Certitude ou fiction ? (9e partie)
En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.
J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée.
Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.
Les OVNIS : une fantaisie de l’Esprit ?
« Les OVNIS sont des hallucinations collectives provoquées par des extraterrestres. »
(Jacques Bergier, co-auteur de Le Matin des Magiciens)
L’ensemble du phénomène ufologique est l’anomalie qui, vous l’avez noté sans aucun doute, occupe le plus d’espace dans cet ouvrage et pour cause. Son existence, mais surtout son authenticité si elle venait à être officiellement démontrée, bouleverserait complètement notre monde, le faisant basculer dans un abîme d’Inconnues. Pas étonnant donc que la résistance la plus forte surgisse dès que ce mot apparaît quelque part. Tous les milieux sont concernés.
Il existe à ce jour plusieurs centaines de millions de personnes qui ont officiellement rapporté avoir observé un ovni depuis plusieurs décennies. Ce chiffre pourrait décupler si on ajoutait les cas non répertoriés et surtout les cas non signalés. Si on se base sur les chiffres du Projet Blue Book de l’Armée de l’Air américaine et de la Commission d’enquête américaine Condon, 5 % de ces cas sont inexpliqués et surtout inexplicables. Le GEIPAN français parle du même pourcentage, bien que beaucoup plus tard, Jean-Jacques Vélasco du GEPIAN parlera d’un pourcentage beaucoup plus élevé, soit près de 14%, et certaines années de 28%. Ces cas inexpliqués résistent à toute explication : phénomènes naturels connus ou méconnus, canulars, mauvaise interprétation, objet connu mal identifié, etc. Inexplicables ne signifie nullement inexistants.
Cela implique que des observations inexplicables se produisent régulièrement sur cette planète, au su et au vu de gens comme vous et moi, au su et au vu de professionnels, de scientifiques, de militaires. Cela dure depuis la fin de la dernière guerre mondiale, 1947 étant la date retenue par la plupart des chercheurs. Personne ne sait ce que c’est. Si on exclut l’hypothèse des plus sceptiques qui maintiennent que ce sont des canulars, malgré l’évidence démontrée du contraire, il demeure quelques idées ici et là. L’hypothèse de visiteurs extraterrestres étant la plus connue, on parle aussi de visiteurs provenant de d’autres dimensions, de visiteurs qui ne seraient que nous-mêmes provenant du futur et quelques hypothèses plus terre-à-terre : phénomènes naturels entièrement inconnus, voire phénomènes provenant de projections psychiques.
Outre toutes ces hypothèses et l’hypothèse extraterrestre retenue par de nombreux chercheurs, dont l’élite militaire française qui a collaboré à la rédaction du rapport COMETA, la seule explication alternative aux cas totalement inexpliqués serait une fantaisie de l’esprit. Un astronome du nom de Ed Krupp (1) a alors émis l’hypothèse que les ovnis ne sont rien d’autres que d’anciennes croyances au surnaturel, vêtues à la moderne. Au Moyen-Âge, les gens voyaient des croix de feu dans le ciel et de nos jours ce sont des ovnis, croit l’astronome. C’est la grande faiblesse de cette théorie. Difficile à dire pour les gens du Moyen-âge extrêmement superstitieux, mais les gens normaux de notre époque, et ne consommant pas de drogues hallucinogènes, n’ont pas de visions! Ils peuvent être victimes d’illusions d’optique, mais de véritables visions, non !
Les visions d’un élément n’appartenant pas au monde réel sont du domaine pathologique ou créées par I’usage de psychotropes[1]. Il est absolument faux d’affirmer que les hallucinations sont courantes et surgissent sans raison. La schizophrénie est sans doute la maladie la plus responsable des hallucinations, or le comportement schizophrénique n’a jamais été détecté auprès des témoins qui ont été vus et suivis par les psychiatres et autres spécialistes. Tous sont d’avis que la pathologie de l’enlevé n’existe pas.
Le seul spécialiste au Québec, le docteur Jean-Roch Laurence de I’Université Concordia (2), bien que très sceptique face à l’explication extraterrestre, rejette I’hypothèse d’une pathologie X pour expliquer les cas sur lesquels il a personnellement travaillé et de ce fait, partage l’opinion du docteur Mack. L’hypothèse pathologique de l’hallucination est donc écartée comme tentative d’explication par les seuls chercheurs ayant le droit moral de s’exprimer : ceux qui ont rencontré directement les dits témoins. Cela dit, il existe des milliers de cas d’observations à multiples témoins, dont parfois près d’une centaine. On veut bien allonger la sauce, mais le goût se perd. Quant à citer Carl Jung pour soutenir cette hypothèse, c’est peine perdue : « Une explication d’ordre psychologique (sur les ovnis) est écartée par le fait qu’un grand nombre d’observations indique une réalité physique... ». (3) Carl Jung a été consultant pour I’APRO (Aerial Phenomena Research Organization) (4) .
Le lobe temporal gauche !
De son côté, le chercheur Michael Persinger (6) propose la création d’images, extraterrestres ou religieuses, causées par un phénomène bioélectrique dans le lobe temporal gauche généré par les secousses sismiques. Comme souvent mentionné, le problème de Persinger est d’ordre statistique puisqu’il appuie ses travaux à partir d’une série d’expériences dans son laboratoire de l’Université de Sudbury et l’applique par la suite à une fausse corrélation entre les emplacements où se produisent de véritables secousses et une carte des observations d’ovnis.
Or voilà, cette carte n’existe pas. Elle n’existe pas parce que, dans une très large proportion, les gens ne rapportent aucunement leurs observations aux autorités. Si une telle carte devait exister, en reflétant la réalité ufologique, il n’existe à peu près aucun coin de pays qui serait épargné, contrairement aux secousses telluriques qui sont fort bien répertoriées. Son hypothèse ne tient donc pas, d’autant plus que nous avons comparé la carte des observations qui ont fait l’objet de nos propres enquêtes, versus la manifestation de secousses notables, mêmes infimes, dans les secteurs et les fenêtres de temps. Aucune secousse n’a été répertoriée. Les images du lobe temporal ne laissent pas de traces non plus ! On ne peut les capter au radar ou sur pellicule.
L’hystérie collective
George Heuyer proposa un jour l’hystérie collective pour expliquer le phénomène des ovnis. Cette espèce de contagion qui explique un comportement collectif est bien connue des psychologues. Lors de concerts rock, de manifestations ou de grands rassemblements, on peut la voir se manifester. Elle peut également prendre la forme de maladies plus ou moins réelles lorsque les médias annoncent les dangers d’une pandémie. En termes plus simples et plus légers, dites à une cinquantaine de personnes que l’une d’elles a des puces et tout le monde va se gratter ! L’hystérie collective n’a jamais été considérée sérieusement comme une explication valable puisque d’aucune manière elle peut produire à distance des phénomènes hallucinatoires. Par contre, il existe une variante qui plaît à de nombreux scientifiques pressés d’en finir. C’est le modèle socio-psychologique du phénomène ovni, soutenu par le principe du rasoir d’Occam.
Guillaume d’Occam a vraiment dit un jour, le plus sérieusement du monde : « Pourquoi se compliquer la vie quand l’hypothèse la plus simple est sans doute la meilleure ? » Thierry Pinvidic (7) est l’un de ceux qui favorisent le plus cette explication, voulant que les témoins d’ovnis ne soient pas crédibles, qu’ils soucoupisent tout et n’importe quoi, depuis la planète Vénus jusqu’aux nuages lenticulaires, un avion ou n’importe quoi. Il va jusqu’à prétendre que les neuf objets brillants en forme de boomerang observés par le pilote Kenneth Arnold en 1947, ont été décrits comme des soucoupes et que dès lors, le reste de l’Amérique n’a vu que des soucoupes alors qu’elle aurait dû rapporter des boomerangs !
Tout comme va le souhaiter Robert Low de la Commission Condon, il faut s’attarder non pas aux ovnis physiques, mais aux témoins. Il va de soi que l’homme en général est capable de tout : mentir, fabuler, inventer, mystifier pour tout autant de motifs qu’il existe d’individus. On peut donc aisément blâmer ces vices de formes de la pensée humaine, pour en généraliser l’usage lorsqu’il est question de témoins d’OVNIS. C’est généralement ce que font les dénigreurs. Ils prennent connaissance d’un dossier et tranchent, avec le rasoir d’Occam, la substance même du rapport pour en arriver à la conclusion la plus simple : le témoin est un taré, un fabulateur ou un menteur. Particulièrement si l’observation est troublante.
L’astronome québécois Pierre Chasteney, qui n’a jamais rencontré un seul témoin d’ovni, déclarait lors d’une émission télévisée à laquelle nous participions, que les témoins d’ovnis modernes, voient dans le ciel ce que les gens du Moyen-âge prenaient pour des croix de feu. Très original, très Krupp et surtout particulièrement insultant pour les témoins. Jeter de la sorte un voile de discrédit sur l’ensemble des témoins d’ovnis est une attitude extrêmement répandue. Or, même les chercheurs scientifiques les plus obtus qui, eux, se sont donnés la peine d’explorer le phénomène, ont écarté toutes ces explications et demeurent avec un pourcentage fort intéressant de dossiers totalement inexplicables. Inexplicables dans le sens que les hypothèses socio-psychologiques n’ont pas été retenues. Ces dénigreurs, experts de la pensée humaine, n’hésitent pas un instant à tout expliquer par une alternative, même si elle ne s’appuie sur aucun fait.
Lorsque le 8 novembre 1990, un immense ovni lumineux est demeuré immobile dans le ciel de Montréal, au-dessus de la Place Bonaventure, des dizaines de témoins, dont les policiers François Lippée et Robert Masson, ainsi que le photographe de la Presse Marcel Laroche ont pu voir cette forme immense et ses lumières surplomber la ville. L’agent de la GRC Luc Morin a alors alerté les Forces armées qui ont dépêché un avion de chasse dans le secteur. Une analyse scientifique des photographies prises par Laroche a démontré que l’objet devait mesurer environ 540 mètres et se situer à un peu moins de 3000 mètres d’altitude. Des agents du gouvernement fédéral ont saisi les rapports de police et plus aucune documentation officielle n’est disponible. Incluant les images qu’on présume recueillies par le pilote de l’avion de chasse, il va sans dire.
L’explication retenue encore à ce jour par les sceptiques est le reflet sur l’épaisse couche nuageuse, des puissants projecteurs de grues situées au sommet d’un immeuble voisin. Or, le responsable des forces policières sur les lieux, Robert Masson, a fait éteindre ces projecteurs. L’observation s’est poursuivie et s’est déplacée lentement vers l’est de la ville pour être effectuée par d’autres témoins. (8) Nous voulons bien que des témoins soucoupisent des reflets de projecteurs sur les nuages. Sauf s’ils sont éteints !
Les visiteurs ne semblent pas tester notre esprit scientifique puisqu’ils n’offrent aucune opportunité valable de les percevoir sous cet angle. C’est autre chose qu’ils visent et cette autre chose ne sera jamais détectée par un microscope ou une solution chimique, pas davantage que par une analyse psychométrique d’une pathologie quelconque et réductrice, qu’on finirait par inventer pour se débarrasser du problème.
Mais un fait demeure : Si ces visiteurs d’un autre temps ou d’un autre espace existent, alors depuis le début, la balle est dans leur camp et jusqu’à ce jour, ils jouent nettement en solitaire, faisant fi de nos efforts d’y comprendre quelque chose, se faisant dès lors le complice du silence, voire du cynisme, qui donnent beau jeu aux dénigreurs de l’authenticité des anomalies aériennes et autres !
Suite au prochain numéro …
Référence et Documentation
Chapitre 4- Les OVNIS une projection de l’esprit ?
(1) KRUPP, Ed. Déclaration faite dans Sky & Telescope, février 1997. Astronome à l’Observatoire Griffith de Los Angeles.
(2) LAURENCE, Jean-Roch. Déclaration faite lors d’une conférence sur les ovnis à Montréal en 1995 sous les auspices de l’OCIPE.
(3) JUNG, Carl (1954). Flying Saucers : A Modern Myth of Things Seen in the Skies.
(4) APRO. Parmi les importantes organisations de recherche sur les OVNIS aux États-Unis de l’époque, on retrouve : NICAP, APRO, Center for UFO Studies, et de nos jours MUFON et CAUS.
(5) BÉLANGER, Louis. Psilogiste québécois autrefois attaché à l’UQAM. Il a tenu ce propos en de multiples occasions lors de diverses rencontres avec l’auteur, à la télévision, lors de conférences ou de soupers-causerie.
(6) PERSINGER, Michael. Attaché à l’Université Laurentienne de Sudbury en Ontario. Son domaine de recherche touche la neurologie. Il a publié de nombreux textes se rapportant aux effets secondaires sur le cerveau des secousses sismiques. Le lecteur pourra en découvrir davantage sur Wikipédia.
(7) PINDIVIC, Thierry. Ovni – Vers une anthropologie ; un mythe contemporain, éd. Heimdal, Paris, 1993.
(8) OVNI, PLACE BONAVENTURE. Voir sur Youtube.com le reportage de la série Dossiers Mystères sous la mention OVNI Place Bonaventure. Tous les témoins de l’époque s’expriment clairement sur cette observation, considérée à ce jour comme une des plus importantes au pays.
[1] Ergot du seigle, peyotl, amanites, la liste de produits naturels transformés en substance hallucinogène est importante.
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