LA RELATION AVEC L’AUTRE, UN ART DE VIVRE

Il n’y a pas de plus grand bonheur que d’être en harmonie avec la vie. Il n’y a pas de pire tristesse que de se sentir jeté dans l’existence, incapable de s’y adapter. L’adaptation suppose la capacité d’établir des relations saines, vivantes et directes avec les êtres et les choses. C’est ainsi, du moins, que se présente la vie, tissée de toutes ces relations qui se nouent et se dénouent constamment entre soi, les autres et le monde.

La personne qui veut accéder au réel dans toute sa plénitude, comme l’observe Simone Weil, doit être capable d’assumer ces trois types de relation. Tout l’équilibre humain en dépend. Le point de départ, cependant, demeure soi-même car la qualité de la relation à soi détermine la qualité de la relation à autrui.

On ne peut échapper à cette réalité : il faut d’abord vivre avec soi. Nous pouvons rompre avec les autres, avec le monde qui nous entoure, mais pas avec nous-mêmes. C’est un mariage indissoluble, protégé par la loi même qui régit l’unité de la personne. Et pour réussir la relation à soi, il faut s’accepter. Jacques Salomé, grand spécialiste de la communication relationnelle, a fait un jour cet aveu : « J’ai mis longtemps à comprendre cette évidence que la personne avec laquelle je passais l’essentiel de ma vie était… moi-même. Et encore plus de temps à découvrir que je ne m’occupais pas beaucoup de moi, que je ne m’accordais pas beaucoup d’attention, que j’étais peu prévenant envers ma propre personne. » En réalité, nous éprouvons beaucoup de difficultés à aller vers nous-mêmes, à nous rencontrer, alors que nous allons spontanément vers d’autres personnes. Pourquoi ? Parce qu’elles ont quelque chose qui nous attire.

Qu’est-ce qui peut nous attirer vers nous-mêmes? Beaucoup de choses, en somme, mais plus particulièrement la richesse intérieure, les qualités de l’âme, la transcendance. Où en sommes-nous par rapport à ces valeurs? Je connais une personne qui est absolument incapable de vivre un seul instant avec elle-même. Il lui faut obligatoirement sortir de chez elle. Sitôt revenue, elle téléphone, elle « chat » à l’ordinateur, elle ouvre le téléviseur, reprend le téléphone. Elle a conscience d’être « en vie » uniquement lorsqu’elle se projette à l’extérieur. Dès qu’elle se retrouve seule, elle se sent vide, démunie et sans importance. L’image que je me fais de cette personne ressemble à un appartement non meublé. Habituée à vivre « ailleurs », elle n’a jamais réellement éprouvé le besoin de meubler son propre intérieur.

Nous devrions pouvoir retrouver en nous-mêmes beaucoup de choses que nous cherchons en dehors de nous. Marie-Madeleine Davy, la grande philosophe de l’intériorité, a écrit : « La personne intériorisée habite avec soi, non pour rentrer égoïstement en lui comme dans une coquille, mais pour faire l’expérience de sa beauté, c’est-à-dire de sa profondeur illimitée. C’est grâce à elle qu’il découvre sa relation fraternelle avec tout l’univers ». Pour réaliser cette relation fraternelle, il faut pratiquer une certaine ouverture aux autres et pour cela il faut accepter l’idée d’une coexistence pacifique. Jacques Salomé parle à ce propos de la nécessité d’établir un « pacte de bien-être relationnel » avec les autres. Sur quoi repose ce pacte? C’est ce que nous verrons la prochaine fois.

Jean-Paul Simard

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