L’EXTRATERRESTRE QUI FAISAIT DE LA RADIO

Je ne veux y mettre aucune auto-censure, aucun filtre et certes pas d’eau dans mon rouge, parce que moi j’ai le vin jaseur, ça me fait dire ce qu’autrement j’évite de livrer ! En réalité, je vais vous raconter l’endroit et l’envers d’un décor space out dans lequel j’ai évolué alors que très jeune déjà, il était évident que j’allais être un drôle de phénomène.

Ce sont des événements impossibles qui se sont déroulés dans mon environnement alors que j’étais conscient, éveillé, parfois même avec des témoins ou des preuves physiques à l’appui, mais je ne pense pas que vous allez croire tout ce que je vais vous raconter. J’aimerais le penser, mais je sais à quel point certains aspects de ces évènements sont tout simplement impossibles à ingérer, car ils imposent de ce fait l’existence d’un autre univers et c’est beaucoup demander.

J’aurai 70 ans quand ce bouquin va paraître. C’est vieux, en tout cas, ça commence à l’être, on ne va pas se raconter des histoires, en minaudant « non non non, c’est encore jeune », non ça ne l’est pas ! Alors, j’espère que le dit lecteur assis devant papi va se rendre jusqu’à la fin, parce que son côté rationnel va se faire brasser jusqu’aux petites heures du matin. Je suis né pour ça!

J’ai parlé du ton de la confidence parce qu’il y a des trucs dans ce livre dont je n’ai jamais vraiment parlé avec autant d’ouverture, et je le fais maintenant, parce que si j’accepte d’être jugé, et je le serai, que ce soit au moins sur ce qui est vrai et authentique, sans aucune supputation possible et surtout dans le contexte. En d’autres termes, je ne vends pas cette maison avec du home staging pour vous séduire et vous éviter de voir la vraie personnalité de ceux qui y vivent. Pas de ça ici. Ce sera ma maison, telle qu’elle est tous les jours, avec mes vieux meubles et son allure, comme c’est depuis des décennies, donc pas de fioritures, pas d’effets de toges, pas de grandes envolées, pas cette fois, et pas d’agent immobilier. C’est sur ce ton-là, avec l’haleine chargée de cet excellent pinard, que j’écris ce bouquin.

Pourquoi ? Parce que c’est complètement en-dehors du cadre de la normalité telle que déterminée par les gens en général, les gens de la presse et les gens de science qui pourraient être tentés de me lire. Personnellement, si j’étais l’autre gars assis dans le lounge qui écoute le vieux avec en sourdine Diana Krall qui pousse The Look of Love, je me balancerais la tête, un doigt sur le menton en me demandant sérieusement s’il a toute la sienne, s’il l’a toujours eue et comment diable des trucs aussi débiles peuvent arriver à du monde normal, dans le monde normal dans lequel on vit depuis toujours. Probablement que je finirais par me retirer poliment, en lui laissant la facture, le laissant délirer sur ses histoires avec…des extraterrestres. Franchement, je me dirais : ce gars-là est une zone sinistrée ! 

Je suis très conscient du choix que le lecteur devra faire. Croire ou ne pas croire. J’en suis conscient parce que toute ma vie, j’ai vécu ce dilemme face au sens à donner à mes propres expériences, car si tous mes sens ont capté le déroulement de chacune d’entre elles, on ne m’a jamais remis de motifs ou d’objectifs précis pour « l’après. »

Les contactés : pas sûr pas sûr !

Je ne suis pas Georges Adamski.[1] Pas du tout, je ne suis pas non plus Howard Menger moi, à tu et à toi avec de grands blonds vénusiens, style Lucius Malfoy[2] qui viennent me voir dans mon garage. Ah non, ça c’est Arthur Matthews et je ne suis pas Whitley Strieber et certes pas Raël non plus, le frangin de Jésus avec son ovni en bois rond au Canada qui fait des rencontres douteuses dans des volcans éteints pour emporter le contrat de bâtir une ambassade pour Aliens. Tous ces gens portent le même titre ufologique depuis les années 50 ; ce sont des contactés par opposition à ceux qui disent avoir été enlevés, soit les fameuses Rencontres Rapprochées du 4ème type, et qui vont souvent se décrire comme des victimes, appuyés en cela par le chercheur Budd Hopkins qui fut toujours convaincu que nous étions en danger dans cette histoire, à l’inverse du Docteur John Mack qui voyait dans ce phénomène une sorte d’intervention[3] comme on le dit en médecine, auprès d’une humanité souffrante.

Qu’importe, je n’ai pas eu l’honneur d’être présenté officiellement à ces Frères de l’Espace, comme ils sont appelés très souvent, ou ces Envahisseurs, selon l’école de contactés ; moi, je n’ai eu aucune rencontre du genre. Et en tant qu’ufologue, enquêteur, chercheur, je me permets d’afficher un scepticisme résilient face à plusieurs, pas tous, de ces contactés parce que j’ai des yeux, des oreilles, un pif et du jugement, et ces gens-là sont les seuls à avoir retiré une tonne d’argent après s’être avancés. Ce n’est pas négligeable comme indice. Des livres vendus par millions ou à la rigueur par centaines de milliers, ce qui au passage est loin d’être mon cas n’ayant évidemment pas la cape rouge et les collants bleus du « contacté typique ». Il y en a trop de ceux-là, et simultanément pas assez, et après une analyse très rigoureuse, je trouve le mode de contact avec des extraterrestres, auquel ils font référence, tellement humain, tellement de chez nous, mais aussi tellement cinéma, roman, que pour être très franc, ça sent l’arnaque à plein nez. Je ne me fais aucune illusion, certains diront exactement la même chose sur mes expériences, sauf que moi je sais qu’elles sont vraies.

Mais je n’ai pas le droit de prétendre que les leurs sont des arnaques parce qu’en agissant de la sorte, je donne du mou aux sceptiques imbuvables qui l’affirment depuis toujours et font de l’amalgame en pleine démesure comme d’hab. Dans les faits, je reste toutefois très prudent. Je n’ai rencontré en personne aucun d’entre eux, sauf Arthur Matthews qui évidemment, étant du Lac Beauport à Québec, était accessible pour moi.

Je n’ai pas été impressionné une seconde, ma résonance était à zéro, aucune émotion ne se dégageait de cet homme qui a longtemps prétendu que Nicolas Tesla lui-même était allé vivre chez lui et qu’un énorme vaisseau s’était posé dans sa cour. Ce n’est pas l’invraisemblance à priori de tout cela qui m’indispose, mais ce qu’il dégageait en le racontant.

Quand on lui parle, quand on lit son bouquin The Wall of Light, il s’en dégage une formidable fragrance baptiste évangéliste que je connais fort bien.[4] Sa sœur était Révérende, pour tout vous dire, et les voisins de Matthews que j’ai connus m’ont tous dit la même chose : il était connu au Lac Beauport pour ses écrits meurtriers dans un journal local contre la cigarette d’une part, mais sur un ton religieux quasi extrémiste. Le gars était un fanatique qui aurait fait un excellent Shaw Moore ![5]

Je l’ai revu en 1981 lors d’une rencontre avec des officiels de l’Institut de Métaphysique Appliquée et une fois encore, c’était sa religiosité fanatique qui ressortait et sur laquelle il surfait avec en bonus des expériences dites extraterrestres. Cela dit, il était aussi connu pour de mystérieuses expériences sur l’électricité à distance, ce qui ne prouve rien, mais démontre qu’il y a une certaine corrélation avec Tesla.

Suite au prochain numéro.

[1] George Adamski est né en Prusse en 1891. Il a émigré aux États-Unis par la suite et va s’éteindre en 1965 dans le Maryland. Il prétend être non pas un enlevé mais un contacté par des extraterrestres en novembre 1952 ; un Vénusien, du nom d’Orthon, près de Desert Center en Californie. Il écrira plusieurs livres : Flying Saucers Have Landed (co-écrit avec Desmond Leslie) en 1953 (Les soucoupes volantes ont atterri, 1954), Inside the Space Ships en 1955 (À l’intérieur des vaisseaux de l’espace, 1979) et Flying Saucers Farewell en 1961 (L’Adieu aux soucoupes, 1985).

[2] L’un des méchants s’opposant à Harry Potter.

[3] Pris dans le sens anglophone du terme : un acte destiné à empêcher la détérioration d’une crise en marche.

[4] Il y avait plusieurs d’entre eux impliqués dans le mouvement I*AM que j’ai fréquenté de 1978 à 1982.

[5] Le révérend de la petite ville de Beaumont du film culte des années 80 : Footlose

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