Certitude ou fiction ? (4e partie)

En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.

J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée. Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.

Partie 2- L’exclusion des hérétiques (suite)

Les hérétiques

Dans un ouvrage plutôt décapant, l’auteur Pierre Lance fait mal ! (4) Il identifie des chercheurs qualifiés de fous par une communauté scientifique frileuse qui craint plus que tout qu’on s’attaque aux monuments sacrés de leur science. Il n’y a pas de pardon dans ce monde de blouses blanches, c’est la mise à mort. Ayant vu ce qui en était de nos propres yeux dans cet hôpital psychiatrique, plus rien n’allait nous surprendre.

Toute une polémique existe autour de la vision de Pasteur sur les microbes et les virus. Elle a été engendrée par deux grands chercheurs, Antoine Béchamp et Jules Tissot, qui firent pourtant la démonstration que dans certains aspects essentiels, Pasteur avait tort et que ce sont les organismes déréglés qui produisent virus et microbes déjà présents dans le corps humain sous formes de germes. Ils ont été ignorés et méprisés.

René Quinton fit une découverte extrêmement importante en inoculant de l’eau de mer isotonique au lieu de sang à des enfants atteints de choléra. Ils furent tous sauvés, mais son nom demeure sur une liste noire. [1]

Pierre Lance rappelle que Marcel Ferru de l’École de médecine de Poitiers a démontré la nocivité du vaccin BCG contre la tuberculose en France. A ce jour, la France est le seul pays qui rend ce vaccin obligatoire.

Sans parler de la célèbre tour émettrice d’énergie par ondes ELF de Tesla, il y eut aussi Edgar Nazare qui gêna considérablement les autorités scientifiques avec sa centrale aérothermique capable de produire une énergie gratuite et non polluante avec une tour dont la base, une serre chauffée par le soleil, entre en contact avec l’air plus froid au sommet et génère l’équivalent d’une petite tornade dont les effets directs alimentent des turbines.

Antoine Prioré, quant à lui, mit au point un appareil émettant un rayonnement électromagnétique qui détruit les cellules cancéreuses. On prouva son efficacité sur de petits animaux. Il a été remisé par manque de financement et il fut oublié. Il avait soigné ses patients clandestinement, ce qui n’est jamais pardonné ! Il n’est pas le seul : Jean Solomidès, docteur en médecine et chercheur à l’Institut Pasteur, inventa les physiatrons synthétiques destructeurs des cellules cancéreuses. Chassé de l’Institut, il ouvre son propre laboratoire et guérit de nombreux cancéreux. L’Ordre des médecins le poursuivit pour exercice illégal de la médecine.

Ils sont légion, et ce dans tous les domaines, vous n’avez qu’à consulter la documentation disponible sur Internet pour vous faire une opinion. Leur crime ? Ils n’ont pas respecté les règles du jeu, ils ont fait cavalier seul et leur réussite est un affront à la communauté des blouses blanches. Comme en religion, ils ont été excommuniés et personne n’entend plus parler d’eux. L’un d’eux, Mirko Beljanski, a même réussi à prolonger la vie de François Mitterrand. Clandestinement ! Il a été traîné en justice et persécuté au point d’en mourir. Brûlé vif sur le bûcher des Certitudes… des autres.

Nous ne sommes pas qualifiés pour déterminer si ces gens avaient tort ou raison. C’est la rapidité avec laquelle ils ont été jugés, sur le banc, par leurs pairs, parfois contre toute logique, nous faisant revivre les iniquités typiques de l’Inquisition, qui nous trouble. Mais alors, qui sont ces hommes purs et droits qui contrôlent le Savoir ?

Le parallèle que nous venons de faire entre les tenants du haut Savoir et les ténors de la religion ou même de la politique n’est pas une figure de style. Comme déjà mentionné, les faits accumulés par des années d’apprentissage et qui se retrouvent dans l’Encyclopédie finissent par créer le système de croyances qui constitue ce que nous appelons le Recueil des Croyances.

L’illusion de grande objectivité que donne au public le statut d’homme de science ou de penseur vient du fait qu’une relation très distante existe entre eux. Très peu d’hommes de science s’adressent ouvertement à un large public, à l’exception peut-être de Hubert Reeves ou David Suzuki. Par contre, le contact est beaucoup plus rapproché avec les religieux et les politiciens. Ils sont rapidement évalués et jugés sur place. Ce qui n’est pas le cas des hommes de science qui, entourés d’un halo de mystère, sont perçus comme de grands sages. D’ailleurs, le public est profondément convaincu que lorsque la communauté scientifique s’exprime, c’est la Science qui s’exprime. C’est, avec la religion, le seul domaine où se produit une telle réaction.

L’expression syndrome de la blouse blanche n’existe pas inutilement. Il n’y a pas que le stress induit chez le patient qui fait remonter sa pression artérielle lorsqu’il visite son médecin.  De grandes agences de publicité ont compris depuis longtemps qu’il suffit d’affubler un comédien d’une blouse blanche avec un stylo à la poche et un document en mains pour que le message qu’il livre sur la qualité de tel ou tel médicament soit crédible aux yeux de l’acheteur éventuel.  Les scientifiques de nos temps modernes sont en fait les Anciens consultés par les tribus des temps plus primitifs, ils sont les Oracles des temples grecs, les Sages, et cette perception souvent inconsciente leur donne une formidable crédibilité.  Mais récemment les choses ont commencé à changer…

Les changements climatiques

Doit-on parler de réchauffement global ou de changements climatiques, doit-on dire qu’il s’agit des résultats de l’activité humaine ou d’un cycle naturel ou les deux ? Dans l’histoire moderne de l’humanité, c’est la première fois que les hommes de science ont dû descendre dans la rue et s’exposer à la mitraille. Ils n’ont guère apprécié que s’étale au grand jour la fausse homogénéité de leur pensée.  Pour la première fois, une situation qui relève de la pensée scientifique allait avoir des conséquences directes sur le way of life de tous et chacun. Tant qu’ils se battaient avec des particules invisibles et inutiles aux yeux des gens, cela n’affectait nullement leur crédibilité.

L’émission de gaz à effet de serre qui accroît le réchauffement global de la planète devient le sujet de prédilection des acteurs de l’environnement. Il est sorti des laboratoires pour se hisser au top 10 du palmarès des choses à discuter sur la place publique. Al Gore aux États-Unis produit un film sur la question et on le critique vertement parce qu’il n’a aucune formation scientifique reconnue, ce qui donne de l’air aux anti-environnementalistes, mais qui, à leur tour, brandissent le livre de Michael Crichton (5), écrivain de science-fiction prolifique décédé en 2008, et qui n’a pas davantage de formation scientifique que son opposant. En réalité, derrière chacun de ces protagonistes se tient une cohorte de scientifiques cités évidemment comme étant les plus grands cerveaux de la planète et qui, de toute évidence, se montrent incapables de s’entendre. Chacun des camps accuse l’autre de fourberies, de mensonges, et en prêtant attention aux propos qui sont tenus, vous découvrez rapidement que c’est un copier-coller des arguments habituellement réservés aux pontifes de la religion et aux doctrinaires de la politique. Ce qui donne à penser que la Science ne s’exprime jamais, ce sont les scientifiques qui le font et qui, au surplus, ne s’entendent pas. Il y a bien quelques lois immuables, pour le moment, qui viennent à leur secours, mais en général il n’y a pas une pensée scientifique. C’est un mythe.

Pour revenir à notre exemple, les gens qui ne détiennent aucune formation scientifique pour se faire une opinion valable sur la question des changements climatiques, ses causes et ses effets réels, citent invariablement les propos de tel ou tel autre scientifique dont les études démontrent forcément que tel et tel autre scientifique a complètement tort et inversement. Pourtant on parle de science ici ! On se demande, dans un tel cas de figure, où sont les mécanismes cartésiens les plus exigeants de la planète en matière de méthode d’accès à la preuve rigoureuse et formelle ! Ils sont allés rejoindre les plaidoyers politiques et les sermons religieux ! Dans les deux camps. Mais on n’y voit que du feu et on s’accommode avec le camp des scientifiques qui réconfortent dans un cas ou qui inquiètent dans l’autre et on ignore les voisins d’en face ! Une fois de plus, c’est la croyance qui prédomine et donne le ton aux échanges. On ne veut pas que les changements climatiques existent, on ne veut pas que l’homme en soit le responsable ou alors on ne veut pas que les changements climatiques soient une fiction et on ne veut pas que l’homme en soit disculpé. Pour des raisons politiques, sociales, économiques ou autres.

Comme quoi la rigueur scientifique est un mythe lorsque des intérêts autres que la connaissance pure sont en jeu ![2] Ce que semble avoir démontré avec brio un des leurs ! Comme vous allez vous en rendre compte, ils ne sont pas tous aussi brillants qu’on pourrait le croire. En fait, ils furent humiliés un jour, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. L’affaire a fait du bruit, mais fut rapidement oubliée.

L’Affaire Sokal

En 1996, le professeur de physique de l’Université de New-York, Alan Sokal fit paraître dans le très sérieux magazine Social Text, un article intitulé : Transgression des frontières vers une transformation herméneutique de la gravité quantique.

Il faut lire ici qu’il s’agit d’un article portant sur…. oh, et puis non. Nous renonçons à vous l’expliquer puisque nous sommes incapables au départ de comprendre ce dont il s’agit…No us n’avons pas les connaissances scientifiques nécessaires pour décrypter le sens de sa thématique. Nous n’oserions pas. Ce qui n’est pas le cas de ceux qui, tout au contraire, maîtrisent parfaitement ce jargon. Eux savent très bien ce qu’est la transgression des frontières vers une transformation herméneutique de la gravité quantique. C’est une seconde nature, ça leur colle à la peau et bien sûr l’article reçut l’éloge de plusieurs grands noms du domaine scientifique. Ils étaient vraiment impressionnés !

Or, quelques semaines plus tard, Sokal éventa la fraude. Son article ne faisait aucun sens. Aucun. Ce n’était qu’un ramassis d’idioties, constitué de déclarations stupides, ridicules et absolument non fondées et le tout rédigé par contre de manière à flatter l’ego sur-dimensionné des artisans du Haut Savoir.  Vous avez bien lu : La transgression des frontières vers une transformation herméneutique de la gravité quantique n’était que de la frime. C’était une grosse farce !

Dans une attaque dévastatrice, Sokal lance que si les éditeurs de ce magazine très sérieux avaient été compétents et méticuleux, ils auraient compris dès le premier paragraphe de cet article très long, qu’il ne faisait aucun sens. Sokal explique qu’il a produit ce canular parce qu’il était inquiet de voir le déclin des standards intellectuels et de la rigueur scientifique.

À cela, il est possible d’ajouter qu’il existe donc au sein de la communauté scientifique un mythe voulant qu’Hors de la Science point de Salut, mais qu’en ces murs tout est permis ! Sokal s’en prend au dogme, à l’hégémonie de la pensée intellectuelle. Il explique avoir utilisé dans son article des concepts scientifiques et mathématiques associés à… la psychanalyse et qu’un lecteur moindrement intelligent, sans aucune formation académique, aurait trouvé bizarres. « Personne n’a réagit, dit-il, à l’incongruité de mon texte, il est passé comme une lettre à la poste. » (6)

Ce qu’on peut surtout retenir de l’Affaire Sokal, c’est qu’une communauté quelconque, philosophique, politique ou scientifique n’est pas à l’abri d’un manque total d’objectivité. En d’autres termes, si des savants experts croient que leur hypothèse est la bonne, non seulement refuseront-ils même d’entendre un avis contraire, mais pis encore, ils écouteront avidement n’importe quel imbécile qui applaudit et admire leurs énoncés. Bref, les scientifiques ne sont pas plus objectifs que ceux qu’ils accusent d’être subjectifs lorsqu’ils défendent des théories qui ne correspondent pas à leurs vues et selon Sokal, cela vaut pour tous !  Mais heureusement, ils ne sont pas tous ainsi.

Michio Kaku

Ne soyez pas étonné, mais cette fois, nous n’allons pas parler d’un savant rejeté par ses pairs pour ses idées extravagantes, mais plutôt d’un homme de science, un physicien théoricien engagé dans la Théorie du Tout. Il a des idées folles et extravagantes qui devraient lui aussi lui valoir le bûcher de l’Inquisition scientifique et pourtant, personne encore n’a osé le contredire ou se moquer de lui et pour cause.

Le docteur Michio Kaku est l’un des auteurs de la théorie des Supercordes qui attise actuellement l’intérêt de tous les spécialistes de la physique théorique et de la physique quantique et qui consiste à découvrir une équation qui, pour citer Einstein, résume la pensée créative de Dieu. Le docteur Kaku est responsable du Henry Semat Professorship en physique théorique à l’Université de New-York. Conférencier international, auteur de plusieurs ouvrages, il a gradué premier de Harvard en 1968. Son but est de faire avancer la Théorie du Tout que Einstein était à compléter au moment de sa mort en 1955.

En dehors des aspects extrêmement complexes de la physique théorique, le docteur Kaku sait parler aux gens dans un langage plus familier. Il aime répéter que la solution ou la réponse à nos questions les plus exotiques nécessite une nouvelle physique, de nouveaux principes et de nouvelles mathématiques, ce que soutenait Mack, et que c’est ce qu’ils sont en train de réaliser.

Kaku prétend que l’univers n’existe pas sous la forme conventionnelle qu’on lui prête habituellement et qu’il s’agit plutôt d’un Multivers. (7) Une bulle dans l’eau bouillante ! Il parle d’univers parallèles dans lesquels l’Angleterre est envahie par les Nazis, parce que Churchill n’aurait pas existé dans ce dernier, avec autant d’aisance qu’un cuisinier décrit sa recette de bœuf Strogonoff. Il parle des différents types de civilisations extraterrestres comme s’il s’agissait d’un parc zoologique et considère que le type de civilisation extraterrestre qui pourrait s’intéresser à la Terre est à ce point évolué que nous ne saurions jamais qu’ils sont ici, à l’image des hommes-singes qui ne comprendraient rien sur l’origine ou l’identité d’astronautes débarqués sur leur sol. 

Comment se fait-il que Kaku résiste si bien à l’élimination par ses pairs ? Parce que, fort heureusement pour lui, la cosmologie quantique n’est à la portée que de quelques élus qui, malgré leurs opinions divergentes, ont assez de classe entre eux pour ne pas s’entretuer et de la sorte mettre en péril cette nouvelle science toute récente. Pour le moment !

La carrière de chercheur dans le domaine des anomalies est jalonnée de nombreux épisodes de frustration profonde difficiles à expliquer. Pourquoi les hommes de science ne prennent-ils pas le temps, quelques instants seulement, pour fouiller un peu plus, regarder, là, sous leur nez qu’il y a une très bonne raison de poursuivre la recherche ?  Parce qu’avant même d’y penser, ils sont convaincus qu’un intérêt quelconque pour les anomalies est un discrédit immédiat. Il n’y a pas que les scientifiques qui sont atteints de ce mal répandu, les journalistes également. Particulièrement lorsque des anomalies sont au cœur du sujet à traiter.

 

La suite au prochain numéro …

 

 

RÉFÉRENCE ET DOCUMENTATION

 

Chapitre 2- L’exclusion des hérétiques

(4) LANCE, Pierre (2001). Savants maudits, chercheurs exclus. Presses de Valmy, puis Éditions Trédaniel (2003-2006).

(5) CRICHTON, Michael (2004). État d’urgence. France Loisirs. On retrouve cette note à la fin de son ouvrage : « Ceci est une oeuvre de fiction. Les personnages, entreprises, institutions et organisations de ce roman sont l’œuvre de l’imagination de l&#39, auteur, ou, si les auteurs sont réels, ils sont utilisées de manière fictive sans aucune intention de décrire leur comportement réel. »

(6) SOKAL, Alan D. et Bricmont, Jean (1997). Impostures intellectuelles. Éditions Odile Jacob.

(7) KAKU, Dr Michio (1997). Visions… Albin Michel. Notre entretien téléphonique avec le docteur Kaku fut une révélation, à l’effet qu’il existe encore de véritables chercheurs, de grands chercheurs, dont le nom demeurera gravé dans la pierre et la mémoire.

 

[1] Le plasma de Quinton aurait été réintroduit par certains naturopathes au Québec.

[2] Ce qui est le cas de la très grande majorité des recherches scientifiques… subventionnées. Elles le sont toutes !

 

 

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