Cesser de souffrir pour les autres 

Combien d’entre nous sommes devenus, par la force des choses, de ces éternels sauveurs de l’humanité, se faisant un honneur ou un devoir de prendre à notre charge la souffrance des autres ?

Chaque être humain est unique. Il traverse l’existence à son propre rythme et en suivant ses propres routes, celles qu’il croit appropriées. Mais notre mental, en quête de pouvoir absolu, essaie par tous les moyens mis à sa disposition de nous convaincre que nous possédons la vérité et que le reste du monde devrait suivre le même chemin que nous. Ce qui est tout à fait illusoire !

Personne ne détient à lui seul la vérité.

Plus ou moins inconsciemment, nous jouons donc au bon berger, en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour ramener les brebis égarées au bercail, le nôtre évidemment. Mais la vérité est que chacun vit ce qui est propre à SON évolution. Il n’y a jamais d’erreurs de parcours, seulement des voies de garage.

Personne n’a à souffrir pour les autres, encore moins à prendre leur peine sur ses épaules.

J’ai lu un jour que les gens tourmentés ont inconsciemment choisi d’emprunter la route de la souffrance, et que c’est à eux d’assumer ensuite leur choix. On peut certes les accompagner pendant un certain temps sur leur chemin de Damase et leur offrir notre soutien, mais jamais, au grand jamais, porter leur croix pour eux. Avez-vous remarqué cette chose étonnante : les gens qui portent les plus lourdes croix sont ceux qui sont les plus enclins à prendre en plus celles des autres sur leurs épaules ? Allez savoir pourquoi ! Comme si leur fardeau n’était pas assez lourd comme ça ! Serait-ce pour souffrir un peu plus ? Pour attirer la pitié ? Pour se sentir utile ? Pour se permettre de s’apitoyer sur leur sort ? Je dirais sans crainte de me tromper : toutes ces réponses !

VIVRE ET LAISSER VIVRE

Un jour, une dame vint me voir, en pleurs, après une conférence. Elle me demanda de l’aide pour l’un de ses amis dont elle croyait qu’il allait se suicider. Elle était tellement malheureuse de l’état de son ami qu’elle vivait pour lui. Les yeux rougis, elle me racontait de long en large qu’elle aimait beaucoup ce jeune homme qui avait d’ailleurs tenté de se suicider quelques années auparavant, mais qu’il « semblait » encore nourrir le même genre d’idées. Elle se disait affligée et démunie devant son impuissance à l’aider. En sanglotant, elle me pria de venir en aide à cet ami au moyen d’un de mes écrits.

Je regardai la dame droit dans les yeux et, pour détendre l’atmosphère, je lui dis en souriant : « Serait-ce possible que ce soit vous plus que lui qui ayez besoin d’un livre ? Réalisez-vous que vous êtes en train de vivre le malheur de ce jeune homme à sa place ? Et vous ne l’aidez pas en agissant ainsi, je vous assure. Vous ne lui permettez pas d’aller au bout de sa folie parce que vous-même vous ne l’avez jamais fait. Est-ce exact ? »

Elle me répondit par l’affirmative en baissant les yeux.

« Alors, rétorquai-je en entrant vivement dans la porte qu’elle venait d’entrebâiller, je vais vous suggérer un livre, mais ce sera pour vous. » Je lui glissai alors entre les mains mon livre l’Ultime Pardon, à sa grande surprise d’ailleurs. Elle s’en retourna, la mine songeuse. Je ne la revis jamais. Peut-être s’est-elle reprise en main, ou alors elle est retombée dans son rôle de sauveur. Moi aussi, je me sens souvent impuissant dans certaines situations délicates. Une chose est sûre, c’est que cette dame était en train de s’autodétruire avec le problème de son ami. Certes, on peut aider un être en détresse par son soutien, mais on ne peut jamais vivre son malheur pour lui. Ce n’est pas un service à lui rendre, encore moins à se rendre à soi-même. Lorsqu’un oiseau est poussé hors du nid par sa mère, il n’a pas d’autre choix que d’apprendre à voler de ses propres ailes.

Tout ce qui nous est demandé, c’est d’accompagner, du mieux qu’on peut, les personnes qui ont besoin d’aide afin de les encourager et de les soutenir au besoin. La tempête qu’elles doivent traverser aura pour effet de les faire grandir. Si on agit à leur place, en vivant leur malheur et en souffrant pour elles, on ne fera que retarder le rythme de leur évolution, ainsi que le nôtre. Et, bien souvent, dès qu’on aura le dos tourné, ne vous leurrez pas, ces personnes en profiteront pour retrouver leur souffrance. Nous serons peut-être intervenus dans leur vie pour rien !

Personne n’est responsable de ce qui arrive aux autres. N’a-t-on pas de responsabilité qu’envers soi-même ?

Dédramatiser sa vie apporte aussi un bénéfice mésestimé, celui de permettre à l’enfant en soi de recommencer enfin à s’amuser. Avez-vous remarqué qu’en début et en fin de vie, les enfants, tout comme les personnes âgées qui vieillissent bien, n’ont en tête que de s’amuser ? Le problème, c’est qu’entre ces deux phases de vie, on a oublié le jeu. On sort de l’enfance, et dès les premiers soubresauts de l’adolescence, on nous incite à devenir sérieux, à nous trouver un compagnon ou une compagne de vie, à avoir beaucoup d’enfants, à nous trouver un emploi stable, à faire de l’argent et… à mourir avec ! Quelle belle perspective de vie, ne trouvez-vous pas ? N’est-ce pas pourtant ce que la société nous inculque ? Pas surprenant que certains d’entre nous deviennent des rebelles en puissance lorsque notre conscience commence à s’éveiller. Nous voulons rattraper le temps perdu ! Regardez l’enfant : il ne dramatise rien, pas plus longtemps que cinq ou dix minutes, puis il revient naturellement au jeu.

On a tous en soi un enfant plus ou moins endormi qui ne demande qu’à s’éveiller et à nous entendre lui glisser à l’oreille qu’on lui redonne la permission de jouer.

Le pire ennemi de notre enfant intérieur, c’est évidemment notre mental, ce rabat-joie qui tolère difficilement les comportements infantiles. Les esclandres de l’enfant ont pour effet de l’énerver et de lui faire perdre son contrôle. Quel malheur ! Ou plutôt, quel bonheur, selon le côté où l’on se situe…

À mesure qu’une personne vieillit en sagesse, elle retourne vers l’enfance. Le cycle de la vie est ainsi fait. L’enfance, l’âge adulte puis… la vieillesse. La personne âgée revient alors à la case départ et termine son cycle en s’amusant (pas toutes les personnes, évidemment, mais celles qui acceptent de retrouver leur cœur d’enfant). Donc, si vous vous situez quelque part entre la jeunesse et la vieillesse, peut-être devriez-vous commencer à vous amuser dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard…

La dédramatisation de sa vie a le très grand avantage de faciliter le pardon.

Quand on sait transformer à temps les drames en comédies, on est moins porté à garder ses malheurs ancrés trop longtemps en soi. On cesse de s’en faire pour des peccadilles. On réussit ainsi à contrer les efforts de notre mental qui essaie constamment de monter en épingle la moindre petite anicroche.

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