La grande aura du Dieu cosmique

Au moment où vous lirez ces lignes, ce sera le printemps et la présence du Dieu créateur vous apparaîtra à travers toute la puissance germinative de l’Univers. Plusieurs l’appellent le Dieu cosmique. Une figure de Dieu très populaire, si l’on en juge par la cohorte impressionnante de personnes pour qui le cosmos représente le lieu expérientiel du divin, voire celui du surgissement de l’invisible. Beaucoup, en effet, font l’expérience du divin à travers la nature, l’Univers, le cosmos.

Qui est le Dieu cosmique ?

Le Dieu cosmique peut être défini comme une sorte d’épiphanie divine perçue comme une « énergie », une « force de vie » qui anime l’Univers. Pour en parler, on utilise volontiers des expressions comme « océan d’unité », « principe universel », « Esprit infini », le « Grand Tout ». Freud appelle ce phénomène le « sentiment océanique ». Il le décrit comme le sentiment d’appartenance à l’universel ou le sentiment de l’unité. On s’efforce de vivre le plus possible en harmonie avec l’Univers pour bénéficier de sa force créatrice omniprésente.

Pour les adeptes de ce type d’expérience, l’Univers est perçu comme un lieu providence, un lieu d’amour et de paix. On s’adresse à lui, on le questionne, on l’interpelle. Comme l’Univers se confond avec l’Intelligence créatrice, on lui adresse des prières. On lui confie sa vie avec la foi que les chrétiens mettent en Dieu. Et de fait, beaucoup s’expriment en ce sens. Une personne formulait ainsi sa prière : « Je demande à l’Univers de mettre sur mon chemin exactement la personne dont j’ai besoin. » Une autre disait : « Je me laisse porter par l’énergie de notre mère Terre. Je me connecte à son cœur, et je deviens créateur de mon univers. » L’Univers est perçu tantôt comme un confident, tantôt comme une divinité bienveillante.

C’est de cette façon que beaucoup se sentent liés, à travers la nature, à quelque chose de plus grand qui les transcende. Et cette transcendance est souvent exprimée en termes religieux. Par exemple, un groupe écologiste affichait ainsi ses couleurs : « La nature est notre religion, la Terre est notre temple ». Une personne intimement associée à l’environnement témoignait ainsi : « Je me sens dans la nature comme dans une cathédrale. »

Certaines expériences spirituelles acquièrent ainsi une portée symbolique. J’entendais un jour un marin expliquer comment la mer représentait pour lui son église. Parallèlement, un alpiniste parlait de la dimension spirituelle et mystique de la montagne, inspirée par son caractère ascensionnel qui invitait naturellement à la contemplation des sommets et au dépassement de soi ; aussi s’approchait-il de la montagne avec vénération. Sans le savoir, il n’était pas loin des grands maîtres de spiritualité, comme Saint-Jean de la Croix, qui concevaient la spiritualité comme le sommet d’une montagne à gravir. Être au sommet de la montagne, n’est-ce pas en quelque sorte se trouver dans le voisinage de la divinité ? Qu’on se rappelle les poètes grecs qui éprouvaient le sentiment profond que les dieux habitaient la montagne sacrée de l’Olympe. Il existe, en effet, un lien privilégié entre le sacré et la nature ascensionnelle. L’idée que la divinité se révèle et doit être honorée dans des lieux élevés a d’ailleurs été partagée par toutes les religions.

La véritable image de Dieu

Cette forme d’expérience du divin est intéressante, mais il faut cependant distinguer entre l’œuvre et son auteur. Croire en une réalité transcendante que l’on appelle Dieu n’est pas la même chose que croire à un dieu réductible à une simple énergie cosmique, une sorte d’entité immanente, un vague « sentiment océanique ». Dieu n’est pas uniquement la mécanique à l’origine de l’Univers, mais il est aussi un Dieu personnel. Il n’est pas « quelque chose » (objet, arbre, cosmos, etc.), mais « Quelqu’un » de vivant. Il demeure que la conscience du divin qui remplit le monde dans ce qu’il a de numineux et d’innommable constitue une voie importante pour aller à Dieu, Auteur de l’Univers, dont le souffle créateur est responsable de l’immense flux d’énergie qui l’anime. 

Jean-Paul Simard

 

Visitez notre page Gratitude

Visitez-nous sur notre page Facebook

 

La grande aura du Dieu cosmique La grande aura du Dieu cosmique