RENAÎTRE, LE PLUS GRAND DON APRÈS LA VIE
UN JOUR J’OBSERVAIS, avec des collègues, un phénomène étonnant de la nature. Nous étions émerveillés devant une petite fleur, toute frêle, qui avait réussi à se frayer un chemin à travers le bitume pour arriver jusqu’à la lumière du jour. Elle levait fièrement sa tête vers le soleil et semblait nous dire, comme pour nous narguer : « Voyez comme il n’y a rien qui ne puisse être vaincu avec de la patience et de la volonté, et vous… »
LA MYSTÉRIEUSE DYNAMIQUE DE LA VIE
Il faut s’imaginer la lutte qu’a dû mener cette petite fleur pour passer de sa prison obscure à la clarté du jour. Elle savait que si elle ne trouvait pas la lumière, elle allait périr. J’ai compris alors cette mystérieuse dynamique de la vie qui est à la base du destin humain. À travers la volonté de vivre de cette petite fleur, dans sa précarité même, j’ai pris conscience de la force incalculable que représente la vie. Et alors, je me suis mis à penser que nous pouvions tous avoir au cœur une fleur qui cherche désespérément la lumière et qui porte en elle le besoin impérieux d’exister.
Qu’est-ce qui rend possible l’épanouissement d’une semence vitale ? La transformation de cette semence en une plante mature ou encore le développement d’un embryon en un être humain ? C’est la loi de la vie qui s’avère plus forte que la mort, plus forte que toutes les morts quotidiennes. Dans la vie, il y a des forces en marche. Il suffit de les capter. Toute vie, dans son essence même, postule le « mieux-être », voire le « plus-être ».
NOS RESSOURCES POUR VIVRE
Heureusement, nous ne sommes pas démunis en cela. Nous possédons les ressources physiques, mentales et spirituelles pour assumer les épreuves de l’existence. Nous pouvons développer des attitudes qui permettent d’atteindre la paix la plus profonde et qui invitent à prendre ce que la vie nous présente comme si nous l’avions voulu ; à surmonter la peur de la souffrance et de la mort pour retrouver la joie de vivre ; à ressentir l’exaltation de la vie qui s’offre à nouveau après une épreuve et même à éprouver le ravissement d’être vivant et le plaisir d’être soi-même.
LE DÉSIR DE PERSÉVÉRER
Ce qui est premier dans l’être, c’est le désir de persévérer dans la vie. Nous sommes habités par plein de forces. Nous sommes dotés d’une volonté farouche de vivre. Et cela est quelque chose de prodigieux. À certains moments, toute la réussite humaine peut tenir dans cette seule prise de conscience de l’étrange miracle d’être en vie. Dans la seule aptitude à conserver et à développer le souffle qui nous a été octroyé à la naissance, ce même souffle ardent, impétueux, venu de très loin, celui-là même qui a apporté à l’humanité l’admirable force par laquelle elle existe.
La vie est toujours là, prête à nous accueillir. Aussi faut-il tisser le plus de liens possible avec la vie, afin qu’elle ne nous abandonne pas au temps de l’épreuve et du malheur. Quand on s’adapte à la vie, la vie s’adapte à nous et compense pour les ingratitudes du destin. La vie ne se laisse jamais vaincre en générosité. D’où la nécessité d’établir des relations saines, vivantes et directes avec les êtres et les choses. C’est dans le terreau de ces relations que germe l’aptitude à renaître.
Jean-Paul Simard, écrivain
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