Les pouvoirs inconnus du OM éternel (deuxième partie)

On ne peut connaître OM, nous pouvons seulement le reconnaître. Cette reconnaissance est la quintessence de l’illumination jusqu’au point de dépassement de soi. OM nous pousse à mourir à l’illusion de nous-mêmes pour vivre à la réalité de lui-même en nous-mêmes, au-delà du phénomène et du noumène.

Comment décrire l’indescriptible? Comment écrire l’inexprimable? Comment exprimer une dimension de conscience qui est au-delà de toute expression verbale ou écrite? Si on ne peut comprendre l’infini, on peut au moins désirer l’aimer; et c’est lorsqu’il se sent aimé sincèrement, sans attente de châtiment ou de récompense, qu’il se laisse séduire par nos sentiments d’amour amical, filial ou nuptial, et qu’il se laisse embrasser en s’offrant à nous librement. Nous nous fondons en lui sans pour autant perdre notre présence indivisible dans l’éternité car, en fin de compte, il faut bien le reconnaître : il est nécessaire d’être deux pour aimer. En amour pur, la dualité n’est qu’apparente et n’existe que pour permettre une non-dualité dynamique, une fusion riche en attributs et en qualités transcendants non-matériels. Selon Sa Sainteté le Dalaï-Lama, il n’y aurait rien de plus plein que le vide. Ainsi, le servi devient serviteur et le serviteur devient le servi.

Tout le mystère semble être là : la fusion totale de l’Âme Universelle et de l’âme individuelle n’empêche pas la distinction spécifique entre les deux. En amour cosmique comme en physique quantique, tout est fusionné et divergent simultanément. Tout diverge et converge dans la même fraction de seconde. Tout coïncide et se sépare éternellement dans une danse oxymoronique d’union dans la séparation et d’action dans l’inaction. L’énergie divine est à la fois double et unique, constamment réciproque, et semble se mouvoir dans un sens comme dans l’autre. Selon le maître de l’amour divin Srila Sridhar Deva Goswami, l’absolu sous sa forme infiniment attractive d’amant éternel (Krishna-Govinda) nous cherche bien plus que nous le cherchons nous-mêmes.

Si nous voulons réaliser l’Onde Divine, quel que soit l’aspect que nous sommes en mesure de lui donner, nous sommes appelés à nous mettre au service de l’Être Suprême d’une manière ou d’une autre. Ce n’est ni de la servitude ni de l’esclavage parce que nul n’est jamais obligé de servir ou d’aimer. Ce serait plutôt une forme de bénévolat rendu au Corps Cosmique de l’univers sous sa forme d’Amour purifié (telle est la nature féminine divine représentée par Srimati Radharani dans la révélation du Bhagavata ou par Marie dans le Christianisme des Pères du désert). On ne maîtrise pas le pouvoir du son OM, on se met simplement à son service. Nous le servons avec amour, spontanément (sans calcul), volontairement (sans contrainte) et indépendamment (sans condition). Sans cette approche intérieure, respectueuse mais non craintive, chanter ou écouter OM ne serait qu’une inutile imitation. Imiter le son en gardant le désir de richesse et de célébrité peut effectivement apporter gloire et opulence matérielles en ce monde éphémère, mais ces résultats finiront par une immense déception existentielle car le choc en retour sera proportionnel aux motivations qui nous animent. Il n’y a ici ni coupable ni méchant. Il n’y a qu’une énergie d’illusion en action (mayadevi). Il n’y a que des réactions résultant de nos actions. Mais le karma n’est pas fatal. Le pouvoir du AUM peut transformer tout karma lorsque l’aube se lève en notre âme et conscience et que la volonté de cesser de blâmer les autres ou les circonstances commence à influencer nos comportements. Le pouvoir apparaît avec l’acceptation de la responsabilité pour nos propres actions, sentiments et croyances.

Tant que la cause et la responsabilité sont mentalement projetées à l’extérieur du moi, du je et du mien, le pouvoir des mantras reste à l’écart de la conscience et il ne peut se manifester. C’est un phénomène qui dépasse le moi personnel. Mais il n’y a ni coupable ni victime parce que de la défaite vient la victoire, des échecs vient le succès et de l’humilité jaillit la véritable estime de soi. J’apprends de mes erreurs et ce qui ne me tue pas me fait grandir en conscience et en compassion. Chacun le sait par expérience.

Selon l’essence de la Bhagavad-Gita, la vibration OM n’est pas différente de Dieu sous sa forme localisée de Présence divine sise au cœur de chaque être vivant, quel que soit le règne auquel il participe, minéral, végétal, animal, humain ou angélique. Ainsi, OM pardonne l’impardonnable. Il n’y a aucun crime, aucun viol, aucun vol, aucune guerre, aucun accident, maladie, épidémie ou catastrophe qui ne soient pas inclus à l’intérieur des arcanes de l’Onde Originelle du OM. Tout est dans tout. J’en arrive à la conclusion que la seule manière de réagir à un manque de reconnaissance ou à une absence de compréhension c’est l’Acceptation avec un grand A. Dire oui au lieu de dire non. Ne serait-ce pas aussi une manière de servir l’univers et l’humanité? Ce serait même une manière de se positionner au service de Dieu dans sa globalité implicite. Le jour où j’aurai réellement chanté OM, j’aurai réellement accepté la condition humaine et j’aurai admis la condition divine. En réalisant qui on est, on réalise qui est Dieu. J’en suis loin, croyez-moi, mais je sais que j’éprouverai ce jour-là de la compassion envers les êtres et les choses que mon ego têtu comme un âne, dans son identification au « je » et au « mien », condamne encore aujourd’hui.

OM est un guérisseur parce qu’il ne condamne pas, il bénit. Je n’y crois pas comme une croyance mais j’y crois comme une guidance. On pourrait dire que OM est un mouvement de purification de la conscience humaine. Dans ce sens, OM n’est pas différent de Dieu car il est tolérant et conduit à la paix. Mais ce n’est pas un Dieu de religiosité parce que, comme chacun sait de nos jours, la religion, si on la généralise, est fondamentalement intolérante et conduit à la guerre, aux Croisades, aux inquisitions, aux massacres, aux bûchers, aux lapidations, aux exécutions publiques, aux flagellations, aux débordements sexuels non contrôlés et aux criminalités « pieuses ». C’est une erreur que j’ai faite dans le passé d’identifier la spiritualité avec la religiosité. Le grand André Malraux n’a pas dit que le 21ième siècle sera religieux ou ne sera pas; il a dit « le 21ième siècle sera spirituel ou ne sera pas. » La nuance est immense et mérite d’être soulignée. OM est une vibration sonore spirituelle, c’est dire qu’elle provient de l’esprit, ce n’est pas un dogme religieux.

Cela étant dit, et observé par tout un chacun, la voie religieuse externe précède nécessairement la voie spirituelle interne. C’est inévitable. De m’asseoir dans mes propres jugements et d’allouer des niveaux entre la religion et la spiritualité est encore une marque de faiblesse et une absence flagrante de sagesse. En réalité, tout contribue à l’ultime perfection. Quel que soit le chemin qu’on emprunte, externe (pravitti) ou interne (nivritti), tout devient homogène un jour ou l’autre. Ce qu’il faudrait vraiment se demander, c’est-à-dire le sujet le plus important qu’il nous faudrait réellement découvrir, serait de savoir comment on peut garder et cultiver sa compassion face au côté abominable du comportement des membres du clergé, toutes religions confondues. Il faudrait détecter le moyen de comprendre la nature du genre humain, religieux ou pas, observer son côté sombre et garder, face à ce comportement quasiment satanique, son amour et son pouvoir de pardon. Parce que finalement, qu’on le veuille ou non, chacun agit à partir de son propre niveau de vérité et croit ainsi que ses actions, quelles qu’elles soient, sont toujours justes. On peut même se demander si ce n’est pas précisément ce sens de pseudo justice qui rend la bigoterie si pernicieuse, si fallacieuse, si ennuyante et parfois si cruelle.

Cependant, pour être honnête, je dois me rappeler que la fondation spirituelle authentique et divine qui est à l’origine de chaque révélation demeure enfouie aux tréfonds de chacune d’elle. C’est ce qui peut sans doute expliquer pourquoi nous trouvons de vrais mystiques et de vraies saintes au sein même de toutes les religions. J’en ai rencontrés, aussi bien durant mes retraites dans des monastères chrétiens (chez les Trappistes), que dans des ashrams hindous ou tibétains. En général, je peux vous dire que ce sont des hommes et des femmes très simples qui passent plutôt inaperçus. Si on s’en tient aux textes fondateurs de l’Antiquité, on voit que ni Krishna, ni Bouddha, ni Moïse, ni Jésus, ni même Mahomet n’ont fondé de religions. Ils nous ont donné une direction, une voie à suivre vers un bonheur encore inconnu. Ce qu’en ont fait ensuite les articles de foi des hommes en robes noires, blanches, rouges ou oranges ne devrait pas nous concerner outre mesure.

La syllabe sacrée OM n’est pas crédule, elle est confiante. La son OM n’est pas excessif, il est abondant. OM ne s’impose pas, il soutient. OM ne critique pas, il est incluant. OM ne veut pas nous contraindre à quoi que ce soit, il nous laisse choisir. OM n’est pas formel, il est courtois. OM n’est pas soumis à des règles, il est libre et respecte notre libre-arbitre. OM n’est pas partisan, il est extrêmement sympathique. OM nous aime d’un amour infini. OM ne juge pas, il comprend. OM n’a pas de préjugés, il est tolérant. OM ne divise pas pour mieux régner, il unit. OM n’a pas de ressentiments, il pardonne.

OM n’est pas sombre, il est joyeux. OM a le sens de l’humour et l’intelligence de l’autodérision. OM n’est pas coercitif, il est directif. OM ne s’accapare rien, il est charitable sans attendre quoi que ce soit de notre part en retour. OM ne se sent pas supérieur, il est égal. OM n’a pas, il est. OM n’est pas rigide, il est flexible. OM n’est pas local, il est global. OM n’est pas analytique, il est holistique. OM n’est pas rabaissant, il est respectueux. OM n’est pas sexuel, il est tantrique et érotique.  OM est amour, pure compassion.

Comme les sons principiels contenus dans l’illustre Halléluïa judéo-chrétien, la vibration divine OM ne demande qu’à être intégrée en tant que dimension de conscience infinie. Il suffit de l’écouter dans un état d’esprit réceptif et ouvert à la descente de la grâce. Le cœur doit être pur et détaché. Les pensées sont simplement observées comme des nuages qui traversent le ciel du mental. C’est un domaine qui ne demande qu’à être constaté, vérifié et éprouvé par soi-même. Il est inutile de lutter avec le sens des mots afin d’exprimer une chose qui, de toute façon, se situe bien au-delà des mots. Chacun trouve « son » OM exclusif selon son niveau de conscience du moment. Chacun découvre aussi « son » Jésus-Christ intime et individuel, chacun développe « sa » relation spéciale et spécifique avec « son » Krishna ou avec « son » Bouddha. Ne sommes-nous pas tous uniques? Toutes les divisions n’existent que dans le mental. En réalité, aucune division ne peut exister car tout est unifié avant d’être différent.

Le principal travail qu’il nous est demandé de faire serait probablement d’être vigilants; je dois avouer qu’il m’arrive encore trop fréquemment de commettre la grave erreur d’attribuer à mes constructions mentales l’existence absolue de la Transcendance. Au-delà du mental, il n’y a en fait plus rien qui puisse être identifié à une expérience. Une expérience est encore située dans un état de dualité. Une fois que cela me sera pleinement révélé, je ne rechercherai plus à expérimenter la différence entre un état d’être duel et un état de devenir non-duel. Ces deux états ne sont pas séparés ou opposés puisqu’en réalité ils sont inséparables, comme  les branches et les racines d’un même arbre. La dualité n’est plus un obstacle lorsqu’il n’y a plus de conflit intérieur. Sri Nisargadatta Maharaj précise bien dans ses enseignements que tout peut exister simultanément dans la lumière de notre  conscience. Et c’est une prise de conscience pleine de joie quand, par la grâce du guide interne, on réalise que « Je Suis » OM en qualité, comme la vague peut dire « Je suis » inséparable de l’océan, ou comme le rayon solaire peut affirmer « Je suis » indissociable du soleil. C’est une information de toute première importance car si nous la manquons, nous passons carrément à côté de tout le reste.

Lorsque le soleil éclaire la Russie, on ne dit pas que le soleil soit tout à coup devenu russe. Lorsqu’il rayonne sur l’Amérique du Nord, on ne pense pas que le soleil soit devenu subitement nord-américain. Lorsqu’il passe au-dessus de l’Europe, le soleil n’en devient pas pour autant européen. Pourquoi Dieu sous forme sonore deviendrait-il soudainement hindou, mahométan, juif, chrétien, bouddhiste ou quoi que ce soit d’autre? Le soleil est le soleil et Dieu est Dieu. J’ai entendu dire que, techniquement, les sonorités des vibrations sonores spirituelles sont appelées en langage sanscrit Shabda-Brahma, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas être perçues par l’oreille ordinaire humaine ou animale. Étant vivantes et conscientes, ces sonorités deviennent audibles uniquement lorsqu’elles ressentent qu’un être humain a développé sa troisième oreille dans une attitude de service sans attente. Et cette oreille s’ouvre le jour où, au lieu de dire non et de résister aux évènements et aux circonstances, nous choisissons librement de dire oui à la vie. Tout devient simple alors. Le présent est brillant et l’avenir est lumineux.

Prahladji Patrick Bernard

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