CERTITUDE OU FICTION ? (13e partie)
En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.
J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée.
Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.
L’INCROYABLE AFFAIRE DES ENLÈVEMENTS EXTRATERRESTRES
« Des vaisseaux ont également suivi les autres missions Apollo. C’est là une réalité attestée. C’est nous qui en avons entravé le discours global, car nous avions reçu des instructions en ce sens. Nous étions effrayés au plus haut point lorsque nous avons compris l’énorme différence qu’il y avait entre notre technique, notre science et celle des Ovnis. Il est donc évident que cela nous a amenés à donner des avis négatifs, dans leur globalité. Indéniablement, le fait décevant est que nous n’avons pas d’explications, car notre science est encore pratiquement primitive en comparaison de celle de ces planètes d’où proviennent ces vaisseaux spatiaux. » (Dr. Dino Dini, ingénieur spatial de la NASA)
Un lac gelé, cela n’existe pas !
En octobre 2001, mon épouse et moi, nous nous sommes rendus de Paris à l’Île Maurice, à quelques centaines de kilomètres à l’est de la côte orientale africaine. Près de douze heures de vol. Lorsque l’officier mauricien des Douanes a posé son regard sur notre passeport canadien, il a sourit en nous informant que nous étions le sixième couple canadien cette année !
Au cours de notre périple, nous avons visité un immense parc floral, guidés par deux jeunes filles créoles. Folles de joie de parler à des francophones affichant l’accent le plus drôle qu’elles aient jamais entendu, elles nous ont demandé de leur parler de la neige : « Est-ce vrai que c’est comme si toute l’Île était recouverte d’un grand drap blanc ? » Pour la neige, ça pouvait aller, mais lorsque je leur expliquai que nous avions de grandes étendues d’eau gelée sur lesquelles nous pouvions rouler en voiture et se déplacer avec des bottillons sur lesquels des lames bien affûtées nous permettaient de nous déplacer comme le vent, ce fut autre chose. Elles étaient visiblement privées d’images nordiques, n’ayant sans doute pas accès à Internet ou au cinéma, parce qu’elles ne voulurent jamais me croire. Elles étaient convaincues, en ricanant sans cesse, que je me payais vraiment leur tête avec mes histoires. J’ai renoncé à prolonger leur tourment et ne parlai point du hockey sur glace ou de la Coupe Stanley ! Grands Dieux, je ne parlais pourtant que de glace ! Ils en mettent dans leurs verres, non ?
Si on ne parvient pas à parler sérieusement de l’existence de lacs gelés à des gens qui n’en ont jamais vus, imaginez la mission impossible que représente une discussion tout aussi sérieuse sur des visiteurs venant d’ailleurs.
Dans cet ouvrage, nous avons rappelé à quel point le sujet des ovnis passe très mal son test scientifique, médiatique, social, politique et militaire puisque à lui seul, il menace toute l’infrastructure émotionnelle de l’être humain via l’incinération totale et sans condition de l’ensemble de son Recueil de Croyances. Nous avons évoqué les appréhensions qu’avait au départ le docteur John E. Mack, au moment de se rendre chez Budd Hopkins pour assister à une première régression hypnotique sur un enlevé. Il était convaincu que si, comme le disait Hopkins, ils étaient fort nombreux, c’est qu’une pathologie nouvelle venait peut-être d’être découverte. Nous connaissons la suite. Aucune pathologie n’explique tous ces phénomènes.
Ainsi donc, nous serions visités par des êtres provenant d’ailleurs, un peu comme nous observons, discrètement, à leur insu, certaines tribus primitives. Que faisons-nous avec ces gens, ces primitifs, lorsque nos explorations en terres inconnues nous amènent à prendre connaissance de leur existence sur notre propre planète ? Nous les observons de loin, nous les étudions de loin, nous évitons un contact massif et rapproché et nous n’intervenons pas dans la conduite de leurs affaires. Nous le faisions autrefois avec les conséquences dramatiques que nous connaissons, [1] mais plus maintenant.
La souveraineté westphalienne
Cette dernière petite phrase n’est pas sans rappeler la fameuse Prime Directive de la série Star Trek, n’est-ce pas ? Série fictive s’il en est une, mais qui s’inspire de réalités sociales, politiques et scientifiques bien réelles. C’est le cas de cette directive première. L’auteur, Gene Roddenberry (1), se serait inspiré du principe de la souveraineté westphalienne. Ce principe de souveraineté se traduit par « l’exclusion des acteurs extérieurs dans le processus domestique de gouverne. Cette exclusion est, en principe, réciproque entre les États, même si la tendance naturelle est d’affirmer son indépendance au niveau interne, tout en cherchant à influer sur l’État voisin. Si le concept de souveraineté westphalienne est récent, son origine, elle, est ancienne. À la suite de la guerre de Trente ans, la paix de Westphalie en 1648 établit la notion de souveraineté territoriale comme doctrine de non-ingérence dans les affaires d’autres nations. En théorie, donc, en droit international, tous les États sont égaux et indépendants. » (2)
Donc, même si nous ne sommes familiers qu’avec la notion de non-ingérence exprimée par une série télévisée fictive, elle repose sur une base existante et n’est donc pas étrangère à un concept qui pourrait être universel. Ainsi donc, nous pouvons penser que si des visiteurs extraterrestres et/ou provenant de d’autres dimensions – ce qui est d’ailleurs plus probable – se montrent peu disposés à établir un contact officiel ou massif et rendu globalement public, c’est par respect d’une politique de non-ingérence qu’ils s’imposeraient à eux-mêmes.
Les motifs profonds pourraient toutefois n’avoir aucun rapport avec ceux qui nous poussent à garder nos distances avec des individus de cultures inférieures. Nous ne savons pas qui ils sont, ce qu’ils sont, quelles sont les composantes de leurs sociétés, les relations qui existent entre elles, s’il y en a, et à quel niveau ! Nous ignorons s’il existe une hiérarchie inhérente à ces sociétés. Nous ignorons également ce que nous représentons collectivement à leurs yeux et surtout individuellement, puisque c’est de cela dont il est maintenant question dans ce chapitre.
Le phénomène des enlèvements
En effet, l’affaire des enlèvements vient chambouler cette belle théorie de la non-ingérence et donne à penser que si nos visiteurs ne s’ingèrent pas dans la conduite des affaires humaines et abandonnent en quelque sorte les rebelles chicaniers et primitifs de cette tribu à leur sort, ils auraient néanmoins pris la décision d’intervenir à un autre niveau. Sans doute quelque part dans notre intérêt, mais on peut très certainement croire que c’est également dans le leur.
Contrairement à ce que vous pensez, le phénomène des enlèvements extraterrestres est pris très au sérieux par de nombreux spécialistes de la santé mentale, partout dans le monde, et qui, devenus experts dans le domaine, sont loin de prétendre qu’il s’agit là d’une nouvelle forme de psychopathologie, bien au contraire. Pour le lecteur non informé de tous les tenants et aboutissants du phénomène des enlèvements, une surprise l’attend : si au Québec, c’est un silence sépulcral, troublé à l’occasion par un cynisme enfantin, ailleurs dans le monde, c’est une toute autre histoire. En d’autres termes, n’allez pas conclure que ce phénomène est irréel, absurde et fantaisiste uniquement parce que la Presse, le Journal de Montréal ou Radio-Canada n’en parlent jamais. Ailleurs, c’est différent, guère mieux, mais quand même différent.
L’enlèvement, également appelé abduction, est l’événement qui survient dans la vie d’une personne au moment où elle est en relation directe avec une entité non humaine et dont les circonstances sont reliées à la présence d’une réalité et d’une technologie extraterrestre ou supra-humaine.[2]
L’abductee ou l’expérienceur, tel que l’appelait le docteur John E. Mack, mais que nous avons choisi d’appeler ici l’enlevé, est extirpé de son lit, de sa voiture, soit physiquement ou par le biais d’une sortie du corps contrôlée,[3] pour être dirigé habituellement vers une pièce circulaire, très illuminée. Il est installé sur une table, parfois une chaise de dentiste. Des examens et/ou des prélèvements sont effectués, il arrive très fréquemment que des expériences d’ordre génital soient tentées, autant chez les femmes que les hommes, bien que les procédures varient selon le sexe. Le sujet y séjourne entre une heure et demie et trois heures. Il est terrorisé. Il est possible qu’un échange télépathique survienne, que des images de type holographique soient produites. Puis, le sujet est ramené chez lui.
Il s’ensuit toujours une perte de mémoire totale, partielle ou minime. Il n’a pas encore été établi de manière formelle si cette perte de mémoire est un effet secondaire du choc traumatique engendré par l’enlèvement ou volontairement induit par les ravisseurs.[4] Des marques sur le corps peuvent être observées et habituellement des rêves ou des cauchemars se manifestent ultérieurement, tout comme certaines manifestations paranormales. À l’occasion, un ovni est observé soit dans l’heure précédent l’enlèvement ou dans les minutes suivant le fait. Cette observation peut provenir du témoin enlevé et/ou de personnes complètement étrangères à ce qui se passe.
L’enlèvement peut se produire dans un univers tri-dimensionnel ou extra-dimensionnel. Pour ces raisons, il peut parfois donner l’impression d’une sortie extra-corporelle ou d’un rêve lucide. Dans presque tous les cas, l’enlèvement produit chez le sujet un état de conscience altérée, comme si la rencontre s’effectuait à un autre niveau de conscience. Selon plusieurs chercheurs, le traumatisme des enlevés est davantage généré par le bris total de leur Recueil de croyances, comme nous l’appelons, que par la terreur ressentie lors de leur(s) expérience(s).
Selon une étude effectuée par le Dr Richard Boylan (3), dans près de 70% des cas, il faut recourir à des techniques spécialisées pour que le sujet recouvre la mémoire, ce qui ne serait pas étranger à cet état de conscience altérée. 54% des enlèvements concernent les femmes et 45% les hommes.
L’âge auquel les enlevés finissent par se révéler est en moyenne 39 ans. L’âge moyen minimum connu est 8 ans et l’âge maximal est 61. Ces chiffres sont très imprécis et n’excluent pas qu’ils se modifient considérablement avec l’avancement de la recherche. Au niveau du souvenir, 11% ont été identifiés comme des simulateurs ou souffrant de désordres mentaux, 7% n’ont aucun souvenir, 9% ont un souvenir total et 73% ont un souvenir partiel. Certains suggèrent que les enlevés souffrent d’un syndrome post-traumatique. Boylan affirme que 26% n’ont aucun symptôme, alors que 76% ont certains symptômes et 0% ont des symptômes sérieux. Il a été démontré que les troubles sérieux d’anxiété rendant le sujet dysfonctionnel, sont causés par des traumatismes antérieurs qui n’ont rien à voir avec l’enlèvement : agression, abus, et autres désordres psychologiques préexistants.
11% des enlevés présentent des traumas préexistants alors que 66% n’en ont aucun et 23% ont de légers problèmes. L’attitude des enlevés face à leurs ravisseurs est positive dans 59% des cas, ambivalente dans 32% et foncièrement négative dans 9%. L’enlèvement se produit dans la chambre à coucher ou un endroit désert dans 91% des cas. 9% parlent de cas où ils ont été dirigés d’une forte densité vers une densité nulle. Aucun cas ne s’est produit de jour au sein d’une foule[5].
Les psychologues et les psychiatres qui n’ont pas étudié de près le phénomène des enlèvements s’empressent souvent de ramener toutes ces expériences à des causes connues. Il s’agit d’un réflexe spontané de leur part. Les résultats d’études ou de recherches qui ont été effectuées dans ce domaine, sont à mille lieues de partager ces conclusions trop hâtives et surtout rassurantes.
Pour ces autres spécialistes de la santé mentale qui n’ont jamais pris la peine d’étudier un seul cas, l’hypothèse extraterrestre ne peut être prise en considération, comme nous l’avons déjà expliqué. Il leur est donc impossible de faire un pas, si petit soit-il dans cette direction. Ils adoptent alors des positions conventionnelles, tout comme s’il s’agissait d’un désordre mental tout aussi conventionnel. En d’autres termes, en écartant de manière systématique l’alternative extraterrestre, ils cherchent leurs clefs de voiture sous le lampadaire parce que là au moins il y a de la lumière ! Par le passé, en brûlant sur le bûcher des gens atteints de désordres mentaux, parfois même légers, ils ont démontré leur ignorance. Le bûcher, de nos jours, est une cruelle indifférence, un immense éclat de rire ou un accès de colère en sachant que parfois le ridicule ou l’humiliation peuvent tuer.
Les objections les plus fréquentes que ces spécialistes finissent par énoncer du bout des lèvres sont : la fabulation ou le canular, la paralysie du sommeil, l’épilepsie du lobe temporal, de fausses mémoires induites par un praticien en hypnose ou les manifestations d’une maladie mentale grave. Comme nous le verrons, aucune de ces explications prématurées ne vient expliquer le nombre quasi incalculable de dossiers d’enlèvements, sans parler du fait que seulement un infime pourcentage de ces gens ose s’avancer pour en parler à leur praticien ou à un chercheur spécialisé.
Le canular
Qu’un individu prenne la décision de faire croire à un chercheur indépendant ou un professionnel de la santé qu’il est victime d’un enlèvement par des entités mystérieuses en élaborant, de son propre cru, un scénario complexe et fort élaboré, demeure toujours possible ! Mais rare. Les chercheurs expérimentés ont en leur possession des éléments clé qui ne ressortent jamais dans de tels cas. De plus, il est très clair dans l’esprit des chercheurs, que le canular ne peut en aucune manière expliquer tous les cas recensés. [6] Bien au contraire. Le canular, qu’il se produise au niveau de l’enlèvement ou de l’observation d’un ovni, a toujours été motivé jusqu’à ce jour par un objectif précis : faire abondamment parler de soi d’une façon ou d’une autre. Nous ne détenons aucune statistique malheureusement, mais nous savons par expérience, qu’au moins 98% des enlevés fuient la publicité comme la peste, refusent de rendre leur identité publique et refusent également dans une très forte proportion, de raconter leur expérience à d’autres que le chercheur en qui ils ont confiance. Compte tenu du ridicule et des moqueries très blessantes dont ils font l’objet, on ne peut les blâmer de s’enfermer dans le silence ou l’absolue discrétion. Si canular il y a, le sujet responsable cherche toujours à faire éclater l’affaire au grand jour, ouvertement ou anonymement, de sorte qu’il puisse s’en vanter et se moquer ouvertement des chercheurs.[7]
En ce qui concerne nos propres recherches dans ce domaine, nous estimons avoir été victimes de canulars dans 2.5% de cas concernant l’observation d’ovnis et 1% en ce qui a trait aux enlèvements.
Paralysie du sommeil
Cette forme de paralysie existe et cause une peur démesurée de la mort chez le sujet. La plupart des spécialistes s’entendent à dire toutefois qu’elle ne génère aucune hallucination élaborée et certes pas de traces physiques sur le corps. Selon qu’elle se manifeste avant le sommeil ou au réveil, le sujet est simplement incapable de bouger et ressent une présence menaçante, voire diabolique. Cette dernière ne se manifeste jamais de façon très élaborée et ne peut donc être décrite en détail, encore moins s’inscrire dans un scénario typique d’enlèvement. Un professionnel de la santé mentale et même un enquêteur expérimenté détecte assez aisément ce type de problèmes. Aucun effet de la paralysie du sommeil n’a la complexité émotionnelle effarante, la richesse d’informations des récits d’enlevés et surtout les conséquences multiples sur les différents modes de fonctionnement du sujet par la suite, tant sur les plans affectif, social, culturel et très souvent spirituel. Cette paralysie ne dure en général qu’une dizaine de minutes. On est loin du compte.
Divers types d’épilepsie
L’épilepsie est une maladie chronique du système nerveux central. Le dysfonctionnement du système nerveux provoque des sensations désagréables, des sentiments et des comportements étranges ou des crises, des convulsions musculaires ou une perte de conscience. Lors d’une crise, les neurones se déchargent jusqu’à 500 fois par seconde, soit beaucoup plus rapidement que le taux normal de 80 par seconde. Chez de nombreuses personnes, les crises ne sont qu’occasionnelles. Chez d’autres, par contre, elles peuvent se manifester jusqu’à plusieurs centaines de fois par jour. (4) Toutefois, les crises d’épilepsie ne déclenchent pas d’hallucinations que nous pourrions qualifier d’oniriques et organisées, comme le sont les scénarios d’enlèvement rapportés par les témoins. En général, les victimes de crises épileptiques ne conservent pas un souvenir empreint de réalisme de ce qu’ils ont vécu durant une crise, même sous hypnose. Il n’existe aucun cas d’épilepsie à caractère unique, c’est-à-dire un scénario thématique précis en continu avec un aspect historique, encore une fois, comme c’est le cas pour les récits d’enlèvements conscients ou rapportés sous hypnose.
Ces récits ont une cohérence, un début, une suite et pour ainsi dire une fin, qui s’échelonnent sur plusieurs années, depuis l’enfance. Rien de tout cela n’est caractéristique d’une forme d’épilepsie, quelle que soit sa forme et sa virulence. Les enlevés les plus célèbres, dont Whitley Strieber, ont subi des tests négatifs à cet effet. (5)
Fausses mémoires
Les sceptiques moins bien informés brandissent constamment le syndrome des fausses mémoires (SFM) comme l’explication concluante des enlèvements. L’hypnologue aurait implanté consciemment ou inconsciemment de fausses mémoires dans l’esprit du patient en transe et que ce dernier aurait fini par s’attribuer. Tous les spécialistes de la santé mentale rejettent cette hypothèse, sauf quelques irréductibles. Une étude de l’Université Carleton à Ottawa, sous la direction du professeur Connie Kristiansen du département de psychologie (6), est très claire sur ce point.
L’objet de son étude porte sur la définition même du terme « fausses mémoires » à la suite des nombreux cas d’inceste rapportés un peu partout en Amérique du Nord et décrits comme tels par les conseillers juridiques, à la défense de leur client. Il existe même à Philadelphie une organisation connue sous le nom de False Memory Syndrome Foundation. (7) Cette institution promeut la thèse que certains thérapeutes suggèrent délibérément, ou même imposent à leur patient, des souvenirs d’événements qui ne sont pas réellement survenus. Il s’agirait, selon la Fondation, d’un souvenir iatrogénique, c’est-à-dire créé par le traitement thérapeutique, un phénomène fréquent dans d’autres circonstances, lorsqu’un malaise s’accentue au lieu d’être soulagé par le traitement médical.
Debra L. Lindemann (8) n’hésite pas à établir un parallèle entre les conclusions de cette étude et l’effort des hypnothérapeutes envers les personnes dites enlevées. L’étude est un long document qui nécessiterait plusieurs pages dans cet ouvrage. Nous aborderons simplement certaines conclusions intéressantes :
« Le SFM (syndrome des fausses mémoires) est un problème relié à la pratique professionnelle et non un phénomène de maladie mentale du patient. (…) La pratique générale démontre qu’il est extrêmement difficile d’implanter une fausse mémoire dans l’esprit du patient et quasi-impossible de rendre cette fausse mémoire durable. Le SFM est extrêmement rare pour ne pas dire inexistant.[8] (…) Le phénomène des abductions est cité par certains dénigreurs comme la preuve de l’existence du SFM, ce qui démontre le peu de sérieux d’une telle déclaration. Parce qu’on ne croit pas en l’existence d’un phénomène, tout ce qui tend à le démontrer est donc faux ! »
L’étude de l’Université Carleton porte sur l’inceste. Ses conclusions portent cependant sur toutes les formes possibles de fausses mémoires, incluant les cas d’enlèvements. Lindemann conclut finalement que l’extrême rareté, et peut-être même l’inexistence du SFM, neutralisent entièrement toutes les prétentions des dénigreurs quant à l’origine des souvenirs des enlevés. De toute façon, imaginez le pouvoir fabuleux de l’hypnose, si après un petit décompte fort relaxant, on parvenait à induire de la sorte, des fausses-mémoires percutantes et durables à tout un chacun. Or l’hypnose, en dehors de son petit cachet mystérieux, créé par certains gens de théâtre, n’a absolument pas ce pouvoir. C’est d’ailleurs une constante en hypnose : vous ne réussirez jamais à imposer, sous hypnose, des images, des gestes ou des souvenirs que le sujet réprouverait en temps normal.
Les post-suggestions hypnotiques qu’on pourrait également qualifier de fausses mémoires existent bel et bien. Mais à leur tour, elles s’effacent très rapidement et ne sont pas conservées comme éléments valables dans la mémoire du sujet. Les seuls cas, nous y reviendrons, où des suggestions de ce type ont été retenues pendant de nombreuses années par le sujet, sont liés à des pratiques très intrusives et couplées à des stimuli visuels élaborés, des formulations répétées mécaniquement et l’absorption forcée, par injections, de produits spécifiques dont bien sûr, des drogues hallucinogènes. C’est le scénario du lavage de cerveau, pratiqué notamment sur des soldats américains durant la Guerre de Corée.
Autres maladies mentales
Nous connaissons tous l’image de ce malade qui erre dans les couloirs d’un asile psychiatrique en beuglant ou en marmonnant qu’il est Napoléon. Cette image, très surfaite, vous l’avez compris, ne représente aucunement la réalité que vivent les enlevés. Dans ses écrits déjà cités, les experts, dont le docteur John E. Mack, sont formels sur ce point. Toute personne souffrant de désordres mentaux graves de type schizophrénique paranoïde ne peut, en aucun cas, mener une vie dite normale sans incident, ce qui est le cas pour la très grande majorité des enlevés. Nous ne prendrons pas dix pages pour énumérer les comportements typiques de ces gens qui souffrent de désordres aussi importants. Lorsque vous rencontrerez ces malheureux, vous comprendrez !
Une réalité fracturée
Peu d’études rigoureuses relevant du domaine psychiatrique ont été réalisées afin de déterminer la nature de l’enlèvement. C’est une thématique tabou, rejetée ou méprisée par l’establishment médical. Cette attitude est justifiée par le caractère extrême de l’enlèvement, son côté irrationnel, presque fou en somme. C’est la raison pour laquelle, notamment, certains enlevés ont été traités au même titre que les schizophrènes et les paranoïaques et que de nombreux psychologues vont immédiatement déléguer aux psychiatres les clients qui les abordent avec ce type d’expériences, particulièrement au Québec.
Par contre, les psychiatres tout de même assez nombreux, dont John Mack, l’inspirateur et leader incontesté de ce mouvement, ont été forcés de reconnaître un point très important : presque tous les enlevés ont réagi avec une émotion très puissante lorsqu’ils ont constaté que leur problème n’était pas une illusion fabriquée par leur esprit atteint ou par un désordre neurologique. Tous ont été frappés de stupeur et ont hurlé leur désarroi devant cette fracture multiple de leur réalité. Un des propos qui revient le plus souvent chez les enlevés est le suivant : « Je crois que j’aimerais mieux apprendre que je suis atteint d’une maladie mentale ! »
Tel le Phénix…
Ils reconnaissent tous avoir vécu une ou plusieurs expériences qui, jusqu’alors, étaient interprétées comme une hallucination, de terribles cauchemars, mais de toute manière inexistantes, pas pour de vrai ! Ceux qui ont eu la malchance de tomber sur un praticien traditionnel ont été sur-médicamentés ou internés. Les autres, qui ont d’abord fait un premier pas discret et prudent auprès d’un enquêteur spécialisé et par la suite un professionnel de la santé sensible au phénomène[9], ont alors découvert qu’une autre réalité, folle, impossible et terrifiante s’était imposée à leur monde à eux.
En ouvrant la porte à une révélation plus étendue de leur expérience, ce qu’ils n’avaient jamais osé faire auparavant, ils ont pu constater que cette même expérience n’était que la pointe de l’iceberg et que d’autres, similaires et tout aussi élaborées, précédaient et suivaient cette dernière, sur une période pouvant aller de l’enfance à leur âge présent.
Ce n’est qu’après avoir intégré ces expériences à leur propre existence, qu’ils ont fini par en accepter la réalité. Le suivi effectué par ces mêmes professionnels démontre alors que les enlevés deviennent plus calmes, plus sereins et constatent, non sans une certaine surprise, qu’ils ont effectivement un lien très dynamique avec ces entités, qu’elles ont toujours fait partie de leur vie et que la terreur vécue dans la souffrance était davantage générée par une peur morbide et naturelle de l’inconnu, que par ces mêmes entités.
Lorsque le sujet finit par intégrer entièrement ses expériences, il découvre alors une dimension d’une profondeur insondable en son être intérieur et va jusqu’à vivre une transformation complète de sa personne. Dans tous les cas répertoriés, cette transformation est très positive et se révèle très dynamique dans le sens où l’individu développe une conscience extrêmement sensible aux êtres humains, aux formes de vie en général et à la planète dans son ensemble. Il embrasse une toute nouvelle perspective, écologique très souvent, devient végétarien dans plusieurs cas, mais selon les chercheurs qui ont suivi ces gens, ce n’est pas de l’intégrisme ou du fanatisme et il ne se manifeste que très peu de tendances au prosélytisme chez eux. Ils vivent intérieurement cette transformation de conscience, ne la partagent qu’avec leurs semblables, mais tentent de l’appliquer malgré tout à leur propre comportement et soutiennent alors des causes nouvelles qui leur tiennent maintenant à cœur. Si ce train de conséquences est la résultante d’une maladie mentale grave, alors soit, il y a pire.
Le mythe de X-Files
En désespoir de cause, on prétend que les enlevés inventent leur histoire sans le vouloir, à partir des images de séries ou de films diffusés à la télévision ou au cinéma. Nous avons déjà accusé le cinéma d’avoir répandu une image fort délabrée du phénomène ufologique. Sont alors nées les « attaques de soucoupes volantes, de Martiens et des petits hommes verts. » En ce qui concerne les enlèvements par ceux que nous connaissons sous l’appellation de «Gris», il faut remonter aux premiers rapports d’enlèvements datant des années 60. Durant toutes ces années, et davantage au cours des années 80, des centaines de milliers de gens se sont mis à rapporter à peu près le même scénario. Le cinéma est venu plus tard. Intervertir la cause et l’effet est l’exercice typique des gens qui refusent de croire.
La littérature de science-fiction, la télévision et le cinéma n’ont donc rien inventé. Au contraire, ils se sont inspirés de ces récits. Au même titre que ce ne sont pas les criminels qui se sont inspirés du cinéma pour cambrioler une banque, mais bien le cinéma qui s’est inspiré de ces crimes pour produire leurs scénarios. C’est d’ailleurs l’aveu fort candide qu’en fait Chris Carter de la série X-files. (9)
Mais un tel argument ne vaut qu’une minute ou deux de temps perdu. Les films de Frankenstein, de vampires et de loups-garous existent depuis le début des années 30. Personne encore n’a proclamé avoir été enlevé par un vampire ou un loup-garou et avoir fait l’objet d’un ouvrage du genre de ceux publiés par d’illustres psychiatres et médecins américains et européens ou suscité une rencontre de spécialistes au célèbre M.I.T. comme nous le verrons plus loin. Le docteur Sturrock n’a pas réuni neuf spécialistes de classe internationale pour discuter des déplacements étranges d’un homme chauve-souris dans le ciel de Gotham City.
La suite au prochain numéro …
Références et documentation
L’incroyable affaire des enlèvements extraterrestres
(1) RODDENBERRY, Gene. The Myth and the Man Behind Star Trek, Hyperion Books.
(2) WESTPHALIENNE, Souveraineté. www.wikipedia.com
(3) BOYLAN, Dr Richard. Close Extraterrestrial Encounters, Wild Flower Press.
(4)SCHLIEPER, Thomas. Senior du site pharmaceutique des entreprises Sandoz. www.generika.ch
(5) STRIEBER, Whitley. Communion. Beech Tree Books. Le lecteur peut consulter également le site internet de Whitley Strieber : www.unknowncountry.com
(6) KRISTIANSEN, Connie. Journal of Psychiatry and Law.
(7) FALSE MEMORY SYNDROME FOUNDATION, www.fmsfonline.org
(8) LINDEMANN, Debra L., hypnothérapeute certifiée. www.CNIDebra@aol.com
(9) CARTER, Chris. Entrevue de Jesse Rhodes. www.smithsonianmag.com.(17 juillet 2008)
[1] Nous faisons allusion évidemment aux grandes conquêtes françaises, britanniques, portugaises et espagnoles des siècles derniers.
[2] Le terme extraterrestre englobe toutes les hypothèses : suprahumains, extradimensionnels, extraterrestres, etc
[3] Dans ces cas précis, l’enlevé ne subirait aucune expérience d’ordre physique.
[4] Le terme ravisseur n’est pas péjoratif et ne signifie pas ici que l’acte posé est nécessairement violent. Un fait demeure : à priori, il ne semble pas être voulu par l’enlevé, d’où le terme de victime que nous utilisons aussi pour décrire ce dernier.
[5] Certains lecteurs pourraient ne pas être en accord avec cette donnée compte tenu de leur propre expérience. C’est à eux qu’incombe la responsabilité de se manifester.
[6] N’oublions pas que de nombreux enfants en bas âge en sont victimes. ( Mack 1994-1999)
[7] Les canulars les plus fréquents touchent davantage l’observation nocturne d’un ovni et les cercles céréaliers. On soupçonne fortement également quelques contactés qui sont des gens prétendant avoir été choisis comme représentants des extraterrestres, sans qu’aucun enlèvement ne se soit produit.
[8] Dans notre pratique personnelle, en-dehors des régressions de sujets enlevés, nous avons expérimenté à de nombreuses reprises les suggestions post-hypnotiques avec succès, même si la thématique était fictive. Par contre, l’effet ne dure que quelques heures à peine et le sujet finit toujours par se rendre compte, par lui-même, qu’il a été dupé par une fantaisie. Il admet également que si la suggestion post-hypnotique eut été déplaisante ou contraire à ses valeurs, elle aurait échoué.
[9] Voir la section « spécialistes » dans Référence et documentation.
Visitez-nous sur notre page Facebook
Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie) Certitude ou fiction (13e partie)Certitude ou fiction (13e partie)