Il n’est pas bon que l’arc soit toujours tendu!

Laissez reposer dans la grande paix naturelle

Cet esprit épuisé,

Battu sans relâche par le Karma et les pensées

névrotiques,

Semblables à la fureur implacable des vagues qui

déferlent

Dans l’océan infini du samsara.

(Poème de Nyoshul Khenpo)

Certaines circonstances de la vie nous obligent à une concentration «extrême». C’est une question de réussite ou de survie! Nous avons besoin de nous investir entièrement dans la chose ou l’action à faire. Nous ne pouvons, cependant, vivre indéfiniment ainsi, en carburant à plein régime. «Il n’est pas bon que l’arc soit toujours tendu», dit le proverbe.

C’est pourtant ce que la vie quotidienne exige de nous. Quand on fait le total des sollicitations auxquelles nous sommes soumis dans une journée, bruits, images, télévision, Internet, publicités, idéologies, excitations de toutes sortes, nous ne sommes pas loin de la concentration extrême.

Comme une intoxication insidieuse, ces sollicitations infiltrent notre esprit, notre pensée, notre âme, atteignant jusqu’à notre «substantifique moelle», comme disait Montaigne. Parfois, elles nous laissent à bout de souffle, désorientés, comme une boussole qui a perdu le nord. Elles vont même jusqu’à nous enlever la gestion de notre vie, pavant la voie à une existence de marionnette.

Dans ces conditions, on peut comprendre pourquoi la vie exige un mental fort, équilibré, structuré. À défaut de quoi, nous souffrons, à divers degrés, de ce mal moderne que l’on appelle la «dispersion mentale». Celle-ci peut être perçue comme une alerte : on ne peut pas vivre pleinement en s’éparpillant et en vivant en dehors de soi.

Je suis de ceux qui disent que nous devrions considérer notre mental comme une propriété privée, cadastrée, au même titre que notre propriété physique: n’entre pas qui veut! D’habitude, on protège sa maison, on balise son terrain, on y installe des détecteurs de mouvements. Quelle protection avons-nous pour notre mental?

La concentration offre précisément cette protection. Elle favorise d’abord ce que j’appelle le «décrochage stratégique», qui consiste à refuser d’être l’objet de dissipations, d’abus, de désirs artificiels. Ensuite, elle protège la personne en la plaçant dans l’axe de la profondeur, l’orientant, corps, esprit et âme vers le point «G» de son intériorité.

Jean-Paul Simard

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