un monde où les industries pharmaceutiques ne font qu’exploiter la douleur humaine, où tout ce qui nous servait de support social, culturel, économique, financier, sécuritaire, alimentaire, médical, religieux et philosophique est sur le point de s’effondrer dans un brouillard de guerre et de pénurie, cette évolution naturelle vers l’amour de Dieu est désormais irrévocable parce qu’elle représente l’unique refuge qu’il nous reste.
Le monde est à l’heure où une grande guerre de religion reste l’ultime ressort du nouvel ordre globaliste pour maintenir son agenda sataniste de domination technologique totale. La guerre est leur dernière carte pour tenir les gens dans la peur. Elle a pour fonction d’accroître l’instabilité sur toute la planète, de diviser les peuples, les cultures, les races et les opinions, et de provoquer un conflit mondial de civilisations. Le tout dans un but de maintenir la domination de ceux qui se prennent pour des géants aux yeux de ce monde alors qu’ils ne sont que des nains aux yeux de l’univers. Mais cela n’arrivera pas, car nous sommes aussi à l’heure des révélations (du Grec apocalupsis : retirer le couvercle, abattre les masques, révéler la vérité).
Nous pouvons observer actuellement la renaissance de la dévotion des profondeurs. Par le pouvoir quantique de notre conscience humaine, les phases de l’amour unifié seront notre protection divine, notre invincible armure de lumière. Et ce sera surtout la fondation sur laquelle se bâtiront de nouvelles sociétés multipolaires, qui passeront d’une conscience guerrière retardée et désynchronisée à un esprit d’avant-garde de paix et de dévouement. C’est dans l’amour et pour l’amour de l’amour que l’esprit scientifique rejoint les hautes spiritualités. Si nous voulons revisiter notre vision du présent et suivre en temps réel le grand virage de l’humanité, nous serons persuadés que la conscience est le fondement de la physique. Au lieu de mettre cette connaissance au service de la peur, la nouvelle Terre la mettre au service de l’amour. Nous sommes à l’heure du grand réveil. La vérité peut seulement être censurée ou oubliée; la vérité ne peut jamais être perdue.
Prahladji Patrick Bernard, 31 octobre 2023.
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