Pourquoi moi?

 

Un jour, je reçus un appel téléphonique de l’un de mes anciens élèves. Il était angoissé. Deux ans auparavant, il avait été victime d’un accident d’automobile pour lequel il n’était aucunement responsable. Il devait maintenant se déplacer en fauteuil roulant. Il s’interrogeait sur le destin qui avait été si ingrat et si cruel envers lui. Il comprenait son état, car les médecins lui avaient très bien expliqué pourquoi il ne pourrait plus marcher. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était la raison pour laquelle la fatalité s’était malencontreusement immiscée dans son destin. Il se demandait pourquoi il était cloué à un fauteuil roulant, dans la fleur de l’âge, si loin de ses rêves et de ses projets d’avenir.

Le mystère du sens

Je passai quelque temps avec lui, mais je demeurai impuissant à le consoler. Je compris cependant, à travers cet événement, une chose importante: trouver un sens à la souffrance, ça va; trouver un sens à sa souffrance, ce n’est pas évident. Que répondre, par exemple, à la question du pourquoi? « Pourquoi moi? », « Qu’ai-je fait pour mériter cela? ».

Nous côtoyons ici l’un des grands mystères de l’existence et peut-être même celui qui angoisse le plus l’être humain: le mal non mérité. En pareil cas, on peut toujours s’en remettre à cette attitude proposée par Teilhard de Chardin: « Il n’est pas essentiel que nous comprenions absolument, distinctement notre vie pour qu’elle soit belle et réussie. » Cela signifie qu’il faut parfois marcher avec la confiance que la vie fonctionne, quand bien même on ne peut pas tout comprendre. Les oiseaux ne savent pas comment ils migrent et pourtant les migrations se font inexorablement chaque année. Il faut souvent avancer sans tout voir et se rappeler que l’essentiel est « invisible pour les yeux ».

La solution spirituelle

Tout cela est beau, mais ne semble pas suffire à rayer l’ultime question qui nous ramène inexorablement au désir à tout prix de donner un sens à son malheur. Sur ce, une réponse m’est venue à travers la vie exemplaire d’un philosophe et écrivain que j’aime beaucoup, Alexandre Jollien. Strangulé à sa naissance par son cordon ombilical, il est irrémédiablement handicapé. Cela se voit : étrangeté des gestes, lenteur de la parole, démarche qui dérange, intelligence pourtant remarquable. Il avoue: « Souvent,  quand la médecine ne pouvait plus rien faire, j’ai trouvé dans les pratiques spirituelles de quoi dégager un horizon. » Et cet horizon, il l’a évoqué à plusieurs reprises : « Si Bouddha m’apaise, le Christ me console et m’empêche de sombrer dans une espèce de compassion qui tourne à vide. »

Nombreux sont ceux qui pourraient ainsi témoigner combien la foi a été pour eux l’unique planche de salut, dans ces moments où tout s’effondre autour de soi.

Jean-Paul Simard

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