Incursion fictive dans le passé
Ce texte de Jean Casault est une fiction à message. Devinez lequel !
Riverside, Iowa, USA.
Au niveau 4 des installations souterraines de TTEE (Time Travel Experiments Entreprise), plusieurs scientifiques du monde entier, dont des historiens, des théoriciens quantiques et de nombreux techniciens formés depuis 12 ans afin de maîtriser cette technologie fabuleuse permettant de voyager dans le temps, se préparent pour un nouveau saut. Un Time Quantum Leap de niveau 1 cette fois.
La mission des chrononautes est de se déplacer d’abord dans une zone non pas temporelle, mais spatiale, dans une ville du Grand Manchester au Royaume-Uni dans la ville de Sale. Ce déplacement implique non seulement le personnel actif, mais aussi tout un assortiment de produits destinés à mener à bien l’expérience.
Le sujet visé est le physicien James Prescott Joule et le déplacement temporel vise l’année 1870.
Les incursions antérieures étaient uniquement destinées à observer si la technique que nous utilisons n’a aucun impact sur les années subséquentes, comme on l’entend souvent.
Un Time Quantum Leap de niveau 1 implique que toutes les personnes du siècle qui seront impliquées dans l’expérience seront exposées chacune à leur tour à un gaz inodore et invisible nouvellement mis au point par l’équipe de biochimistes de TTEE. Notre propre équipe sur le terrain s’injectera discrètement un antidote rendant le gaz inerte sur eux. Par contre, tous les autres ressentiront une grande fatigue et ils seront alors invités à retourner chez eux et, chemin faisant, vont s’effacer tous les détails de ce qu’ils ont vu et entendu à leur réveil. L’oblitération sera complète et si dans un futur éventuel des éléments disparates surviennent, ils seront perçus comme de mauvais rêves.
La capsule temporelle fonctionne selon le principe de l’Apex. Nos astronomes et astrophysiciens ont calculé avec une précision extrême la position que la Terre occupait le 19 janvier 1870 à minuit, heure du Royaume-Uni.
Comme chacun le sait depuis la publication des travaux du TTEE, l’espace retient intacte pendant plusieurs siècles une sorte de membrane invisible faite d’énergie résiduelle du passage de tout corps physique. C’est après des décennies de recherches, dont les coûts se sont élevés à 3000 milliards de dollars, que le TTEE international avec nos chercheurs américains, russes, asiatiques, européens, africains et océaniens ont pu construire une série d’appareils d’une sensibilité absolue de 10 sur l’échelle de Kirlian, soit le couple de Semyon et Valentina Kirlian qui ont découvert, les premiers en 1939, la technique de fabrication.
C’est ainsi que nous avons pu réussir en 2045 notre premier voyage temporel. À bord d’une navette de type Tesla-Virgin, nous nous sommes déplacés là où la Terre se trouvait l’année précédente. En activant le défibrillateur de fréquences TTEE-110, la Terre est devenue visible sous les yeux ébahis de nos pionniers. Ils ont pu se poser, sachant toutefois qu’ils devaient se maintenir en sustentation permanente, cette Terre n’étant pas suffisamment dense pour permettre une véritable présence physique. Cela dit, nos équipements anti-gravité appliqués à l’ensemble de notre matériel, dont bien sûr les vêtements des chrononautes, leur permettent d’évoluer normalement comme s’ils marchaient sur le sol. Bien qu’ils puissent traverser portes, murs et autres, ils agissent comme s’ils étaient sur Terre et … attendent qu’on leur ouvre. Ce fut un succès gardé ultra secret jusqu’au dévoilement officiel des capacités du TTEE international en 2058 comme chacun le sait.
La mission
Nous allons passer maintenant au déroulement de la mission alors que les chrononautes ont réussi à s’installer durant la nuit, débarquer leur matériel et s’installer dans un entrepôt désaffecté, localisé au cours de missions précédentes avec également les lieux où se trouveraient les cibles, dont la principale.
L’impact créé est lié au questionnement intense que va créer chez des scientifiques de cette époque l’utilisation de nos piles solaires, d’une caméra 3D et bien sûr d’un écran de cinq mètres déroulé devant les cibles EN SUSTENTATION DANS LE VIDE. La caméra filmera ces derniers qui se verront en 3D sur cet écran de définition 16k.
L’étude de Joule sur la nature de la chaleur et sa découverte de la relation avec le travail mécanique l’ont conduit à la théorie de la conservation de l’énergie. Puis, il a énoncé une relation entre le courant électrique traversant une résistance et la chaleur dissipée par celle-ci, appelée depuis la Loi de Joule. Enfin, il a travaillé avec Lord Kelvin pour développer l’échelle absolue de température et a étudié la magnétostriction. En 1850, il devient membre de la Royal Society. En 1852, il est lauréat de la Royal Medal et, en 1870, dans quelques mois, il va recevoir la médaille Copley. Dans le système international, l’unité de l’énergie et de la quantité de chaleur porte son nom : le joule.
Nous devrions donc avoir des échanges fascinants avec un tel homme, contrairement à un ignare de son époque qui s’effondrerait de peur.
Alors qu’il se croit invité par un collègue londonien à assister à une expérience de transfert de chaleur, il se retrouve avec William Henry, chimiste, et les ingénieurs Peter Ewart, Eayon Hodgkinson et John Davies qu’on peut considérer comme ses disciples en sciences.
Leur visage se décompose en voyant le panneau solaire près d’une fenêtre, cet objet incongru monté sur trois pieds d’un mètre 50 et surtout cette forme noire de plus de cinq mètres de large et trois de haut et qui semble flotter dans les airs.
Avec des sourires gênés, le doigt pointant cet équipement, ils demandent de quelle sorte de magie il s’agit. Est-ce un truc de ce fameux magicien hongrois Joseph Velle ? Ou Georges Méliès, réplique William Henry, ce à quoi John Davies ajoute, pour la forme, Auguste Lumière. « On raconte qu’il a fait fuir des gens de la tente sous laquelle il aurait fait APPARAÎTRE UN TRAIN. »
Hodgkinson le corrige. « Mais non, c’était une projection de lumière sur une toile et ce panneau luisant ne… »
C’est alors que nous avons mis en marche la caméra et que l’image des cinq hommes est projetée live en couleurs et en très haute définition, reproduisant évidemment chacun de leurs gestes.
L’expérience s’est révélée quelque peu décevante. Il n’y eut aucun cri, aucune exclamation. La bouche ouverte, les yeux ronds, tâchant plus que jamais de conserver sauve la réputation de leur flegme légendaire, ces gens de science ne purent dire un mot, pas même un appel à Dieu, pour contenir cette diabolique sorcellerie.
Nos psychologues très attentifs à leur comportement furent tous d’accord : « Ils sont à ce point subjugués que leur cerveau est en train d’occulter le tout, à se demander si le gaz sera nécessaire. Ils sont silencieux, mais leur questionnement, celui que nous attendions, ne sera jamais articulé. Ils sont tous en train de nier ce qu’ils voient. Ils feraient tout au monde pour que ce qu’ils voient disparaisse et, bien honnêtement, je crois que si nous ne voulons pas que ces hommes soient psychiquement endommagés au-delà de toute cure de leur époque, il vaudrait mieux arrêter cela tout de suite et lancer le gaz.
Ce que nous fîmes.
En d’autres temps, d’autres lieux, nous aurions été virtuellement massacrés.
La prochaine expérience aura lieu au cours des années 1990 dans un petit village d’Arizona, sans doute Sedona. Avec la complicité de nos amis de Céleb 3, nous allons faire atterrir un vaisseau d’exploration à proximité de leurs habitations, aux petites heures du matin. Les Célebiens, connus pour leur physique humanoïde très peu avenant, devraient nous donner une indication de l’accueil terrien dans ces années du 20ème siècle.
Cela dit, nous ferons en sorte que les militaires du secteur ne soient pas conscients de l’expérience, afin d’empêcher tout débordement comme l’indiquent nos archives du temps.
Mais en réalité, n’est-ce pas ce que nous, les expérienceurs, vivons chaque fois que nous racontons notre vécu à des gens qui reculent de peur, d’indifférence ou de cynisme ?
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