La dévotion… Une arme à double tranchant ?

Le problème avec la dévotion, c’est que, la plupart du temps, elle finit par rendre aveugles et dépendants ceux qui la pratiquent trop longtemps… La majorité des religions donne des personnalités à leurs divinités. On a tous une image quelconque lorsqu’on prie Dieu, n’est-ce pas ? On s’imaginera s’adresser à « quelqu’un » de supérieur à nous. En implorant ce quelqu’un pour qu’il intervienne en notre faveur, on s’adressera à une personne et non à une énergie sans forme. C’est probablement plus simple comme ça, mais combien plus limitatif ? Je ne crois personnellement pas que Dieu puisse exister en tant qu’entité distincte. S’il était une entité vivante, n’aurait-il pas lui aussi été créé par un autre dieu ? Et là, quand tout ça s’arrêterait-il ? Pensez-y un instant ! Le mot entité implique donc au départ une idée de limitation, tandis que Dieu qui nous habite est illimité, sans début ni fin.

Comme la plupart des gens, j’ai prié durant des années, j’ai médité, j’ai chanté des ragas et récité à en perdre haleine des mantras hindous ; en d’autres mots, j’ai tout fait dans le but d’attirer l’attention de cet être suprême en qui je croyais dur comme fer ! J’ai imploré plus qu’à mon tour ce Dieu de mes croyances à grand coup d’actes de dévotion. Puis, un  bon matin, je me suis tout bêtement demandé pourquoi Dieu aurait besoin de toutes ces louanges puisqu’il n’avait sûrement pas d’ego ! Je me suis arrêté et je me suis interrogé sur ce qu’il pouvait vraiment être, ce créateur suprême. J’ai réalisé, alors non sans une certaine stupéfaction, que depuis toujours, je réagissais innocemment comme un petit enfant qui veut attirer l’attention de son père en lui disant constamment qu’il est le meilleur et qu’il l’aime. Tout au fond de moi, je faisais cela pour qu’il me prenne en pitié et qu’il fasse en sorte que je sois plus heureux. N’y voyez-vous pas un peu – beaucoup même – ce que l’on pourrait qualifier de chantage affectif ? « Je te chante des louanges, mon Dieu, mais c’est pour que tu t’occupes de moi ». Pensez-y deux minutes… (silence)

Sur la voie de la réalisation, Dieu ne peut pas être considéré comme une entité créatrice. Il s’agit plutôt d’une conception très large, d’une force inimaginable qui nous habite et qui grandit en nous et en même temps que nous au rythme de l’élargissement de notre conscience. Dieu ne peut sûrement pas être une personne, ni même la représentation d’une personne. En fait, ce que j’en ai conclu, c’est que sans nous, Dieu n’est rien. Et que sans lui, c’est la même chose, nous ne sommes rien. Pourquoi ? Parce que nous sommes les deux à la fois, humains et divins tout en même temps.

La majorité des humains croient en un Dieu personnel qu’il faut adorer et prier, un être devant lequel il faut se prosterner et clamer la grandeur et, par la même occasion, reconnaître notre petitesse. Je serais plus porté à croire en une force universelle qui nous a permis de naître et qui depuis ce temps nous anime. Cette force, c’est le bonheur pur et simple. Elle se manifeste par la joie de vivre et essaie dès lors de s’installer à demeure en nous, tandis que notre ego se bat contre elle et essaie de nous faire croire en la nécessité de souffrir en ce bas monde.

Selon ma philosophie, tout ce qui nous éloigne de l’autonomie et du plaisir de vivre s’éloigne également du divin, quoi qu’il soit pour nous. Si nous mettons Dieu à l’extérieur de nous, il devient notre maître et nous remettrons par conséquent notre pouvoir entre ses mains. Aussitôt qu’on se met à adorer un être supérieur et extérieur à nous, on est porté tout naturellement à se soumettre à sa volonté et à se cacher docilement sous son aile protectrice. Est-ce vraiment ce que nous recherchons ? Sur la voie de la réalisation, la seule dévotion que l’on trouve, c’est celle que l’on entretient envers soi, envers cette capacité infinie que nous avons à régler nous-mêmes nos problèmes par le meilleur moyen qui soit, l’amour de soi. C’est la clef de tout.

Mais je suis d’accord, nous n’avons pas été habitués à cela. On nous a plutôt rabattu les oreilles en nous disant très tôt que nous étions poussière et que nous allions retourner un jour ou l’autre poussière. Ce n’est pas vraiment pour remonter notre estime de soi ! Je préfère croire que je suis issu de la lumière et que je retournerai éventuellement vers la lumière. Ainsi, la dévotion est constamment retournée vers soi…

André Harvey

 

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