L’impossible homme-loup du lac Blue Sea

Voici un dossier ahurissant. Je n’accepte pas aisément l’idée que de vrais loup-garous, comme on en a vu tout plein au cinéma, soient de réelles créatures égarées, se promenant dans nos bois entre deux pleines lunes. Mais là, avec Williams et Angie, je n’ai pas eu le choix.

Williams et Angie (pseudonymes) sont des gens dans la quarantaine (1995). Ils n’ont presque pas d’éducation académique à leur compte à ce moment et leur quotient de culture générale est extrêmement bas à tout le moins, à cette époque. Ce sont des gens charmants, fort simples, qui à l’époque vivent dans une toute petite maison très isolée et loin de toute agglomération au Lac Blue Sea situé au Québec dans l’Outaouais.

À mon invitation, ils se sont présentés à mon bureau de Hull pour approfondir cette affaire de loup-garou. Voici la transcription partielle de mon enquête réalisée le 2 janvier 1996 :

« Il était à peu près dix heures le soir, on roulait, pas vite, sur la route (asphaltée) qui mène à la maison. J’étais dans la lune, je regardais en avant mais pas plus que ça. Ça m’arrive souvent d’être dans la lune, mais en même temps je sais ce que je fais, que ce soit en auto ou ailleurs. C’est là qu’à un moment donné, Angie me lâche un cri : QU’EST-CE QUE C’EST ÇA ?

Je suis comme revenu à moi et je l’ai vu sauter du chemin. As-tu déjà vu un chat sauter ? Cette chose-là a fait pareil. De longues pattes qui se sont repliées juste un peu pis pfffuit c’était rendu l’autre bord de la clôture. Je l’ai vu des épaules aux pattes.

Je lui demande alors si c’était debout. Il me répond que oui, que c’était tout poilu et le pire, c’est que cela avait une chemise sur le dos, une espèce de chemise blanche avec des rayures, noires ou brunes. La chemise n’était pas attachée, ni en avant, ni aux poignets. C’est là que j’ai décroché. Je me suis dit, ça ne se peut pas une affaire de même, ça ne se peut pas, c’est impossible. J’ai arrêté, j’ai viré de bord, j’ai laissé ma voiture dans le milieu du chemin pour essayer de le revoir mais il était parti.

Quand je l’ai vu, il était dans le milieu du chemin. Il a sauté d’un coup, d’un trait, pour se retrouver de l’autre côté de la clôture. Il avait des jambes extrêmement musclées, les cuisses surtout, mais le bas des jambes était beaucoup plus mince… pareil comme un chat mais beaucoup plus long.

Je lui demande quelle distance cela représente. « Pas difficile à calculer, c’est 35 pieds. Entre la ligne blanche et la bordure du chemin, on parle de 20 pieds minimum, ajoute à ça le fossé pis la clôture, on parle d’un autre 15 pieds.» Je m’étonne alors que cette chose ait sauté d’un seul coup, sans élan. Sans élan ! Il était debout, immobile, dans le milieu de la route à peu près à une centaine de pieds de l’auto quand je l’ai vu. Par le temps qu’il saute, on n’était pas très loin, assez pour que ma femme le voit dans le blanc des yeux.»

J’essaie de comprendre. Je parle de chevreuil mais il m’interrompt. « J’aimerais ben ça vous dire que j’ai vu un chevreuil mais ça n’avait rien d’un chevreuil. Rien. » Je réalise qu’il serait beaucoup plus confortable de prétendre qu’ils ont vu un chevreuil. J’ai envie de tout arrêter et de les regarder en me disant : “Pauvres eux, ils ont vu un chevreuil et veulent se rendre intéressants”.

Mais voilà, ces gens semblent honnêtes et parfaitement sincères et si ce gars-là n’est pas un prof de l’Université du coin, c’est un gars de bois, qui a vécu à la campagne toute sa vie et qui va aux chevreuils chaque année et qui ne serait pas assis dans mon bureau parce qu’il en a vu un dans le milieu du chemin.

Sa femme me dit : « Il était debout, j’ai vu ses jambes, ses bras, les griffes aux pieds, aux mains, et j’ai vu le visage. Il n’y a pas un animal au monde capable de sauter comme ça, pas un humain, même un acrobate, rien. Il a sauté d’un coup, sans élan et s’est retrouvé de l’autre côté de la clôture.» Et son mari ajoute : « Comme un chat ! Mais même un chat, un cougar, j’ai déjà vu des cougars sauter, ça n’a rien à voir, ça saute pareil mais jamais cette distance-là. Jamais. Je ne sais pas c’est quoi, mais moi pis ma femme on a vu un loup, debout, avec une chemise rayée sur le dos, sauter 35 pieds, sans courir, sans élan. C’est ça qu’on a vu, y’a rien qu’on peut y faire.»

Ils ajoutent : « Le poil en-dedans était pâle mais à l’extérieur, sur les bras et les jambes, il était plus foncé et long, il était sale et cotonné ! Mais moi, c’est le visage qui m’a frappé. », répond Angie. Et William dit : « Moi, je n’ai pas vu le visage. J’avais les yeux sur ses pattes. Quand il a sauté, j’ai vu la chemise s’ouvrir et j’ai compris qu’elle n’était pas attachée.» Angie rétorque : « Il avait l’air agressif et il avait des dents très longues, il avait l’air agressif dans ses yeux et les plis de son front. Comme un loup, un chien enragé. Il avait des oreilles droites, comme un loup, montre-moi une photo de loup qui grogne et c’est pareil. Les yeux étaient agressifs. Les yeux d’un animal dangereux.

Cette chose a été vue sur la route qui mène à Blue Sea à une vingtaine de minutes de chez eux. « Je suis retourné mais je n’ai rien vu, c’est ça qui me dérange… pas de traces, pas rien. Rien. Comme si rien ne s’était passé! » Je lui demande si sa femme l’a accompagné. « Jamais de la vie, moi j’ai été plusieurs semaines à ne pas vouloir m’asseoir sur la galerie. Jamais je ne serais retournée là. »

L’observation s’est faite en novembre. Je sors une face de loup très agressif. « C’est exactement ça, mais sur deux pattes, avec une queue mais plus courte qu’un loup, elle ne traînait pas à terre, avec une chemise à rayures ! Très grand, au moins 7 pieds, et bâti comme tel, pour être debout, pas à quatre pattes.»

Les deux s’entendent sur la couleur et la présence de griffes aux pattes. Angie décrit le visage sans commettre d’erreur. La chemise était rayée, sale et déboutonnée. Il a toujours été debout, n’a jamais été vu à quatre pattes. Ils sont formels: l’animal a sauté d’un coup, sans élan.

Dix ans plus tard, pour le compte du producteur de documentaires Planète Bleue, j’ai modifié le récit en disant à Williams que la bête courait avec sa chemise à carreaux ouverte. Il m’a corrigé : « Non Jean, je la revois encore, c’était une chemise blanche avec des rayures et il ne courait pas, il était immobile. Puis il a sauté.»

En passant, ils ne sont plus ensemble alors j’appelle Angie de son côté. Rien n’a changé. Elle ajoute : « C’est comme si on l’avait surpris. Il avait l’air diabolique mais il était frondeur, il avait l’air enragé qu’on l’ait vu, c’est ça que j’ai ressenti. Intelligent ? Oui peut-être, il avait… il regardait avec intensité, entre l’humain et l’animal.»

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