Certitude ou fiction ? (suite)

En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.

J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée. Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.

L’EXCLUSION DES HÉRÉTIQUES

« Je puis seulement dire qu’il est certain que ces choses[1] ne sont pas une simple rumeur. Des choses ont été vues. Une explication purement psychologique est éliminée. » (le psychiatre Carl Gustav Jung, 1953)

Puisque le sujet de cet ouvrage prétend expliquer pourquoi vous ne croyez pas aux phénomènes psychiques, aux ovnis et à la vie après la mort, entre autres, c’est la question de ces anomalies que nous allons aborder.

Si l’homme de la rue est un ego sur pattes, l’homme de science, le journaliste, le professionnel l’est tout autant. Personne n’est exempt du contenu des cinq grands Livres de la nature humaine dont il est issu. On aime bien idéaliser certaines professions, mettre sur un piédestal certains grands noms, mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne, tous ont un ego et tous sont confrontés à leurs cinq grands livres. Sans exception !

Les anomalies

Nous avons désigné tous les thèmes de notre sujet par un simple mot : des anomalies ! Ce sont des événements ou des réalités qui n’appartiennent pas au monde vérifiable et mesurable de l’univers matériel. Ils sont politiquement, socialement, scientifiquement et spirituellement inacceptables. Notamment ces fameux ovnis, qu’on dit avoir vu de nos yeux vus, photographiés ou captés sur radar, demeurent encore immatériels, le fruit d’une illusion ou d’une erreur d’interprétation. Que dire de ces gens qui prétendent être enlevés par leurs occupants !

Certains d’entre vous éprouvent déjà une réaction allergique à l’évocation du mot ovni cité pour la cinquième fois dans cet ouvrage et … n’y sont plus, l’ouvrage étant refermé et classé « perte totale de temps ». Il en va de même pour : fantômes,  phénomènes paranormaux,  réincarnationpoltergeist, etc. Si tôt en début de lecture, nous avons peut-être déjà perdu de nombreux lecteurs. « Cet ouvrage n’est pas sérieux, il traite des petits hommes verts. Franchement, c’est n’importe quoi ! »

Ces anomalies sont rejetées systématiquement, particulièrement par les gens qui ont une solide formation académique, donc un Recueil de Croyances provenant d’une Encyclopédie en béton armé. Également, elles sont rejetées par ceux dont le Recueil des Croyances émet une formulation uniforme et quasi universelle : « Je ne crois qu’en ce que je vois. »

N’allez pas argumenter avec eux, c’est une perte de temps. Cette vieille formulation qui date de l’apôtre Thomas est l’excuse parfaite pour justifier leur aveuglement et surtout leur indolence. Si les véritables chercheurs qui ont fait avancer la science depuis des temps immémoriaux avaient adopté cette façon de penser, nous serions encore à grogner dans des cavernes !

Ces anomalies sont également rejetées systématiquement par ceux dont le Cahier de Survie indique en toutes lettres qu’une croyance en la réalité des anomalies éventuellement inscrite dans le Recueil, sera interprétée par d’autres comme une faiblesse importante, un manque flagrant de connaissances, une imagination débridée et malsaine et de là engendrera un refus de promotion, voire une perte d’emploi ou tout au moins une perte de crédibilité importante au sein de leur communauté. Ce qui évidemment affecterait considérablement le Cahier de Survie, mais également tous les autres Livres. Pour éviter tous ces désagréments majeurs, on procède à un rejet global articulant le tout par : « Rien de tout cela n’existe ! » C’est rassurant pour la survie, confortable et plaisant pour le Catalogue, conforme au consensus établi par le Traité et comme l’Encyclopédie n’en a rien à cirer, le Recueil est protégé.

Devant le Grand Inquisiteur

Nous avons en mémoire un incident typique de ce genre. Dans la littérature spécialisée sur la question des ovnis, il existe un phénomène appelé l’abduction. Des gens prétendent avoir été enlevés et auscultés, voire maltraités par des entités non humaines à bord de vaisseaux ou tout au moins dans des endroits ne correspondant en rien aux paramètres traditionnels. Qu’à vos yeux ce thème soit une pure fantaisie ou pas, ils sont effectivement des dizaines de milliers, sinon beaucoup plus nombreux, et font l’objet d’une littérature très abondante ! (1)

Évidemment, ils passent pour des illuminés, des fous, des malades ayant un problème plus ou moins sérieux ou le plus souvent pour des individus en mal de sensation ou d’attention. Mais en réalité, ils ne passent pour rien du tout, parce qu’on préfère les ignorer et faire comme si eux non plus n’existaient pas. C’est plus rassurant, confortable, plaisant, conforme et cela remplit le rôle de protection dont nous avons déjà parlé.

Or voilà qu’un beau jour, un certain docteur John E. Mack, directeur du département de psychiatrie de l’Université de Harvard à Cambridge, fait connaître publiquement son intérêt grandissant et sa position sur ce phénomène des enlèvements.

Décédé en septembre 2004 après avoir été heurté à mort par un chauffard à Londres, le docteur John E. Mack s’est révélé le plus grand chercheur dans ce domaine pour le moins controversé. Né en 1929, les titres et les honneurs accompagnant son nom sont considérables et la crédibilité du docteur Mack n’a jamais été remise sérieusement en cause par ses pairs, malgré ses prises de position extrêmement délicates.

Le chercheur américain Budd Hopkins, spécialiste de la question des enlèvements extraterrestres avait fait part de ses travaux au docteur John Mack. Peu intéressé par ce genre d’élucubrations, le docteur Mack fut très long à convaincre, mais accepta finalement d’assister à une rencontre organisée par Hopkins. C’est à partir de ce moment que le docteur John E. Mack prit la décision d’explorer lui-même, avec ses propres méthodes et ses propres témoins, ce phénomène tout à fait nouveau.

Au départ, le docteur Mack croyait qu’il s’agissait d’une nouvelle forme de maladie mentale susceptible d’induire ce genre d’hallucinations. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait accepté de se lancer dans cette avenue. La découverte d’une nouvelle forme de maladie mentale est une motivation puissante pour un chercheur appartenant à cette communauté. Il effectua de très nombreuses sessions et creusa la question à fond avec une grande prudence et une grande minutie comme le grand psychiatre qu’il était. Puis, ce fut le coup de grâce.

Il publia ses résultats dans un livre (2). Une bombe nucléaire venait d’éclater dans le milieu psychiatrique. Incapables d’attaquer la crédibilité d’un tel homme, ses pairs tentèrent de discréditer ses méthodes. Constatant qu’elles étaient les mêmes que celles qu’ils préconisaient eux-mêmes, ils tentèrent de se rabattre sur sa personne, mais en vain.

Le docteur Mack fut alors approché par le milliardaire Laurence Rockefeller pour mettre sur pied une fondation de recherche sur le phénomène des enlèvements extraterrestres. Dans son plus récent ouvrage, Passport for the Cosmos, Mack  écrit : « Que dire de cette expérience d’enlèvements extraterrestres sinon qu’elle est subtile dans son essence ! Elle se manifeste dans notre réalité physique, mais semble dériver d’une source dont la véritable nature ne permet pas de recueillir les évidences auxquelles nous sommes habitués et qui sont essentielles aux sceptiques qui limitent la réalité au monde physique qui nous est familier. Nous devons commencer à admettre que ce phénomène est tout simplement hors de notre portée actuelle et que nos paramètres de recherche doivent être complètement modifiés. »

Cette dernière phrase est lourde de sens, mais surtout de conséquences. Mack dit simplement qu’avant de rejeter en bloc de manière systématique tous ces témoignages et de les associer aux maladies mentales, il faudrait sérieusement songer à modifier certaines approches contenues dans notre Encyclopédie, que cela soit permis ou non par le Traité et que cela plaise ou non au Catalogue, menaçant peut-être le Cahier de Survie. Une incitation au courage scientifique, en somme. Par ces propos, tout aussi vénéré soit-il, John Mack venait de créer un infranchissable fossé pour la très grande majorité de ses confrères beaucoup trop inquiets de voir l’ensemble de leur œuvre être sabordée par un seul individu, si brillant soit-il.  Pour eux, le phénomène des enlèvements s’expliquait si bien par la paralysie hypnagogique et hypnopompique. Et voilà que leur jaune d’œuf est crevé. Cette explication est nettement insuffisante.

Ayant lu son ouvrage, cette déclaration portant sur les changements de nos paramètres de recherche est devenue à nos yeux le symbole unificateur de toute forme de recherche dans le domaine des anomalies. Mack ajoutait également que, selon lui, les diagnostics effectués auprès de certains de ses propres malades devraient être révisés. Fort de cette déclaration, nous nous sommes rendus dans le bureau du directeur médical d’un hôpital psychiatrique de la région de l’Outaouais afin de discuter des travaux du docteur Mack et de la possibilité pour son établissement de traiter certains patients selon son approche. Nous étions enthousiastes, pleins d’espoir et de confiance.

Nous ne fûmes pas chassés de son bureau, mais presque. Dans son monologue, très court, le psychiatre en chef indiqua même qu’il était souhaitable pour ses psychiatres résidents qu’aucun d’entre eux ne se balade avec ce livre sous le bras. Fascinant ! Ce personnage n’avait pas le centième des références du docteur John E. Mack et pourtant il le traitait comme une saleté sur le tapis. « Enlevez cela de mes yeux.  Alertez le concierge ! », criaient ses yeux. Ce n’est pas tant qu’il refusait de partager les conclusions de Mack, nous n’allions pas jusque-là, mais il refusait même d’y accorder un seul regard. C’était comme demander au Pape de considérer la possibilité que Jésus ne soit pas le Fils Unique de Dieu ou que Marie n’était pas vierge !

D’ailleurs, au cours de notre carrière de journaliste, les seules occasions au cours desquelles nous avons pu observer ce genre de comportement agressif furent des rencontres avec des personnages religieux qui défendaient leur foi avec bec et ongles et, bien sûr, des personnages politiques pour qui le programme des autres n’est qu’une aberration sans nom. On peut s’attendre à cela de gens qui vivent de prétentions religieuses et politiques. C’est leur jeu, leur quotidien, ils sont prévisibles ! Mais des scientifiques, des membres de la profession médicale ? Ce fut un choc culturel ! Une belle naïveté de notre part d’avoir pensé que ces rédacteurs de l’Encyclopédie allaient s’abstenir de brandir de la sorte leur Recueil de Croyances.

La question sur le tapis n’était pas de savoir si des extraterrestres enlèvent des gens ou pas, mais d’évaluer la qualité clinique de l’ouvrage du docteur Mack. Sans même le lire et pis encore, sans même le connaître, le bon docteur n’hésita pas un instant à faire en sorte que John E. Mack[2] soit aussitôt incinéré vivant sur le bûcher des Certitudes.

Contrairement à la rumeur répandue par de nombreux dénigreurs inconfortables devant les déclarations d’un personnage aussi prestigieux, le docteur John E. Mack n’a jamais été chassé de l’Université de Harvard pour ses recherches étendues dans le domaine des enlèvements extraterrestres. Ou même menacé ! Bien au contraire. Dans les faits, un comité de l’École de Médecine de Harvard a révisé le travail de psychiatrie du docteur Mack avec ses sujets (enlevés ou abductees), une pratique  rare, mais normale, lorsqu’un courant de pensée risque de déstabiliser l’ordre établi. Le recteur de l’Université a initié ce comité dès 1994 afin de déterminer si les travaux de Mack, à l’effet qu’il écartait l’hypothèse de la maladie mentale comme explication au phénomène, n’allaient pas à l’encontre du bien-être de ces patients. Le Comité de révision  ne fit aucun rapport et fut dissous, ce qui conduisit le Recteur à blanchir entièrement et le docteur Mack et sa pratique tout entière. « Le docteur Mack peut poursuivre ses recherches et il serait souhaitable que d’autres psychiatres se joignent à lui » ! Ce qui fut fait. On est à des lieues d’une critique, même informelle.

C’est donc de plein gré qu’il a finalement quitté Harvard pour mettre sur pied le Program for Extraordinary Experience Research : une organisation à but non lucratif dévouée à la compréhension de ces phénomènes extraordinaires et financée par Laurence Rockefeller, ce milliardaire bien connu[3].

Le premier constat de Mack fut de découvrir le nombre époustouflant de cas du genre. Le simple fait que des milliers et des milliers de gens prétendent avoir été enlevés par des extraterrestres se révélait un phénomène social majeur, qu’il soit véridique ou non. Pour cette seule raison, il se dit grandement étonné du peu d’intérêt que ce phénomène causait dans sa propre communauté.

Toutefois, après avoir questionné ses confrères sur leur attitude lors de révélations du genre par leurs patients, il finit par comprendre que dans le cabinet du psychiatre même, la cause était entendue et jugée sur le banc. Le patient était alors aussitôt diagnostiqué schizophrène au même titre que le sont tous les autres. Personne n’avait donc encore songé à catégoriser leur cas, pas plus que personne ne faisait de distinction entre un malade qui se croit être Napoléon et un autre qui pense être Jules César. Si un pauvre type croit que des extraterrestres l’ont enlevé, alors c’est la prescription immédiate d’un neuroleptique inhibiteur de dopamine et une série de rendez-vous de suivi médical pour les semaines à venir. Éventuellement, si le patient persiste, il est institutionnalisé !

Fort de cette constatation, le docteur Mack effectue plus de cent cinquante rencontres et publie une première constatation en cinq points. Il écrit dans son livre déjà cité : «  Une théorie voulant seulement commencer à expliquer le phénomène de l’enlèvement extraterrestre doit tenir compte de cinq aspects particuliers :

  • Le haut degré d’uniformité des détails entourant l’événement rapporté par les témoins apparemment crédibles dans un contexte émotionnel approprié et pertinent à l’expérience vécue.
  • L’absence de maladie psychiatrique ou de tout autre désordre psychologique apparent ou de facteurs émotionnels qui pourraient expliquer les événements relatés.
  • La présence de changements physiques et l’existence de lésions affectant le corps des sujets sans qu’aucun facteur psychodynamique ne précède. Cela, sachant que certaines maladies psychiatriques provoquent chez le sujet des formes d’automutilation.
  • L’association directe de l’expérience relatée avec l’observation d’un ovni n’ayant aucun lien avec le sujet et que celui-ci n’a pas nécessairement observé pendant l’expérience. À titre d’exemple : Pendant que le sujet A dit avoir subi un enlèvement, les témoins B et C n’ayant aucun rapport avec le sujet A affirment avoir vu un ovni dans le secteur où réside le sujet A.
  • Des rapports d’enlèvements sur des enfants incapables de fabuler ou d’inventer en raison de leur âge : 2 ou 3 ans.

En clair, les témoins rapportent presque tous la même chose, ils ne souffrent d’aucune maladie mentale, démontrent très souvent des lésions qu’aucune maladie mentale ou physique n’explique et vivent une expérience qui le plus souvent est associée à une observation d’ovni par d’autres témoins.

Dans un texte publié dans le premier numéro du journal de PEER,[4] le docteur John E. Mack propose ceci : « Malgré le scepticisme officiel et même le cynisme actuel véhiculé dans les médias par le gouvernement et les cercles scientifiques, il est évident pour le peuple américain que quelque chose d’extraordinaire se passe actuellement, tout au moins dans notre perspective nord-américaine. Aucune explication conventionnelle pour les milliers de rapports d’enlèvements n’existe et ce malgré le fait que les «  expérienceurs » sont les premiers à rechercher ce genre d’explication. La recherche tendant à démontrer l’existence physique des enlèvements fait fausse route, puisqu’elle génère la conclusion très hâtive que cette démonstration n’ayant pas eu lieu à la satisfaction des critères scientifiques et de la preuve, le phénomène de l’enlèvement n’existe donc pas.

Si notre perception de la réalité est limitée au caractère strictement physique, qu’arrive-t-il si la manifestation du phénomène de l’enlèvement dérive d’une réalité plus subtile? Si nous devions nous arrêter là où la preuve scientifique place ses bornes, ne serions-nous pas coupables de nous priver d’une richesse d’informations fondamentales ? »

Fait à noter, un seul spécialiste au Québec s’est intéressé au phénomène des enlèvements extraterrestres. Il s’agit du docteur Jean-Roch Laurence de l’Université de Concordia. Le docteur Laurence n’a jamais affiché ouvertement son opinion ou ses croyances face à la question des enlèvements et n’a jamais rendu public le contenu de ses travaux auprès de ses sujets. Il a simplement, en tant que médecin et psychologue, tenté de déterminer la valeur de certains récits obtenus sous hypnose et manifesté un scepticisme très clair à l’endroit de l’hypnose comme méthode d’investigation, qu’il s’agisse de la question des enlèvements ou de tout autre événement ayant pu survenir dans la vie d’un sujet, dont bien sûr les agressions sexuelles.

Ce qu’on retient particulièrement du propos du docteur Laurence est le danger d’une pratique douteuse de l’hypnose. Effectivement, un praticien mal formé peut accidentellement induire dans ses suggestions des réponses à des questions qui ne sont pas encore formulées. Un sujet peut également se sentir libéré sous transe hypnotique et laisser cours à son imagination ou faire plaisir au praticien en lui révélant ce qu’il veut entendre.[5]

Quoiqu’il en soit, le phénomène des enlèvements ne relève pas que de récits obtenus sous hypnose. De nombreux cas existent pour le démontrer.  Il existe également de nombreux cas où le sujet conserve un souvenir conscient et par la suite, sous hypnose, permet de faire ressortir des souvenirs jusqu’alors inconscients.

Que s’est-il passé dans l’esprit de ce directeur de l’hôpital psychiatrique que nous avons rencontré ? Notre démarche était pourtant sérieuse, formelle, présentée avec soins, documents à l’appui. Nous demandions une appréciation de certains travaux concernant un phénomène évalué par un grand psychiatre américain comme étant extrêmement rare et troublant et surtout peu connu. Nous avons d’abord démontré qui était le docteur Mack, le psychiatre, ses références, son milieu de travail. Toujours souriant, notre interlocuteur attendait que nous lâchions le morceau. « Quel phénomène dites-vous ? », demanda l’homme sur un ton sirupeux.

Graduellement, petit à petit, nous avons commencé à démontrer certains aspects puis d’autres, mais dès que le mot extraterrestre  fut lâché, ce fut un retournement de situation frisant l’apoplexie. Il n’y avait plus nulle commune mesure avec le stoïcisme professionnel qui caractérisait les premiers instants de notre rencontre. En fait, nous étions alors au Moyen-âge avec un Père dominicain de l’Inquisition à qui nous venions de dire qu’un démon plutôt cool venait de nous parler et qu’il serait peut-être intéressant de l’entendre sur les bienfaits d’un trip à trois ! 

Qu’ils soient médecins, chirurgiens, psychiatres, avocats, juges, premiers ministres, colonels ou astronomes, ces hommes, tout comme vous et moi, ne sont que des animaux plus évolués que les autres mammifères, plus intelligents, mais toujours et encore conditionnés par le réflexe primal et primaire de se protéger. Ils n’iront pas tous tuer leurs confrères comme le fit Valéry Fabrikant (3), mais intérieurement, une panique intense provoque une tornade d’émotions lorsque leur univers est menacé.

Et apparemment, les récits d’anomalies ont cet effet sur les hommes de science que l’on prend par surprise.

Très honnêtement, nous savions dès le départ que parler d’enlèvements extraterrestres au psychiatre en chef d’un hôpital n’allait pas être une sinécure, mais le simple fait qu’une personnalité aussi forte et renommée que le docteur Mack était en filigrane de notre approche nous avait réconforté quant à l’effet positif qu’aurait notre démarche.

Nous nous attendions à un étonnement, une exclamation de surprise et possiblement un report de notre entrevue pour analyser plus en profondeur les conclusions de cet éminent confrère. Mais non. Par procuration, il fut évacué avec la chasse d’eau. Sur le banc ! Il est possible d’ailleurs que certains parmi vous aient eu cette même attitude en lisant ce qui précède. « Ce sont des malades ! » va demeurer votre croyance profonde. Le fait qu’un grand psychiatre dise le contraire a été évacué, son nom pourtant répété à plusieurs reprises a commencé à s’échapper de votre mémoire et d’ici quelques jours, il aura entièrement disparu. Si on vous reparle des enlèvements E.T. dans trois mois, votre croyance originale n’aura pas été ébranlée et si on cite de nouveau ce mystérieux psychiatre, vous serez même capable d’inventer une histoire concoctée de toutes pièces pour dénigrer sa crédibilité et conclurez comme toujours par «  Voyons donc, ces gens-là  sont malades… »

Attaquer la crédibilité d’un chercheur trop audacieux n’est d’ailleurs pas une très grande difficulté pour la communauté scientifique.

La suite au prochain numéro …

RÉFÉRENCE ET DOCUMENTATION

Chapitre 2- L’exclusion des hérétiques

(1) Les auteurs les plus lus sont le docteur John E. Mack, Budd Hopkins, Whitley Strieber, le docteur David Jacobs, T.E Bullard, Richard Boylan, Raymond Fowler, David Pritchard, Jenny Randles, Kenneth Ring. Nous suggérons toutefois au lecteur le magnifique compte-rendu d’une conférence sur ce sujet au M.I.T. Voir Brian C.D.B.

(2) MACK, John E. (1994). Dossiers Extraterrestres. Presses de la Cité. Cet ouvrage ainsi que Passport to the cosmos (1999), Three Rivers Press, devraient être lus par tous les spécialistes de la santé mentale qui croient encore qu’un témoin d’anomalie devrait être traité pour maladie mentale.

(3) FABRIKANT, Valery. Originaire de Minsk en Union Soviétique, il devient professeur de génie mécanique à l’Université Concordia de Montréal. Le 24 août 1992, profondément convaincu que ses collègues volent ses idées et ses secrets, il les tue froidement. Il sera incarcéré à perpétuité pour ses meurtres.

[1] ovnis

[2] Il refusait même d’employer le mot Docteur…

[3] En Mars 1993, le milliardaire Laurence Rockefeller avait pris l’initiative courageuse d’approcher l’administration de Bill Clinton, via l’Office of Science and Technology Policy à l’époque dirigé par le Dr. John Gibbons. Le Président accepta alors d’émettre un ordre de déclassification de l’incident Roswell, mais ne spécifia aucunement la question sensible des ovnis.

[4] Cet organisme n’existe plus depuis le décès du docteur Mack.

[5] Le patient raconte qu’il voit un chat dans une pièce et qu’il entend un son aigu.  L’erreur la plus classique du praticien consiste à demander si c’est le chat qui miaule, alors qu’il devrait simplement demander quel est ce son que le patient dit entendre et qui ou quoi le produit afin de ne pas induire d’éléments de réponse dans la question.

 

 

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