L’EXPÉRIENCE DE STANLEY MILGRAM
Vous lisez l’annonce dans un journal. « Avons besoin d’un opérateur pour aider au cours d’une expérience sur l’apprentissage. Très simple, montant fixe de 250 $ pour la journée, durée de 4 heures.
Humm. Sur place on vous indique une chaise et un petit bureau sur lequel se trouve un appareil relativement simple avec un gradateur et un bouton à pression. Des chiffres sont indiqués sur le gradateur avec la lettre V.
Vous êtes dans une salle et derrière vous, assis face à un plus grand bureau, se trouve un médecin en blouse blanche avec un ordinateur et devant vous deux, un grand écran sur lequel vous voyez un homme, assis lui aussi, mais avec des attaches qui le retiennent à la poitrine et à la ceinture.
Le médecin s’adresse à vous, expliquant très rapidement en quoi consiste l’expérience, à savoir que le sujet fait l’objet d’une expérience très complexe. On va lui poser des questions et s’il échoue, il recevra une décharge électrique. C’est alors que le médecin va prendre plusieurs mesures, observer les traits du patient, de sorte qu’il n’a pas le temps de manipuler le gradateur. Il vous dit que, selon les besoins de l’expérience, il vous dira de mettre le gradateur à 12, 45 ou au max, 120 volts, puis de presser le bouton et de conserver le doigt sur le bouton tant qu’il ne dira pas stop.
Facile
Là, un peu curieux, vous demandez quel est le rapport entre la mauvaise réponse et la charge électrique et, vaguement, on vous dit que c’est une étude de la performance en fonction de la douleur et bla bla, vous êtes là pour peser sur un bouton et mettre la main sur un 250 $ facile !
L’expérience débute. Le sujet répond sans doute très bien puisque le médecin n’a rien demandé. Une demi-heure passe quand soudainement, à une réponse donnée, le médecin lance : « Charge à 30, préparez-vous! » Et zap, vous recevez l’ordre de presser le bouton.
Sur l’écran, l’homme se tord de douleur. Vous n’aimez pas ça, mais bon. Et l’expérience se poursuit et les charges et la durée de la charge augmentent et l’homme n’en peut plus, il est affolé, il a peur, il répond n’importe quoi et là vous osez dire au médecin que …que quoi !!! hurle-t-il? Et il vous dit que si vous le dérangez une autre fois avec des questions stupides, vous serez chassé(e) et adieu les 250 $.
Dans les faits, cette expérience, dite le test de Milgram, n’a été menée par aucun médecin barbare et cruel, n’a été subie par aucun sujet, mais par un comédien, et la charge électrique n’a jamais existé. Le sujet d’expérience, c’était vous, et la thématique était : Jusqu’où êtes-vous prêt(e) à aller, quand l’autorité vous ordonne quelque chose? Stanley Milgram, un des plus grands psychologues du 20ème siècle, aura fait ici une démonstration très importante entre l’autorité et la soumission. Sur 40 sujets, 37 ont infligé des charges très douloureuses, pour obéir aux ordres, ce qui était plus important que de protéger cette victime de cruauté.
Certains publicitaires ont retenu la leçon et pendant des années, on a vu des comédiens qui ne sauraient faire la différence entre un trou de serrure et le cul d’une blatte mais qui, revêtus d’une blouse blanche, de lunettes rondes et d’un cahier de notes, vous disaient que Krresti est le meilleur rince-bouche, selon des études scientifiques, et vous y avez cru.
Ils ont appelé cela le syndrome de la blouse blanche. Ils ont identifié les uniformes les plus respectés, les plus admirés, pour se rendre compte qu’un pompier qui dépasse largement les statistiques ne peut pas vendre grand-chose, à part des gros camions rouges, mais que le second, soit le médecin, était, aux yeux des gens, le pinacle de la crédibilité. La soutane y était aussi mais de nos jours, humm, pas sûr!
Alors, est-il possible qu’en prenant un premier ministre avec un DOCTEUR, assis à côté de lui et qui fait des simagrées, ce politicien soit à ce point crédible qu’on peut alors passer n’importe quel message ???
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