Le retour à la première date

Céliba-Terre est la seule de mes chroniques qui se suit d’un mois à l’autre. Depuis 2018, je partage avec vous ma philosophie, je vous explique comment j’ai pu trouver l’équilibre dans ma solitude, hors de toutes contaminations extérieures. J’ai été bien protégée et guidée. J’avais besoin d’un tournant, parce que lorsque c’est toujours linéaire, dans mon cas, ça saute. Il me faut de l’action. Je demeure une aventurière même si je suis sélective.

En résumé, si mon histoire est nouvelle pour vous, j’entame ma onzième année en tant que divorcée. J’ai eu des occasions, des « copinaux », des expériences. J’essayais de trouver mon idéal, jusqu’à ce que je réalise que je n’ai pas besoin de tout ça. J’ai nettoyé mes énergies des polluants sexuels découlant de ce que j’expérimentais, et j’ai appris la voie de la sagesse. J’ai redirigé mon énergie sexuelle vers un niveau spirituel plus élevé, je prône l’autosatisfaction, les vertus de l’équilibre et de la chasteté, celles qui permettent de filtrer tous les morons de ce monde et de me ramener sur la voie du cœur et du centre.

Parmi mes critères, il y a un 3 % de marge de manœuvre qui m’amène à l’exception confirmant la règle. Ça relève davantage du domaine du rêve, et si je me rends là un jour; tant mieux! Mais je ne cours pas après ça. Si ça se présente à moi, alors oui je vais l’accueillir comme un cadeau divin que la vie m’offre et qui se manifeste enfin. Je pourrai alors reconnaître que mes efforts et les semences passées ont bien poussé, et que je suis rendue à en récolter les fruits. Comme il y a plusieurs types de semences, ce n’est peut-être pas encore le fruit jack-pot, mais c’est un bon produit qui en résulte, qui mérite que je prenne le temps de voir si ce fruit-là me convient réellement et surtout, ce qu’il coûte en termes de conséquences si je le cueille.

Voyons cela de façon plus concrète. Dans les faits, la vie manque de moyens pour placer un candidat potentiel sur ma route, notamment au regard de mes activités plutôt limitées qui n’aident en rien. Pour dire oui à une expérience amoureuse, mon critère de base est que mon âme place la relation sur mon chemin afin qu’elle soit véritablement constructive pour que je m’investisse dans le processus de découverte d’une autre personne. Donc ce n’est pas Julie qui choisit, parce que tous ses choix antérieurs ont abouti à des ruptures, elle en a tiré des leçons, elle a dû se pardonner, et surtout, elle ne veut plus passer par là. Depuis des années, j’ai arrêté de me débattre, et j’ai tout confié à mon âme. C’est elle qui gère les choses; je ne fais que me rendre disponible pour suivre ce qu’elle souhaite expérimenter.

En 2014, c’est le travail qui s’est fait complice d’une rencontre, qui se voulait le résultat de toutes les marches qu’il a fallu pour me rendre à cette synchronicité. J’ai rencontré un homme avec qui le courant a passé. Mais ça a toujours été respectueux et à petites doses, parce que j’avais déjà mes enfants, et que ce n’était pas avec moi qu’il pouvait réaliser son rêve d’être père. Il a ensuite trouvé une femme, avec qui il a procréé, mais ils ne sont plus ensemble. Je l’ai contacté au moyen du travail, il a accepté, et ça a avancé dans la matière. Nous nous sommes entendus sur le fait qu’il venait chez moi. L’histoire commence là.

Depuis presque quatre ans que je n’ai pas eu de date. La dernière fois, c’était avec le chum de mes 12 ans, un soir seulement. Une autre raison contribue au fait qu’il n’y a jamais personne qui vient chez moi, autre que ma famille immédiate : mon divan est très laid. Quand on franchit le seuil de la porte, c’est lui qu’on voit d’emblée. Un autre motif s’est ajouté la journée précédant notre rendez-vous. Je me suis mise dans la peau de quelqu’un qui entrerait chez moi la première fois et je me suis demandé où il regarderait. Je n’aurais pas dû agir ainsi, car je me suis mise à vouloir corriger tous les défauts. À commencer par une tache en dessous de l’interrupteur que j’ai décidé d’enlever avec une éponge « nettoyeur magique ». C’est là que je me suis rendu compte que mon mur blanc était sale, et que plus j’essayais de camoufler, plus ça paraissait. Ça s’est terminé en fiasco! J’y ai consacré trois heures avant de réaliser que je devais finalement tout repeindre. Ça me ramène au litige que j’ai avec le propriétaire qui procrastine à propos de la peinture, sans compter le stationnement, puisque je n’ai pas ma deuxième place promise sur mon bail, de sorte que je peux difficilement recevoir l’hiver.

J’ai dû appeler ma mère en renfort pour le ménage parce que je ne m’en sortais pas, et elle m’a aussi prêté une robe étant donné que j’ai pris un peu de poids et que je n’ai pas le temps de faire le tri, surtout que je me dis que je vais perdre facilement ce surplus si je le décide. Mais j’ai réussi à atteindre mes objectifs sanitaires sur la coche, en assumant mes faiblesses, comme mon étui de cellulaire qui tient avec du papier adhésif, l’enjoliveur de roue manquant sur ma voiture, mes murs sales et le divan peluché. Je me suis dit que ma rencontre valait plus que mon amour-propre et qu’il valait mieux passer par-dessus les faits en apparence, au risque de me faire juger royalement.

Dix minutes avant notre rendez-vous, il me téléphone pour me dire qu’il n’est pas vacciné et qu’il ressent quelques symptômes du rhume. Je lui offre de convertir notre rencontre en conversation Web, parce que j’ai été capable d’éviter la covid jusqu’ici, et que je veux continuer à ne pas prendre de risque d’attraper quoi que ce soit. D’ailleurs, à ce propos, tous mes tests de mts sont à jour, car j’adore rester clean. Avant d’offrir mon intimité à quelqu’un, tout doit être propre, c’est non négociable. On ne joue pas avec le risque.

Bref, j’avais tout préparé… pour zéro rendez-vous, sauf pour ma satisfaction personnelle. J’ai été soulagée de profiter d’un délai pour corriger les « faiblesses » qui lui sont encore cachées. À la fin de notre entretien, nous avons discuté de notre célibat commun, et nous avons convenu d’une rencontre en personne autour d’un café au moment où il sera rétabli. J’ai accepté parce que le candidat me plaît, que l’attraction est palpable et que l’âme a quelque chose à y puiser.

Depuis que je le connais, je n’ai eu ni attente ni projection à chacune des étapes de la vie. Je sais ce qui se passe parce que je suis à l’écoute et que je suis la musique. Quand c’est le temps, je suis prête, et je saisis l’occasion. Si c’est ouvert, tant mieux! Mais si des drapeaux se lèvent, je fais attention.

Le sens de cette occasion

En juillet, j’ai communiqué avec Cynthia Rose, la dame qui m’avait transmis un jour le message au sujet de l’homme qui m’est destiné et qui tarde à arriver. Elle a établi un contact avec lui et j’ai pu savoir pourquoi il n’est pas encore prêt. J’ai accepté dans mon cœur que j’avais tout fait pour que ça puisse fonctionner, et ça m’a amenée à renoncer à mes grands principes d’amour. On est en 2021, je ne suis pas une religieuse. On peut faire un bout sur le « attendre sagement », mais j’ai aussi le goût de vivre de hautes expériences.

Je sais de toute façon qu’un jour, j’arriverai devant un choix amoureux. J’ai voulu l’éviter en restant seule le plus possible. C’est juste que c’est souvent très long quand on se met en mode standby.

La première date que je choisis d’avoir, après quatre ans d’attente, c’est excitant! J’en ai eu un aperçu avec la dose de gêne que j’ai ressentie, en ouvrant la porte au fait que ça puisse se concrétiser. Mais une étape à la fois, c’est moins épeurant.

Julie L.

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