Certitude ou fiction ? (15e partie)

En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.

J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée.

Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.

Betty et Barney Hill

John G. Fuller (12) raconte avec grande minutie toutes les étapes de ce remarquable récit, considéré encore à ce jour comme le plus important témoignage d’enlèvement, le plus enquêté, le plus médiatisé, le plus crédible, et mis à part celui de Antonio Villas Boas, sans doute le véritable premier dossier d’enlèvement à être rendu public.

Barney Hill est un Noir de 39 ans et Betty, une femme blanche de 41 ans. Le 19 septembre 1961, ils sont à bord de leur véhicule sur la route 3 dans le New-Hampshire et se dirigent vers leur résidence de Portsmouth, de retour d’une petite vacance à Montréal et aux chutes Niagara. Leur récit fut par la suite repris sous hypnose, les deux séparément, par le docteur Benjamin Simon, psychiatre et neurologue de Boston.

Les Hill observent les mouvements erratiques et plutôt curieux d’une étoile dans le ciel. Ils argumentent ensemble sur la nature de l’objet. C’est alors que muni de ses jumelles, Barney décide d’y voir de plus près et après avoir immobilisé son véhicule, en sort et pointe ses jumelles sur l’étoile. L’objet est relativement plat, entouré de lumières et il peut constater que des occupants se tiennent à l’intérieur. Il remonte à bord de sa voiture et se retrouve au volant alors qu’un curieux son provient du véhicule. Ce qu’ils ne comprennent absolument pas toutefois, c’est comment il se fait qu’ils sont à plus de 50 kilomètres de leur position initiale.

Le lendemain, c’est Betty qui prend l’initiative de communiquer avec la base aérienne militaire de Pease. Le major Paul W. Henderson prend son rapport et confirme qu’un objet volant non identifié a bel et bien été capté sur le radar. Barney n’est pas content. Il aurait préféré ne pas en parler. On imagine facilement que durant ces années, les mariages mixtes n’étaient guère bien vus. Ce n’était sans doute pas une très bonne idée, selon lui, d’attirer l’attention sur eux avec l’observation d’un drôle d’avion.

Leur sommeil est perturbé, ils font des cauchemars et, assez étrangement, des cauchemars dont le scénario semble identique tant pour Barney que pour Betty : kidnapping, vaisseau, créatures étranges, tout y est. Leur histoire se répand. On pose des questions. On finit par déterminer que les Hill ont perdu deux heures quelque part entre l’observation de l’étoile et les sons de cliquetis provenant de leur véhicule.

Rapidement, les experts ufologues de l’époque ont vent de l’affaire, dont le Major Donald Keyhoe ainsi que le Major James MacDonald.[1] Ce dernier prendra sur lui de recommander aux Hill de subir quelques sessions d’hypnose.

Le processus thérapeutique du docteur Benjamin Simon allait s’étendre sur une période de sept mois. Benjamin Simon est mondialement connu pour ses travaux sur l’hypnose en psychothérapie, il est conférencier à Harvard et Yale, membre de la Fondation Rockefeller en neurologie et président de l’association médicale de sa région. En plus de sa pratique privée, le docteur Simon est directeur de l’un des plus grands hôpitaux psychiatriques du Massachusetts. Il a été lieutenant-colonel durant la deuxième guerre mondiale dans les principales installations traitant l’amnésie des soldats que l’expérience du combat avait incapacités. Son appréciation  du dossier des Hill est très importante.

Voilà un cas vu et revu pendant plusieurs mois par un psychiatre fort compétent et spécialisé dans les cas d’amnésie. Sa formation couplée au temps qu’il a consacré à cette affaire écarte dès lors toutes les explications conventionnelles que nous avons énumérées plus tôt. Qui plus est, ce n’est pas un, mais deux sujets qui, bien que mariés, n’ont aucun lien génétique entre eux d’autant plus que l’un est noir et l’autre blanche. Leur expérience ne s’est pas produite alors qu’ils dormaient dans leur lit, ils ne souffrent d’aucune forme de paralysie du sommeil et sont, en bout de piste, des gens normaux, comme vous et moi. Il restait maintenant à déterminer si les Hill avaient menti ou fabulé. Leur situation sociale, un couple mixte dans les années 60, suggère que non.

Encore de nos jours, les dénigreurs persistent à dire que le couple Hill a inventé cette histoire à partir d’un fait banal et que leur tendance à l’exagération l’a transformée en scénario fabuleux. L’un de ces dénigreurs s’est-il seulement donné la peine de rencontrer Barney et Betty ? Non. Pas un seul. Loin d’en tirer la conclusion qu’il s’agissait d’un délire mystico-spatial, le docteur Benjamin Simon répondra aux questions du journaliste John G. Fuller. Nous avons retenu cette réponse : « Il s’agit d’un cas extrêmement intéressant de double amnésie avec l’amnésie de voile levée via une hypnose régressive attentive. Il est très difficile de mentir sous le motif de régression dans lequel je les ai placés. Il est très difficile de mentir sous une hypnose administrée de manière appropriée. Les barrières sont baissées entre le conscient et l’inconscient. Il serait presque impossible pour eux de mentir sous un tel programme intensif couvrantsept mois. J’ai examiné attentivement les bandes d’enregistrement et je ne pense pas qu’ils hallucinent. Je n’ai détecté aucun signe de psychose autant chez Barney que chez Betty[2]. »

Simon refusera toutefois de se mouiller en répondant à la question la plus attendue : « En tant que scientifique je ne peux pas me prononcer sur les ovnis et les extraterrestres, puisqu’il n’a pas été démontré scientifiquement qu’ils existaient. »

Retenons cette affirmation : « Il serait presque impossible pour eux de mentir sous un tel programme intensif couvrantsept mois. » En aucun moment, ils n’ont réclamé d’argent pour leur récit, ils n’ont jamais requis les services d’un publiciste et n’ont jamais convoqué la presse.

Le récit sous hypnose démontre que les Hill ont été bloqués sur la route par le vaisseau. Les occupants les ont fait monter à bord. La description de ces créatures est la toute première faisant allusion aux « Gris » : chauve, aucun poil corporel, une tête en forme de poire et disproportionnée, de très grands yeux très sombres. Nous sommes très loin du cinéma de l’époque[3]. Une longue aiguille sera introduite dans le nombril de Betty et on lui dira qu’il s’agit d’un test de grossesse. Barney se fera collecter un échantillon de sperme. Les Hill rapporteront avoir observé que les occupants ne semblent pas avoir conscience de la nature du temps et de l’existence des couleurs[4]. Ils vont également rapporter le fait que les occupants du vaisseau se sont montrés curieux face au… dentier de Barney ! Betty a rapporté avoir demandé à ces créatures leur origine. On lui montrera une carte stellaire lui demandant si elle pouvait identifier la Terre. « Non ! », répondit-elle. « Alors dans ce cas, c’est inutile de vous dire d’où nous venons » et ils retirèrent la carte de sa vue[5].

De nombreux enquêteurs dont Hynek et le docteur Stanton Friedman (13) ont poursuivi l’enquête. Il y eut d’autres régressions hypnotiques. Tous sont d’avis que les Hill n’ont pas inventé cette histoire et que leur récit est celui d’un événement qui s’est bel et bien produit. Pour en arriver à une telle conclusion, il faut être en mesure, dès le départ, de s’ouvrir à la simple possibilité que nous soyons l’objet d’une certaine attention de la part d’explorateurs/visiteurs venant d’ailleurs et qui compteraient des centaines ou des milliers d’années d’avance sur nous. C’est vexant, humiliant à la limite, mais concevable si on s’arrête à la simple logique de l’évolution de toutes les formes de vie. Il y en a qui sont moins avancées que d’autres et il y en a de plus avancées que d’autres. Cette règle peut dès lors s’appliquer à la race humaine, sans qu’on s’arrache les cheveux en proférant des imprécations sataniques.

La carte stellaire

Quelques études ont été faites sur la carte stellaire qu’a dessinée Betty Hill. Elle fut d’ailleurs à l’origine des motifs qui ont poussé plusieurs experts à dénigrer le cas des Hills, la carte ne correspondant à rien de connu. En 1963 !

Il faudra attendre huit ans pour qu’enfin on puisse déterminer que la carte correspondait à une section du ciel récemment découverte. Avec l’aide d’un ordinateur, des astronomes de l’Université d’Ohio ont pu déterminer que les étoiles indiquées par l’occupant du vaisseau sont maintenant connues sous le nom de Zeta Reticuli 1 et Zeta Reticuli 2. Ces étoiles sont situées à environ 37 années lumière de la Terre. Fait à noter, l’ordinateur fit une réplique exacte de la position des étoiles en question dans un enchevêtrement d’autres points indiqués sur la carte, et ce à la perfection. Betty Hill aura donc gravé en 1963 une carte astronomique dont les étoiles n’allaient être connues que plusieurs années plus tard.

Astronome amateure passionnée, Marjorie E. Fish ne fut pas très impressionnée la première fois qu’elle entendit parler de la carte stellaire de Betty Hill. Deux ans plus tard, avec l’aide de sa nièce Connie Limpert, et plus tard du docteur David Saunders, elle parvint à réunir suffisamment de données pour construire un modèle. Elle rencontra Betty Hill et à partir de toutes les informations qu’elle pu glaner, elle construisit un modèle de 10 parsec[6] avec toutefois trois étoiles plus difficiles à définir. En 1972, à partir du Catalogue Gliese[7], elle monta un catalogue complet des étoiles pouvant avoir en orbite des planètes porteuses de vie. À cette époque, il ne s’agissait que de probabilités. Ce fut un travail de moine qui leur permit toutefois d’en arriver à un résultat concluant en février 73.

La carte observée par Betty Hill dans le vaisseau mesurait environ un mètre carré, elle était en trois dimensions, les étoiles brillaient et l’ensemble pourrait être comparé à un hologramme, mais la définition de l’image était à ce point élevée, qu’aucun grain, pixel ou autre forme de représentation graphique n’était visible.

Marjorie E. Fish estime que ses recherches l’amenèrent à conclure que la carte dessinée par Betty Hill était authentique. Aucun astronome des années 60 à 64 ne connaissait l’existence de cet amas de trois étoiles en triangle dans leur présente position. La distance évaluée et très précise n’a pas été effectuée avant 1969, et au moment de l’enlèvement, les distances connues n’étaient pas correctes dans le Catalogue Gliese, ce qui rendait la carte fausse. Maintenant qu’elles sont connues, elles démontrent que c’est la carte de Betty Hill qui était correcte. Le rapport technique de Marjorie E. Fish requiert des connaissances très avancées en astronomie et le lecteur en mesure d’apprécier l’évaluation d’authenticité de Marjorie E. Fish, pourra consulter ce rapport.[8] Sa conclusion ne fut pas critiquée outre mesure et son modèle 3D fut par la suite adopté officiellement par le département d’Astronomie de l’Université d’Ohio.

La suite au prochain numéro …

Références et documentation

(12) FULLER, John G. (1975). The interrupted Journey, Berkley Trade Publisher.

(13) FRIEDMAN, Stanton et MARDEN, Kathleen. Captured! The Betty and Barney Hill UFO Experience,Career Press / New Page Books.

[1] Ce sont deux des plus grandes vedettesde l’ufologie de l’époque. L’un sera à la tête du NICAP et le second œuvrera temporairement pour la Commission Condon.

[2] Ce qui est d’ailleurs rapporté par la très grande majorité des spécialistes de santé mentale qui ont reçu des enlevés.

[3] Voir l’excellente analyse de Thibault Canuti : La figure de l’extraterrestre dans le cinéma. thibaultcanuti.wifeo.com

[4] Sauf en de très rares exceptions, les couleurs décoratives sur les murs, plafonds, planchers et vêtements semblent absentes ou rares dans tous les récits. On les retrouve toutefois sur certains équipements ou lors de  manifestations de scènes holographiques.

[5] À cette époque pourtant, le cinéma ne véhiculait qu’une seule origine pour d’éventuels extraterrestres : Mars !

[6] Le parsec est une unité de longueur en astronomie, déterminée par un calcul trigonométrique équivalent à environ 3.2 années-lumière.

[7] Du nom de Wilhelm Gliese, le catalogue Gliese liste toutes les étoiles dans un rayon supérieur à 25 parsecs de notre planète. De nos jours, on parle plutôt du Catalogue Glise-Jahreiss, du nom de Hartmut Jahreiss.

[8] www.nicap.org/hillmap

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