CERTITUDE OU FICTION ? (suite)
En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou
fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes
droits d’auteur, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le
contenu ici sous forme de chroniques mensuelles dans sa revue. J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là
demeure contemporain au niveau de ma pensée.
Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.
Le Cahier de Survie
Mais avant même de se poser des questions existentielles, l’être humain qui, doit-on l’admettre, est un animal[1], va s’assurer de combler ses besoins primaires. Il va remplir le premier des cinq grands Livres de son existence : le Cahier de Survie dont l’instinct dominant est celui de conservation.
Parce qu’effectivement, il doit d’abord survivre ! Il lui faut un toit, des vêtements, de la nourriture et pour cela il doit s’organiser pour les obtenir en travaillant, en quémandant par l’intermédiaire des services sociaux existants ou en se faisant vivre par une autre personne. Qu’importe laquelle de ces options surviendra, rien d’autre n’aura d’importance tant que sa survie ne sera pas assurée. Toutefois, comme on l’observe souvent, contrairement à l’animal, des conditions de survie extrêmes peuvent conduire à l’autodestruction, voire le suicide. Plus cette notion de survie requiert d’énergie, moins il a de temps et d’énergie à consacrer à toute autre considération. Comme le définit Abraham Maslow, (1)[2] le père de la théorie sur la motivation, il faut également tenir compte de la survie alimentée sous l’angle d’un besoin fondamental de sécurité, tant face aux éléments de la nature qu’aux épisodes de violence de la nature humaine.
L’homme se fera donc un Cahier de Survie. Nous n’élaborerons pas davantage sur le contenu de ce Cahier puisqu’il a peu à faire dans notre propos. Cela ne signifie pas que nous prenons le Cahier de Survie à la légère. Dans certains pays du Tiers-monde, il n’y a que cela qui domine, et également chez de nombreuses familles occidentales. Comme déjà mentionné, le Cahier de Survie est également fréquemment consulté par chacun d’entre nous lorsqu’une menace surgit et que notre source de revenus est directement visée. Dernier point, plusieurs œuvrent dans un domaine qui leur déplaît ou ne leur convient pas, ce qui affecte grandement le reste de leur existence et ils ne voient aucune porte de sortie. Les effets sur les autres grands Livres sont considérables.
Cela dit, l’être humain découvre qu’une fois libéré des contraintes reliées à la satisfaction de ses besoins primaires, donc sa survie, il peut se permettre d’éprouver des sensations et des émotions nouvelles et plus sophistiquées, liées directement à son environnement. C’est là qu’intervient la notion dominante du plaisant et du déplaisant, de l’agréable et du désagréable, puis du correct et de l’incorrect, du Bien et du Mal pour ceux qui croient à cette version manichéenne du monde.
Au cœur des questions de survie, outre le sexe, l’argent est évidemment la plus importante de toutes, particulièrement dans notre monde moderne… Puis le moment venu, l’être humain commence donc à remplir son deuxième grand Livre qui, sans être le plus important – ils le sont tous -, prendra une place prépondérante dans son existence.
Le Catalogue des Sensations et des Émotions
L’être humain cherche à se reproduire, comme toute espèce animale dont il est issu d’ailleurs. Cette notion est toutefois enfouie dans les couches inconscientes de son cerveau et sa sexualité s’exerce avec autant d’intensité, qu’il y ait reproduction ou pas. Le sexe fera donc partie de ses grandes préoccupations tant pour sa survie comme on l’a vu, que pour son plus grand plaisir et va trôner dans le premier chapitre de son Catalogue.
Toutefois, c’est dès l’enfance au berceau, qu’il débute la rédaction de son Catalogue par son apprentissage du plaisant et du déplaisant. N’ayant pas à se préoccuper de survie ou de sexe, il découvre rapidement que certaines situations sont très agréables alors que d’autres le sont moins ou sont même franchement détestables. Il manifeste ses choix bruyamment et combien de nuits blanches pour les parents en sont la vive démonstration.
En prenant de l’âge, selon son bagage génétique, son éducation parentale et son milieu, il établira avec minutie ses chapitres de thèmes plaisants et déplaisants dans ce Catalogue qui le suivra tout au long de son existence et qu’il s’appliquera avec autant de minutie à amender, jour après jour.
Ce Catalogue comprend donc toutes les sensations qu’on puisse imaginer. La sexualité comme déjà mentionné, la sensualité, mais au sens très large du terme : un massage, un bain de minuit, une caresse, un regard, une musique enivrante, un livre captivant, un match fiévreux, un repas savoureux, un grand vin, une liqueur fine, un cigare cubain, une superbe moto, un cabriolet, bref tous les plaisirs bien connus de l’épicurien. Mais son Catalogue contient également toutes les sensations déplaisantes associées à ces mêmes thématiques. Il en prend note pour les éviter, s’en soustraire dans la mesure du possible, ce qui, on le verra, n’est pas toujours possible et facile ou même permis d’ailleurs.
Au-delà des sensations, va s’ajouter toute la gamme connue et inconnue des émotions. Celles-là aussi sont départagées entre les émotions plaisantes et déplaisantes. Son existence sera constamment perturbée ou enjolivée, selon le cas, par ces émotions dont l’amour et la haine sont au sommet. De nombreuses décisions seront prises dans la vie en fonction de ces émotions, des routes vont se modifier, des parcours seront changés parfois brutalement pour découvrir, chercher ou carrément éviter certaines émotions.
Le Catalogue des Sensations et des Émotions devient alors son deuxième grand Livre et il en prend un soin jaloux. Maintenant qu’il survit très bien, que le sexe est bien présent, que ses sensations sont comblées et qu’un barrage sophistiqué constitué de mesures efficaces de protection contre les éléments déplaisants est bien en place, il peut alors se mettre à penser!
Il n’y a guère d’âge ou de moment précis pour déterminer le quand de ce processus de réflexion. Tout va dépendre du temps requis dans le déroulement de son existence pour assurer ses arrières et ses devants. En général cependant, on reconnaît que l’adolescence est une période faste pour la recherche et l’exploration parfois extrême des sensations nouvellement découvertes. Se saouler avec une bande d’amis toute une nuit de temps peut être l’une d’elles et se révèle peu propice à la réflexion. Cela fait toutefois partie de l’apprentissage classique des êtres humains, particulièrement du type occidental.
La recherche de sensations va constamment demeurer au centre des préoccupations de la très grande majorité des êtres humains. Leur survie n’est pas là que pour assurer le toit et le couvert, mais également pour leurs plaisirs personnels aussi nombreux que variés. Comme mentionné précédemment, l’être humain est d’abord et avant tout un immense ego, un corps lourd qui exerce sur tout ce qui l’entoure un phénomène d’attraction par gravité. Tout lui revient et c’est avec une certaine philosophie acquise par l’éducation qu’il accepte que ce ne soit pas toujours le cas. Mais il en rêve ! Et ce dont il rêve est forcément plaisant, agréable et conforme à son vaste Catalogue. Mais voilà, on ne peut faire ce qu’on veut dans la vie, ce serait évidemment très plaisant et conforme aux attentes exprimées clairement dans le Catalogue. Viendra donc, à contrecœur, la rédaction du troisième grand Livre, celui dont il se passerait bien dans son monde utopique.
Le Traité des Interdictions et des Obligations
Puisqu’elle s’amorce très tôt, à un moment où l’esprit humain est vulnérable et n’a pas encore édifié de barrières, l’éducation parentale constitue les contreforts d’injonctions qui vont devenir la base de futures opinions fortes, voire de certitudes. C’est également durant cette période, l’enfance, que va s’établir une liste formidable de « Faut pas faire ça! »
Jamais dans toute sa vie, un être humain ne se sera autant fait dire : « Non! » Le parent, conscient des dangers et des pièges, protège son enfant contre tout, parce que tout est effectivement dangereux. Ce n’est pas à vingt ans qu’un coin de table en verre est dangereux, mais à deux ans, quand le petiot explore son univers comme un aventurier sans frontières.
Il acquiert donc, outre son Catalogue de Sensations et d’Émotions, un long Traité des choses à faire et surtout à ne pas faire, qu’elles soient plaisantes ou pas. L’important conflit d’intérêt qui naît alors entre son Catalogue et son Traité façonne sa personnalité. Il découvre que certaines choses déplaisantes doivent être accomplies malgré tout et que malheureusement certaines choses plaisantes ne le doivent pas. C’est souvent très irritant, cela provoque même de véritables crises dont l’essence, l’importance et le contrôle exercé vont plus ou moins contribuer à faire de cette personnalité, une bonne ou une mauvaise addition à l’ensemble de la société selon, bien sûr, les paramètres de ladite société.
En d’autres termes, ces paramètres vont déterminer qu’une bonne addition est une personne qui gère bien son Catalogue, mais toujours dans le respect absolu des termes clairs du Traité. Les autres qui n’y parviennent pas finissent par détruire en grande partie le contenu du Traité des Interdictions puisqu’il ne vient pas d’eux, il leur est imposé et, à leurs yeux, il n’est pas toujours inspiré par la logique et la cohérence. Certains Traités sont en effet de véritables horreurs à leurs yeux et vivre sous la férule de ces derniers est insoutenable d’où une inévitable rébellion par plusieurs. Ils deviennent dès lors des inadaptés sociaux plus ou moins récupérables selon les solutions proposées qui, tôt ou tard, pourraient les faire sombrer dans un abîme sans fond où se loge l’amorce d’une vie chaotique.
Il faut bien l’admettre, la plupart des êtres humains ressentent très tôt dans leur vie une profonde frustration face aux articles plaisants de leur Catalogue qui sont proscrits par le Traité et inversement face aux obligations déplaisantes prescrites par le même Traité. Lequel, rappelons-le, a été établi par l’ensemble de l’éducation reçue. La célèbre crise d’adolescence n’est rien d’autre qu’un conflit direct entre le Catalogue et le Traité. Sans ce Traité, un enfant laissé à lui-même serait constamment sollicité par son Catalogue et deviendrait littéralement… impossible à vivre.
Le Traité est fondamental pour la vie de l’être humain, particulièrement sa vie en société. Le Traité varie toutefois d’un individu à l’autre, selon l’intensité et la nature de l’éducation qu’il reçoit, mais il varie également d’un groupe culturel à un autre. Le Traité d’un petit enfant de Calcutta ne sera certes pas le même que celui d’un autre né à Sydney, à Rouen ou à Kaboul. L’environnement culturel, donc social et religieux entre autres, va largement contribuer à rédiger un Traité acceptable pour certains, mais que d’autres jugeraient insoutenable et inversement. Des guerres vont se déclarer, des tours vont se mettre à tomber, des vies seront fauchées, des lois sévères seront adoptées en fonction du Traité collectif de communautés qui ne pensent pas comme les autres. Tous les extrêmes se logent à l’enseigne des perceptions de la différence, comme on a pu le constater au Rwanda, au Moyen-Orient notamment, mais de manière générale, partout dans le monde où la guerre et les conflits sévissent.
Un aspect important du Traité concerne la morale. Est-elle acquise par l’enseignement de valeurs spirituelles ou innée de par son caractère spécifique d’être humain ? Le siège de la morale se situe au cœur du Traité des choses à faire et des choses à ne pas faire. Son origine, dans le contexte de notre propos, n’a donc aucune importance.
L’Encyclopédie des Connaissances et du Savoir
En théorie, ce n’est pas toujours le cas selon les milieux culturels et sociaux, l’éducation scolaire à tous les niveaux, quant à elle, ne s’intéresse guère au contenu du Catalogue et du Traité. Elle va tenter plutôt de guider l’esprit humain dans la fabrication d’un quatrième grand Livre.
Une fois de plus, l’être humain se distingue ici de l’animal. Il accumule des connaissances autres que celles propres à son milieu et qui vont se recouper avec d’autres et forger avec le temps un esprit capable d’explorer, de comprendre, d’analyser, de découvrir et d’inventer. Qu’importe le domaine ! Cette Encyclopédie varie évidemment selon chacun. Elle permettra à l’être humain d’exercer un métier, une profession qui lui permettra, non seulement de solidifier les mesures contenues dans son Cahier de Survie, mais aussi de rafraîchir son Catalogue et peut-être même de modifier certains aspects de son Traité.
L’Encyclopédie renferme de précieux trésors qui constituent la Connaissance et le Savoir. La maîtrise d’une langue ou de plusieurs, la maîtrise des chiffres et des nombres, la maîtrise du fonctionnement de phénomènes physiques et matériels par la chimie, la physique, l’ingénierie ou de phénomènes psychiques et psychologiques, la maîtrise de connaissances usuelles sur les corps vivants, leur mode de fonctionnement, sur l’histoire des peuples et des événements, la géographie des lieux, la maîtrise également de concepts philosophiques, de modes de pensée, la maîtrise des phénomènes sociaux qui touchent la politique, l’économie, le droit et la liste s’allonge. Il apprend, en somme ! Il apprend tout !
C’est à partir de cette Encyclopédie qu’il pourra d’ailleurs amender fortement le dernier grand Livre dans la bibliothèque de son existence. Celui qui nous intéresse dans cet ouvrage parce qu’il est celui qui va créer et gérer l’environnement dans lequel il évoluera ! C’est lui, et non pas l’Encyclopédie, qui nous dira pourquoi vous n’y croyez pas !
Le Recueil des Croyances
Nous sommes passés à un cheveu de le nommer la Bible des Croyances, mais après mûre réflexion, le terme recueil nous est apparu moins péjoratif. L’éducation parentale puis scolaire et enfin celle de son milieu de vie vont façonner dans l’esprit de l’être humain un système de croyances très particulier, élaboré par un processus de réflexion. En d’autres termes, au-delà de son entretien méticuleux des mesures adoptées dans son Cahier de Survie, au-delà des articles contenus dans son Catalogue de Sensations, indépendamment des interdictions et des permissions de son Traité et parce que son Encyclopédie est pleine à rebord, il va se mettre à réfléchir, à penser, à déduire, et finalement à croire ou à ne pas croire. C’est d’ailleurs ce qui achève de le distinguer de l’animal. L’animal ne réfléchit pas, ne se pose jamais de question et n’a aucun système de croyances.
Ecce ego
Voici donc l’ego humain dans toute sa splendeur. Jeune ou vieux, il a une personnalité distincte et ses cinq grands livres. Vous avez compris, bien sûr, que cette analogie des cinq livres soigneusement rangés dans une bibliothèque s’arrête ici. Ils s’entremêlent tous et l’homme consulte régulièrement à la fois le Cahier, le Catalogue, le Traité et l’Encyclopédie, fruits d’une existence qui se déroule dans un univers matériel à trois dimensions. Et c’est là que survient le problème ! On veut maintenant qu’il adopte un système de croyances. Le premier à se présenter est tout naturellement le porteur de la Bonne Nouvelle : la religion.
Mais attention, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas que la religion et toute autre forme de spiritualité qui viendront le solliciter pour adhérer à une croyance. Ils s’y mettent tous ! Chaque être humain, avec son propre bagage qui en côtoie un autre, exerce son attraction sur celui-ci et subit la sienne. Les Recueils de Croyances de tous et chacun entrent en harmonie ou en conflit les uns avec les autres. Si en général on accepte que tous les goûts et les couleurs sont dans la nature, il n’en va pas de même pour les croyances !
Il se déroule alors très souvent un combat rapproché qui se transforme en une confrontation, un effet de neutralisation comparable, par exemple, au point Lagrange lorsqu’un troisième corps s’en mêle, ou en une fusion des deux corps. Le plus souvent, chacun tire la couverture dans le but de protéger son propre Catalogue et son Traité. Ils brandissent tous alors leur Recueil dans lequel sont énoncées très clairement les choses à croire et à ne pas croire. Cela existe pour les croyances religieuses, politiques, et les phénomènes sociaux, sans parler bien sûr des phénomènes physiques et naturels qui constituent les chapitres plus cartésiens ou scientifiques du Recueil.
Nous avons évoqué plus haut que c’est là que survient un problème : c’est lorsque l’être humain confond les croyances du Recueil avec les faits de son Encyclopédie, et inversement ! C’est lorsqu’un être humain est profondément convaincu d’avoir raison, d’être le dépositaire de la vérité ! L’être humain n’est confortable avec lui-même que lorsqu’il est certain d’avoir raison !
Le Recueil est précieux, tout autant que les autres, mais il finit par tous les englober. Il contient le fruit des réflexions, des pensées élaborées à partir des expériences provenant du Cahier de survie, du Catalogue des Sensations et des Émotions, du Traité des Interdictions et de l’Encyclopédie des Connaissances. Comme déjà dit, tous ces grands Livres ne sont pas séparés l’un de l’autre comme les bouquins de votre bibliothèque ; ils sont reliés entre eux, se battent entre eux, complotent entre eux pour tenter de créer un équilibre salvateur. Voilà pourquoi le Recueil des Croyances est en somme la finalité, la Conclusion des autres. C’est lui qui oriente l’individu dans son cheminement personnel, social, politique et spirituel et qui modélise sa personne.
Il est très important que cela soit bien compris. Le Recueil des Croyances chapeaute tout le reste. Tout ce que nous expérimentons dans notre Cahier de Survie, tout ce que nous éprouvons dans notre Catalogue des Sensations et des Émotions, tout ce que devons faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire dans notre Traité et tout ce que nous apprenons dans notre Encyclopédie finit par devenir une certitude, une conviction profonde, une croyance. C’est à partir de ces croyances que nous allons prendre toutes nos décisions, ce sont nos croyances qui sont déterminantes et si vous préférez les appeler certitudes ou convictions, ce ne sont que des mots qui signifient la même chose.
De manière étonnante, nous fonctionnons à partir de nos croyances sans trop nous en rendre compte. Nous ne passons pas notre temps à dire : « Je vais faire cela parce que j’y crois, je vais dire cela parce que j’y crois, etc. » Nous le faisons et nous le disons, point barre. Nous ne réfléchissons pas plus qu’il ne le faut à la source motrice de notre geste ou de notre parole. En fait, nous ne le faisons que très rarement. Notre Recueil des Croyances est parfaitement intégré à notre personnalité parce qu’il est la somme de tout ce qui a été pilé et fondu dans le creuset. Nous n’y portons pas plus attention qu’à notre respiration. Cela se fait tout seul.
Le résultat de tout cela est que nous façonnons donc un monde, un environnement fait de pensées, d’actes et de paroles qui est la réplique exacte de nos certitudes. Si nous pouvions en faire une équation, elle correspondrait à E = Pa x A x Pe, paroles, actes et pensées étant notre environnement ; l’inversion de cette équation signifie donc que le monde dans lequel nous évoluons est en fait le reflet de nos croyances. Il n’est donc pas difficile de comprendre que toute menace extérieure pouvant modifier ou attaquer l’intégrité de ces croyances est insupportable !
La plus grande préoccupation de l’être humain est de se protéger et s’il est vrai que l’instinct de conservation est l’instinct primaire du Cahier de Survie, la protection de nos croyances, quant à elle, représente l’ultime protection sans laquelle notre petit monde risque de basculer dans un chaos destructeur. Certaines croyances sont plus sensibles que d’autres…
La plus importante des croyances : Dieu
À titre d’exemple, prenons Dieu. Dieu est sans contredit la plus importante croyance qui soit, ou la plus grande non-croyance qui soit, le Recueil prenant soin d’inscrire les non-croyances sous la forme subtile d’une inversion. Ceux qui disent « Dieu n’existe pas » disent en fait « Je ne crois pas que Dieu existe », mais plus encore, ils disent, et la nuance est essentielle, « Je crois que Dieu n’existe pas ». Leur non-croyance devient en fait une croyance inversée. Ils n’ont pas de preuves de la non existence de Dieu pour affirmer quoi que ce soit, pas plus que les croyants n’ont de preuves de son existence. C’est donc, non pas un fait de l’Encyclopédie, mais une croyance du Recueil dans un cas comme dans l’autre. Autant les premiers disent avoir la Foi, autant les seconds brandissent une certitude parfois agressive qui est quasi équivalente.
Donc, cette croyance est le résultat de plusieurs influences provenant de tous les autres grands Livres. Il peut être plaisant de croire en Dieu parce que cela stimule une émotion ou une sensation de profonde sécurité. Cette croyance peut également avoir été imposée et inscrite dans le Traité par les parents et le milieu, ce qui est très souvent le cas, donc plaisante ou non, la croyance en Dieu devient obligatoire et s’inscrit tant en première page du Traité que dans le Recueil des Croyances. Cette croyance peut également être le fait de réflexions issues de données contenues dans l’Encyclopédie : « Je crois que Dieu existe parce que la nature des conditions d’apparition de la vie est trop complexe et diversifiée pour être tributaire d’un hasard quelconque… » et « Je crois que Dieu n’existe pas parce que les preuves existent que le temps contribue à favoriser naturellement les conditions nécessaires à l’apparition de la vie. … »
Récemment, nous avons entendu : « Je crois que Dieu n’existe pas, pour laisser ainsi des hommes massacrer impunément femmes et enfants et s’en tirer à bon compte. » Des faits réels contenus dans l’Encyclopédie viennent alimenter leurs réflexions et soutenir leur croyance. À titre d’exemples, des désastres naturels, comme ce fut le cas pour les centaines de milliers de morts causées par le tsunami de 2004, des massacres de populations entières ou des attentats terroristes, etc. Inversement, ces mêmes faits n’auront aucun impact sur la Foi des autres pour qui les voies de Dieu sont impénétrables. Et très souvent, cette croyance, c’est un peu tout cela en même temps, une série d’influences provenant de tous les autres grands livres.
Quant à la Foi, elle se révèle un mystère permanent dans ce qui constitue l’ensemble de l’être humain. Elle sublime la croyance et propulse l’esprit humain dans un domaine qui n’a plus aucune relation avec l’instinct, l’intellect et le mental. Nous devrons y revenir plus loin.
Suite au prochain numéro…
Jean Casault
(21 août 2009)
RÉFÉRENCE & DOCUMENTATION
Chapitre un
Les cinq grands Livres de la Vie
(1) MASLOW, Abraham (1954) Motivations and Personnality. (Psychologue américain auteur de plusieurs ouvrages sur la motivation)
(2) CARON, Hubert (2003) (Philosophe français. Son article sur les fausses sciences a été publié sur le site www.philoplus.com)
[1] La conscience d’être, la raison, le langage et autres facteurs distinguent l’homme de l’animal, mais il n’en demeure pas moins un hominidé qui partage 98% de son ADN avec les grands primates que sont le gorille, le bonobo, le chimpanzé et l’orang-outan.
[2] Les nombres entre parenthèses renvoient le lecteur à Références et Documentation par chapitre.
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