Nous sommes des particules de lumière divine
(2ème partie)
La force vitale qui anime la machine psychophysique que nous nommons « notre corps » provient de la grande force vitale universelle. Cette toute-puissance est sans cause, sans début ni fin. Elle est non-duelle et non locale. Il n’y a pas un brin d’herbe qui danse dans les rayons de l’aurore sans que l’intelligence cosmique en soit informée. Seul l’esprit de religiosité partisane bloque la route qui mène à l’Absolu, car en réalité toutes les formes de théisme ont une immense valeur, chacune selon leurs différents degrés d’intensité et de proximité. Il se peut qu’un bhakti-yogi, un chrétien et un musulman expriment tous trois le même sentiment d’intimité divine, mais ils ne cesseront jamais de se quereller simplement parce qu’ils sont arrivés à la même conclusion par différents modes d’oraison. C’est ainsi qu’une grande part de fanatisme se glisse dans les arguments des membres d’une religion quand ils expriment leur avis imparfait sur la spiritualité d’une tradition différente de la leur.
Si nous méditons sur l’Être Originel, en tant que source de toutes choses et totalité de l’existence, avec notre cœur, notre mental et notre énergie vitale, alors nous vivons une existence de spiritualité que le temps rendra graduellement parfaite. Tous les intuitifs clairvoyants s’accordent harmonieusement pour déclarer qu’il n’existe dans l’univers qu’une unique source d’énergies, un Être Immatériel sans second qui transcende l’ensemble de nos institutions religieuses passées, présentes et à venir, mais ils ne s’entendent pas sur le nom à lui donner à cause des différentes méthodes d’application qu’ils adoptent selon leur conception mentale. Les multiples aspects sous lesquels les transcendantalistes parviennent à intégrer cette réalité dans leur vie quotidienne dépendent de la pluralité des traditions orientales ou occidentales qui sont les leurs, mais il est salutaire de se souvenir que, dans l’azur, l’essence des choses demeure éternellement la même.
L’important serait de se rappeler qu’il existe une simultanéité divine qui est consciente des circonstances que nous jugeons bonnes ou mauvaises selon nos critères humains limités. Même si ce fait paraît socialement déraisonnable ou immoral, les forces d’évolution de la conscience transcendent le mal comme le bien et sont expertes à manipuler ces deux énergies dans un sens progressif. Sans s’en douter, tous les dictateurs de la galaxie se trouvent sous la juridiction universelle de Dieu. Ils se croient contrôleurs indépendants en faisant voter beaucoup de lois liberticides et en causant ainsi de grandes souffrances, mais, qu’ils en soient conscients ou pas, ils sont néanmoins mystérieusement contrôlés par des forces galactiques qui dépassent leur entendement. Qu’ils le veuillent ou non, leurs projets machiavéliques se situent malgré tout dans le rythme de la Totalité. C’est ce qui explique que le bien et le mal puissent être utilisés par les énergies d’évolution pour que le réveil de l’âme devienne manifeste. C’est irrévocable et non-négociable dans l’histoire du cosmos. À partir de là, chacun devra subir les conséquences de ses actes.
Chaque action génère une fréquence et cette fréquence crée le futur de celui qui produit l’action. Réalisant en silence ce manège vertigineux du bien et du mal, l’esprit uni à la substance divine par le souvenir constant de la présence de Dieu en toute circonstance se tient impassible dans tout ce qui lui arrive, que ce soit agréable ou douloureux, un honneur ou une honte. Baigné ainsi de paix intérieure, il découvre au fond de lui une nouvelle manière de vivre et ressemble à ces sommets de l’Himalaya qui se tiennent imperturbables sous les tempêtes de glace qui les assaillent, aussi bien que sous une brise légère.
De leur côté, les transcendantalistes qui cheminent sur cette voie de pleine conscience développent une vision unitaire de l’existence : tout provient des expansions d’un Tout Complet-Absolu et tout y retourne. C’est dire qu’ils entraînent leur esprit à envisager la sanction divine en toutes choses, le soi-disant « bien » comme le soi-disant « mal ». Ils tentent de surprendre cette sanction interstellaire, de la ressentir, de la percevoir et de la déceler au centre de toutes sortes de comédies, drames, tragédies ou accidents. Définissant avec expertise la présence infinie et fondamentale du cerveau super-subjectif de Dieu, Maître Sridhar Maharaj disait que le centre divin est partout et que sa circonférence est nulle part. Un de ses amis intimes, Sa Sainteté Bhaktivedanta Swami, pouvait même reconnaître la volonté de Dieu, sous l’aspect de son cher Ami Bhagavan Sri Krishna, dans les bombes qui explosaient autour de lui alors qu’il se trouvait dans un des quartiers sensibles de Calcutta sévèrement bombardé par l’aviation lors de la guerre indo-pakistanaise de 1973.
Comme premier effet bénéfique, l’éveil de la particule de lumière en nous fait complètement disparaître la peur de mourir. Ces maîtres incontestés de l’éternel Dharma et de la dévotion immaculée incarnent ainsi la mise en pratique exemplaire de l’une des ultimes projections de la révélation védique : tout dans l’univers, sans exception, s’intègre dans la transformation des énergies de l’Absolu, même et peut-être surtout les épreuves parfois terrifiantes qui cherchent à détruire coûte que coûte nos désignations illusoires de races, de croyances religieuses ou de nationalités. Il est bien entendu évident que ce nettoyage énergétique intégral n’est pas de tout repos pour nos identifications égotiques et sociales.
Toutes les renaissances de l’âme sont des transmutations, des rites de passage qui peuvent s’avérer problématiques pour l’ego. Les maîtres de la conscience précisent que si nous pouvons développer les outils psychologiques nécessaires pour accepter un tel niveau de réalité, la lutte pour l’existence s’arrêtera pour nous en un temps record et nous verrons poindre très vite l’aube de la sérénité. Les versets incandescents du Srimad-Bhagavatam (commentaire du Vedanta Sutra par Srila Vyasadeva) mentionnent que le bhakti-yogi réalisé a atteint une telle hauteur de pensée qu’il perçoit l’ombre personnelle de l’Infini partout, même dans les diverses formes de préjudices et d’injustice à l’origine de la destruction des civilisations perverties (Bhag, 8-7-8). Nous nous complaisons à reconnaître la grâce du Maître du Destin dans les événements favorables qui nous arrivent; mais s’il nous est impossible de repérer Sa main dans les circonstances accablantes qui nous échoient de par les lois cosmo-sidérales de rétributions et d’évolution, cela signifie que notre vision de la Divinité reste encore un concept vague, impersonnel et imparfait, car elle n’inclut pas l’intégralité du vivant.
Un jour ou l’autre, chacun d’entre nous est confronté à de sérieux obstacles. Le terme technique en langage sanskrit pour décrire les difficultés qui nous viennent de l’extérieur est adhibhautika. Ces malheurs sont le reflet du mal qui nous ronge de l’intérieur. Tout dans l’univers n’est que projection de conscience. S’il existe des tyrans dans notre environnement, cela signifie qu’il en existe aussi à l’intérieur de nous. Guérir l’intérieur nous aidera à guérir l’extérieur. Dans l’environnement, les projections de nos consciences peuvent prendre l’aspect d’attaques parfois extrêmement violentes imposées par des élus politiques corrompus ou par des multinationales psychopathes avec leur cortège d’assassins et de gangsters en veston-cravate et souliers vernis. Les apparences sont trompeuses.
Où peut-on trouver la force de tolérer tous ces médecins en blouses blanches, stéthoscopes d’apparat autour du cou, qui savent qu’ils nous injectent dans les veines des doses létales de produits toxiques, tous ces policiers d’une bestialité dépassant l’imagination qui savent qu’ils nous agressent illégalement, et tous ces pseudo-journalistes qui savent qu’ils nous mentent sans aucune honte? En outre, tout ce beau monde sait que nous savons, et nous savons qu’ils le savent. Pour l’être en cheminement vers la Transcendance, ces hypocrisies généralisées sont perçues comme des épreuves qui lui sont envoyées par le pouvoir suprême de l’intelligence universelle de Dieu pour la purification graduelle de sa conscience, en plus de lui permettre de s’exercer à une extrême tolérance.
Pour ceux qui n’ont encore reçu aucun signal d’éveil intérieur, les mêmes épreuves sembleront arriver de nulle part et ils diront qu’il s’agit de malchance, de harcèlement ou de circonstances accidentelles. Mais en étudiant scrupuleusement les biographies des saints de toutes confessions, on apprend que les grands éveillés cultivent une tout autre vision : dans les graves difficultés que leur envoie l’existence, ils détectent l’action du mental infini de l’univers. Pour eux, tout dans l’environnement est en parfaite harmonie, tout représente la transformation de la grâce de Dieu, même lorsqu’ils se retrouvent au milieu des situations les plus chaotiques et qui paraissent les plus injustifiées. Pour eux, tout se passe comme s’il existait un ordre caché dans l’incohérence la plus sombre, comme une sorte de mystérieux fractal divin.
Lorsqu’il est en face d’un problème majeur qui menace d’emporter tout ce qui lui semble cher, l’être éveillé s’abandonne à la pensée divine omnisciente. Le bhakti-yogi accompli endure avec une patience à toute épreuve les obstacles et les dangers de sa vie terrestre en concevant qu’ils lui sont envoyés par le pouvoir d’un Esprit Suprême omniscient, omni-pénétrant, et il les accueille comme des malédictions-bénédictions, des super-épreuves balisant les étapes sur la route parfois chaotique qui mène au bonheur éternel. Il garde le cap et approuve au lieu de désapprouver. À travers le regard aiguisé de sa conscience, même le pire des environnements paraît bienveillant car il s’en sert comme d’un tremplin qui le propulse vers l’Infini. Il dit oui au dessein de l’existence au lieu de lui dire non. Tel est l’idéal vers lequel il progresse d’infini en infini. Il interprète les faits avec gratitude plutôt que de les enfermer dans une prison mentale aux barreaux faits de ressentiments et de doutes. Il déchiffre le code de Dieu à travers les épreuves qu’il traverse. Sa prise de conscience est radicale. Là où un être encore identifié à la dualité du bien et du mal reste incapable de détecter le sens profond de ce qui lui arrive et n’y voit que des catastrophes, une conscience expérimentée perçoit librement qu’aucune situation ne se produit par hasard. Elle sait qu’ici-bas tout est immanquablement régi par les lois de la thermodynamique et qu’elle ne fait que récolter les réactions de ses actions passées tant que l’Âme de l’Univers le permet.
(Fin du texte au prochain numéro)
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