LA MATURITÉ : UN CADEAU INESTIMABLE

(1ère partie)

Dans mon livre/CD de chansons ayant pour titre MATURITÉ, je décrivais les avantages que l’on a à prendre de l`âge. En voici un bel aperçu afin que vous cessiez d’avoir peur de vieillir…

LA MATURITÉ

La maturité, c’est quand un homme âgé

Se permet de renaître

Qu’il ne fait plus semblant

Qu’il redevient enfant

Ne cherche plus à paraître

Bien des gens que l’on dit d’un certain âge tombent trop facilement dans le subtil piège de la sécurité. Au fil des jours et sans trop s’en rendre compte, ils se glissent confortablement sous la rassurante couette de leur passé et s’y confinent pour le reste de leurs jours. On peut toujours aller sous la couette, mais il faut savoir en sortir avant qu’il ne soit trop tard et qu’on s’y sente un peu trop bien. Alors, bien au chaud sous cette « doudou » moelleuse, ces gens risquent de s’endormir pour toujours et de disparaître précocement.

N’est-ce pas le lot de maints quinquagénaires qui, à un tournant crucial de leur existence, se retrouvent à la croisée des chemins, l’un menant à une nouvelle vie et l’autre à la mort certaine ? Pour les personnes à la conscience et à l’ouverture spirituelle particulièrement élevées, la maturité acquise pendant la première partie de leur vie servira de catalyseur pour la suivante. Elle deviendra par le fait même un terrain propice à une renaissance par l’acceptation totale du passé et l’assurance d’un avenir prometteur.

Je le reconnais, renaître à cinquante ou soixante ans n’est pas une sinécure. Je parlerais plutôt d’un immense défi. À la mi-temps de sa vie, n’est-il pas plus facile de se vautrer dans ses souvenirs, bons ou mauvais, et de se figer dans ce que l’on a été plutôt que de reprendre la barre de son navire et de le diriger de main de maître vers de nouvelles aventures, libre cette fois de notre temps ?

Renaître, c’est utiliser l’ancien pour créer le nouveau. C’est se mettre résolument à se servir de l’expérience de nos supposées erreurs – qui ne sont en fait que des expériences qui n’ont pas eu le résultat escompté – pour devenir une nouvelle personne, meilleure, plus heureuse et plus forte, donc plus consciente de ce qu’elle est venue accomplir sur terre. Quand on a compris, puis accepté l’ampleur du défi qui nous attend, on cesse enfin de se morfondre dans l’ombre de ce qu’on a été et l’on renaît ainsi de ses cendres.

Durant cette deuxième moitié de vie où les obligations sociales se font généralement plus rares, on compensera souvent le besoin de se faire valoir aux yeux des autres par une reconnexion avec notre cœur d’enfant. On verra par exemple s’élever en nous de soudaines envies de jouer, de s’amuser, de faire des choses qu’on avait cessé de faire auparavant. L’enfant en soi prendra alors toute la place laissée vacante par l’adulte qui s’est débarrassé de ses masques devenus désormais inutiles. On dira de nous que nous sommes retombés en enfance, ce qui n’est pas tout à fait faux. De plus, la personne réellement mature n’aura plus de temps à perdre à faire croire aux autres qu’elle est différente d’elle-même. Elle pourra enfin montrer sans pudeur son vrai visage, ne cherchant plus tant à paraître qu’à « être ».

La maturité, c’est quand un homme usé

Par toutes ses conquêtes

A connu bien des morts

Mais est ressorti plus fort

De toutes ses tempêtes

L’usure du temps est un concept fort intéressant à étudier. Au fait, est-ce vraiment le temps qui use l’homme ou serait-ce plutôt ce dernier qui s’use lui-même à force de vouloir gérer ce fameux temps qui lui glisse de toute façon entre les doigts ? Regardons ça de plus près si vous le voulez bien.

Nous naissons tous avec un certain esprit de conquérant. Qui n’a pas un jour cru pouvoir, ou pire, devoir changer le monde ? Cette propension à vouloir à tout prix transformer les choses existantes à son avantage explique peut-être le fait que plus l’humain avance dans la vie, plus il tente par tous les moyens de conquérir de nouveaux territoires, de connaître de nouvelles personnes, de poursuivre de nouvelles quêtes. Il arrivera, certes, que certaines batailles le fatigueront plus que d’autres. Mais cela ne l’arrêtera pas pour autant. Après s’être reposé – le fameux repos du guerrier – il reprendra aussitôt du service et repliera tout de go ses manches pour repartir à la conquête de nouvelles terres. N’est-ce pas là la nature profonde de nos racines personnelles ?

Les premières décennies de notre vie passeront ainsi à délimiter notre territoire, puis à le bâtir à notre image, contre vents et marées, après quoi on s’apercevra que tous les efforts déployés à conquérir les autres nous ont usés à la corde et que, pendant tout ce temps, on a oublié de s’occuper de la personne la plus importante au monde, soi-même ! L’homme qui atteint la maturité se rend vite compte que les interminables batailles qu’il a menées pour s’approprier biens et personnes autour de lui n’étaient qu’illusoires et n’avaient au fond pour but que de se donner de l’importance au détriment des autres.

Lorsqu’il aura cessé de vouloir prouver sa supériorité au monde entier, l’apprenti sage réalisera que chacun des échecs qu’il a connus dans le passé s’est produit parce qu’il avait cessé d’avancer, qu’il avait négligé, par fatigue, par manque de courage ou de détermination, de faire les petits pas de plus qui font souvent toute la différence entre un perdant et un gagnant. J’écrivais à ce sujet dans un de mes bouquins : « L’échec n’existe pas, il n’y a que des gens qui ont cessé d’avancer ». Chaque deuil vécu, petit ou grand, se veut une occasion en or de se propulser vers une nouvelle vie, si l’on s’en donne la chance évidemment. Dans ce cas, lorsque l’émotion sera passée, l’homme nouveau réalisera qu’il est ressorti de son expérience difficile plus sage, plus fort et plus près de lui-même.

Si nous demeurons un tant soit peu à l’écoute de soi, toutes les tempêtes traversées durant notre existence nous inviteront à nous remettre constamment en question, nous donnant l’occasion à chaque fois de nous réinstaller solidement à la barre de notre navire et de raffiner nos techniques de navigation parfois obsolètes. S’il n’est pas tombé dans le piège de devenir une victime éplorée de la vie, l’être conscient et mature sera en plus mû par une continuelle gratitude. Au lieu de maudire la vie, il la remerciera constamment de lui avoir fait traverser toutes ces tempêtes qui ont eu pour effet de le rendre plus fort aujourd’hui et de rehausser sa valeur personnelle. L’usure du corps sera alors compensée par la vivacité d’esprit, laquelle le propulsera inexorablement vers sa renaissance.

La maturité c’est quand on sait s’aimer

Comme on est, comme un maître

Et que l’amour d’autrui

N’aie jamais à combler

Les vides de notre être

Un des signes incontestables de l’apparition en soi d’une certaine maturité digne de ce nom se manifeste dès qu’on commence à s’aimer comme on est. Durant la première moitié de notre vie, on s’est plus souvent qu’autrement battu contre soi-même, contre les contradictions de nos croyances avec celles des autres, contre les imperfections de notre corps, contre nos fantasmes dérangeants, contre cette sève inattendue qui s’élève parfois en nous sans crier gare. À la mi-temps de l’existence, on réalise, parfois avec effroi, parfois avec soulagement, l’étendue de notre vulnérabilité. L’ego en prend pour son rhume, d’ailleurs. On cesse de se battre inutilement contre ce que l’on sait ne jamais pouvoir changer de toute façon.

Pendant ses années d’apprentissage, l’être humain essaie de devenir une personne différente de lui-même. Il rame souvent à contre-courant et pose des gestes qui ne reflètent pas toujours sa véritable nature. Devenu le moindrement mature, il pourra constater toutes les améliorations que lui ont apportées ses expériences de vie. Peu à peu, il cessera de se croire poussière, comme on le lui a enseigné autrefois – tu es poussière et tu retourneras en poussière – et il commencera enfin à s’apprécier à sa juste valeur, à voir sa propre lumière intérieure au lieu de ne s’attarder qu’à son ombre.

Avez-vous remarqué l’étincelle qui brille dans les yeux des gens âgés qui vieillissent bien et en sagesse ? Les autres – ceux qui sont vieux en dedans, comme le raconte ma chanson La peur de vivre – semblent avoir constamment la mort dans l’âme. On vieillit comme on a vécu, cela est un fait indéniable. L’attitude qu’on aura su cultiver durant notre vie, de notre naissance à aujourd’hui, de même que la vision de soi qu’on se sera façonnée se refléteront en nous jusqu’au plus profond de notre être.

On est également tous le maître de quelqu’un. Il peut s’agir d’amis, de nos enfants, de personnes qui admirent ce que nous sommes. En effet, qui peut être assuré qu’il n’a jamais servi de modèle à un autre être humain, et cela à son insu ? Même les pires malfrats ont peut-être été à leur manière des modèles pour les autres, ne serait-ce que pour leur détermination ! À la maturité, nous commençons à voir et à aimer ce qu’il y a de plus beau en nous, au lieu de nous attarder, comme avant, à nos côtés négatifs.

Lorsqu’on ne s’aime pas suffisamment, on cherche malgré soi à remplacer nos manques d’affection et de tendresse par l’amour d’autrui. C’est comme si l’on avait creusé de profondes tranchées autour de nous avec les années et qu’on ne réussissait jamais à les remplir suffisamment par soi-même pour se sentir bien et totalement comblé. Tout cela est causé, vous devez bien vous en douter, par le simple fait qu’on ne s’aime pas assez. On cherche alors constamment dans notre entourage la présence de gens qui feront le travail de remplissage affectif à notre place. La dépendance affective, vous connaissez ?

Certes, cela pourra apaiser momentanément notre manque d’amour, mais, comme vous pouvez bien le deviner, tout cela ne durera malheureusement que le temps d’un soupir. Lorsque notre bonheur dépend presque uniquement de l’attention qu’une autre personne nous donne, nous sommes peut-être comblé si elle est là pour nous soutenir, sinon nos vides nous paraissent encore plus immenses et d’autant plus désespérants.

La véritable maturité apporte un certain équilibre dans le domaine de nos dépendances affectives. Reconnaissant ce processus de remplissage affectif par le monde extérieur, on peut le remplacer par une hausse de l’amour de soi, par exemple en s’offrant plus souvent de petits plaisirs de soi à soi ! Ce faisant, nous ne compterons plus constamment sur les autres pour nous remonter le moral, car nous aurons acquis la sagesse de le faire tout seul par des moyens simples. Les amis, les amours ne seront plus des compléments à notre bonheur, mais des suppléments.

La maturité, c’est quand nos vieux souliers

Peuvent fouler toutes les terres

Sans jamais essayer

Sans vouloir tout changer

La beauté de ces êtres

Comme on l’a vu précédemment, une des caractéristiques inhérentes à la jeunesse est de vouloir refaire le monde. C’est tout à fait normal, car à cet âge, l’être est à la recherche constante de sa propre vérité, créant brique par brique les fondements de l’édifice de sa vie d’adulte. Lorsque l’on fait, par exemple, une découverte importante sur soi pendant cette période, elle devient notre vérité bien à nous. On croit alors que c’est LA vérité à laquelle tous devraient adhérer. Dans notre enthousiasme, on s’efforce de la partager avec le reste du monde. À ce moment-là, on est loin de se douter que tous les humains ne vibrent pas au même diapason que nous. L’indifférence de certains amis vis-à-vis de ce que l’on vit pourra nous causer bien des frustrations si l’on garde cette croyance que tout gravite autour de nous. C’est alors qu’apparaîtront nos premières vraies déceptions devant ce manque d’ouverture de certaines personnes, des proches, des parents, qui ne semblent avoir aucunement le goût de suivre nos traces. Le désenchantement et le sentiment d’être incompris s’installent tranquillement. Heureusement, la maturité nous enseignera qu’il y a autant de façon de comprendre une même chose qu’il y a de personnes sur terre.

 

(Deuxième partie du texte au prochain numéro)

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