CERTITUDE OU FICTION ? (suite)

En 2010, je publiais chez Québec-Livres un ouvrage intitulé Certitude ou fiction ? faisant allusion au phénomène ufologique. Ayant récupéré mes droits, j’ai accepté de le confier à Julie afin qu’elle en publie le contenu ici sous forme de chroniques.

J’ai révisé quelques passages, mais essentiellement tout ce qui est là demeure contemporain au niveau de ma pensée.

Après bientôt six décennies d’étude et d’enquêtes minutieuses auprès des faits rapportés par de nombreux témoins de différentes anomalies, je vous invite à découvrir le fascinant processus de réflexion qui amène les gens à prendre une position ferme sur tout sujet et particulièrement sur tout sujet qui… n’existe pas.

Suite et fin du chapitre 1- Les cinq grands Livres de la Vie

Ce qui est suspect

Mais comme l’être humain vit dans un monde matériel à trois dimensions, il est généralement admis par tous, que tout ce qui n’est pas matériel, visible, démontrable et mesurable est très suspect. C’est une croyance occidentale fortement répandue provenant d’un ensemble de données alors que chez les Aborigènes d’Australie, entre autres, c’est l’inverse. Ces données de l’Encyclopédie sont inscrites à jamais dans le Recueil des Croyances. La seule exception durable chez plusieurs est le monde spirituel ou religieux bien organisé qui, par l’éducation parentale, scolaire et souvent même du milieu, donc le Traité, fera partie du Recueil de chacun, mais avec le temps, la pratique ou la non pratique, les chapitres spirituels finiront par prendre une formidable expansion, se modifier par amendements importants ou s’émousser jusqu’à ne plus exister.

Mais qu’importe, tout le monde a un Recueil. Sans exception. Tout le monde a ses croyances dans plusieurs domaines et bien entendu tout le monde n’accorde aucun crédit à ce qui s’oppose à leurs croyances. Ce Recueil est vaste, énorme et contribue, tout comme le Catalogue, le Traité et l’Encyclopédie, à façonner la personnalité de l’individu et, plus qu’il ne s’en doute, nous le répétons, à dominer entièrement son existence.

Le Recueil contient de grandes variétés de croyances qui peuvent générer le fanatisme le plus extrême, ou de non croyances générant le nihilisme le plus intégral. L’avortement, la peine de mort, la démocratie, l’argent, le capitalisme, l’évolution de l’homme, comme déjà dit, la liste est interminable, mais ajoutons donc pour notre propos les croyances et les non croyances très particulières qui sont l’objet de cet ouvrage : les anomalies ![1]

L’être humain est confronté toute sa vie à une réalité fort simple. Le Cahier de Survie est très clair sur ce sujet :  « Ce n’est pas le moment de rêver, il faut survivre. » Le Catalogue des Sensations n’en démord pas : «  Si c’est plaisant on le prend, on le dit, on le fait, sinon on s’abstient ! » Le Traité des Interdictions et des Obligations, quant à lui, n’est pas du genre à faire dans la dentelle de Bruges : « Cette croyance est totalement inacceptable, point barre. » Quant à l’Encyclopédie, contrairement aux Livres précédents, elle ne prend aucun parti. Elle ne dit pas ce qui est bien, plaisant, interdit ou pas, elle ne fait qu’étaler des faits : « La pesanteur d’un objet est déterminée par g = 9,81 m·s-². Cinquante fois vingt font mille, de même que Helsinki est la capitale de la Finlande.» On n’en sort pas, il y a une certaine finalité.

Le contexte dans lequel sont reçues les données qui vont rédiger l’Encyclopédie s’apparente souvent à celui du Traité et du Recueil. Le parent qui enseigne à son enfant certaines réalités de son univers, le professeur qui fait de même, l’expert ou le spécialiste qui s’exprime en public ou dans les médias, énoncent ces faits comme des vérités. «  Il a été établi que… »  «  Les preuves démontrent que… »  La question ici n’est pas de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas ou ne l’est plus. Il s’agit de prendre conscience que ces données sont inscrites dans l’Encyclopédie de chacun comme une vérité, une indiscutable vérité d’ailleurs, parce que scientifiquement démontrée et doit alors s’inscrire dans le Recueil des Croyances. C’est ce qui s’est toujours produit, depuis toujours.

L’histoire démontre comment des faits bien établis, reconnus par l’Encyclopédie de chacun, sont devenus des croyances. Puis un jour, de nouvelles découvertes ont entièrement démoli la structure même de ces croyances. Elles font sourire aujourd’hui, mais à l’époque elles constituaient la base du Savoir. Les exemples sont très nombreux. La vitesse maximale que peut subir un être humain est passée de 50 km/h à plusieurs « g » ; la saignée était autrefois considérée le plus sérieusement du monde par les médecins, comme la seule et unique méthode pour permettre aux humeurs malignes de quitter le corps. Avant Darwin, et notez bien encore de nos jours chez certains, l’univers a été créé en sept jours et l’homme fut créé tel qu’il est de nos jours par Dieu dans le Jardin d’Eden. Cette dernière croyance a perduré pendant des centaines et des centaines d’années jusqu’au début du vingtième siècle[2]. La non-rotondité de la Terre, sa position dans le système solaire primant sur le soleil sont d’autres croyances fondamentales qui ont dominé la culture scientifique de nombreuses époques. Jusqu’à tout récemment, l’atome n’existait pas et on décantait la nature en quatre éléments : le feu, l’air, la terre et l’eau. L’atome, ce grain indivisible[3] dont nous avons découvert la nature à partir du tableau de Mendeleïev avant 1969, n’était finalement pas la plus petite particule avec la découverte des quarks. Il est facile aujourd’hui de se moquer de ces époques et de ces gens qui dans leur ignorance et leur grande naïveté étaient à des lieues de la « vérité. » Mais si nous avions vu le jour nous aussi en ces époques, nous aurions défendu ces « vérités » avec bec et ongles.

Le philosophe Hubert Caron (2) a publié un article intitulé Qu’est-ce qu’une fausse science ? Nous avons retenu ce passage :

« La liste des erreurs scientifiques serait même étonnamment longue, puisque toute découverte scientifique sur un quelconque phénomène contient par nature l’invalidation des explications antérieures sur ledit phénomène. Les sciences ne progressent en fait qu’en rectifiant constamment leurs erreurs. Ce qui signifie qu’elles se trompent, qu’elles sont toujours confrontées à l’erreur, que la recherche est un effort incessant pour tenter d’échapper aux erreurs du moment. Certaines sciences, comme la physiognomonie, qui établissait des analogies téméraires entre les formes des têtes animales, l’aspect des visages, et les caractères individuels, ont finalement été abandonnées. Mais ce qui paraît encore plus grave, c’est que cette suite d’erreurs rectifiées qui constitue le progrès scientifique, est parfois loin d’être une avancée continue produisant peu à peu une somme de résultats acquis et définitifs. Le siècle de Newton, ébloui par sa Mécanique Céleste, s’est bien moqué des fameux “tourbillons de M. Descartes”. Et pourtant, la théorie de la relativité généralisée a non seulement montré les limites du système de Newton, mais l’astrophysique en découvrant les galaxies a redécouvert les tourbillons célestes. Quelle vérité, si ferme et si assurée, ne sera pas remise en cause demain ? »

Voilà ce que nous devons retenir. Ces faits bien inscrits dans le béton de notre Encyclopédie et devenus de véritables croyances, que vaudront-ils dans 20, 150 ou 300 ans ? Qui aurait cru en 1952 que l’Univac, ordinateur capable de quelques milliers d’opérations par seconde allait être supplanté en 2009 par un Cray capable d’effectuer un million de milliards d’opérations à la seconde ? Qui aurait cru en 1935 que la pénicilline, cette substance utilisée pour nettoyer des instruments de laboratoire allait devenir l’antibiotique le plus extraordinaire qui soit ? Qui aurait cru en 1960 que le perçage d’un diamant, une opération exigeant un minimum de 24 heures allait être effectué en 15 minutes par un laser à rubis en 1965 ? Qui aurait cru en 2009 que des créatures extra-humaines visitaient la Terre depuis toujours ?, demanderont peut-être les habitants d’un futur pas si éloigné !

Graduellement, les données de l’Encyclopédie vont donc s’inscrire dans le Recueil des Croyances, pour y demeurer tant et aussi longtemps que d’autres données encyclopédiques ne viendront pas les contredire ou les infirmer pour les remplacer par d’autres.

Mais c’est là que survient un autre problème. L’être humain accepte-t-il qu’on vienne cambrioler de la sorte son Recueil pour en modifier les données ? Jamais sans se battre ! Et surtout pas avec des arguments qui ne seraient pas dignes d’être inscrits en lettres d’or dans l’Encyclopédie. Il est même possible que certaines modifications au Recueil pouvant nuire au Catalogue ou modifier substantiellement le Traité soient à ce point inadmissibles qu’elles ne seront tout simplement pas étudiées, ni de près ni de loin. Il n’est donc plus question d’y croire ou de ne pas y croire.

On refuse d’y croire  « parce que cela n’existe pas !  » Mais surtout, parce qu’on ne veut pas que cela existe !

Le refus de croire

Le refus de croire est beaucoup plus au cœur de certaines attitudes ou positions qu’on peut le penser. Nous sommes tous très inconfortables face à l’idée de seulement contempler le fait que nous avons peut-être fait une erreur en croyant en telle ou autre chose. C’est même à ce point inconfortable qu’on peut presque parler de douleur. Or, la douleur, tant physique que morale, est inscrite en lettres de feu dans le Catalogue comme une sensation extrêmement déplaisante. Que ne ferions-nous pas pour l’éviter !

Il y a une grande différence toutefois entre savoir et croire. « J’ai toujours cru que Helsinki était la capitale de l’Islande, or je viens d’apprendre que c’est la capitale de la Finlande. » C’est un fait erroné de l’Encyclopédie qui avait pris le chemin du Recueil et qui maintenant est une croyance modifiée. Cela ne cause aucun problème. Une erreur de ce genre est corrigée rapidement et on y survit parce qu’au fond, ce n’était pas une conviction ou une croyance au sens précis du terme. Par contre…

« J’ai toujours cru que mon grand-père était mort au champ d’honneur durant la deuxième guerre mondiale. » On y croyait et maintenant on apprend, preuves à l’appui, qu’il n’est pas mort au champ d’honneur, mais dans un hôtel miteux dans les bras d’une prostituée et très loin des champs de bataille où il n’a d’ailleurs jamais mis les pieds ! Les nouveaux faits sont là. Les faits précédents avaient déterminé une croyance, mais qui se doit maintenant d’être modifiée. Or, certains vont résister farouchement, ils vont nier l’évidence défiant les faits, les preuves, l’accablant constat. Ils refusent d’y croire.

Ils refusent parce que cela vient jouer dans leur Catalogue d’Émotions dans son chapitre sur l’amour et l’admiration, dans son chapitre du Traité sur le respect de la famille et surtout dans cette croyance héritée du témoignage vibrant de leurs parents, inscrit dans l’Encyclopédie, à l’effet que grand-papa était un grand homme, un héros de la guerre !

Ils refusent d’y croire parce qu’il y a trop à changer. Il y a trop de conséquences en ce sens que la crédibilité de beaucoup d’autres informations provenant de ces sources ou de sources similaires serait alors grandement ébranlée si l’admission des nouveaux faits devait s’établir. S’y ajoute également, dans certains cas, le jugement de valeur qu’une personne peut avoir sur un homme qui fréquente des prostituées. Très souvent, les valeurs, la morale, font partie intégrante d’un principe d’éducation du Traité et voyagent jusqu’à l’Encyclopédie comme un fait et jusqu’au Recueil comme une croyance : « Je ne peux croire que grand-papa fréquentait des prostituées,  je n’y crois pas.  » En fait, il dit : «  Je refuse d’y croire. »  Parce qu’il refuse que cela soit vrai ! Parce qu’il ne veut surtout pas que cela soit vrai ! La douleur est trop intense.

Si l’individu affecté par cette situation veut continuer de vivre avec ses certitudes, ce qui est généralement le cas, il rejettera cette nouvelle donnée rageusement ou froidement, d’un revers de la main. Non seulement parce qu’il n’y croit pas, mais parce qu’il refuse la simple idée d’en venir un jour à y croire ! Cela porte un nom : le déni ! Or, le déni repose sur le principe du plaisir. La réalité, cause de déplaisir, est niée afin de préserver une excitation minimale du psychisme, tout ce qui pourrait causer de l’insatisfaction se voit refuser la prise en charge.

Tout ceci, ce portrait de l’être humain qui évolue en fonction des écrits qui se trouvent dans ses cinq grands Livres, démontre qu’en bout de piste, malgré son intelligence, malgré sa supériorité sur le monde animal, qu’il le veuille ou pas, que cela lui paraisse inacceptable ou pas, partage avec ce dernier l’instinct premier, primal et primaire de la conservation. L’homme fera tout pour se protéger, protéger ses acquis, donc ses croyances. Il n’hésitera pas à se défiler, à contourner, défier, mentir et, comme plusieurs le démontrent quotidiennement, il ira jusqu’à voler, blesser et même tuer. Il ira en guerre, si nécessaire, pour protéger ses croyances territoriales, qu’elles soient  temporelles ou spirituelles.

 

Référence et documentation

Chapitre 1 – Les cinq grands Livres de la Vie

(2) CARON, Hubert. 2003. Son article sur les fausses sciences a été publié sur le site www.philoplus.com

(Suite du livre au prochain numéro …)

Jean Casault

(août 2009)

[1] Ovnis, enlèvements extraterrestres, expériences de mort imminentes, etc.

[2] Il y aurait près de 150 millions d’Américains convaincus de la réalité du créationnisme.

[3] Une croyance qui date de l’Antiquité et qui a donné le nom atome : grain insécable ou indivisible.

 

 

Visitez notre page Gratitude

Visitez-nous sur notre page Facebook

 

Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite) Certitude ou fiction (suite)