Il n’y a rien d’égoïste à s’aimer
Aimer ! Quel grand mot rempli de conséquences, surtout quand il s’attaque à… l’amour de soi… ! Et pourtant, n’est-ce pas la quête ultime de toute une vie ? En réalité, on ne fait que cela à la journée longue : chercher l’amour… « Arrête d’être égoïste ! Pense un peu aux autres au lieu de ne penser qu’à toi ! C’est les autres qui sont importants, pas toi ! » Un de mes amis infirmiers maintenant à la retraite me confiait que dans le temps, on lui rabâchait les oreilles à tous les matins avec cette consigne : S’oublier pour soulager.
Cette recherche constante de l’approbation d’autrui, avec l’amour qui en découle, ne correspond pourtant qu’à un premier niveau d’évolution, un niveau où reste confinée une grande partie de l’humanité. Ginette Reno, cette chanteuse bien connue au Québec, interprète avec brio une excellente chanson intitulée L’essentiel c’est d’être aimé. Je suis d’accord, c’est bien beau être aimé, mais à quel prix ? Souvent ce prix, c’est la soumission, la dépendance envers des êtres dont a maladivement besoin de l’amour, l’oubli de soi et de ses besoins affectifs fondamentaux.
Combien de femmes ont reçu une éducation qui les a amenées à se désintéresser d’elles-mêmes et à mettre toutes leurs énergies à se faire aimer de leur mari et de leurs enfants ? Combien d’hommes ont éteint leurs rêves les plus chers pour se conformer à l’image du mâle idéal, viril et sans émotion, qui leur était imposée par la société ? Combien de fois ai-je été infidèle à moi-même et à mes besoins fondamentaux pour répondre aux attentes des autres ? Tout cela pour être aimé, pour ne pas être jugé et pour devenir inconsciemment esclave de l’amour des autres.
Cette propension à vouloir être aimé à tout prix est une étape que nous traversons tous, mais qui doit être dépassée. Lorsque c’est fait, nous pouvons toucher à la phase deux de notre quête d’amour : celle de l’adulte; pas par l’âge, mais par le cœur. Cette phase consiste à aimer les autres sans rien attendre en retour. Certains parleront d’amour inconditionnel, un idéal que l’on peut se fixer, mais qui restera chimérique. Je l’ai déjà dit, il s’agit d’un objectif impossible à atteindre pour la majorité des humains.
Chaque étape de notre développement requiert la poursuite d’un but, même si celui-ci est utopique. De par sa nature animale, l’être humain n’accomplit que des gestes qui sont motivés par un intérêt quelconque. Cet intérêt peut être d’ordre personnel, financier ou relationnel, mais il est constamment présent. Qu’on l’admette ou non, l’espoir de quelque chose en retour est toujours présent derrière nos plus louables intentions.
Ne jouons pas à l’autruche. Regardons les gens qui se disent mus par l’amour inconditionnel. La plupart agissent inconsciemment dans le but d’être appréciés pour leurs gestes humanitaires. Ce qui nous ramène à la case départ : être aimé ! L’amour dit inconditionnel se résume à ceci : aimer l’autre pour ce qu’il est, et non pas pour ce qu’il peut nous apporter. Éprouver un amour sans borne pour une personne malgré sa haine ou son indifférence à notre égard. Aimer un être sans qu’il le sache et sans attendre quelque remerciement ou quelque marque d’appréciation que ce soit de sa part. Aimer d’abord sa partie divine, même si elle semble absente ou qu’elle est cachée dans un coin sombre de son être. Tout un programme, n’est-ce pas ?
Et maintenant, pouvez-vous encore vous regarder dans une glace, droit dans les yeux, en vous faisant croire que vous aimez de façon inconditionnelle ? Si oui, bravo ! Mais désolé ! Je ne vous crois pas.
Si une personne se rapproche réellement de cet amour inconditionnel, le mot pardon devient rapidement vide de sens. Personne n’est mauvais à ses yeux et personne ne mérite la disgrâce. Si nous en sommes encore à l’étape de vouloir pardonner à quelqu’un, c’est que nous le jugeons. Et le jugement appartient au monde de l’ego, au royaume du mental qui se situe complètement à l’opposé de l’amour inconditionnel. En passant, si l’on décompose le mot jugement, on obtient ceci : le juge ment ! Juger, c’est mentir ; se juger, c’est se mentir. Mignon, n’est-ce pas ?
Lorsqu’un être a accédé à la deuxième phase de l’amour, la troisième commence déjà à se pointer à l’horizon. Il apprendra alors à s’aimer soi-même, à s’apprécier comme il est, se féliciter de ses bons coups, tirer expérience de ses moins bons… C’est le niveau d’amour le plus sublime qui soit. Lorsqu’on l’a atteint, les deux premiers niveaux deviennent périmés : ils sont contenus dans le troisième. Si l’on arrive à s’aimer soi-même suffisamment, profondément et sincèrement, on n’aura pas besoin de l’amour des autres pour combler nos vides affectifs.
Nous n’en aurons plus de toute façon, car nous seront déjà plein d’amour pour soi, et cet amour débordera de tous bords, tous côtés. Notre pire problème sera alors de trouver des gens avec qui le partager.
La maîtrise de sa vie et le bonheur passent obligatoirement par l’amour de soi. L’homme heureux est rempli d’amour de soi. Il ne ressent donc plus le besoin viscéral d’être aimé. Mais si cela se produit, il considère cela comme un cadeau divin, un clin d’œil amical que lui fait la vie. Il n’aime jamais les autres par obligation. Étant en contact avec leur Esprit et non leur ego, il les prend comme ils sont et ne cherche pas à les juger. S’il ne se juge pas lui-même, pourquoi le ferait-il avec les autres ? Et si ces derniers le jugent, il ne leur en voudra même pas. Car il sait que ces gens sont encore des enfants impulsifs, ignorant leur affiliation divine.
L’acceptation de soi, avec toutes ses facettes, est la clef de la sagesse. C’est cet amour qui émane des plus grands maîtres de la terre, vous savez ces maîtres généralement inconnus de la population, et qui n’ont pas de disciples officiels ! Si vous voulez déjà commencer à pratiquer cet amour, ne vous gênez surtout pas. Vous épargnerez ainsi le temps que vous auriez mis à atteindre les deux paliers précédents. Comment allez-vous vous y prendre ? Demandez-le à votre maître intérieur, votre Esprit. Il s’empressera de vous mettre sur la piste, vous verrez.
Il vous le fera savoir la prochaine fois que vous passerez devant une glace, le matin, les cheveux ébouriffés.
Il vous incitera à vous dire que vous vous aimez comme ça.
Il vous fera accepter les imperfections de votre corps en vous expliquant que vous avez choisi votre véhicule tel qu’il est maintenant et que c’est avec cette petite merveille qu’il veut vivre.
Il vous fera remarquer que votre corps est un écrin magnifique dans lequel se cache la perle que vous êtes.
Il vous fera accepter vos erreurs et vous dira comment les transformer en expérience positives.
Il vous suggérera de prendre du temps pour vous, sans vous sentir coupable ou égoïste.
Il vous incitera à vous débarrasser de vos croyances limitatives ou désuètes. Qu’elles soient d’ordre religieux, familial ou sexuel, ces barrières vous empêchent de jouir pleinement de votre corps, ce temple de l’énergie divine créatrice trop souvent endormie.
Il vous demandera de toujours vous accorder la première place dans votre vie. Il vous fera comprendre que vous êtes un être unique et que le plus beau cadeau que vous puissiez vous offrir, c’est de vous aimer comme vous êtes.
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