VIVRE DEPUIS L’OEIL DU CYCLONE

Je médite depuis déjà un bon nombre d’années sur deux concepts qui ne sont pas faciles à accepter, encore moins à intégrer. Mais avec les événements sans précédent qui se déroulent sous nos yeux ces jours-ci, ces deux principes me font travailler et réfléchir plus qu’à l’ordinaire : 1) je suis responsable de tout ce qui m’arrive, 2) quels qu’ils soient, les épisodes de la vie ont tous un dénominateur commun et portent l’approbation d’une intelligence globale, omniscience suprême d’une Conscience Vivante et Infinie.

Face à la crise de civilisation que traverse le monde, l’identification à l’ego illusoire se révolte et résiste de toutes ses forces à ces deux propositions. Pourtant, plus en profondeur, l’écho d’une sagesse intuitive me dit que je peux avoir confiance en l’énergie qui supporte ces deux prémisses parce qu’elles proviennent d’un champ de conscience invisible, infaillible, non-duelle et bienveillante. Les jours passent et le mental oscille entre les rumeurs angoissantes du faux ego et le silence assourdissant de cette sagesse intuitive qui se lève comme un immense soleil dans le ciel du cœur.

Au centre du plus puissant cyclone se trouve un endroit d’immobilité et de grand silence. Au centre de la vie aussi. S’il existe vraiment, à travers tout l’univers, un champ de conscience infinie qui « sait » ce qui convient le mieux pour nous, en lien avec la phase évolutive spécifique dans laquelle nous nous trouvons, nous pouvons alors remercier et aimer l’intelligence de la vie, surtout si ce qui arrive nous semble épouvantablement injuste. J’admets volontiers que cela semble paradoxal dans un monde où l’injustice semble être devenue la norme. La restauration de l’harmonie sociale n’a rien à voir avec le projet des individus que nous avons élus socialement ou politiquement. Le problème actuel est le suivant : au lieu que l’économie soit enchâssée dans les relations humaines, ce sont les relations humaines qui sont enchâssées dans l’économie. Chacun s’en sera rendu compte : au sommet de la pyramide sociale, la corruption et la subversion sont devenues systémiques, généralisées et organisées en associations de malfaiteurs. Il ne faut pas trop s’inquiéter de toutes ces confusions; tout cela passera comme passent les saisons. Tout est éphémère ici-bas. L’essentiel est ailleurs. Posons-nous la question : d’où pourrait venir la renaissance des véritables valeurs de la vie?

Comme chacun le ressent intuitivement, la réponse est d’une simplicité désarmante. La renaissance de l’harmonie sociale dépend de notre propre restauration psychologique et spirituelle. Tout le monde est au courant de ce concept; la difficulté est de l’appliquer. L’environnement externe dépend de l’environnement interne. Tout dépend de notre propre réforme individuelle. Le pouvoir est en nous et nulle part ailleurs. Par un choix délibéré et non contraignant, la réforme d’une seule conscience purifiée peut entraîner dans son sillage la réforme de tout un pan de société de façon quasi surnaturelle. Le processus est graduel et dépend des phases successives de notre évolution.

Le vrai travail à faire serait de redéfinir notre relation à nous-mêmes et de porter attention à ce qui se passe sous la surface des décisions gouvernementales. Il est désormais malavisé de faire aveuglément confiance à ceux et celles qui se targuent de contrôler le monde. Mais ne les jugeons toutefois pas trop vite. Ne représentent-ils pas en effet un aspect non résolu qui se dissimule au fond de nous? Je me pose la question suivante : par l’acquittement des impôts et des taxes, par l’acquiescement de notre insouciance, et par la croyance que « de toutes façons on ne peut rien faire », ne donnons-nous pas docilement à quelques-uns la permission de développer de diaboliques projets de société? Selon les lois de la réflexion universelle, des dirigeants hostiles apparaissent dans nos vies. Ne représenteraient-ils pas la réflexion de quelque chose que nous portons encore enfoui au fond de nous? Nous avons pris l’habitude de blâmer les autres mais les circonstances actuelles semblent nous pousser au pied du mur de nos douleurs.

Le grand travail de la conscience serait de reconnaître que nous sommes les procréateurs de tout ce qui nous arrive, l’agréable comme le désagréable, le meilleur comme le pire. C’est une vérité qui est extrêmement dure à avaler, je sais. Mais c’est la seule solution pour redevenir souverain individuellement. Pour être libre, nous devons reconnaître (c’est-à-dire « renaître avec ») la réalité selon laquelle nous avons donné la permission à quelques individus mal intentionnés de compromettre le bonheur de l’humanité et de massacrer les ressources naturelles et non renouvelables de la planète. Nous avons permis cette réflexion parce qu’elle correspond à un aspect non résolu de la fausse identification égocentriste que nous croyons être. Tout se passe comme s’il nous fallait choisir maintenant entre la peur et l’amour, entre le mensonge et la vérité, entre le doute et la foi. Une chose est certaine : par résonance naturelle, la peur attire des faits et gestes qui nous donnent l’occasion de ressentir encore plus de peur. Pareillement, l’amour attire l’amour. La haine attire la haine et la sympathie attire la sympathie. La violence attire encore plus de violence. La loi de l’attraction universelle est évidente : nous attirons dans nos vies « comme par magie » les événements qui sont en lien direct avec le corps électromagnétique de nos pensées, de nos intentions, de nos inclinations, de nos désirs. Certains diront qu’il s’agit d’une coïncidence. Ils auront raison : tout coïncide.

Selon la tradition védique, une grande partie de la solution se trouve dans la racine linguistique du mot sanscrit « atma ». Nous sommes « atma », le soi, une étincelle de vie individualisée. Atma est éternel et rien de matériel ne peut vraiment l’affecter. Même la mort du corps ne le désoriente pas. Le jour où nous reprenons contact avec le soi, nous ressentons un immense soulagement. C’est la rémission de l’être profond, une sorte d’absolution. L’absolu pardon du soi par le soi serait transformationnel et aurait pour effet de détruire l’égoïsme maladif de nos identifications à un corps mortel, à une culture passagère, à une religion institutionnalisée, à un parti-pris quelconque, etc. Le soi est universel et libre. Le jour où nous prenons conscience de cette sublime réalité, tout commence à changer. Nous nous attirons une toute autre qualité d’événements.

Éliminer les fréquences d’appréhension, de dépression, de tristesse, de haine, de vengeance, de compétition, de jalousie, d’envie, de cupidité, de perversité, d’avidité, de colère, de frustration et de tout ce fatras vibratoire qui mijote encore dans notre subconscient revient à éliminer graduellement ces mêmes fréquences autour de nous. Ces radiofréquences mentales n’appartiennent pas à atma, l’être-soi. Elles appartiennent au faux ego, c’est-à-dire à l’identification du soi à la matière inerte. Pourquoi ne les remplacerions-nous pas par des fréquences de joie, de contentement, d’humilité, de sécurité, de gratitude et d’abandon au mobile directeur de la Pensée Universelle d’un Être Vivant Infini? Qui nous empêcherait de le faire? Et pour quelle raison?

Pratiquement, ce n’est pas aussi facile que cela en a l’air. Jusqu’à un certain point j’ai essayé, et je peux vous dire que cela fonctionne mais Dieu sait s’il me reste encore un immense travail intérieur à accomplir. Quand une chose me dérange vraiment, au point de me déstabiliser et de saper mon énergie, je tente au mieux de respirer plus profondément et de prendre sur moi l’origine de la circonstance. J’inverse les datas. Parfois l’épreuve est trop accablante, trop pénible, et je n’y arrive carrément pas; mais lorsque j’y parviens, je commence à concevoir que je suis à l’origine de la chose qui me dérange, mais sans honte ni culpabilité. Si cela se produit dans ma vie, c’est que j’en suis responsable quelque part. Mais où se trouve ce « quelque part »? Si je dois réaliser que je suis la cause de ce qui m’arrive, il est important que je le fasse à partir d’un lieu immobile à l’intérieur de ma conscience, un lieu où les pensées du mental et les émotions n’ont pas accès ni de près ni de loin. J’appelle ce point intérieur mon sanctuaire sacré. Tout le monde en a un et on peut lui donner le nom qui nous convient.

Ma mère, qui était particulièrement intuitive, me disait que lorsqu’elle était enfant et que son père, alcoolique, renversait la table de la cuisine dans une de ses épouvantables crises, elle rentrait alors dans ce qu’elle appelait « sa petite boite », tout au fond de son cœur. Et de là, elle pouvait observer la scène sans en recevoir les traumatismes qui sont habituellement reliés à ce genre de catastrophes. Le premier travail de réforme consisterait donc à découvrir ce point d’immobilité en nous, un point non-duel, non affecté par le mental émotionnel. Depuis ce point où tout est calme comme dans l’œil d’une tornade, on peut facilement se réapproprier son pouvoir inné de transformation sur le plan individuel mais aussi sur des plans relationnels plus larges, familial, professionnel, social, provincial, national, continental, voire même international et au-delà.

Nous ne pouvons pas opérer d’un point de résistance. Nous devons opérer du point atma, le point non-duel d’infinitude en nous. Là, nous sommes le témoin, le spectateur qui n’est ni concerné par la peur ni par le temps. C’est à cet endroit que la fameuse thérapeutique d’O-ho-ponopono fonctionne et guérit en nous libérant de nos vieilles fréquences empoisonnées : « Je suis désolé, pardonne-moi s’il te plait, je te remercie, je t’aime ». C’est aussi en ce lieu secret que les mantras des Saints Noms nous gardent dans un perpétuel état de grâce et parviennent à purifier le miroir du subconscient. Tout peut arriver dans ce monde. Des tragédies épouvantables peuvent apparaître sur l’écran de notre existence. Nos amis, nos parents, nos collègues de travail, tout le monde peut se tourner contre nous. De terribles drames peuvent se produire. Mais si nous percevons les choses depuis ce point-Dieu intérieur, nous n’y serons plus identifiés, nous en serons les témoins et nous n’aurons plus peur. Nous ressentirons la « joie parfaite » du prophète d’Assise qui accueillait tous ses tourments dans (et pour) l’amour absolu de son Dieu. Les typhons de la vie terrestre pourront bien tout emporter mais nous contemplerons ces épreuves depuis notre centre psychique, nous commencerons à envisager les ouragans de l’existence depuis l’œil intérieur du cyclone, là où tout a un sens, là où tout est sécurisé.

Contentons-nous de notre propre réforme individuelle et la réforme sociale prendra soin d’elle-même par résonance morphogénétique. Il y a déjà là un grand travail personnel à accomplir. Le principe actif spirituel qui anime le corps physique conserve à jamais sa lumière, même si par moment cette lumière se trouve recouverte par des couches de grossièretés circonstancielles.

Tout se passe comme si les comédies et les tragédies sociales qui nous entourent correspondent à la manière dont nous concevons notre vie. L’objet observé prend les couleurs et les aspects du sujet qui l’observe. Vous comprenez : sans sujet, l’implication d’un objet n’a plus aucune valeur et on peut même dire qu’il n’a plus de réalité. C’est pourquoi la valeur de votre vision, de vos opinions, de vos croyances, la qualité de vos observations correspondent en tous points à la qualité de votre regard sur le monde. La réalité se révèle à nous selon la manière dont nous l’imaginons et selon l’honnêteté avec laquelle nous constatons les faits. Disons qu’il s’agit sans doute du fondement de toute sagesse intuitive. Mais il s’agit également du plus important des postulats de la mécanique quantique : le monde est dans le mental. Les implications sont bibliques et il n’est pas inutile de le redire : la manière dont nous imaginons les choses détermine la manière dont notre environnement immédiat se comporte.

Tout ce que nous avons créé sur terre provient du pouvoir de notre imagination, le pouvoir d’atma, l’âme distincte dont la nature essentielle est transcendante et dont la fonction essentielle est de se dévouer à la Pensée Universelle. De nos jours, la vérité est censurée et il est même devenu criminel de la révéler. Nous pouvons nous détacher de cette pathétique situation en rejoignant le point d’immobilité immatérielle, au-delà de l’enveloppe émotionnelle mentale. Plus nous débranchons nos télévisions et plus nous développons nos visions. À cet endroit, situé au plus profond de nous-mêmes, nous respirons librement la divinité et le souffle de la flûte magique de l’Amant Krishna pourrait bien s’y faire entendre tôt ou tard. C’est là qu’il devient possible de se réapproprier en toute liberté notre étincelle divine, cette lumière de l’âme que les religions mono-culturelles despotiques nous ont trop souvent dérobée. En arrière-fond de ce qu’on appelle « la réalité », nous trouvons inévitablement ce même élément de conscience. Les docteurs en physique, de même que les guides spirituels, nous disent que  cet élément ne peut plus être ignoré. Jamais ne fut le temps où l’être-soi n’existait pas. Il n’est pas né, il n’est pas mort, il n’est pas le corps. Il est celui qui est, il est celui qui était et celui qui sera. Dans l’Ancienne Alliance, Moïse demande à Dieu son nom et Dieu lui dit : « Je suis ce que je suis, je suis Celui qui est ». Le silence galactique qui vibre entre les mots des révélations écrites est souvent plus révélateur que l’interprétation intransigeante que les inquisiteurs en ont faite.

Le véritable confinement est intérieur. On s’emprisonne soi-même entre les murs de ses fausses croyances et de ses désignations existentielles éphémères. La porte de la prison est pourtant grande ouverte. Les formes peuvent être multiples mais la substance absolue est unifiée. Au niveau transcendant, tout devient homogène, accommodant et harmonisant. Il existe une réalité suprême mais le facteur culturel, le facteur géographique, le facteur génétique, le facteur religieux n’interviennent pas dans cette réalité. Nous ne pouvons exister sans l’élément actif de la conscience, quels que soient les couleurs ou les degrés de désignation qu’on veut bien lui prêter. Il est bon de se rendre compte d’une chose : nous ne sommes jamais non-réalisés. L’emprise de nos limites n’est rien d’autre qu’une illusion. Le pouvoir de transformation est toujours vivant et opérationnel en nous. Il peut être endormi ou recouvert mais il est toujours actif, derrière l’obscurité des nuages de la vie.

L’action de l’esprit consiste à faire confiance à atma-le-soi en faisant confiance aux forces inconcevables qui l’animent. Il existe un champ de conscience illimitée, bienveillant, extrêmement compatissant, infiniment aimant, miséricordieux, omni-pénétrant, omni-conscient et omniscient. Atma en est un fragment atomique et holographique. Imaginez que ce champ émane d’une Entité au Charme et à l’Amour sans limite; depuis le centre de votre cœur, vous pouvez y trouver refuge, confort, beauté, amour, sécurité et vérité. Tout passe, mais imaginez que cette relation demeure et se développe de manière exponentielle. Lorsque les choses deviennent hors de contrôle et que tout s’écroule autour de nous, il nous est toujours possible d’abandonner toutes nos péripéties aux soins de la Supra-Conscience, le noumène qui sous-tend les phénomènes de l’existence et qui nous connaît, nous, autant que nous sommes, bien plus profondément que nous nous connaissons nous-mêmes. Nous cheminons peu à peu vers cet idéal.

Les évènements deviennent alors son affaire. Ce n’est plus à nous de juger le bien-fondé de ce qui nous arrive ou de ce qui ne nous arrive pas. Vivre depuis l’œil du cyclone, c’est s’apercevoir que nous ne sommes plus ni victime ni bourreau : selon la rétribution des mémoires du cosmos, nous ne faisons que récolter les réactions bonnes ou mauvaises de nos actions passées, fruits doux ou amers de nos existences antérieures. Chaque existence est la préparation pour la suivante. Tout est en place. Chaque épreuve nous soulage d’un poids karmique. Chaque individu se trouve sur un plan de réalisation qui lui est propre. Comme une boussole métaphysique, ce point-Dieu immobile sait ce qui convient le mieux pour chacun, en lien avec la phase évolutive spécifique qu’il traverse. Le menu que nous propose la vie est souvent amer, difficile à digérer, mais rassurez-vous, notre véritable identité ne connaît ni la naissance, ni la maladie, ni la vieillesse ni la mort. Le soi est indivisible, inaltérable.

Tout est sous contrôle dans l’univers, rien n’est laissé au hasard.

Voilà sans doute en quoi consiste le dévouement libérateur : la soumission délibérée, intentionnelle, indépendante et spontanée au dessein de l’Omniscience Absolue, le chorégraphe des galaxies. Nous avons alors beaucoup moins de soucis personnels. Le soulagement mental et physique est incomparable. Tout ce qui arrive est éventuellement perçu comme un outil bienveillant d’élévation et d’évolution vers le Centre et l’origine de toutes choses. Nous entendons l’appel de l’Infini. Idéalement, Atma-le-soi perçoit les Jeux de la Transcendance instantanément et partout. Tout prend un sens nouveau. Les épreuves sont toujours là, c’est certain, elles peuvent même s’amplifier, mais nous les accueillons de bonne grâce; tout devient de bon augure, auspicieux. Notre petit passage sur terre commence alors à prendre un nouveau souffle. L’âme observe ses expériences terrestres depuis le centre de son être, là où tout s’éclaircit.

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